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[Itw éditeur] Ki-oon : de nouveaux cycles pour le manga ?

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Ki-oon 2015

Après un doublet GlénatPika en janvier, voici l’interview éditeur de février consacrée aux éditions Ki-oon, la 3e sur 4 qui s’intéressera aux bilans manga 2014 en France. Avec l’anniversaire de ses 10 ans, cet éditeur indépendant a obtenu la place de 4e du marché du manga en 2014 et sa progression continue depuis que ce secteur, lui, régresse. Avec des thématiques intéressantes et parfois novatrices au catalogue, avec une politique d’auteur de plus en plus développée et souvent porteuse et avec une vraie vision du métier et du marché, difficile de passer à coté de cette maison et de son directeur éditorial, Ahmed Agne, qui a bien voulu répondre à mes questions. Nous avons été encore une fois de  grands bavards mais, vous en conviendrez, les sujets passionnants ne manquent pas, et ils ont nourris cette interview très enrichissante.

Allez, en route, et bonne lecture !

Préambule : retour sur un anniversaire

Bonjour Ahmed Agne…

Pour commencer, petit retour sur les dix ans de Ki-oon en 2014 avec la venue de Kaoru Mori et Kamui Fujiwara. Si on t’écoute dans d’autres interviews, Kaoru Mori c’est une psycho de la dédicace et Fujiwara un accro du Karaoké ?

Tu as bien noté ! (Rires)

Kamui FuijiwaraEst-ce que tu peux nous en dire plus ?

Eh bien Kamui Fujiwara est un réellement un grand fan de Karaoké. Il en fait régulièrement au Japon. Et quand, au hasard d’une discussion, Cécile (Cécile Pournin, co-fondatrice de Ki-oon, NDLR) et moi lui avons annoncé que nous étions de grands amateurs de Karaoké, il nous a tout de suite rétorqué : « mais il faut absolument qu’on y aille ensemble, là-maintenant-tout-de-suite ! » (Rires)

Nous avons réservé une salle à la fin du salon (Japan Expo, NDLR) et nous avons passé une excellente soirée à chanter des génériques de dessins animés et des vieux hits de crooner japonais des années 70, type de chanson qu’il affectionne particulièrement ! (Rires)

Ensuite Kaoru Mori, psychopathe de la dédicace, oui, c’est vrai là aussi. Lorsque nous préparons nos plannings du Salon du Livre ou de Japan Expo, nous prévoyons des plages d’une heure le matin et une l’après-midi en général. Lorsque nous avons montré ce planning prévisionnel au responsable éditorial d’Enterbrain, il l’a regardé en rigolant : « ah non, ça ne va pas être possible, il n’y en a pas assez. Vous devez en rajouter ! » (Rires)

Elle a l’habitude des dédicaces, elle en fait régulièrement au Japon et à l’étranger, notamment à Taïwan. Là bas ce sont les libraires qui invitent les auteurs directement, et pas forcément les éditeurs. Et quand elle est invitée, elle arrive à l’ouverture vers 9h du matin et passe la journée crayon à la main jusqu’à la fermeture à 19h30 – 20h. Sans interruption, sans pause déjeuner… parce qu’elle est comme ça. Son responsable éditorial doit presque l’arracher de son siège ! Elle prend les dédicaces très au sérieux et donne toujours le maximum de ce qu’elle peut à ses lecteurs. Elle est toujours frustrée de ne pas pouvoir continuer.

Mais cette acharnée de travail n’a jamais eu de soucis de santé ?

Eh bien non, elle est en super forme, au contraire ! Elle a porté un kimono pendant l’intégralité du Salon du Livre, et malgré la chaleur elle était moins fatiguée que nous à la fin de la journée. Elle s’en voulait même et avait même l’impression de ne pas en avoir fait assez ! (Rires)

Kaoru Mori

Kaoru Mori au travail © Ki-oon 2014

Ça fait figure d’exemple pour les auteurs français !

C’est une autre approche du métier, et à la décharge des auteurs français, ce ne sont pas les mêmes revenus non plus. A partir du moment où on est un mangaka avec un minimum de succès, la question de l’argent ne se pose plus très rapidement. C’est plus facile et logique pour eux de donner de leur personne quand ils sont en dédicace ou en représentation.

Ça fait partie du métier.

Voilà, ça fait partie du métier.

En tout cas c’était vraiment difficile de rêver meilleurs invités pour nos 10 ans, nous avons vraiment eu de la chance. Il y a toujours cette petite peur, quand on invite un mangaka dont on admire l’œuvre, de tomber sur un individu ignoble à des années lumière de l’idée que tu t’en faisais (rires), mais pour l’instant nous n’avons eu que des types biens !

En espérant que ça continue alors… Puisque l’on parle de Kaoru Mori, cela me permet de faire la transition avec votre tremplin, puisque c’est l’une des jurés. La création c’est quelque chose d’essentiel à tes yeux, pour le futur du manga en France. Tu as maintenant en main, même si tu ne sais pas lequel c’est, ta première créa française… Avec ton œil d’éditeur de manga, quels sont les qualités et les défauts des œuvres reçues lors de cette compétition ?

Les qualités… la spontanéité et l’originalité des histoires. J’ai été impressionné par le peu de copie ou de plagiat, je n’ai pas souvent fait de rapprochements avec d’autres œuvres de mangakas japonais. C’était original dans l’approche et dans la narration. Graphiquement ensuite, j’ai été agréablement surpris et, pour le coup, les mangakas japonais aussi (voir dessins ci-dessous, NDLR). Je n’ai pas encore leur vote (interview réalisée fin janvier, NDLR) mais d’après leurs premiers retours ils ne s’attendaient pas à un niveau de qualité aussi haut pour des dessinateurs français de manga. Pour être parfaitement honnête je n’en étais pas sûr du tout au moment de l’organisation de ce tremplin.

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Les défauts… Ce sont ceux inhérents au marché du manga français. Au Japon c’est une industrie énorme, rodée depuis des dizaines d’années et qui génère des milliards de yen. Donc les mangakas dessinent rarement seuls et ils peuvent produire rapidement. Un auteur et un éditeur français n’ont pas les moyens de payer ces assistants, ce ne serait pas en adéquation avec les ventes dégagées par le manga, même si elles étaient plutôt bonnes.

Donc il y a ce souci du rythme de production : on ne peut pas, en France, réaliser un nouveau volume tous les 2 ou 3 mois comme les auteurs de shônen le font au Japon. Au mieux c’est un tome tous les 6 mois et c’est déjà pas mal, car on parle de personnes qui travaillent seules et qui ont parfois un emploi à coté… ils ne vivent pas forcément de leur profession d’artiste. Nous devons trouver un équilibre pour les rémunérer en étant suffisamment généreux afin qu’ils puissent se consacrer un maximum de temps au dessin, et éventuellement ne pas avoir à travailler à coté. De l’autre coté, il ne faut pas non plus s’enfermer dans un schéma qui nous obligerait à vendre à 30 000 exemplaires au tome pour être rentable. C’est un juste milieu que nous allons apprendre à trouver avec le temps. C’est ça la principale difficulté, plus encore que les préjugés de lecteurs qui pensent que des auteurs français ne sont pas légitimes à leurs yeux pour faire du manga.

2014 : chiffres, tendances et blockbusters

Passons maintenant à 2014… Quel bilan pour Ki-oon ?

Nous avons fini l’année à +9.5 %, soit 980 567 exemplaires écoulés en 2014 selon l’institut GfK.

Pas loin du million, vous auriez pu faire un effort ! (Rires)

Ah, si nous n’avions pas eu un tome d’Übel Blatt repoussé au mois de décembre nous y étions ! (Rires)

En tout cas c’est une super année mais nous nous y attendions : c’était l’année des 10 ans. Nous avons fait beaucoup d’animations commerciales : des shikishis originaux dessinés par les auteurs phare du catalogue distribués tout au long de l’année, au mois de mars c’était un T-shirt offert pour deux mangas achetés, en septembre un mug, etc. Il y a aussi eu beaucoup de gros lancements : Dragon Quest, Assassin’s Creed, Darwin’s Game, la suite de King’s Game, etc. Même des titres qui n’étaient pas destinés à faire de grosses performances ont été de bonnes surprises comme Dimension W ou Ad Astra.

Logo-Ki-oon

Concernant le marché français, il recule de 2.1% en volume… un avis sur cette tendance baissière qui persiste, comment tu la juges ?

Je ne la juge pas si mauvaise que ça car on sort de plusieurs années avec des chutes plus sévères (-8.5% en volume de ventes en 2013 par exemple, NDLR). Là, on commence enfin à stabiliser un peu, mais ça reste une période de transition qui va encore durer un certain temps. Nous sommes dans un marché de blockbusters qui ne repartira à la hausse de manière significative qu’avec l’arrivée et l’implantation sur long terme de nouvelles locomotives.

Pour l’instant on jugule la chute car que la plupart des éditeurs a pris conscience que nous sommes sur un marché dans lequel on ne peut plus se permettre de négliger les middle-sellers… Si, chez certains éditeurs, tu disais il y a dix ans qu’un lancement shônen avait fait 20 000 exemplaires, c’était un demi-échec. A l’époque, on visait des séries avec des potentiels de ventes à 60-70-80 voir 100 000 exemplaires, et plus.

Aujourd’hui, ces mêmes éditeurs s’intéressent plus au seinen, déjà, et globalement à des séries qui possèdent un potentiel de vente moindre mais suffisamment intéressant pour que le chiffre d’affaire de la maison soit garanti. Ce n’est pas un hasard si dans les meilleurs lancements de cette année on retrouve un All u need is Kill, ou un Area D qui visent un lectorat un peu plus âgé. On en retrouve chez nous aussi : Dimension W, Ad Astra, Darwin’s Game… mais c’est une marque de fabrique de Ki-oon, et c’est notre lectorat cible depuis nos débuts.

Ahmed Agne, au lancement d'Ad Astra au Salon du Livre 2015

Ahmed Agne, au lancement d’Ad Astra au Salon du Livre 2014

Il y a sans doute plus de campagnes de promotion de taille moyenne là où on n’avait que des grosses campagnes avant…

Clairement. Autant les éditeurs, quels qu’ils soient, ont toujours sorti l’artillerie lourde pour lancer des Fairy Tail ou des Death Note, autant les titres à moindre potentiel (du moins estimés comme tels) finissaient régulièrement sacrifiés sur le bûcher. Mais comme aujourd’hui, il n’y a pas vraiment des dizaines de nouveaux Fairy Tail qui se profilent à l’horizon, les efforts marketing se consacrent davantage sur les middle-sellers.

On s’inquiète depuis plusieurs années de l’appauvrissement en blockbuster de notre marché, en miroir d’un appauvrissement au Japon. De nouvelles têtes semblent apparaître aujourd’hui dans les deux pays : le top Oricon se renouvelle et L’attaque des Titans, Tokyo Ghoul ou Seven Deadly Sins rencontrent un certain succès chez nous. Est-ce que l’on peut croire en l’arrivée d’une nouvelle génération de best-sellers ?

Heureusement, il y a toujours des nouvelles générations de best-sellers pour remplacer les anciennes. Elles mettent un peu de temps à s’installer forcément. Seven Deadly Sins, par exemple, a débuté en mars et même si ça a très bien démarré nous n’en sommes qu’au début de l’implantation de la série. La première année de sa parution en France, la série Naruto, ne s’est écoulé « qu’à » 170 000 exemplaires. Quatre ans après la sortie du tome 1, le total annuel de la série était passé à 2,2 millions ! Tout ça pour dire que ce genre de série s’installe au fur et à mesure de l’augmentation de sa tomaison. Donc, pour un Seven Deadly Sins qui commence à peine et qui dépassera très probablement les 30 tomes, on peut dire sans trop prendre de risque que l’avenir s’annonce plutôt bien.

Là, on parle d’une série Kodansha mais la relève pointe aussi le bout de son nez chez Shueisha, et la fin de Naruto est sans doute l’un des meilleures choses qui puisse arriver au marché du manga. La présence pendant plus de 10 ans de séries aussi importantes que One Piece, Naruto, Bleach qui écrasent forcément tout sur leur passage, a étouffé l’éclosion de nouveaux talents dans le Shônen Jump. Ce n’est pas un hasard si la fin de Naruto correspond à l’émergence de nouvelles séries phares pour le magazine. Et je ne doute pas qu’elles arriveront à s’imposer, comme leurs illustres ancêtres.

Le poids de ces best-sellers est très important en France en terme de ventes, au moins 3 fois plus qu’au Japon. La France, un marché de manga-star… tu l’expliques comment toi ?

Je ne sais pas si mon explication est la bonne, mais au Japon il y a cet outil absolument incroyable qu’est le magazine de prépublication. Et grâce à cet outil, les lecteurs sont plus beaucoup plus ouverts. On l’achète parce qu’on est fan de Naruto et One Piece, mais on va lire des choses à coté qu’on n’aurait pas forcément lu dans un premier temps : Toriko, Kochikame, etc. On ne serait pas allé automatiquement vers ces ouvrages en libraire à la simple vue de leur couverture. On devient donc plus ouvert, y compris à l’idée que ce n’est pas parce un manga possède un dessin particulier que son histoire est inintéressante…

En France nous n’avons pas ça, et un des seuls moyens que les lecteurs ont de juger une série avant d’en faire éventuellement l’acquisition, c’est de regarder sa jaquette et son pitch. En partant de ce principe, un Area D est forcément plus sexy pour le lecteur qu’un Kid I Luck par exemple ! C’est comme ça. Même si tout ça évolue un peu et progresse, il y a un vrai effort à faire de notre coté de ce point de vue. Sans vouloir attribuer de bons ou de mauvais points c’est vrai que, lorsque tu es éditeur, tu as parfois tendance à moins défendre un titre parce que tu sais que son graphisme ou son sujet sont difficiles, par rapport à un titre où le potentiel est plus flagrant. Alors qu’il ne faudrait pas, justement.

C’est l’achever ça…

A silent VoiceVoilà. Par exemple un titre comme A Silent Voice qui vient de sortir porte un sujet compliqué et possède un graphisme que j’adore personnellement, mais qui n’est pas vraiment dans la norme de « ce qui marche ». C’était un véritable risque éditorial, mais nous avons joué le jeu à fond et nous l’avons défendu comme un blockbuster. Et le pari est payant puisque A Silent Voice est dans le top 3 de nos meilleurs démarrages sur les 3 dernières années. Qui l’eut cru ? :)

Sur les best-sellers nippons toujours, et leur destin chez nous : vous avez publié un ancien best-seller cette année, Emblem of Roto. Tu savais que la première partie serait difficile à installer sur le marché – surtout avec le lancement d’un Seven Deadly Sins peu de temps avant. Quel résultat et comment faire de la seconde saison un succès ?

Le résultat n’est pas à la hauteur de mes attentes mais pas infamant pour autant : le titre est 14e meilleur lancement de l’année pour 180 nouvelles séries et on se situe à près de 12 000 exemplaires écoulés sur le tome 1.

Néanmoins, dès le départ pour moi l’enjeu se situait beaucoup plus sur la deuxième série Dragon Quest que nous lancerons après Emblem of Roto. Elle est actuellement en cours dans le Young Gangan, et s’avère beaucoup actuelle dans son graphisme et sa narration.

Il s’agit d’un récit de dark fantasy, qui s’adresse aux lecteurs de Dai no Daibouken qui ont grandi, ou aux fans de Übel Blatt et de The Arms Peddler.

En mettant la fantasy d’Emblem of Roto face à celle d’Übel Blatt ou de The Arms Peddler, j’ai envie de citer Kamui Fujiwara : « l’heure est au Dark Heroes et c’est bien dommage ». Ton avis d’éditeur là-dessus ?

Oui l’heure est au dark mais c’est quelque chose qui dépasse largement le cadre du manga. Il y a une production tous médias confondus très riche dans ce domaine, en littérature, au cinéma, dans les séries, etc. Les shônens classiques avec le jeune héros avec des étoiles plein les yeux, qui veut devenir le plus grand ninja ou pirate du monde, rencontrent toujours un succès important… mais le lectorat est de moins en moins enclin à se diriger vers ces schémas narratifs. Ce n’est pas un hasard si on voit cartonner Games of Thrones en littérature et à la télé, Hunger Games en roman et au cinéma ou si, en manga, c’est l’Attaque des titans qui explose. Mais encore une fois, je pense que tout est cyclique : dans quelques temps les gens en auront marre et voudront revenir à des choses plus drôles !

J’ai lu récemment une étude d’un chercheur japonais qui analysait le succès des mangas de zombies, des jeux de massacre etc. en expliquant que c’était un reflet de la société. Le Japon, il n’y a pas si longtemps, était une société de plein emploi : tu entrais à peine à la fac que des recruteurs de grandes sociétés venaient sur le campus pour te faire signer chez eux, et dès ta deuxième ou troisième année tu savais déjà que tu allais travailler chez Toshiba ou Nec. Aujourd’hui après l’éclatement de la bulle financière, après les nombreuses crises économiques, il n’y a plus du tout de garanties de ce type. Les Japonais sont mis en compétition avec leurs voisins de manière beaucoup plus récurrente et sévère que par le passé. Ces mangas plus sombres ne sont que le reflet de la société plus dure et plus précaire dans laquelle on vit, tout simplement.

Darwin's gameSurvival et phénomène cyclique justement. On commence à ouvrir certains de ces mangas et se dire : tiens ça je l’ai déjà lu quelque part… Est-ce que c’est un phénomène qui va encore durer ou qui s’essouffle ?

En terme de vente, ça ne s’essouffle clairement pas. Mais c’est vrai que le survival est un genre très normé et très identifié dans lequel tu peux vite tourner en rond. Après le succès de Doubt qui a été fulgurant, de nombreux éditeurs ont logiquement commencé à s’intéresser à ce genre, et la tentation de notre côté aurait pu être de multiplier les acquisitions de ce type pour étouffer la compétition, mais ce n’est pas la voie que nous avons choisie.

Au final, et malgré le succès incroyable du genre, les survivals ne représentent chez Ki-oon que 4 séries sur un catalogue qui en compte plus de 120 : Doubt, Judge, King’s Game, et Darwin’s Game. Je continuerai à en sortir à un rythme raisonnable parce que j’aime ça, et que j’ai un coté ado fan de slasher movies (complètement assumé !), mais je suis aussi obsédé par l’idée de ne pas tourner en rond dans mon offre éditoriale sur ce segment. De ce point de vue, mes deux dernières acquisitions dans le domaine, King’ Game et Darwin’s Game, n’ont malgré un Game en commun dans le titre, pas grand-chose à voir l’une avec l’autre !

Pour en finir sur les tendances porteuses et les blockbusters… Chez Ki-oon vos best-sellers étaient Übel Blatt et Pandora Hearts. Le second s’est fini au Japon et s’achève prochainement en France, comment se porte le premier et quid de la relève ?

Le premier va toujours très bien. La « malédiction » du manga c’est le décrochage automatique et notable du lectorat au fur et à mesure de l’avancée d’une série. Mais sur Übel Blatt comme sur The Arms Peddler, le décrochage est loin d’être aussi sévère que sur la moyenne des séries publiées en France, sans doute parce que le fil narratif est très travaillé et que l’intrigue n’est pas trop délayée.

Ensuite Pandora Hearts se finit effectivement en 2015, c’est la vie, mais cela dit je trouve que 24 tomes c’est une bonne longueur pour un shônen. Tu as beau être le meilleur auteur de tous les temps, il est humain et automatique d’avoir de moins bonnes périodes quand tu dépasses les 30, 40 ou 50 tomes. Jun Mochizuki savait ce qu’elle voulait raconter dès le départ, que ça ferait entre 20 et 25 tomes et maintenant elle travaille sur sa prochaine série… Je ne me fais pas trop de soucis quant à son futur succès car son lectorat est fidèle !

Enfin, pour ce qui est de la relève elle est déjà là : en nombre d’exemplaires vendus King’s Game et ses différentes saisons sont déjà devant Übel Blatt puis Pandora Hearts en ventes annuelles.

king-s-game-manga-volume-5  Pandora Hearts 22

Tu parles de The Arms Peddler et une sortie en mars était évoquée l’an dernier. Quid ?

Alors pas en mars, car le planning japonais a bougé, mais on devrait rapidement retrouver la suite des aventures de Garami en France. La prépublication a repris dans le Young Gangan en début d’année et suit son cours régulièrement depuis.

On part sur quel rythme par an ?

L’auteur travaille sans assistant mais dessine assez vite, donc on devrait avoir deux tomes par an.

Bonnes et moins bonnes surprises

dimension-w-tome-3Lorsque de notre précédente interview, début 2014, nous évoquions le bon décollage de Dimension W : Iwahara séduit enfin ?

Ça s’est confirmé puis qu’il s’agit du 8e meilleur lancement de l’année dans le top GfK et c’est une série qui continue de recruter des lecteurs régulièrement, le bouche à oreille est excellent. On a dépassé des 15 000 exemplaires écoulés sur le tome 1.

Comment tu expliques que celui là réussisse là où les autres Iwahara ont échoué ?

Parce qu’il a été bien défendu, tout simplement. La promotion n’est pas une solution miracle qui fonctionne à tous les coups, mais quand le titre est un minimum raccord avec les attentes des lecteurs, il n’y a pas de raison que ça ne fonctionne pas. Et puis, il y a sans doute un autre facteur qui joue en notre faveur : le lectorat français a mûri et s’ouvre progressivement à des expériences différentes. Je pense que ce n’est pas un hasard si on arrive aujourd’hui à faire fonctionner des séries comme A Silent Voice, Bride Stories, Cesare, ou Goggles… Les lecteurs sont totalement capables de nous suivre et de tenter des choses différentes à partir du moment où les séries qu’on leur propose sont traitées comme des titres d’envergure et qu’ils en entendent parler.

Il faut donc les amener jusqu’à leur public cible…

Voilà. Prochain défi : Yuko Osada ! (Rires)

Et Kozue Amano !

Mais exactement ! De toute façon je ne lâche pas ces auteurs et on finira par y arriver, j’en suis persuadé.

Si on termine de balayer vos nouveautés 2014 : les bonnes surprises ont été évoquées donc qu’en est-il des moins bonnes ? On évoquait Osada, quid de Kid I Luck ?

Je ne peux pas vraiment parler de mauvaise surprise car on ne s’attendait pas faire un carton avec Kid I Luck, même si l’accueil critique a été excellent comme toujours avec cet auteur. Le résultat est moyen, avec environ 4 000 exemplaires sur le tome 1. Si je devais vraiment donner une déception ça serait Dragon Quest car j’en attendais plus. Les autres nouveautés ont été bien reçues : Erased est une excellente surprise, Ad Astra et Coffee time aussi…

Pour Ad Astra son lancement au SDL de Paris a porté ses fruits ?

Oui, les ventes ont été bonnes dès le départ, et le tome 1 tutoie les 10 000 exemplaires aujourd’hui.

ad-astra-4  Kid i luck 1

Pour Erased que tu citais au-dessus, même décollage ?

Non, au contraire, ça a démarré super mollement, mais il s’est passé quelque chose qui arrive de moins en moins : un bouche à oreille très positif qui a fait remonter les ventes. Honnêtement c’est quelque chose qui ne nous arrive presque plus aujourd’hui : quand un manga commence bien il continue dans ce sens et quand il commence mal il finit mal. Donc c’est une excellente surprise.

En fait pour chercher une déception il faut sans doute remonter plus loin : j’ai entendu dire que tu étais un peu déçu pour Barakamon

Pas par rapport au potentiel de la série car, soyons honnête, un manga humoristique sur un calligraphe qui vit sur une île paumée au Japon… Je mentirais si je disais que je m’attendais à en vendre 30 000. Mais c’est un manga que j’aime tellement que je voudrais qu’il soit plus lu… C’est le cœur qui parle, là. Les gens qui lisent la série l’adorent, il faudrait juste que plus de gens la lisent ! (Rires)

erased-tome-3  barakamon-manga-volume-9

En route pour 2015…

Comme le tour d’horizon est terminé, penchons-nous sur l’avenir… et l’avenir c’est aussi le prochain Tsutsui, Poison City. Le travail sur Prophecy a été une de vos premières collaborations et création avec un auteur japonais d’une telle ampleur. Qu’est-ce que ça vous a appris d’être un éditeur de manga à la japonaise ?

Nous avons appris que c’était top et que nous avions envie de continuer ! (Rires)

Le principal enseignement c’est qu’au Japon c’est vraiment vu comme un sport d’équipe. Tout le monde est impliqué. Quand un auteur envoie un projet de couverture, il me demande évidemment mon avis en tant qu’éditeur, mais il veut aussi connaître le ressenti du distributeur, des libraires, des employés de la boite, etc.

Un auteur comme Tetsuya, par exemple, s’il n’est pas dans la demande par rapport à la construction narrative de son récit, échange énormément au départ du projet, sur la thématique choisie. Au tout début de Poison City, il m’a approché en me disant : « j’aimerais bien écrire quelque chose sur la liberté d’expression et la censure, mais je ne sais pas si ça peut intéresser le lectorat français. ». C’est une envie qui lui venait du fait que Manhole est censuré dans la préfecture de Nagasaki au Japon. Il se posait des questions sur le potentiel de l’œuvre, et pensait que le sujet n’intéresserait que le Japon. Je l’ai donc rassuré car nous étions début 2014 en pleine polémique sur le livre jeunesse Tous à poil qui était taxé de pédophilie, et que la France a toujours eu une longue tradition de débat autour de la notion de liberté d’expression… Depuis, entre la tragédie Charlie Hebdo, l’affaire Mc Carthy, les polémiques autour de Dieudonné, du Zizi sexuel de Zep, etc., les débats autour de la liberté d’expression n’ont cessé d’occuper le devant l’actualité.

Poison City a une autre particularité, c’est d’être édité dans deux formats : au format standard mais aussi dans votre collection Latitudes…

Je ne l’aurais pas forcément fait avec un autre Tsutsui, mais je pense qu’avec ce sujet précis, qu’avec l’historique que l’auteur commence à avoir en France, l’intérêt qu’il peut susciter auprès des médias généralistes, et le fait que Prophecy avait déjà trouvé beaucoup de lecteurs chez les non initiés au manga… Poison City a toutes les chances de s’imposer aussi sur ce format. Et puis la série ne fera que deux tomes. Je n’aurais peut-être tenté pas le coup avec une série en dix volumes mais là, ça correspond bien au profil de la collection Latitudes.

Annonce-Poison City

Le fait que le nom de Tsutsui puisse ouvrir des portes, est-ce que ça voudrait dire que le manga acquiert enfin des lettres de noblesse ?

Disons que c’est plus… je ne vais pas dire « facile » sinon mon attaché de presse va me frapper ! (Rires) C’est moins compliqué d’attirer l’attention des médias généralistes avec ce genre d’auteur.

Il y a peut être une culture qui se construit…

Oui, complètement. Le lecteur moyen ne retient pas souvent les noms des auteurs, mais celui de Tetsuya Tsutsui commence à lui parler. Le nom de Tetsuya Toyoda commence aussi à vouloir dire quelque chose. Bon ce n’est pas de chance, il dessine un manga tous les 4 ans ! (Rires)

Tout cela est passé par un travail de fond considérable sur le catalogue : c’est en accumulant des perles comme Bride Stories, Cesare, Goggles ou A Silent Voice qui évoque l’acceptation du handicap dans la société, qu’on construit auprès du très grand public notre image d’éditeur de  « mangas pour tous ».

C’est un public qui cherche souvent un petit plus culturel dans ce qu’il lit, qu’il s’agisse d’histoire ou d’un phénomène de société…

Bien sûr. Je ne me leurre pas, un Kid I Luck ou un Barakamon n’intéresseront jamais ce public là. Et c’est plutôt logique, ils s’adressent à un lectorat de connaisseurs initiés.

Là on parle de presse web et papier. Le seul endroit qui est encore compliqué à accrocher c’est la télévision au final…

Oui, la télévision c’est compliqué. En manga, il n’y a probablement qu’un auteur comme Taniguchi, avec une vraie reconnaissance nationale qui pourrait y avoir droit. Mais ça n’est pas propre au manga : même en BD classique en dehors de Zep et Uderzo, il n’y a pas beaucoup d’auteurs qui ont les honneurs du 20h !

Pour finir, quels espoirs pour cette année 2015 ?

Lorsque je préparais le calendrier de l’année 2015 – il y a eu deux ans, deux ans et demi – je savais qu’elle arriverait après une année 2014 qui s’annonçait riche avec nos 10 ans. J’avais peur que le soufflet ne retombe en 2015, mais les choses sont bien faites : nous avons un programme très ambitieux pour cette année encore. A Silent Voice en a été le coup d’envoi parfait et prouve une fois de plus qu’un titre a priori compliqué peut s’imposer comme un franc succès s’il est bien travaillé ! Et surtout qu’on peut faire lire du manga à n’importe qui.

C’est ce qu’on souhaite à Ki-oon pour 2015 ! Merci Ahmed !

Pour suivre Ki-oon vous avez le choix : vous pouvez les retrouver ce mois-ci au Salon du Livre de Paris, suivre leur actualité sur leur site internet, leur page Facebook ou leur Twitter ! Merci à Ahmed Agne pour son temps et sa disponibilité. Merci également à Victoire pour la mise en place de cette interview !

Retrouvez toutes nos interviews éditeurs :

Doki-Doki (mai 2012, janvier 2014)

Glénat (mars 2009décembre 2012, janvier 2015)

IMHO (avril 2012)

Isan Manga (mars 2013)

Kana (novembre 2012 - janvier 2014)

Kazé Manga (avril 2011janvier 2012décembre 2013)

Ki-oon (avril 2010 - avril 2011janvier 2012janvier 2013, avril 2014, février 2015)

Komikku (mai 2014)

Kurokawa (juin 2012décembre 2013)

nobi nobi ! (septembre 2013)

Ototo – Taifu (octobre 2012, novembre 2014)

Pika (avril 2013, décembre 2014)

Soleil Manga (mai 2013)

Tonkam (avril 2011)

Retrouvez également les bilans manga annuel du marché français réalisés par le chocobo : 2010, 2011, 2012 et 2013

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Poison City : une passionnante mise en garde, par Tetsuya Tsutsui

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Poison City

Avec A Silent Voice, Snow Illusion, Darker Than Black et une multitudes de très bons tomes, le premier trimestre 2015 est plutôt appréciable pour le lecteur de manga. D’autant que le mois de mars achève cet hiver de lecture en beauté :  nouveau tome de Vinland Saga, publication de Innocent (le nouveau Shinichi Sakamoto) et, cette semaine, sortie de Poison City, le nouveau Tetsuya Tsutsui aux éditions Ki-oon.

J’aime bien ce que fait Tsutsui, par la modernité de ses thématiques et les débats épineux qu’il soulève, donc un nouveau titre de l’auteur de Prophecy, Manhole, Dud’s Hunt ou Reset m’intéresse forcément. Avec une histoire de mangaka confronté à la censure dans une société puritaine et très similaire à la notre, il semble logique que ce titre cartonne, surtout avec sa mise en avant au Salon du Livre de Paris et la venue de son auteur. Mais en dehors de cette convergence de bonne augure, il est important de vous prévenir : Poison City est avant tout un très bon manga. Tout comme Erased est le dernier en date ET le meilleur manga de Kei Sanbe, ce nouveau seinen Tsutsui pourrait bien être le plus brillant du mangaka. Néanmoins, allons y doucement sur les conclusions hâtives, et regardons d’abord ce que l’on peut dire de ce premier tome.

Poison City, l’héritier de Manhole…

Manhole_01Pour ceux qui découvrirait l’auteur ou qui n’aurait suivi son parcours que de très loin, rappelons que Poison City arrive après 13 ans de carrière de Tetsuya Tsutsui et qu’il constitue son cinquième manga publié. Habitué des one-shots et des séries courtes, le mangaka n’a jamais dépassé les 3 volumes (son maximum dans Manhole puis Prophecy) et Poison City ne va pas déroger à la règle puisqu’il est prévu en 2 opus, de 242 pages. Ce titre est le second publié dans le Jump Kai, un magazine de prépublication de la Shueisha pour jeunes adultes – on y a croisé HE The Hunt for Energy de Boichi également – mais ce mensuel a fermé boutique en octobre dernier et le titre a été transféré dans le Young Jump, magazine beaucoup plus connu : Gantz, Zetman, Liar Game, Real, Tokyo Ghoul et Terra Formars, sont quelques uns des seinens qui y ont élu domicile ces dernières années.

Ensuite, il est bon de (re)préciser d’où vient Poison City, car censure et liberté d’expression ne sont pas arrivées par hasard ou par effet de mode dans l’esprit du mangaka. Dans un communiqué datant de 2009, l’agence pour l’enfance et l’avenir du département de Nagasaki a classé le manga Manhole comme «oeuvre nocive pour les mineurs » pour le motif «d’incitation considérable à la violence et à la cruauté chez les jeunes». Conséquence : perte de visibilité dans les boutiques, mauvaise réputation pour l’auteur, etc. C’est la seule instance au Japon a avoir statué dans ce sens et le pire est que jamais Tsutsui n’ a été mis au courant de la procédure, ni n’a pu s’expliquer sur les pages incriminées. Il en a pris connaissance 4 ans plus tard. Dans les bonus du premier tome de Poison City les origines de cette décision sont dûment expliquées mais disons, pour faire court, que la dite commission censure à la pelle, sur les simples images et sans tenir compte du contexte, en se basant sur un ratio entre les pages considérées nocives et le nombre de pages total de l’ouvrage. Un jugement souverain, à l’emporte pièce, et visiblement indiscutable.

Il ne restait donc qu’une voie possible pour notre mangaka : prendre la plume et mettre en garde – ou du moins de pousser à la réflexion – face à cet abus d’un système bien pensant. Voilà comment est né Poison City. Regardons maintenant ce qu’il vaut.

« Le temps que je prenne conscience de la situation… il était trop tard »

Nul besoin d’aller très loin pour trouver un futur propice à la censure : Tokyo, 2019, moins d’un an avant l’ouverture des Jeux Olympiques : voici l’époque de notre récit. Plus que jamais le Japon y est soucieux de son image, plus que jamais l’archipel veut se montrer propre, net et sans bavure. Un terreau où pousse des idées puritaines au nom de la bonne réputation du pays et du bon développement de sa jeunesse. Sans faire de bruit, la ville de Tokyo décide de faire place nette avant le début des jeux, et les bien-pensants s’infiltre dans cette brèche : toutes les formes d’expression artistique sont victimes de comités de censure.

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Dans ce titre à peine romancé, l’alter-égo de Tsutsui se nomme Mikio Hibino. Il est bien entendu mangaka, avec un talent prononcé pour les œuvres réalistes et sanglantes. A 32 ans, Mikio semble sur le point de convaincre son directeur éditorial avec une nouvelle série : Dark Walker, histoire d’un mal inconnu qui rend fous, violents et cannibales ceux qui en sont victimes, un scandale que tentent d’étouffer les autorités. Dark Walker fait donc un énorme clin d’œil à Manhole, même si le récit semble s’en éloigner par la suite. Le directeur éditorial de Mikio, prudent, lui conseille quelques petites retouches pour éviter la censure et ce dernier, surpris, accepte sans y voir trop de contraintes. Mais ce n’est que le début des ennuis.

Mikio saute de joie lorsqu’il apprend que son titre sera prochainement publié dans le Young Junk de la maison Shôeisha (à la place de Young Jump et Shueisha, autre clin d’œil évident). Seulement voilà, pour cela il va falloir revoir quelques scènes, éviter que des bouts de cadavres ne dépassent. D’autant qu’à la rédaction de Shôeisha, un ouvrage vient de revenir avec un avis défavorable et s’est vu déconseillé au moins de 15 ans. Quelques mois après l’établissement de La loi pour la littérature saine, une commission d’experts composée entre autres d’un ex-ministre, d’un psychiatre ou d’un romancier a été mise en place pour statuer sur la nature des ouvrages à problèmes et les classer dans deux catégories : les ouvrages déconseillés, interdits au moins de 15 ans, et les nocifs, proscrits pour les moins de 18. Une prescription qui, contrairement à la France, est suivi sérieusement dans les librairies et coupe les œuvres d’une bonne partie du lectorat. Malheureusement, au sein de cette commission, le contexte de l’histoire est toujours survolé et le moindre doute profite toujours à la censure, pour « protéger la jeunesse » et répondre à l’obsession politique de proposer un culture cool, mainstream et sans trop d’aspérités au monde entier lorsque les projecteurs des Jeux Olympiques seront braqués sur  eux. Plus que jamais, le clou qui dépasse appelle le marteau.

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Ce système de contrôle déséquilibré pousse donc Mikio et son responsable à rester prudent et à trouver des alternatives pour conserver l’intérêt du récit sans être sanctionné. Mais tout dérape le jour où l’ex-ministre de la commission tombe sur Dark Walker et décide, sans en aviser ses confrères, d’envoyer un courrier réprobateur à la maison d’édition. Sous le couvert d’un témoignage d’honnête citoyen l’homme fait ostensiblement pression. Dans un pays comme le Japon où le scandale est un peu la fin du monde, le résultat ne se fait pas attendre : Dark Walker est suspendu de publication, et le magazine retiré des ventes…  C’est ainsi que débute pour Mikio un véritable chemin de croix pour son titre et son avenir de mangaka : quelles concessions accepter, qu’est-il prêt à changer pour vivre de son métier, comment réagissent ses confrères et, de toute façon, comment lutter face à cette bien séance étouffante qui gangrène la société nippone ?

Aussi surprenant que brillant…

Tetsuya TsutsuiPoison City traite donc d’un sujet passionnant, la liberté d’expression, sans cesser de nous rappeler qu’il est inspiré d’une histoire vraie, avec de multiples références à ce qu’a pu vivre l’auteur. L’histoire prend rapidement au tripes avec des censeurs détestables, hautains et méprisants à souhait. Ils ont déjà une idée toute faite de leur jeunesse idéale, élevée dans un cocon loin de toute réalité ou de toute créativité. Mais le plus étonnant ne vient pas forcément d’eux, car on connait bien ces personnages souhaitant préserver leur intérêt personnel, se faisant mousser facilement face à des moyens d’expression sans poids politique, ou encore réglant des comptes personnels. Ce sont des habitués du panthéon de Tsutsui et il les dépeint, comme d’habitude, avec beaucoup de talent.

La vraie surprise vient d’abord de Shingo Matsumoto, un autre mangaka de cette histoire dont un manga a été frappé du fameux sigle NOCIF deux ans auparavant. Je ne vous dévoile pas son caractère ou sa façon de poursuivre son métier mais sa rencontre entre lui et Mikio puis entre Mikio et la femme de ce mangaka sont renversantes et constitue un choc pour notre héros comme pour le lecteur. De la même façon, on déplore le peu de soutient de l’éditeur nippon face au scandale qui se profile. Même si son tantô est révolté par cette censure incessante et que le directeur du magazine tente de défendre la liberté de son auteur, la peur du scandale et de l’opprobre paralyse le bon sens de l’éditeur qui baisse l’échine. Mikio est donc bien seul. Heureusement, face à toutes ces difficultés, il trouve un allié de poids en fin de volume : un éditeur étranger qui désire le publier… un rapport quelconque avec la collaboration entre Tsutsui et Ki-oon ? Bonne question. En tout cas le combat ne fait donc que commencer et on attend avec impatience la riposte dans le tome 2.

Scénario, mise en scène et narration s’avèrent donc de haute tenue, et Tsutsui souhaite expliquer son combat en intégrant dans son manga plusieurs passages des mangas de Mikio « en taille réelle » : une bonne vingtaine de pages des mangas réalisés par Mikio sont présentes dans ce premier tome, nous mettant dans la peau du lecteur fictif du récit, afin de nous laisser seul juge des scènes incriminées tout en les replaçant dans leur contexte. On retrouve d’ailleurs certaines scènes dans plusieurs versions, ce qui permet de constater tous les trésors d’ingéniosité dont est capable un mangaka pour revisiter une scène pour l’inscrire dans les clous.

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Dark Walker, le manga dans le manga

Enfin, sur le plan visuel, il est amusant  de ressortir un tome de Manhole des étagères pour comparer les progrès qu’a pu faire Tsutsui avec sa plume en l’espace de 10 ans. Le trait est désormais d’une finesse remarquable : le chara-design a muri à travers les années avec une palette de personnage beaucoup plus variée, à la morphologie croquée de manière plus complexe et plus subtile qui donne une identité plus singulière aux personnages. Ces derniers se suivent mais se ressemble de moins en moins. Les décors gagnent eux aussi détails et on pourrait observer certains plans larges pendant de longues minutes : les locaux de l’éditeur Shôeisha, les héros de Dark Walker dans une ville déserte… Le travail effectué est impressionnant – admirez les jeux de lumières dans les pages couleurs – et on comprend pourquoi il peut s’écouler de nombreux mois entre deux volumes d’un Tetsuya Tsutsui. Ça vaut le coup d’attendre.

Poison City présente donc un premier tome qui souhaite marquer les esprits : la fiction n’a jamais été aussi proche de la réalité et n’a jamais si bien incarnée les inquiétudes de son auteur. Dans une spirale infernale pleine de rebondissements et de personnages marquants, Tetsuya Tsutsui donne le meilleur de lui-même pour mettre en garde le Japon et ses confrères mangakas, pour les pousser aussi bien à la vigilance qu’à la révolte. Un petit bijou.

poison-city-tome-1Fiche descriptive

Titre : Poison City
Auteur : Tetsuya Tsutsui
Date de parution du dernier tome : 12 mars 2015
Éditeurs fr/jp : Ki-oon / Shueisha
Nombre de pages : 242 n&b et couleur
Prix de vente : 7,90 € en édition simple – 15 € en édition latitudes
Nombre de volumes : 1/2 (terminé)

Visuels : © Tetsuya Tsutsui / Ki-oon

Pour en savoir plus sur la collaboration entre les éditions Ki-oon et Tetsuya Tsutsui, je vous conseille de lire l’interview de l’éditeur Ahmed Agne, publié sur le blog il y a quelques jours. En bonus, voici la preview du premier tome pour en découvrir les premières pages :

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[Itw éditeur] : Soleil Manga, à l’heure de la reprise…

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Soleil-Manga

Suite et fin des interviews bilans chez les éditeurs de manga : un sacré périple qui s’est achevé la semaine dernière sur Journal du Japon par le bilan global 2014 du marché français. J’en termine ici aussi, avec l’interview d’Iker Bilbao, le directeur éditorial de Soleil Manga que j’avais déjà rencontré en 2013, et qui travaille également à la coordination de l’ensemble Delcourt Manga. Soleil Manga qui fait partie des éditeurs à avoir soufflé ses 10 bougies ces dernières années (avec Kurokawa et Ki-oon par exemple) et s’en titre plus que bien au regard du groupe Delcourt ou encore du secteur du shôjo ces dernières années. Regardons ça de plus près, chiffres à l’appui !

De Delcourt à Soleil, la transformation d’un groupe

iker-photo-2Bonjour Iker Bilbao… Commençons par parler un peu de toi : tu es, depuis quelques temps déjà, davantage que le directeur éditorial de Soleil Manga. Si je ne me trompe pas tu es aussi coordinateur de l’ensemble Soleil-Delcourt-Tonkam. Quel est le but du poste et ça consiste en quoi, concrètement ?

Bonjour Paul. Nous avons la chance chez Soleil Manga d’avoir toujours eu 2 directeurs éditoriaux, Joanna Ardaillon et moi-même. Lors du rapprochement des labels manga du groupe Delcourt, notamment au moment du déménagement, il m’a été demandé de participer à la création d’un socle commun de compétence et d’organisation pour faciliter les relations entre les directeurs de collection et entre le département manga et les autres services du groupe (Commercial, Marketing et autres.). En gros, je fluidifie les relations entre les gens et j’apporte mon approche plus « commerciale » du manga aux éditeurs.

Si on devait synthétiser le rôle éditorial de chacun au sein du groupe, comment les décrire ?

Chaque label avait déjà une identité propre, même si celle de Delcourt était au final très liée à Akata. Pour Tonkam, beaucoup de shônen très atypiques, des seinens/young  violents et immoraux et des shôjos audacieux. Pour Soleil Manga, des shônens de jeux vidéo, des shôjo romantiques ou gothiques et des seinens/young sexy. Ça n’empêche pas certaines libertés créatrices, mais ça donne une orientation générale. C’est à nous, entre éditeurs du groupe, de nous mettre d’accord sur ce qui nous apparaît davantage comme un titre Delcourt, un titre Soleil ou un titre Tonkam. Concernant Delcourt, c’est à Pierre Valls et non à moi de présenter sa vision de son catalogue, tu t’en doutes.

Vers quoi veut tendre le groupe Delcourt en tant qu’éditeur de manga pour les années à venir ?

Plusieurs événements importants ont jalonné l’histoire récente des 3 collections (rachat de Soleil par Delcourt, départ d’Akata, assimilation de Tonkam en tant que collection, déménagement dans un lieu commun, etc…) et dans un premier temps, il convenait de « digérer » tout ça. Soleil Manga avait été le premier impacté, il est le premier label à repartir à la hausse en part de marché et en terme d’image. Le groupe Delcourt compte bien rester un acteur important du manga en France, par sa richesse éditoriale et son envie d’innovation. La présence de 3 labels complémentaires nous permet ainsi de bien occuper tout l’espace éditorial.

Food WarsEnfin, avant de parler de Soleil pour la suite de l’interview, une question sur Tonkam. Après avoir été éditeur à part entière, Tonkam est devenu un label au sein des éditions Delcourt. De plus à la vue du bilan 2014 de Gfk on se pose des questions : Delcourt manga augmente ses parts de marché et Tonkam s’effondre MAIS on peut constater que cela s’explique aussi par un dé-référencement de titres Tonkam au profit de Delcourt…   Pourquoi cette réorganisation et surtout, quel est le but ? Où va Tonkam en terme éditorial ?

Les chiffres Gfk masquent en effet la réalité car tous les titres parus depuis le 1er janvier 2014 sont référencés sous Delcourt car Gfk ne différencie pas les labels, uniquement les sociétés. Du coup, les indicatifs concernant les 2 labels sont faux. En fait, Delcourt Manga baisse de 7% à fin 2014 et Tonkam de 20%, mais avec une très importante baisse de sa production (environ 140 titres en 2013 pour 100 titres pour 2014). Au final, les ratio (notamment le taux de retour) sont bien meilleurs et le succès de certains lancements, Food Wars en tête, fait de 2014 une année de base intéressante. Mais c’est certes handicapant que Gfk apporte une vision erronée de la réalité éditoriale. Cette réorganisation était toutefois nécessaire et sera même bénéfique sur le long terme.

Soleil Manga : 2014, une excellente année

Et donc, maintenant, Soleil : notre dernière interview remonte à 2013, en plein dans votre année des 10 ans. Ce qui est amusant c’est qu’en 2014 c’était Ki-oon et en 2015 c’est au tour de Kurokawa. Ki-oon en est ressorti sur les rotules mais heureux, quels souvenirs en gardes-tu deux ans après ?

Cela nous a permis de vraiment relancer la collection et de regagner la confiance de nos lecteurs. 2013 avait été une année éreintante car nous avions fortement augmenté notre production (144 titres contre 102 l’année dernière), mais cela nous avait permis de conclure plusieurs séries difficiles et de se lancer dans de nouveaux projets et défis. Ce qui a été semé en 2013 a été récolté en 2014 et encore aujourd’hui.

L’année qui suit les 10 ans, 2014 pour Soleil Manga, est toujours un peu compliquée à égaler en termes de ventes. Mais si l’on regarde vos part de marché Gfk en volume, ça va pas si mal, donc quel bilan pour 2014 finalement ?

Si on occulte les ventes du Zelda Hyrule Historia qui forcément embellit beaucoup le panorama, 2014 aura été une excellente année pour Soleil Manga. On finit en très léger recul, mais avec une production réduite d’un tiers ! On a surtout fortement réduit le nombre de lancement (45 nouvelles séries ou one-shot en 2013 !!!) et changé notre politique éditoriale en se lançant dans des séries plus longues (virage amorcé fin 2013 avec Cage of Eden) et davantage soutenus. Enfin, nous avons été très présents sur les réseaux sociaux, ce qui nous permet de compter plus de 25.000 fidèles sur Facebook et donc d’échanger plus facilement avec nos lecteurs.

Zelda Hyrule Historia

Le shôjo ne cesse de décroître en part de marché vis-à-vis du seinen et du shônen, faut-il juste attendre un renouvellement de génération et de locomotive où est-on confronté à quelque chose de plus problématique et long terme selon toi ?

he_is_a_beastC’est une question récurrente qui m’amuse quelque peu car concernant Soleil Manga, le shôjo ne s’est jamais aussi bien porté pour nous. He is a beast ! a été le meilleur lancement shôjo en 2014 sur les 4 premières semaines d’exploitation. I’m the only wolfAphrodisiac et Forever my love ne se sont pas trop mal comportés et il y a aussi Plum qui entre en catégorie shôjo comme tous les titres de la collection Pets. Les parts de marché baissent surtout car il y a finalement une production assez faible et que plusieurs éditeurs n’y sont pratiquement plus. Si on regarde les lancements 2014, on remarque une prédominance de Pika, du groupe Delcourt et Kaze.

Kurokawa a un seul gros titre et Akata pointe le bout de son nez. Le marché du shôjo manque effectivement de locomotives surtout depuis la fin de Switch Girl, ça ne fait aucun doute, mais finalement si on occulte les adaptations de licences de jeux vidéo ( 6 dans le Top 20 des lancements) et les grosses licences inaccessibles car protégées par des accords entre éditeurs, on se rend compte que se placer sur le shôjo peut-être une bonne stratégie. Après, tous les segments du shôjo ne sont pas forcément viables commercialement et il est plus facile d’imposer une romance lycéenne avec triangle amoureux qu’un josei fantastique.

Gfk a souligné un renversement de tendance sur les 2 semestres 2014 : le premier à la baisse et le second à la hausse : quid chez Soleil Manga et comment l’expliques-tu ?

Forcément, avec Super Mario et He is a beast au second semestre, ce dernier a mieux fonctionné pour nous que le premier. Toutefois, nous n’avons pas souffert outre-mesure sur les 6 premiers mois au-delà de l’effet de la baisse de production.

En terme de ventes, quelles bonnes surprises et quelles déceptions en 2014 ? 

Les belles réussites sont bien entendu Super Mario (15.000 ex vendus), Plum (13.000 ex) et He is a beast ! (9.000 ex). Cela ne nous était jamais arrivé d’avoir trois beaux lancements réussis la même année et de plus sur des séries plutôt longues ! À l’inverse, Femme Fatale (400 ex) et Kurogane Girl (600 ex) ont été de gros échecs. Je suis aussi un peu déçu des ventes de Yakuza Love Theory qui dispose d’excellentes critiques, mais a du mal à trouver son public. C’est vraiment dommage.

Super mario 1 plum

Politique éditoriale…

Toi, Ahmed, Grégoire ou même Raphael ça fait tous une décennie que vous êtes éditeurs de manga, vous êtes des éditeurs d’une même génération si on peut dire… Mais est-ce que vous partagez la même vision du métier d’éditeur de manga français pour autant ? Quelle est la tienne en tout cas, avec ton expérience ?

Je pense que Raphael et moi nous nous ressemblons davantage dans notre approche et il m’a pas mal inspiré à mes débuts car Asuka venait d’être acheté par Soleil quand je suis arrivé et j’ai pu ainsi l’observer. Nous avons une approche pragmatique et très touche-à-tout du métier d’éditeur alors qu’Ahmed et Grégoire ont pour moi une véritable posture d’éditeur. Joanna a également une approche plutôt similaire à la leur.

Éditer, c’est communiquer. On transmet quelque part nos émotions au travers d’œuvres que nous choisissons. C’est la vision que j’ai du métier d’éditeur. Après, ma formation commerciale m’a permis d’y apporter une nuance plus pragmatique.


les-mots-de-bouddhaBeaucoup d’éditeurs ont continué de se diversifier en 2013-2014. Chez Soleil vous avez opté pour ça très tôt. Est-ce que tu peux faire un point sur la forme de vos différentes collections ?

Lancer de nouvelles collections a toujours été un défi très excitant car on y trouve souvent une part d’inconnu. Lancer la collection classique avec Le Capital de Karl Marx, c’était un peu « tout ou rien » car nous aurions pu jouer la sécurité avec Les Misérables d’entrée de jeu. Cette collection classique avait plutôt bien démarré, mais l’orientation spirituelle des derniers volumes (La Bible, Confucius, les mots de Bouddha) n’a pas fonctionnée. Lors de la réduction de la production d’un tiers, c’est la collection qui a été la première impactée car constituée uniquement de one-shot ou de dyptiques. Même chose pour la collection Eros dans laquelle il nous reste à publier le tome 2 de L’allumeuse et qui a pas mal souffert de la concurrence des titres non-censurés (même si ces derniers s’essoufflent également désormais chez nos concurrents).

Sur le shônen, hormis les titres de jeux vidéo, c’est toujours aussi dur pour nous (échec de Happy Project) et les shônen-ai de la collection gothique souffrent également (Messiah et grosse baisse sur Loveless). En revanche, tout va toujours pour le mieux pour la collection shôjo, les shôjo-gothiques se portent également très bien, portés par Tomu Ohmi, Pedoro Toriumi et bien entendu Aya Shouoto et le retour du seinen chez Soleil Manga a également plutôt bien pris avec Prison School. Enfin, le lancement de la collection Pets s’est avéré un beau succès qu’il nous faut désormais confirmé avec d’autres titres que Plum, un amour de chat.

Des projets de nouvelle collection dans les tuyaux ou visez-vous plutôt la stabilité ?

Nous cherchons déjà à développer la collection Pets et travaillons à une nouvelle formule pour la collection Classique. Pour le reste, l’année 2015 devrait plutôt être une année de stabilité, du moins sur le plan des lancements de collection.

Chez Ki-oon et Kurokawa et d’autres ceux qui choisissent les licences sont bilingues, ce qui permet de saisir assez finement le potentiel d’une licence…Ce n’est pas le cas chez Soleil-Delcourt-Tonkam je crois, comment contourner cet handicap ?

Alors déjà, je suis trilingue…. mais en allemand et en anglais. (Rires)

Plus sérieusement, il nous faut contourner ce « handicap » en développant au maximum notre connaissance du marché français et en faisant confiance à nos traducteurs. Etre bilingue permet de mieux connaître le titre, mais pas forcément son potentiel sur le marché français.

Enfin, pour 2015. Vous semblez réduire le nombre de sorties, quelle tendance pour 2015-2016, et pourquoi cette stratégie ? Pour mieux défendre les titres ?

Sur 2015, nous devrions rester autour de 100-105 titres, comme en 2014, et sauf imprévu, cela devrait rester ainsi en 2016. 8-9 titres par mois cela me semble raisonnable pour permettre à une collection d’être visible et diversifiée. L’impact immédiat, cela a été la baisse très importante du nombre de nouvelles licences lancées sur une année. Par ricochet, nous pouvons effectivement ainsi mieux les défendre.

Quels sont les premières tendances de marché pour 2015, comment l’avez-vous préparé chez Soleil ?

À fin février, Soleil Manga est en avance de 40% par rapport à 2014 sur les 2 premiers mois de l’année. Super Mario, Plum et He is a beast, tous sortis courant 2014 participent beaucoup à cette forte progression, mais les démarrages réussis de Paradise Lost et Come to me ! n’y sont pas étrangers non plus. À nous désormais de confirmer avec le lancement attendu pour nous d’Arachnid en avril et un second semestre que nous nous devons de réussir aussi bien que celui de 2014 !

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Merci pour ton temps et tes réponses !

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Retrouvez toutes nos interviews éditeurs :

Doki-Doki (mai 2012, janvier 2014)

Glénat (mars 2009décembre 2012, janvier 2015)

IMHO (avril 2012)

Isan Manga (mars 2013)

Kana (novembre 2012 - janvier 2014)

Kazé Manga (avril 2011janvier 2012décembre 2013)

Ki-oon (avril 2010 - avril 2011janvier 2012janvier 2013, avril 2014, février 2015)

Komikku (mai 2014)

Kurokawa (juin 2012décembre 2013)

nobi nobi ! (septembre 2013)

Ototo – Taifu (octobre 2012, novembre 2014)

Pika (avril 2013, décembre 2014)

Soleil Manga (mai 2013, mars 2015)

Tonkam (avril 2011)

Retrouvez également les bilans manga annuel du marché français réalisés par le chocobo : 2010, 2011, 2012 , 2013 et maintenant 2014.

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[Chroniques] 13 mangas à grignoter sous le soleil

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Chroniques manga printemps 2015

Comme il fait plutôt beau ces jours-ci, quoi de mieux que de prendre quelques rayons de soleil avec un bon bouquin ? Une bonne raison de vous proposer une nouvelle vague de chroniques, dans un nouveau panorama de 13 titres. Voici 5 nouvelles séries, 4 qui ont confirmé leur potentiel, 3 autour de la dizaine de tomes et enfin un shônen au long court qui reprend du poil de la bête. Dans les thématiques aussi vous aurez de tout : de l’humour, de l’amour, de l’histoire, de l’horreur, de l’art et de la littérature, de la SF, du western… Comme la dernière fois, remettons-nous donc à table avec cette famille hétéroclite, et faisons les présentation en moins de 1000 signes, pour aller à l’essentiel.

En route, et bonne lecture !

Nouveautés : en duo ou en solo ?

Inspecteur Kurokôchi de Takasahi NAGASAKI et Kôji KÔNO chez Komikku : un seinen que l’on ouvre pour ses 2 auteurs (le compère d’Urasawa et le mangaka de Gewalt) mais qui nous hypnotise en quelques pages avec l’arrivé d’un salopard de la pire espèce : l’inspecteur Kurokôchi, le lieutenant le plus corrompu que vous n’avez jamais vu, avec un don pour les magouilles qui tient, il faut le reconnaître, du génie. L’homme connait tous les secrets gênants du pouvoir japonais, et il en profite chaque jour pour son profit personnel en rendant, tout de même, une certaine forme de justice. Dans un Japon où l’on étouffe les scandales et où la corruption est le sport politique par excellence, notre inspecteur affiche clairement son amoralité – assez jouissive pour le lecteur – et se moque du bordel qu’il peut laisser derrière lui. On obtient des coups tordus, un anti-héros improbable et intriguant et des histoires sans temps morts, entre enquêtes, magouilles et régulières tentatives d’assassinat de notre flic désormais favori. Un signe qu’il sait taper là où ça fait mal… Et c’est bon ça, c’est très bon !

Inspecteur Kurokôchi 1  Inspecteur Kurokôchi 2

Les deux Van Gogh de Hozumi chez Glénat Manga : dans ce one-shot de 384 pages, direction le Paris du XIXe siècle pour suivre le destin des frères Van Gogh : Théodore, marchand d’art talentueux et Vincent, le grand nom de la peinture en devenir. L’occasion d’en apprendre plus sur ces deux hommes et leur époque, qui m’étaient assez étrangers. Dans cette adaptation romancée, on oublie rapidement le graphisme perfectible des premiers chapitres et on se plonge avec plaisir dans un monde de l’art ultra-conservateur, très arrêté sur la notion du beau et sur ce que doit être un tableau ou un peintre. Dans une lutte des classes de l’ère industrielle, on se passionne pour la révolution artistique autant que pour le génie de Théodore, et on se laisse émouvoir par le lien fraternel puissant et parfois conflictuel des Van Gogh, dans le mélange de flashbacks innocents et d’un présent frustrant et nettement plus violent. Avec une fin surprenante et un épilogue agréablement mélancolique, on ressort de cette lecture ravi… Et conquis !

 Les-deux-Van-Gogh-manga

deux-van-gogh

Le Requiem du Roi des Roses de Aya KANNO chez Ki-oon : nouvelle adaptation d’une œuvre shakespearienne – Richard III mais aussi un peu de Henri VI – avec Aya KANNO (Otomen) aux commandes. On y retrouve avec plaisir la dramaturgie anglaise, à coup de destins épiques et éminemment cruels, de personnages symboliques face à des choix impossibles, de la pureté des amours balayée par la perfidie humaine. On sent que la mangaka est une fan de ces œuvres sans pour autant en faire une bible intouchable : quelques répliques clés par ici et quelques intrigues par là, puis on parsème le tout de quelques faits historiques et des dialogues librement adaptés… On reconnait le matériau d’origine et on en ressent la dramaturgie tout en savourant bien un manga d’Aya KANNO, avec ces beaux garçons aux lignes délicates et à la sexualité sulfureuse et parfois incertaine. Vu comme un être assez abject par l’Histoire car il fut du coté des perdants (face aux Tudors), ce cher Richard est un excellent matériel pour créer un être torturé et enchaîné à sa condition. Si vous aimez le genre, vous pouvez y aller les yeux fermés.

 Le requiem du Roi des Ronces

Les premières pages en bonus :

Kill la Kill de Ryô AKIZUKI et studio TRIGGER chez Kana : Je n’attendais pas forcément grand chose d’un manga né d’une adaptation animée, voilà donc une bonne surprise. Sans connaître l’anime, j’ai découvert l’histoire d’un Japon post-apocalyptique, d’une société élitiste et militaire où partout règne l’ordre, jusqu’au sein de l’académie Honnôji. Cette dernière forme des élèves et les dote de capacités physiques et intellectuelles supérieures afin qu’ils maîtrisent les mystérieux et fameux « uniformes Goku », qui leur permettent de se transcender. Au milieu de tout ça, une insoumise cherche à élucider le meurtre de son père et va mettre un bazar sans nom dans ce monde très ordonné. Un bordel bienvenu et haut en couleur dans ce titre qui joue sur le dynamisme, dans une narration à fond les marrons dès les premières pages : le premier tome contient déjà plusieurs affrontements dans une mise en scène jubilatoire – ça court, ça bondit et ça explose dans tous les sens – avec son lot de pauses emblématiques et stylisées typiques du shônen d’action. L’ambiance sexy-punchy-funny en fait un cocktail plein de saveurs qui pétille et s’avère des plus récréatifs !

 Kill la Kill  Kill la Kill

Innocent de Shin’ichi Sakamoto chez Delcourt : mais c’est de toute beauuuuté ! Le mangaka d’Ascension n’avait cessé de nous ravir les yeux et de nous passionner par ses personnages complexes et leurs destins tortueux. C’est toujours le cas dans ce premier tome d’Innocent, un petit bijou graphique qui place Sakamoto au niveau de très grand dessinateur comme un Inoue ou un Yukimura… Dès ce premier volume, plusieurs planches vous couperont le souffle par la finesse hallucinante des traits de ses personnages ou pas les ambiances suggérées par des décors tantôt festifs, tantôt sombres et témoins insoutenables de la mort et de la torture. Des scènes dignes de certains enfers qui contrastent remarquablement avec la pureté du héros, Charles-Henri Sanson, le bourreau le plus célèbre de la Révolution française. Avec une époque aussi troublée et aussi riche sur le plan scénaristique, avec un personnage aussi controversé et complexe, Sakamoto n’a donc plus qu’à nous régaler avec son art tout en nous faisant voyager dans notre propre passé. C’est juste un régal.

Innocent Innocent

5 tomes et moins : les essais transformés…

A Silent Voice #2 de Yoshitoki OIMA chez Ki-oon : Voici un titre qui mérite encore des compliments dès son tome 2, où il est question des concepts de l’amitié et du pardon. Une fois de plus le propos est prenant, dans le fond comme dans la forme. Les personnages sont plutôt classiques – leur aventure moins – mais la mangaka fait preuve d’un talent peu commun pour dépeindre leur doute, leur fragilité et leur maladresse. Tous font des erreurs, parfois lourdes de conséquences dans une vie adolescente, très cruelle, mais chacun a le droit à sa deuxième chance. L’autre force d’A Silent Voice est d’être aussi plaisant à lire qu’à observer. Le visuel de la série fourmille de bonnes idées : un chara-design qui s’amuse parfois sur les coupes de cheveux, des épaisseurs de traits très variés qui apportent contraste et une petite touche old school, des angles de vue très dynamiques (empruntés au monde de la photographie j’ai l’impression), etc. OIMA tentent des choses et des effets qui donnent beaucoup de personnalité à son œuvre et qui renforcent le potentiel coup de cœur dès la première lecture. Prenant et innovant, voilà une belle pépite. Vivement le tome 3 fin mai.

a-silent-voice-manga-volume-2-simple

Six Half #4 de Ricaco IKETANI chez Delcourt : Je vous avais déjà parlé de cette jeune fille détestable, Shiori, qui perd la mémoire dans un accident et comprend ensuite, au jour le jour, quelle garce elle a été pendant des années. Depuis ce pitch original, l’histoire évolue de manière très intéressante : les infos sur le passé de l’héroïne et de sa famille sont distillés au compte-goutte et la nouvelle Shiori apprend à faire face aux dégâts qu’elle a pu causer, se reconstruisant une vie sur les ruines de l’ancienne. Mais tout ça est très fragile, et la demoiselle n’était pas devenue une mauvaise personne par hasard. Pendant que certains essaient de la ménager pour lui donner une seconde chance, d’autres n’hésitent pas à lui rentrer dedans ou refusent, plus simplement, de lui pardonner. Quelques uns, enfin, profitent que Shiori soit enfin supportable pour avancer dans leur propre vie, mais il semble que les souvenirs de la demoiselle soient planqués en embuscade, prêt à bondir pour tout mettre sans dessus-dessous. Excellent scénario et très bonne narration confèrent donc à cette série une histoire prenante, ce qui permet de passer outre le graphisme assez irrégulier d’IKETANI. Un shôjo original et à suivre !

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Magical Girl of the End #5 de Kentarô SATÔ chez Akata : Évoquée aussi lors de son premier volume, voilà une série qui a enchaîné les climax et les plot twist autant que les explosions de têtes et les tripes à l’air. Et dans ce tome 5, ça continue avec joie ! Alors que le tome 3 marquait un tournant avec un bond dans le passé garni d’étonnantes révélations, le tome 5 confirme que la venue des Magical n’est pas due au hasard. Des gens – certains dans l’ombre, d’autres sous les projecteurs – ont un but derrière ce massacre en bonne et due forme. Dans ce scénario imprévisible et s’amusant visiblement avec les paradoxes temporels, les tentatives de survie sont narrées avec autant de machiavélisme que d’adrénaline. Le tout s’offrent en bonus quelques personnages incroyables, comme Rintarô l’agent de police pervers et totalement amoral dont le pétage de plomb sadique est absolument dantesque dans ce volume. La colère et le sang jaillissent de toute part et inondent les pages pendant plusieurs chapitres. Une véritable orgie dans ta face, cher lecteur.

  Magical Girl of the end

Uwagaki #4 de Ryo YASOHACHI chez Doki-Doki : Quatrième et dernier volume de cette comédie loufoque qui m’a plu dès le départ (la preuve). La fin s’avère à la hauteur de cette comédie romantique et légère, comme beaucoup des séries courtes de l’éditeur d’ailleurs. Tout se bouscule et s’accélère entre Ajio, Chiaki et Koaki, et on ne tombe jamais dans la routine ni dans le téléphoné : avec un un professeur Yamada imprévisible (extraterrestre ? Homme du futur ?) et une équipe de mercenaires qui lui collent aux fesses, on ne s’ennuie jamais une minute. Le cocktail parait improbable – il l’est un peu, d’ailleurs – mais amour, action et humour se marient à merveille. Uwagaki, c’est la comédie romantique drôle et originale qu’on est content d’avoir découvert car on aurait pu facilement la rater. Un petit plaisir que l’on s’offre et dont on ressort avec le sourire aux lèvres et plein d’affection pour les différents protagonistes. Testez-le, vous verrez !

Uwagaki planche Uwagaki

10 tomes et plus : ils se bonifient avec le temps ?

Silver Spoon #9 de Hiromu ARAKAWA chez Kurokawa : la série se rapproche de son 10e opus et elle est toujours aussi unique et plaisante à lire. On s’est complètement attaché aux différents protagonistes du lycée agricole Ohezo et c’est assez rare de voir un héros susciter autant d’empathie. Pourtant plein de failles et d’incertitudes on l’aime beaucoup ce cher Yûgo, avec son caractère obstiné qui finit par forcer l’admiration, et on le défendrai avec plaisir face à un père qui atteint des sommets de mépris dans ce volume. On voudrait baffer ce parent qui fait des ravages dans la psyché de son fils. Mais ce dernier tiens bon. Il fait face,aussi,  aux difficultés parfois tragiques du monde agricole et refuse de baisser les bras là où ceux qui y sont nés se laissent emporter par la fatalité. Un manga qui partage avec talent de jolies valeurs et qui sait les transmettre avec énormément d’humour… La clé de sa réussite certainement, pour éviter de tomber dans une morale trop lourde et contre-productive. Faire face aux difficultés de la vie, garder un œil bienveillant sur celle des autres et ne jamais trop se prendre au sérieux. La philosophie d’Hiromu ARAKAWA, ça fait toujours du bien par où ça passe…

 silver-spoon-9-kurokawa silver-spoon-wallpaper-2-1024x819

Tokyo Ghoul #10 de Sui ISHIDA chez Glénat Manga : une série savoureuse dès ses premiers tomes et encore plus depuis un tome 7 de génie… Depuis, chaque nouveau volume de Tokyo Ghoul attise ma convoitise de lecteur et, dans ce 10e opus, c’est mon gout pour la baston qui s’avère rassasié avec de nouveaux ennemis à la hauteur du « nouveau » Ken. Notre héros se prend d’ailleurs une bonne rouste d’entrée de jeu, histoire de poser les choses et d’assoir le style terriblement efficace de son adversaire. Ce duel semble parti pour se dérouler en plusieurs rencontres, chacune étant plus longue et plus épicée que la précédente : vitesse, puissance, technicité ou roublardises, tous les ingrédients des bonnes bastons sont utilisés avec talent pour que l’on se régale et en redemande. Entre deux affrontements, notre héros et ses proches savent aussi prendre du recul – l’occasion de monter un plan ou de faire un point sur des zones d’ombres – mais c’est pour mieux sauter le pas ensuite : la chasse au docteur Kano qui débute dans la seconde partie de l’ouvrage est un nouveau point de convergence pour les différentes factions de goules et de la police. C’est très prometteur, vivement le tome 11 en juillet !

Tokyo Ghoul 10 Tokyo Ghoul 10

Billy Bat #14 de Naoki UARSAWA et Takashi NAGASAKI chez Pika : je crois que jamais un Urasawa ne m’a paru aussi clair et facile à suivre que ces derniers tomes de Billy Bat. Tout comme une intrigue s’éclaircit lorsqu’elle touche à sa fin, ce 14e tome clôt avec quelques rebondissements et révélations le destin de plusieurs protagonistes dangereux ou malveillants. Comme d’habitude plusieurs lignes temporelles sont imbriquées, mais il faut croire que notre cerveau a pris l’habitude d’identifier les époques et les personnages et l’on comprend facilement les tenants et les aboutissants. Les réponses ne conduisent plus forcément à des floppées d’autres questions. Au point que j’ai fini par me demander, en refermant le tome, si la série ne touchait pas à sa fin, si tout – ou presque – n’avait pas été dit. Et pourtant non. Mais je me demande comment la série va pouvoir se relancer et prendre encore de l’ampleur, si ce n’est dans l’affrontement des deux mythiques chauve-souris : la blanche et la noire. Messieurs les mangakas, je vous attend de pied ferme en juin pour votre 15e tome !

 Billy_Bat_14 billy-bat-15

One Piece #74 de Eiichiro ODA chez Glénat Manga : C’est bête à dire mais, avec le cycle des hommes poissons, j’en avais presque oublié l’envergure d’un manga comme One Piece et le talent de son mangaka. C’était toujours aussi sympa à lire mais avec les tomes 73 et 74 la saga retrouve clairement des couleurs ! L’arc du moment est d’une grande richesse et se trouve directement connecté avec des personnages clés, qui nous en apprennent encore davantage sur l’histoire de fond de la saga… Et qui sont aussi prenant et bien construits, pour ne rien gâcher. ODA fait donc monter la sauce sur une cadence très prenante, distillant quelques planches énigmatiques avant de repartir sur des combats aussi loufoques qu’endiablés. Avec un équipage toujours plus nombreux, on a désormais des duos ou des trios inédits qui partent en guerre, remplaçant ainsi des affrontements à un contre un déjà écris à toutes les sauces dans les 70 tomes précédents. Les affrontements s’imbriquent sans temps morts, et les ennemis sont toujours aussi originaux et difficiles à défaire… qui se méfierai d’une jeune fille qui ne sait que transformer les gens en jouets après tout ? Ajoutez à tout ça l’arrivée d’un personnage éminemment mystérieux et de la plus haute importance qui ne cesse d’apparaître masqué depuis plusieurs chapitres et vous obtenez un mangaka qui donne le meilleur de lui-même. The boss is back ladies !

One Piece 74 Tome_75_One piece

Et voilà la fin de cette sélection… Comme d’habitude je pourrais continuer à vous parler de mangas : Ad Astra #5, Double JE, Cagaster #5, Altaïr #4, Darker Than Black, Area 51, Husk of Eden #4, Moyasimon #4, Space Brother #10, #Gangsta #6 ou Wolfsmund #6… Mais ça n’en finirai jamais. Et la pile des mangas à lire maigrit difficilement, donc ce n’est pas prêt de s’arranger !

Chroniques manga printemps 2015

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[Itw] Satoe TONE : une artiste envoûtante, entre pingouins et petite grenouille…

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Satoe Tone © Paoru.fr

Cela faisait longtemps que je n’avais pas fait une interview juste pour Paoru.fr – en dehors des interviews éditeur bien sûr – et je suis ravi de vous présenter aujourd’hui un gros coup de cœur, artistique mais aussi humain, pour une illustratrice hors-norme : Satoe TONE, l’auteure du Voyage de Pippo chez nobi nobi mais aussi de nombreux livres illustrés en littérature jeunesse chez plusieurs éditeurs, et qui s’est fait vraiment connaître en remportant le Premier Prix de la Foire du Livre de Jeunesse de Bologne en avril 2014.

Rencontrée une première fois, mais en coup de vent, sur le Salon du Livre Jeunesse de Montreuil pour Journal du Japon, j’ai tout de suite été séduit par la bonne humeur, le franc parler et l’univers personnel de Satoe. Pour sa venue au Salon du Livre de Paris, j’ai eu l’opportunité de m’asseoir avec elle en salle d’interview pour vraiment la découvrir et vous faire partager la folie douce de cette étonnante jeune femme, rêveuse mais aussi forte dans ses choix, comme le montre son parcours.

Allez je n’en dis pas plus, je vous laisse la découvrir ! Bonne lecture :)

Les débuts sur la banquise…

Paoru.fr : Pour commencer, pouvez-vous nous parler de vos premiers souvenirs d’illustrations ?

Satoe TONE : Je ne me rappelle plus de quand mais j’étais tout petite et je dessinais des pingouins et des petites femmes ! (Rires)

Une raison à ça ?

Une Si Jolie TerreJ’aimais beaucoup les dessins de pingouins et, lorsque j’avais 4 ans, je voulais partir vivre en Antarctique. Je voulais devenir une chercheuse sur les pingouins au Pôle sud, c’était mon rêve ! (Rires)

Depuis je suis devenue une illustratrice… En fait c’était difficile de dessiner des pingouins – j’avais du mal avec leur tête – donc j’ai arrêté d’en faire vers l’âge de 9 ans pour y revenir plus tard (en 2013 sortait son ouvrage Une si jolie Terre qui narre la vie d’une famille de 84 pingouins, aux éditions Balivernes, NDLR )

Vous partagez le thème des pingouins avec Emilie Simon, une artiste que nous avions évoquée la dernière fois, avec qui vous aimeriez collaborer…

Oui mais ce que j’aimerais c’est que l’on parte ensemble sur la banquise et aller rencontrer les pingouins avec elle ! (Rires)

Vous en avez déjà vu en vrai d’ailleurs ?

J’en ai déjà vu des petits dans des parcs au Japon mais jamais de grand Manchot empereur.

Il ne reste plus qu’à demander à vos lecteurs de vous offrir des peluches alors !

Oui car je n’ai pas pu toutes les emporter en partant du Japon. J’ai pu emporter celle que je m’étais offerte pour mes 18 ans, une peluche de pingouin grandeur nature. Je l’ai toujours d’ailleurs, il vit dans mon frigo pour rester au frais !

Fou rire général, et s’ensuit une discussion complètement loufoque sur le rangement des courses dans un frigo occupé par un manchot empereur… Le célèbre Pen-Pen d’Evangelion sera même cité entre deux éclats de rire !

Pour en revenir à votre travail… Puisque vous avez mis les pingouins de coté pendant un certain temps, quels sont vos autres thèmes préférés ?

J’aime particulièrement dessiner la nature et les petits animaux, comme les lapins, les pingouins ou les grenouilles comme Pippo.

Vous en avez déjà fait de toutes sortes en effet, est-ce qu’il y a des animaux que vous n’avez pas encore fait et que vous aimeriez rajouter dans vos futures œuvres ?

Ah oui, des petites souris ! (Rires)

voyage-de-pippo-nobiEn fait, c’est comme pour Pippo la grenouille,  ce que je cherche ce sont des façons de représenter mon ancien chien.

Ah oui, le chien de votre mère au Japon, nous l’avions évoqué la dernière fois !

Voilà, et je cherche donc des façons d’exprimer le regard qu’avait ce chien, qui était mignon et très expressif… Donc pourquoi pas avec des petites souris aux grands yeux ! (Rires)

Mais d’où vient votre intérêt pour les animaux ? C’est juste pour leur regard ?

Pas seulement, c’est aussi leur fragilité. Cela rejoint ce coté mignon et c’est aussi visible dans le regard, mais pas uniquement. C’est quelque chose qu’ils dégagent dans leur ensemble, de par leur petite taille, leur timidité… C’est ce qui me plait et c’est l’une des choses que j’ai envie de faire ressentir au lecteur.

Le départ du Japon

Lors de notre dernière rencontre, nous avons parlé votre départ du Japon pour aller vivre à Milan, il y a 3 ans. Vous disiez que vous vous sentiez oppressée là-bas. Pouvez-vous nous en dire plus ?

C’était vraiment la vie là-bas, le quotidien. Le Japon est un pays un peu fermé, où il est difficile de dire ce que l’on désire, où il est difficile de dire non… alors que je me sens beaucoup plus libre et épanouie en Italie.

Mais est-ce que cela concernait aussi votre vie artistique ?

Cela concernait aussi mes dessins, effectivement. Les éditeurs japonais n’aimaient pas ce que je faisais, ce n’était pas vendeur et ça ne plaisait pas.

Et bien, écoutez, bienvenue en Europe, nous on prend ! (Rires)

Merci ! (Rires)

En fait je n’avais pas forcément besoin de vivre en Italie pour y être publiée mais c’est vrai que j’y préfère le style de vie.

Satoe Tone SDL 2015 - photo Natacha Parent © Paoru.frMais maintenant que vous avez reçu des prix, que vous êtes une artiste montante et que vous avez réussi en Europe, le Japon se ré-intéresse-t-il à vous et à vos œuvres ?

Après le prix du festival de Bologne, effectivement, ils m’ont recontactée…

Pour vous dire quoi ?

Ils m’ont dit qu’ils adoraient mon travail et qu’ils avaient toujours aimé ce que je faisais…

Comme par hasard dis donc ! Et qu’avez-vous répondu ?

« Merci » et puis j’ai raccroché ! (Rires)

Mais, à plus long terme sans doute, envisagez-vous un jour de publier au Japon ?

Disons que les éditeurs italiens, français et européens d’une manière générale me laissent vraiment beaucoup de liberté donc si j’ai le choix je préférais travailler avec eux.

Et puis… euh…

Hésite et continue, un peu gênée… Il y a aussi le problème des taxes au Japon, les auteurs ont une marge beaucoup plus faible là bas ! (Rire général)

Les rencontres de Bologne et d’ailleurs

Si nous revenons un peu en arrière, quand avez-vous décidé de devenir une illustratrice professionnelle ?

C’est justement à l’âge de 9 ans, quand j’ai abandonné mon rêve de chercheuse sur la banquise, que j’ai décidé d’être illustratrice. A 9 ans c’était vraiment trop dur de dessiner les pingouins en fait ! (Rires)

Et comment se sont déroulés vos débuts ?

C’était il y a 4 ans, à Bologne, où les éditions Valentina m’ont repérée et ont proposé de m’éditer pour mon premier livre, pour l’Italie. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai choisi de m’installer là bas.

Les responsables de nobi nobi m’ont expliqué que, lorsqu’ils ont vu votre travail au Festival de Bologne en 2014, ils ont eu un coup de cœur. Ils ont alors immédiatement décidé de vous faire signer un contrat pour Le Voyage de Pippo, avec pas mal d’enthousiasme. Comment avez-vous vécu cette rencontre, vous ?

Je me souviens d’eux en costume, avec leur attaché-case : ils m’ont fait penser à de vrais businessmans au départ, je ne comprenais pas ce qu’ils me voulaient car ils ne ressemblaient pas à des éditeurs ! (Rires)

Ensuite j’ai cru qu’ils n’étaient que des éditeurs de manga, donc ça me faisait très plaisir que mon travail les intéresse mais je me disais que la collaboration ne serait pas possible. Puis nous nous sommes re-recontrés à Montreuil et de nouveau à Bologne, ils sont venus avec leur catalogue et j’ai pu constater qu’ils faisaient des mangas mais surtout des livres illustrés et je me suis dit « ah, ouf, ils ne veulent pas faire juste un livre illustré pour moi ». Nous avons pas mal parlé et je les ai trouvés finalement très marrants, très intéressants et c’est pour ça que nous avons fini par travailler ensemble.

Satoe Tone SDL 2015

Satoe TONE sur le stand nobi nobi au SDL 2015

Réfléchit et reprend, avec un peu d’émotion dans la voix… Maintenant nous nous connaissons un peu mieux et j’apprécie vraiment notre aventure, le chemin que l’on a fait ensemble : ils sont en train de se développer et de se faire connaître, tandis que mon travail lui aussi commence à être connu et reconnu. Nous grandissons, côte à côte … Et je trouve que c’est une jolie histoire.

Dans son catalogue de livre illustrée, nobi nobi possède beaucoup de travaux collaboratifs, avec scénariste d’un coté et illustrateur de l’autre. Si vous deviez retravaillez avec eux qu’est-ce vous choisiriez : un travail à deux ou en solo ?

Gênée… Je préférerais continuer toute seule. (Rires)

Ah AAAAH ! Et pourquoi donc ?

En fait j’ai toujours travaillé seule. J’ai besoin d’écrire et de dessiner en même temps, ou disons que tout ça est mélangé dans ma tête quand je créé mes illustrations, ce serait vraiment difficile de séparer les deux ou de m’approprier le scénario de quelqu’un d’autre pour le mélanger à mon imaginaire.

Satoe Tone SDL 2015 - photo Natacha Parent © Paoru.fr

Satoe Tone et ses crayons

Et du coup, un projet en solo est-il prévu avec nobi nobi ?

Hésite… Oui il y a quelque chose en cours, de prévu, mais je ne peux pas encore en parler. C’est TOP SECRET ! (en anglais dans le texte, NDLR)

On suivra ça de très prêt alors, et on vous souhaite bonne chance pour ce prochain ouvrage ! Merci Satoe TONE !

Merci à vous !

Dédicace Satoe TONE bis-2

Dédicace Satoe TONE … Encore des pingouins !

Pour plus d’informations sur le Voyage de Pippo ou Satoe TONE, vous pouvez lire la première interview réalisée sur Journal du Japon (on y évoque la création du livre, sa technique de dessin notamment) mais aussi vous rendre sur le site des éditions nobi nobi. Pour suivre l’actualité de l’éditeur, direction leur page Facebook ou leur compte Twitter !

Remerciements à Satoe TONE pour son temps, sa spontanéité et sa bonne humeur mais aussi à notre interprète du jour, puis à Sarah et tout le staff de nobi nobi pour la mise en place de l’interview.

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Your lie in april : la musique donne des couleurs à la vie !

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Your Lie in April 4

J’étais parti pour vous faire une sélection de tomes 1. Cinq avait déjà été choisis et 2 restaient à lire, dont Your Lie in April, le manga de Naoshi ARAKAWA aux éditions Ki-oon. Au bout des 2 tomes de ce dernier, sortis ensemble le 09 avril, le verdict tombe : la sélection attendra encore un peu, car cette série – et cette expérience de lecture en musique – méritent toute mon attention le temps d’un article complet. So here we are, young ones, parlons un peu de ce shônen d’une grande douceur, qui mêle combat contre soi-même et duo de musique classique, dans une remarquable mise en scène.

Certains ont, peut-être, déjà entendu parler de titre via son adaptation en anime, diffusée chez Wakanim sous son nom original nippon Shigatsu wa kimi no uso, à moins que vous ne l’ayez repéré encore plus tôt grâce à sa sélection aux fameux Taisho Awards en 2012, même si c’est Silver Spoon qui l’a emporté cette année là. Your Lie in April a débuté en 2011 dans le Gekkan Shônen de la Kodansha, un mensuel qui, en plus de Beck, compte quelques nouveautés phares de 2015 en France : Noragami (publié chez Pika) ou Rin, le prochain Harold Sakuichi qui arrive ce mois-ci chez Delcourt. De quoi attirer l’attention donc, car cette série achevée en 11 tomes a beau être la première oeuvre de Naoshi ARAKAWA, la maîtrise et le talent de ce jeune mangaka a vraiment de quoi séduire. Explications…

Your Lie in April 2   Your Lie in April 1

Tout commence par une vie en noir et blanc…

Kôsei Arima, collégien de 14 ans, a été formé depuis sa plus tendre enfance au piano par une mère des plus exigeante et sévère… mais qui a fait de lui un jeune virtuose. Jusqu’au jour où elle meurt : Kôsei a alors 11 ans et il est se retrouve seul. Le drame ne tarde pas à arriver : il s’effondre en plein récital et devient, dès lors, incapable de s’entendre jouer. Sa prometteuse carrière est tuée dans l’œuf… Pour toujours ?

Trois années se sont écoulées depuis et notre jeune adolescent fait un jour une rencontre inattendue qui va accélérer son quotidien, qui s’est teinté en noir et blanc depuis son blocage… Lors d’une rendez-vous forcé avec ses amis – l’impétueuse Tsubaki qui veille sur lui depuis toujours et son camarade de classe Ryota, sportif et grand séducteur – il fait la connaissance de Kao, jeune fille éblouissante et pleine de vie. Mignonne à croquer aussi. C’est Ryota qui attire les yeux de la belle et Kôsei ne cherche donc pas plus loin, d’autant que le fameux rendez-vous à quatre est une combine de Tsubaki : Kao est une jeune violoniste et elle passe aujourd’hui la première audition d’un concours public de musique classique. Récalcitrant, Kôsei finit par accepter et il découvre alors une interprète éblouissante… La 9 sonate de Beethoven emplit la salle et subjugue l’auditoire.

Même si le jeu de la demoiselle n’est pas du tout académique, elle passe tout de même le premier tour. Tout pourrait s’arrêter là, mais les chemins des deux musiciens se croisent à nouveau. Et Kao ne s’y est pas trompé, elle a bien reconnu l’ancien jeune phénomène. Elle prend alors une décision : avec l’aide enthousiaste de Tsubaki elle va faire de Kosei son accompagnateur au piano pour le second tour de la compétition !

Your Lie in April 9

Une vie qui changea un beau jour d’avril…

Your Lie in April a le charme de ses manga hybrides, le charme d’un shônen qui sait se montrer subtil et qui donne la part belle aux émotions. Les premiers chapitres nous présentent les 4 protagonistes avec beaucoup de douceur et d’humour, dans un quotidien assez léger qui cache cependant quelques fêlures et quelques doutes. Tout ceci se découvre dans une excellente mise en scène qui s’appuie sur les liens qui unissent les différents protagonistes : Kosei et Tsubaki, par exemple, sont amis d’enfance mais on comprend rapidement que l’adolescence vient chambouler cette relation et que l’amour n’ai jamais très loin.

Your Lie in April 5Ryota est l’ami à qui tout réussi, le pote sympa qui à une côte d’enfer mais qui n’est pas si superficiel que l’on imaginer. Et il y a le chien dans le jeu de quille, l’ébouriffante Kao qui emporte tout et tout le monde sur son passage avec sa passion, son caractère décidé et intrépide…Elle rebat les cartes des relations au sein de notre trio qui devient rapidement un quator, tant et si bien qu’on ne sait pas pour l’instant où tout ceci va nous emmener. D’autant que d’autres personnages secondaires viennent pimenter l’intrigue, afin de corser le tout et d’éviter les romances trop téléphonées. Un vrai plaisir à la lecture.

Graphiquement, le mangaka joue beaucoup sur les regards et les échanges de regards, il utilise aussi bien les discussions que les introspections, le tout dans un parfait équilibre et toujours avec une légèreté. Autre arme : un humour avec quelques caricatures et SD qui font mouche tout en restant en surface, afin de laisser deviner au lecteur, en creux, la réelle profondeur des protagonistes.

Jusqu’ici, comme vous pouvez le constater et même avec un héros masculin, on semble bien naviguer sur le long fleuve de la romance. En fait, un peu comme dans un shônen de Mitsuru Adachi, on place les histoires d’amours en plein cœur d’un récit, on confère aux sentiments et aux émotions une prépondérance sur l’action. Cependant, si Adachi choisit souvent d’osciller entre sport et love story, Your Lie in April appuie encore plus sur la corde sensible, puisqu’il ne s’agit pas ici de baseball, de natation ou de boxe mais de musique classique avec un violon et un piano !

Corde sensible. Violon & piano. Humour. Bref… Poursuivons.

Bien que cela puisse paraître surprenant, de part l’image raffinée et subtile que possède la musique classique, c’est aussi dans les phases mélodiques que le coté shônen ressort, car nos deux virtuoses envoient balader les conventions, jouent avec leurs tripes et donnent tout au public, se répondant parfois l’un – l’autre comme dans un véritable duel sportif. Pour autant, grâce à sa mise en scène et un excellent découpage des planches, Naoshi ARAKAWA parvient à laisser à la musique toute sa subtilité : le temps suspend parfois régulièrement son vol sur une note et une double page,aérienne et magique, avant de replonger dans une bataille intense et un vrai challenge physique et émotionnel.

Your Lie in April 8

Your Lie in April 6

Au sein d’un récit qui suit le schéma des tranches de vie, mais aussi une histoire plus profonde et tragique qui reste à découvrir, on a donc le droit à ses véritables montagnes russes, totalement trépidantes… Plus d’un mangaka s’est déjà cassé les dents sur ce genre de mélange, mais il faut bien avouer que l’équilibre est ici remarquable lors des deux premiers volumes.

… une vie qui se remplit de notes, éclatantes et colorées !

Néanmoins, pour être parfaitement honnête, cet enthousiasme que je témoigne ici n’est pas le seul fait du manga lui-même, et doit en partie à une excellente idée qui l’accompagne : celui d’insérer, à plusieurs fins de chapitre, un QR Code permettant avec votre téléphone de tomber directement sur la mélodie jouée le chapitre précédent, ainsi qu’un petit complément d’information sur le morceau lui même et sa jouabilité. Lire un manga sur le thème de la musique classique tout en l’écoutant : cela parait tellement évident quand on y repense, qu’on se demande comment personne n’y a pensé avant.

C’est en tout cas possible dorénavant, donc on peut saluer l’idée de la Kodansha qui a été reprise par Ki-oon, car le résultat transcende vraiment le matériau d’origine. Un conseil et une remarque tout de même : ces QR code et les liens se situent après l’interprétation de nos héros, à titre de complément d’information comme je le disais. Mais il s’avère bien plus efficace de laisser la musique se diffuser en même temps qu’elle s’écoule dans les planches du manga. Lorsque qu’une interprétation s’apprête à démarrer, filez en fin de chapitre et lancez la vidéo pour profiter à plein de ce mélange, et vous vous verrez totalement transporté, car le mangaka a réellement adapté sa mise en scène aux particularités du morceau joué, et on repère par exemple une intro ou un solo aussi bien sur les pages du manga que dans la mélodie. La symbiose n’en est que plus magique.

Your Lie in April 3

Voilà l’essentiel à retenir de ces deux premiers volumes, en plus du fait qu’il n’y rien à jeter graphiquement. Jetez-vous dessus, donc, pour le bonheur des yeux… Et des oreilles !

Your Lie in April 1Fiche descriptive

Titre : Your Lie in April
Auteur : Naoshi ARAKAWA
Date de parution du dernier tome : 09 avril 2015
Éditeurs fr/jp : Ki-oon / Kodansha
Nombre de pages : 192 n&b et couleur
Prix de vente : 6,60 €
Nombre de volumes : 2/11 (terminé)

Visuels : SHIGATSU WA KIMI NO USO © Naoshi Arakawa / Kodansha Ltd.

Pour en savoir plus sur le titre vous pouvez vous rendre sur le site des éditions Ki-oon. En bonus, voici également la preview du premier tome pour en découvrir les premières pages :

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Manga : 7 tomes 1 au banc d’essai…

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Chose promise chose due, après avoir braqué les projecteurs sur Your Lie in April, place à une sélection de 7 tomes 1 qui ont retenu mon attention ces dernières semaines : de l’aventure puis de la sorcellerie chez Komikku, de la romance chez Delcourt, du thriller chez Casterman, du social fantastique chez Akata, du Victor Hugo chez Kurokawa et enfin de l’action seinenesque (si si, ça se dit !) chez Soleil Manga. Ladies and gentlemen, les élus du jour ! Bonne lecture !

Chroniques Tome 1 Paoru.fr

Dans l’intimité de Marie : aussi dérangeant qu’intriguant

initimite-de-marie-1-akataAu départ je m’attendais à une nouvelle romance, certainement particulière car publiée chez Akata et signée par un certain Shûzô Oshimi. J’étais loin de me douter que l’on croiserait la route d’Isao Komori, ce neet qui a renoncé à son rêve, celui du jeune adulte indépendant qui a réussi sa vie en montant à la capitale Tokyoïte. Sa vie n’est plus qu’une alternance entre jeu vidéo, coup de téléphone aussi rassurant que mensonger à sa mère, et masturbation cloîtré dans le bordel qui lui sert de chambre. Son seul rayon de soleil est sa sortie quotidienne à la supérette pour y admirer puis suivre secrètement une jeune et jolie lycéenne… qu’il aime d’un amour fantasmé et un peu malsain, il faut bien le dire. Sauf que le jour où cette dernière se retourne sur lui, un flash surgit et il se réveille le lendemain dans le corps de la demoiselle : dans l’intimité de Marie !

Isao est finalement un type assez… bizarre, incapable de vivre dans la réalité. On conçoit aisément sa fixation sur Marie, sa bouffée d’oxygène, mais son arrivée dans ce nouveau corps féminin ne va pas vraiment arranger son cas. Idolâtrant la demoiselle, il perpétue le fantasme en se jurant de ne jamais regarder ou toucher ce corps si pur qui n’est pas le sien et ne cesse de larmoyer sur ce qu’il a pu arriver à sa la pauuuuuvre Marie. Ce type est finalement antipathique – c’est fait exprès – et on espère qu’une chose : que la dite Marie, pour l’instant disparue (car il semble qu’elle n’est pas atterri dans le corps d’Isao), soit tout sauf une sainte-nitouche et vienne lui remettre les idées en place. Malgré ce looser on se prend tout de même au jeu, pour le moment, car Isao n’est pas le seul à faire une fixation : une certaine Yori va le démasquer et partir avec lui dans cette drôle d’aventure.

Dans l'intimité de Marie

Dans l’intimité de Marie relève donc un challenge : nous proposer une histoire avec des personnages tout sauf attachants mais nous tenant en haleine via un scénario relativement intriguant et un personnage mystère en clé de voute. Le gant est relevé et on attend avec impatience les tomes 2 et 3 pour voir vraiment de quoi il retourne !

Seinen toujours en cours, 5 volumes publiés dans les pages du Men’s action de chez Futabasha. Tome 2 le 11 juin. Site éditeur pour plus d’infos. Lire un extrait.

The Ancient Magus Bride : ensorcelant !

the-ancient-magus-bride-manga-volume-1-simple-229789La sorcellerie sauce british, voilà un mix aussi logique qu’intéressant, surtout avec sa couverture intrigante signée par Koré Yamazaki. Tout commence avec la vente de Chisé Hatori, 15 ans, seule et sans personne mais qui a désormais un nouveau propriétaire, un sorcier non-humain, à l’apparence des plus énigmatiques. Elias Ainsworth, c’est son nom, a déboursé 5 millions de livres pour se procurer la jeune fille, une « slay vega » capable de percevoir les esprits et autres fées et porteuse d’un grand potentiel. Cette rencontre marque le début d’un relation bien étrange, entre maître et disciple mais aussi entre mari et épouse !

A l’image de ce résumé on pose donc rapidement les quelques bases du récit, et c’est l’imagination du lecteur, porté par une magie pleine de poésie, qui fait le reste. Les intérieurs délicieusement désuets, la campagne anglaise et le tempérament tout en retenue de notre gentleman sorcier établissent un univers enchanteur où l’on rêve d’une tasse de thé et d’anciens livres sur les fées ou les monstres de légende.

Fort heureusement pour nous, Koré Yamazaki n’est pas de ceux qui laissent ses personnages prendre la poussière – c’est un shônen, il faut que ça bouge un peu quand même – et il les emmène à travers le monde, pour quelques missions et plusieurs découvertes… Il faudra se méfier des fées, faire la connaissance d’un dragon de la terre pluri-centenaire où déjouer une malédiction qui plane sur le pays des chats. On se délecte de ces balades très bien mises en scène : elles se révèlent pleine de mélancolie, de destins funestes parfois, et l’héroïne y réapprend progressivement le contact avec autrui tout en s’initiant à son propre potentiel… Un premier tome envoûtant, donc.

The Ancient Magus planche

Shônen toujours en cours, 3 volumes publiés dans les pages du Comic Blade (Amanchu, Tales of Symphonia) de chez Mag Garden. Tome 2 le 02 juillet. Facebook éditeur pour plus d’infos. Lire un extrait.

Marine Blue : les premiers pas de Yazawa vieillissent en douceur

marine_blue_visuelRetour en 1989 pour découvrir le tout premier titre de la mangaka de Nana, Gokinjo, Parakiss, etc. C’est amusant qu’une mangaka si punk ait un jour proposer une histoire si conventionnelle, celle d’une serveuse de bord de mer, Haruka, dont le passé et les amours vont resurgir avec l’arrivée d’Arikawa, le beau garçon qui revient d’un long voyage aux USA. Cet ami d’enfance de Haruka a aussi été son premier grand amour, mais tout ne s’est pas déroulé pour le mieux : les quiproquos et les hésitations aidant, les deux jeunes gens se sont quittés brutalement sans pouvoir s’avouer, à l’époque, leurs sentiments. Malheureusement rien n’est simple de nos jours non plus, car la belle Haruka et le beau Arikawa ont des amis et des prétendants qui ne vont rien arranger. Les chemins tortueux de l’amour, comme toujours !

A l’image de ce pitch, le trait porte lui aussi ses deux décennies et demi de décalage : chevelures effilées, larges fronts et petits yeux ronds, sourires ultrabrights… Néanmoins Yazawa montre déjà un certain talent pour exprimer les émotions de ses personnages, pour suggérer les sentiments et les non-dits. On peut s’impatienter ou s’agacer devant le coté un peu potache de l’héroïne, qui n’a rien de nos warriors féminines modernes, mais on finit par se prendre d’affection et suivre les pérégrinations et les drames avec un sourire amusé et compatissant.

Une certaine nostalgie se créé et cette romance rappelle un peu un Lucile Amour et Rock’n roll où des beach boys auraient remplacer les rockeurs. Très honnêtement, parmi toutes les « œuvres de jeunesse » qu’ont nous a déjà ressorti, en voici une qui s’en sort pas si mal, donc, et qui ira très bien dans la rangée Yazawa de votre étagère.

marine_blue_no_kaze_ni_dakarete_04 Marine Blue 2

Shôjo toujours en cours… Muarf, quel déconneur ce chocobo ! Sérieusement, shôjo fini en 4 volumes publiés dans les pages du Office You (Pil) de chez Shueisha. Tome 2 le 03 juin. Site éditeur pour plus d’infos.

Le berceau des mers : et d’aventure, en aveeeenture ♫

 Le-berceau-des-mers-1-komikkuAngleterre à nouveau, chez Komikku toujours, mais pour un récit totalement différent et signé par Mei Nagano. Cradle of the Sea, c’est le récit d’une injustice en pleine révolution industrielle : une jeune fille pauvre, Monica, est devenue la nourrice d’Evan, le nourrisson d’un riche gentleman. Tout se passe dans le meilleur des mondes jusqu’au décès de ce gentil protecteur, qui renvoie rapidement Monica dans les bas-fonds. Mais son chemin va recroiser celui du bambin et elle se rend compte qu’on a maquillé la mort du disparu : son cercueil est vide ! L’espoir renait et le sang de Monica ne fait qu’un tour : elle kidnappe Evan et embarque avec lui à bord d’un bateau pour partir à la recherche de son père… Le début d’un long périple.

Si vous avez déjà entendu parler de ce premier tome c’est sans doute pour ses graphismes : chara-design rond et attendrissant, bon travail sur les regards, ambiance victorienne assez bien mise en place et quelques très jolis bateaux. Le coup de crayon aime parfois se faire discret en donnant des allures d’esquisses aux planches, ou tente parfois des effets plus photographiques comme le désormais bien connu fish eye et sa déformation circulaire des perspectives. Si le visuel vous séduit rapidement, vous aimerez le récit, car ils sont à l’image l’un de l’autre, jouant sur la corde sensible de l’injustice, de l’aventure romancée, du soleil levant comme métaphore d’un nouveau départ.

Par contre, si le graphisme ne rencontre pas d’écho chez vous, passez votre chemin : l’héroïne vous agacera rapidement et les coïncidences bien heureuses vous paraîtront plus téléphonées les unes que les autres. Un titre à tester donc, avant de vous laisser emporter par le souffle de l’aventure !

Le berceau des mers

Seinen en cours en 2 volumes publiés dans les pages du Gekkan Comic @ Bunch tout comme Sangsues (voir plus loin) mais aussi Le nouveau Tom Sawyer ou Btooom !, chez Shinchôsha. Tome 2 le 26 août. Facebook éditeur pour plus d’infos. Lire la preview ici.

Arachnid : une toile bien tissée

arachnid-soleilEnvie d’un seinen d’action qui saigne bien comme il faut ? Ce titre scénarisé par Shinya Murata, à qui l’on doit Jackals, et dessiné par Shinsen Ifuji a quelques arguments en sa faveur. Tout commence par un pitch dont les lecteurs de séries sombres ont l’habitude : Alice est une lycéenne victime de brimades et vivant seule avec son oncle violent… Elle a pris l’habitude de s’isoler dans son monde et se couper totalement du reste. Jusqu’au jour où (ça doit être mon millième « jusqu’au jour où » je pense) son oncle se fait assassiner par un meurtrier du nom de l’araignée, qui a prévu de l’éliminer également. Mais Alice fait alors preuve d’un don de survie incroyable et manque presque de vaincre le tueur. Ce dernier vient de se trouver un nouveau disciple !

Si ce premier tome fait partie de la sélection c’est pour la remarquable efficacité de sa narration : toute l’introduction, de la révélation du potentiel jusqu’à l’éducation de l’héroïne tient dans un seul tome. Pas de chemin initiatique interminable avec un mentor imbattable, tout est appris et plié en temps record, en enchaînant un maximum les scènes d’action. Le chara-design est assez classique mais la plume reste au-dessus de la moyenne avec une bonne expression des ambiances et une mise en scène  qui entraîne facilement le lecteur dans le récit. Ajoutez à ça un petit trip assez sympa et original – chaque tueur a un surnom et un style de combat lié à un insecte – et on obtient un titre où l’on ne s’ennuie pas une seconde. Efficace j’vous dis.

Arachnid planche

Seinen toujours en cours, 11 volumes publiés dans les pages du Gekkan Gangan Joker (Secret Service, Akame Ga Kill) de chez Square Enix. Tome 2 le 24 juin. Facebook éditeur pour plus d’infos. Lire la preview ici.

Sangsues : in vivo veritas ?

sangsues-casterman-01Virage à 180° avec le titre précédent, même si l’on reste dans une thématique de thriller et de personnages qui naviguent dans l’ombre de la société. Ici il s’agit de Yoko, une évaporée, une jeune fille qui a disparu des radars de la société et qui vit désormais dans les maisons des autres pendant leur absence… Un verre d’eau chez l’un, une sieste chez un second, une douche et une partie de console chez un troisième : Yoko est ce que l’on appelle une sangsue. Mais elle n’est pas la seule et elle va découvrir tout un monde parallèle, fait de gens violents et de territoires à ne pas pénétrer… Des nids invisibles où règne la loi du plus fort.

Le titre what the fuck de la sélection, totalement inattendu et, du coup, diablement prenant. Comme le dit le directeur éditorial de Sakka / Casterman, il vaut mieux fermer sa porte à double tour avant de débuter cette lecture. Cela dit, au delà de faire peur, cette histoire a surtout quelque chose d’intriguant : que feriez-vous si vous aviez toutes les clés des appartements ou des maisons du quartier mais aucun chez vous ? Une façon de vivre de multiples vies en une seule, de ne plus avoir d’attache ou de compte à rendre. Mais on n’a guère le temps de se poser la question car, quoiqu’il arrive, il semble que nous ne soyons jamais seuls. Le monde des sangsues a lui aussi ses membres et ses règles de vie. Au lecteur se transmet aussi bien la perpétuelle peur d’être découvert, de redevenir visible et réintégré de force dans la société, que l’angoisse glaçante de ce qui se cache dans ce monde de ténèbres : des monstres sous le lit qui vous attraperont le pied sans que personne ne vienne à votre secours, puisque vous n’existez plus.

Narration, mise en scène, découpage, chara-design… Tout est parfaitement maîtrisé par Daisuke Imai pour un tome prenant, de bout en bout, qui vous traînera dans la tête encore longtemps après l’avoir lu !

sangsues-casterman copie

Seinen fini en 5 volumes publiés dans les pages du Gekkan Comic @ Bunch tout comme le Berceau des mers mais aussi Area 51 ou Btooom, chez Shinchôsha. Tome 2 le 26 août. Facebook éditeur pour plus d’infos.

Les misérables : a qui la faute ?

Les misérables KurokawaLa première critique que j’ai croisé de ce titre, par un connaisseur en plus, était assassine. Mais la seconde fut positive et la troisième dithyrambique. Et après l’avoir lu je comprends très bien, en fait, pourquoi le titre peut laisser des avis si différents. Comme vous le savez, Les misérables est à l’origine un roman de Victor Hugo et ce manga est issu d’une adaptation nippone de l’oeuvre originale, du nom symbolique Oh Impitoyable. Je ne connais que vaguement l’oeuvre de Hugo par ses nombreuses adaptations cinés, et c’était une bonne occasion de me me plonger dans les premiers chapitres de ce récit si célèbre. Maintenant que c’est fait, une chose est sûre : je ne suis pas fan du parti pris social d’Hugo où l’homme est bon et c’est la société qui le pourrit. Je ne dis pas que c’est faux, je dis que c’est un peu plus compliqué que ça.

Alors, d’accord, prendre 5 ans de prison pour avoir volé une miche de pain, il y a de quoi avoir les boules. Mais tenter de s’évader au bout de 4 ans et retenter à foison pour finir par faire 19 ans de prison… ce n’est pas bien malin non plus. Mais non, ce sont les vilains gardiens de la vilaine prison et les vilains policiers de la vilaine société qui vont faire de notre héros du jour, l’ex beau gosse Jean Valjean, le paria qu’il est. Avec une âme broyée par le sentiment d’injustice, Valjean est devenu un être plein de haine, agressif et solitaire, violent et voleur. Mais l’inaltérable bonté et foi dans le genre humain d’un curé va faire exploser sa carapace, pour qu’il revienne à sa pureté originelle. Mais le chemin est encore long et sera surement semé d’embûches.

Les Misérables tient donc de l’oeuvre tragique mais également sociétale et dogmatique. Par essence elle divise donc, d’autant que tous ces sujets sont traités avec un maximum d’emphase ici, dans une mise en scène hyper théâtralisée et un héros torturé jusqu’au bout de ses propres abîmes. Cette décision est donc assumée jusqu’au bout, il faut le reconnaître. De plus, il n’y a rien à reprocher à l’oeuvre techniquement parlant : des personnages aux décors, tout est parfaitement dans l’ambiance voulue.

Les-Miserables-justice

Votre propension à apprécier les Misérables est  donc fortement dépendante de votre état d’esprit, de vos valeurs et de votre vision de la vie et de la société en général. C’est une excellente raison de s’y essayer, du coup.

Voilà pour ce qui est de cette sélection. D’autres tomes 1 sont arrivés depuis le début de la semaine mais Arslan, Rin, EX-VITA sont maintenant sur les rangs pour une prochaine sélection qui mélangera à nouveau et les suites. Ah, et on me dit dans l’oreillette que Twin Star Exorcist mériterait d’être essayé aussi. Bref comme le suggère la pile de lectures en retard, c’est pas vraiment le choix qui manque :

Chroniques à venir Paoru.fr

Tombera, tombera pas ?

Partagez vos réactions et donnez vos avis de lecteur sur tous ces titres ou sur d’autres qui vous ont marqué, dans les commentaires. Et à bientôt pour de nouvelles lectures !

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Ventes manga Japon – 1er semestre 2015 : le turn over continue ?

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2015 manga Japon S1

Après quelques semaines très occupées – entre lectures, préparation de Japan Expo et de multiples projets pour Journal du Japon – je ré-ouvre enfin l’admin de Paoru.fr pour vous parler de chiffres, et pas n’importe lesquels. Pour la 3e année consécutive (cf S1 2013, puis S1 2014) je vous propose de découvrir mais surtout de décortiquer les chiffres de ventes de manga au Japon, pour le premier semestre 2015, selon les chiffres de l’institut Oricon. Comme chaque année, il s’agit de chiffres avec un léger décalage puisqu’ils couvrent la période du 17 novembre 2014 au 17 mai 2015.

Même si on a pu constater qu’un semestre ne fait pas l’autre – le nombre de tomes sorti ou les adaptations animes brouillent facilement les cartes – voici une bonne occasion de faire le point à mi-parcours après une année 2014 qui a été marquée, comme évoqué ici, par le retour des shônens sportifs (Haikyû en tête), un duel au sommet entre L’attaque des Titans et One Piece, le tout sur fond d’un renouvellement de génération qui s’accélère (Tokyo Ghoul, Seven Deadly Sins, etc.).

Allez hop, on regarde ça de plus près !

Top ten : Luffy, même pas mort ?

Pour répondre à cette question aussi simpliste que limpide, regardons d’abord le top 10 de ce premier semestre 2015 :

Top 10 manga-series S1 2015 Japon

Top 10 des ventes mangas au Japon au S1 2015, par série

Premièrement, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais ces chiffres de ventes pour un seul semestre sont équivalents, hors One Piece, aux ventes de TOUTE l’année 2009, 2010 ou 2011, une époque où les chiffres du Top 5 annuel se baladaient en majorité entre 5 et 7 millions eux aussi. Le renouveau du manga au Japon n’est donc pas seulement un transfert de lecteur d’une série vers une autre, c’est aussi un retour des lecteurs, une nouvelle génération sans doute.

Avant les premières observations, pour une comparaison à époque identique, voici le premier semestre 2014 :

Top 10 manga-series S1 2014 Japon

Top 10 des ventes mangas au Japon au S1 2014, par série

nanatsu-no-taizai-jp-14Et donc, qu’est-ce qui a changé ? La première réponse évidente, c’est la pôle position de Seven Deadly Sins. Fin 2014, on en parlait déjà : l’adaptation animée de la série avait de bonnes chances de faire bondir la série dans le classement. L’an dernier il s’en est vendu 4.6 millions d’exemplaires contre 7.1 ce seul semestre. Même sans saison 2 animée immédiate pour le manga de Nakaba Suzuki, on peut extrapoler sur des ventes annuelles aux alentours de 11-12 millions à la fin de l’année, ce qui correspondrait à une multiplication des ventes par 3 quasiment, par rapport à 2014. De quoi rester sur le podium mais pas forcément en première place car c’est justement aux alentours des 11-12 millions que se jouait la pole position l’an dernier, entre One Piece et Shingeki no Kyojin / L’attaque des Titans. Passons à ces deux derniers justement.

One Piece parait en bonne forme si l’on compare les chiffres au semestre, mais il faut aussi vérifier combien de tomes sont sortis sur ces semestres : seulement deux au S1 2014, puis 3 le semestre suivant ce qui lui avait permis de conserver sa première place au classement annuel. Au premier semestre 2015… 2 volumes aussi ! Et oui, surprise du chef, One Piece qui voyait ses ventes globales diminuer depuis le pic de 2011 signe une progression de 43% par rapport au premier semestre 2014. A nombre de sorties comparables, Luffy pourrait presque atteindre les 17 millions d’exemplaires en fin d’année. Dix-sept ça me parait beaucoup mais quinze lui suffirait logiquement pour garder la première place.

L’autre challenger, jusqu’ici de poids, semble presque faire grise mine en ce premier semestre 2015 : L’attaque des titans voit ses ventes du semestre diminuer de 40% à durée et nombre de tomes similaires, deux pour être exact. Mais pas d’alarmisme, ceci n’est que la pause annoncée depuis la fin de la première saison animée, fin 2013. Ce qui va être intéressant, par contre, c’est de voir si le film d’animation prévu en juin et surtout le film live prévu en deux parties en août et septembre va relancer ou non la machine. Les films live sont connus pour séduire un public plus large que celui de la simple animation, donc pourquoi pas un rebond marqué des ventes. One Piece semble difficile à accrocher au classement annuel, surtout que les titans ont déjà deux millions d’exemplaires de retard, mais le combat pour la seconde place entre Seven Deadly Sins et le manga Hajime Isayama s’annonce intéressant. Un duel Kodansha – Kodansha pour la seconde place, c’est la première fois que je vois ça en 5 ans, ça nous changera de Shueisha !

shingeki-no-kyojin-jp-16  One Piece 77 jp

Encore que, j’ai failli oublier nos deux – allez on va dire « nos trois » – outsiders de 2015 : Assassination Clasroom, Tokyo Ghoul et Haikyû !

Quels espoirs pour les challengers ?

Pour bien comprendre le potentiel de ces titres et des suivants, il nous manque encore une donnée : le nombre d’exemplaires vendus pour chaque nouveau tome, qui nous donne une idée du nombre de lecteurs qui suivent chaque série. Le voici d’abord sous forme brute (cliquez pour agrandir), classée tome par tome avec la date de sortie (ventes comptabilisées de mi-11/2014 à mi-05/2015 pour rappel) :

Top 50 manga-tomes S1 2015 Japon

Top 50 des ventes mangas au Japon au S1 2015, par tomes

Ensuite, vu que 90 à 95% des ventes ont lieu dans les 6 semaines qui suivent la sortie, on peut estimer que le nombre de lecteurs correspond aux ventes semestrielle de ces nouveaux tomes et établir un classement du lectorat à la louche. Avec quelques exceptions comme les éditions collectors d’ailleurs, mais on en reparlera avec l’exemple Evangelion. On obtient ainsi un Top 25 des séries les plus lues, qui dépassent toutes les 500 000 lecteurs :

Top 25 manga-tomes S1 2015 Japon

Top 25 des ventes mangas au Japon au S1 2015, en « lecteurs par série »

Tiens puisque je l’ai sous la main ce top, j’étaye un peu ce que l’on disait plus haut, sur SDS, One Piece et L’attaque des titans : One Piece repart à la hausse avec 3.08 millions d’exemplaires contre 2.83 au premier semestre l’an dernier (+9 %), L’attaque des titans se stabilise à 1.83 millions de lecteurs contre 1.77 (+3%), et Seven Deadly Sins, premier du top 10 montre qu’il a encore du chemin à faire en étant 9e de ce classement avec 850 000 exemplaires écoulés. La série était en dehors des classements du S1 2014, c’est à dire inférieur à 380 000 exemplaires donc il est difficile de quantifier la progression et seule les ventes du tome 6 sur l’année entière, à 534 473 exemplaires écoulés, indique que tout s’est emballé au second semestre. Un emballement qui ne s’est pas démenti début 2015 puisque le tome 1 s’est vendu à 402 000 exemplaires ce qui fait un beau paquet de nouveaux lecteurs. Et si on fait un peu de maths, on voit aussi que le lectorat a encore un peu de marge de progression…

Assassination Classroom 14Mais revenons-en maintenant à nos fameux challengers. Assassination Classroom, numéro 3 du top 10 par séries. Avec ses 5.2 millions d’exemplaires l’oeuvre fait presque deux fois mieux que le S1 2014 mais aussi légèrement mieux que l’année complète où 4.62 millions d’exemplaires avaient trouvé preneur. C’est donc prometteur pour 2015. Le nombre de lecteur progresse lui aussi, mais plus doucement : il se vendait 773 000 exemplaires du tome 7 en 2014, il s’en est vendu 895 000 unités du 12 ce semestre. Là aussi c’est un film live en mars et l’adaptation en anime qui ont permis le décollage des ventes. Avec 3 volumes probables pour le second semestre mais pas de film ou de série, on peut tabler sur 8-9 millions d’exemplaires écoulés ce qui permettrait à la série de conserver sa place dans le top 5, à défaut du podium.

Tokyo Ghoul suit un peu le même chemin : sa première adaptation animée remonte au second semestre 2014, ce qui lui a valu la 4e place du top par série l’an dernier, en multipliant ses ventes par 4 (6.9 millions d’ex. sur l’année). La seconde adaptation animée, Tokyo Ghoul √A, a permis de poursuivre le recrutement ce semestre, même s’il est plus modéré : la série totalise 4.4 millions d’exemplaires au premier semestre et devrait donc battre son score de l’an dernier, sachant que l’on passe de 645 000 lecteurs à 884 000 environ, soit une progression de 37%. Mais TG et AC sont désormais au coude à coude avec 3 tomes à paraître et il est difficile de dire qui l’emportera : Assassination a une avance d’un petit million d’ex. ce semestre mais la courbe de progression de Tokyo Ghoul lui est davantage favorable… Je passe à la suite mais j’attends vos paris !

Le 3e challenger, Haikyû s’était hissé à la 3e place l’an dernier avec 8.3 millions d’exemplaires vendus, grâce à une excellente adaptation animée. Mais, ce semestre, il peine à n’en faire ne serait-ce que la moitié. Un recrutement fini ? Pour le moment en tout cas, car le nombre de lecteur se stabilise, en passant de 833 000 l’an dernier à 905 000 cette année. Ce qui est, en soi, un excellent score quand même : le titre de Haruichi Furudate est le 5e plus lu à la nouveauté au Japon, devant TG et AC par exemple, et il pourrait bien devenir numéro 3 en 2016 avec les fins d’Evangelion, qui s’offre un dernier tome vendu à plus d’un million d’exemplaire (si compte les deux éditions simple et collector) et celle de Naruto.

Haikyuu 16 jp  tokyo-ghoul-re-jp-1

Tiens et puisque j’évoque le ninja orange, on peut saluer un finish honorable avec 1.2 millions de lecteurs sur le dernier volume, 10% au-dessus du premier semestre 2014. Le titre de Kishimoto apparaîtra-t-il une dernière fois dans le top 10 annuel de 2015 ? Avec 2.5 millions d’exemplaires vendus, c’est encore 2 millions d’exemplaires de moins que le 10e de l’an dernier. Sans nouveau tome, c’est mission quasi-impossible donc on peut d’ores et déjà annoncer la fin d’une longévité record dans ce top 10 de l’Oricon pour notre hokage, d’une décennie si je ne dis pas d’âneries. La performance parait pâle vis à vis de One Piece, mais quand même !

En seconde ligne : rien de bien nouveau…

Dernier tableau de cet article : allongeons le classement par série avec les 30 les plus vendus, histoire de regarder un peu plus loin que les blockbusters. Ceci correspond en fait aux séries qui se vendent à plus d’un million d’exemplaires. Le classement annuel 2014 est ajouté à titre d’indication mais attention, le nombre de tomes variant d’un semestre à l’autre c’est à prendre avec des pincettes.

Top 30 des ventes mangas au Japon au S1 2015, par série

Top 30 des ventes mangas au Japon au S1 2015, par série

Si on finit notre top 10, il reste notamment un shôjo avec Blue Spring Ride ou Ao Haru ride à la 8e place. Publié chez nous par Kana ce titre vient de s’achever au Japon le mois dernier. Il aura fait un beau chemin au Japon : 2.11 millions sur l’année 2013 (21e classement série) puis le double ou presque l’an dernier avec l’adaptation animée, soit 4.17 millions (13e place) et il est entré dans le top 10 pour ce premier semestre 2015 avec 2.33 millions d’exemplaires. A noter : il finit avec autant de lecteurs qu’Haikyû !

Après un shôjo, voici un seinen, qui s’accroche depuis un certain temps dans le top : Terra Formars. 3.6 millions en 2013, 4.3 l’année dernière  grâce à un adaptation animée et 2.3 au premier semestre 2015. Une stabilisation donc : 453 milliers de lecteurs en 2013, 624 en 2014 et un atterrissage en douceur à 648 000 au premier semestre, au même niveau qu’un Blue Exorcist (qui est parti pour perdre 10% de lecteur cette année encore, d’ailleurs). Mais Terra Formars pourra essayer de franchir un nouveau palier en 2016, avec un film signé Takashi Miike, le réalisateur hyper-prolifique du cinéma nippon, habitué des adaptations live : Dead Or Alice, Ichi The Killer, MPD Psycho, etc. Terra Formars avait donc échoué de peu à atteindre le top 10 en 2014, le ratera sans doute de peu en 2015, mais peut espérer pour 2016 !

Ao Haru ride 13 jp  Terra formars 13 jp

Ensuite, de la 10e à la 30e place, peu de choses sortent du lot ce semestre.

On pourrait résumer ça en 3 catégories : les anciens leaders dont les ventes s’effritent à des rythmes variables, les séries qui font un aller retour vers le haut du top avec une adaptation animée et enfin ceux qui sont bien placés « au talent », et qui dépasse le million sans recourir à une adaptation. Ils ont donc de quoi exploser en popularité d’ici peu.

Dans la première catégorie – les anciens blockbusters – on pouvait nourrir quelques espoirs sur Fairy Tail : classé 17e au classement annuel 2014, la série se hisse à la 12e place ce semestre ! Est-ce que la série de Mashima aurait réussi à se stabiliser voir à remonter ? Fausse joie, car les dés sont un peu pipés : on comptabilise 4 tomes ce semestre contre 3 l’an dernier, ce qui explique la bonne place dans le classement et les 1.8 millions d’exemplaires vendus. Les ventes aux tomes confirment avec une léger recul de 538 à 482 milliers de lecteurs, soit une baisse de 10 %. Le destin est un peu le même pour Nisekoi : lancée en 2011, la série rentre tout juste dans le top 30 par séries en 2013 (1.5 million d’ex.), fait un bond avec une première saison animé en 2014 (16e avec 3.8 millions). Pour ce semestre, la 13e place est plutôt une bonne nouvelle (1.8 millions d’ex.) et le tome 15 arrivent enfin à sortir des fonds de classement : 45e avec 431 452 exemplaires. La seconde saison a débutée en avril permettra à Nisekoi de dépasser les 3 millions, peut être d’atteindre les 4 ? Pas impossible que Fairy Tail se fasse dépasser en tout cas !

Fairy Tail 49 jp Nisekoi 18 jp

Chez les « anciens » toujours on a 3 titres qui se baladent entre la 15e et la 20e place : notre cher Détective Conan qui, avec ses tomes 85 et 86 continue de recruter des lecteurs et dépasse la barre des 500 000 (contre 490 000 au S1 2014). Et le tout sans nouvelle saison animée, c’est toujours aussi fou cette histoire. Beaucoup moins impressionnant : Magi. Sans adaptation animée pour l’hiver comme ce fut le cas en 2013 et 2014, les ventes ont fondu : 7.2 millions d’ex. en 2013, 4.7 en 2014 et 1.5 pour le S1 2015 c’est à dire 3 millions au mieux en fin d’année. Au mieux car le nombre de lecteurs ne tient pas non plus : on passe de 678 milliers au S1 2014 contre 513 cette année. Enfin, on saluera la fin de Kuroko avec son 30e volume en décembre dernier. C’était LE carton surprise de 2012, qui avait détrôné Naruto à l’époque, avant l’arrivée des Titans, avec 8 millions d’exemplaires vendus. En 2013 les ventes se stabilisait à 8.7 millions puis ont amorcé leur descente l’an dernier, à 6.7 millions et la fin du recrutement autour de 750 000 lecteurs.

conan 86 jp  kuroko-no-basket-jp-30

Pour en finir avec les anciennes stars, il y a toujours l’arlésienne Bleach, qui n’en finit plus de perdre des places au ralenti : 1.2 millions d’exemplaires seulement ce semestre et 545 000 lecteurs sur le tome 66. Malgré un petit boost des ventes l’an dernier, la série repart doucement à la baisse pour ces 14 ans d’existence. Il devrait s’en vendre 2.5 millions sur l’année donc on reverra probablement Ichigo dans le bilan annuel 2015 et 2016, mais sans grand enthousiasme. Idem pour Gintama, à 1.15 millions d’exemplaire, qui se maintient dans le top semestriel mais dont on sent la fin venir aussi.

Au chapitre des aller-retour dans le top et des animes sous perfusions, je ne garderais que deux exemples pour ce semestre, les deux plus vendus. En 10e et le 11e nous avons deux séries avec plusieurs points communs : Yowamushi Pedal aka En selle, Sakamichi (diffusé sur ADN cet hiver) et Ace of Diamond. Ces shônens sportifs comptent déjà 40 tomes pour le premier, 46 pour le second – on ne les verra jamais en France, donc – et ils ont recruté des lecteurs depuis 2014 via leur adaptation animée, mais ils sont sous les 350 000 lecteurs et on tourne autour de 1.9-2 millions d’exemplaires vendus en 1 trimestre, ce qui devrait mener ces deux séries autour de la 15e place au mieux, avec un léger bonus pour Ace of Diamond dont l’anime continue (depuis 2013 d’ailleurs)  alors que la saison 1 de  Yowamushi Pedal est achevée. Tiens d’ailleurs Ace on le trouve dans le top 100 par ventes au tome, en 81e position à 328 000 lecteurs, mais pas de trace de Yowamushi.

Ace of Diamond 46 jp  Yowamushi Pedal 40 jp

Mais où sont les outsiders ?

C’est la question que l’on se pose lorsqu’on aborde la 3e catégorie citée plus haut, celle des séries qui ont encore la carte de l’anime à jouer. Seven Deadly Sins a tiré la sienne donc il faut aller chercher dans les différents classements et émettre quelques hypothèses d’après les ventes aux tomes, que je vous remets là pour que vous suiviez plus facilement :

Top 50 manga-tomes S1 2015 Japon

Top 50 des ventes mangas au Japon au S1 2015, par tomes

Sakamoto desu ga ? : Bon avec un tome par an, l’adaptation anime n’est pas prévue pour tout de suite je pense. Mais avec des ventes au tomes aux alentours de 750 – 800, ça laisse rêveur sur le potentiel.

One punch man 08One Punch-man : l’adaptation animée arrive en octobre et la série se vend déjà à 600 000 exemplaires, quasiment +20% par rapport à l’an dernier. C’est pour moi ZE challenger pour 2016 : si l’anime double le nombre de lecteur (ce qui est, somme toute, fréquent) il pourrait se vendre 1.2 millions d’exemplaires de chaque tome de la série, et la série deviendrait la 3e la plus lue de l’archipel. D’autant qu’avec la fin de Naruto et la concurrence très bien organisée de Kodansha, la Shueisha ne devrait pas laisser passer une occasion pareille. Ce n’est pas certain que l’effet anime soit visible dès le bilan annuel 2015 mais je vois bien la série entre la 10e et la 15e place quand même. Ah et puis, avec cet anime qui arrive, j’espère que l’éditeur français qui a acquis la licence sortira du bois, qu’il s’agisse de Kazé ou de Kana.

Ajin : série très discrète de chez Kodansha, qui arrive chez nous chez Glénat Manga d’ici peu (il parait que ça leur a coûté une blinde d’ailleurs, c’est pour ça que je ne vois pas One Punch-man chez eux). Avec un tome par an, 6 tomes au total et pas de présence dans aucun classement, on attend de voir.

Arslân : le nouveau Hiromu Arakawa se débrouille bien ! Avec son anime qui a débuté en avril la série a conquis 534 000 lecteurs via seulement 3 tomes. Deux tomes par an c’est peu léger pour grimper très haut des les top mais le bond est quand même à noter !

Kyō wa Kaisha Yasumimasu : on finit avec un josei mesdemoiselles et mesdames, un peu inconnu au bataillon mais il a quelques caractéristiques intéressantes : 517 000 exemplaires du 8e et dernier volume à ce jour, il est publié par Shueisha et ça doit être le 25e manga de son auteur  Mari Fujimura, (oui oui, le 25e) si on en croit Baka Updates. Ce n’est donc pas impossible qu’on en reparle.

Voilà qui finit ce bilan, qui permet de clarifier un peu les forces en présence dans cette nouvelle génération de blockbuster, et de montrer que sans anime – ou avec trop d’anime au bout d’un moment – il est souvent difficile de rester durablement dans le haut des classements. Beaucoup de séries ce semestre, et d’autres commencent à sérieusement tomber dans les abîmes des classements, ce qui fait encore quelques places à prendre. Mais avec des podiums annuels autour des 10 millions d’exemplaires, qui aura les épaules pour défier ces nouveaux rois ? Rendez-vous en décembre pour en savoir plus… Et à la semaine prochaine pour un nouvel article !

Retrouvez les autres bilans des ventes de manga au Japon :

2015 (1er semestre) : le turn over continue ?

2014 : il va y avoir du sport !

2014 (1er semestre) : Le pirate et le ninja sont-ils morts ?

2013 : confirmation du renouveau ?

2013 (premier semestre) : une nouvelle génération en marche ?

2012 : Il y a One Piece… Et les autres ?

2011 : Shueishaaaa, ton univers impitoyaaableu !

Sources : Oricon, Wikipedia et bleach-mx.fr

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Japan Expo 2015 : compte-rendu coté presse du chocobo

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Japan Expo 2015

C’était il y a une semaine, c’était Japan Expo, et c’était la fête pendant 4 jours à Villepinte pour des centaines de milliers d’amateurs de la culture nippone. Nous avons appris vendredi qu’il y a eu 247 473 visiteurs cette année, selon Japan Expo. Record battu et objectifs atteints malgré l’augmentation des tarifs, enfin une bonne nouvelle pour la SEFA cette année, après JE USA et Belgique. Pour info, les chiffres ne sont plus validés par un organisme indépendant depuis quelques années. Mais chapeau pour ce nouveau record, quand même.

Ensuite, inutile de revenir  sur l’expérience visiteur dans ces colonnes : il y a autant de Japan Expo différentes que de personnes qui y vont, tant les activités et invités sont légions dans les Hall 5 et 6 du « plus grand festival d’Europe. » C’est d’ailleurs pourquoi nous vous avons proposé, la semaine dernière, un compte-rendu collégial sur Journal du Japon. Pour moi ? C’était chouette, merci, mais j’ai tellement couru que j’ai vu peu de choses.

Par contre, comme chaque année, je vous propose de vous glisser dans l’événement par une autre porte, celle de la presse, des interviews et de l’organisation qui va avec. Pour une 7e JE de suite de ce côté du festival et la 4e à organiser pour des médias web, je me suis rendu sur place du vendredi au dimanche et j’ai pas mal échangé avec des confrères tous horizons. Rencontres, surprises, couacs et kiffs en tous genre, c’est parti pour le compte-rendu de ce 16e impact !

Un printemps au pays de Japan Expo…

Par où commencer… Par le début, et surtout par le contexte. Cette année la presse et la communication étaient en partie confiées à Warning Up qui assistait la SEFA, la société de Japan Expo. Warning est une société dans l’événementiel qui s’occupe d’un peu tout ce qui peut toucher à la presse et aux salons : la presse donc, une spécialisation dans le jeu vidéo, la communication digitale et les réseaux sociaux,etc. Les habitués de Japan Expo les connaissent déjà puisque Warning s’était occupé de JE en 2011. Retour, donc, 4 ans plus tard, après 3 années de gestion en interne par la société SEFA. Trois années où tout n’était pas toujours rose (les anciens en parleraient mieux que moi) mais où l’équipe avait fini par trouver ses marques, avec qui on avait établi une bonne relation de travail. Mais voilà, depuis, les échecs de Japan Expo USA et Japan Expo Belgique sont passés par là et des gens sont partis ou on leur a demandé de le faire. En somme, malgré ce qu’on lit dans leurs communiqués de presse dithyrambique, Japan Expo n’est pas un wonderland pour tout le monde. Ça, c’est le contexte.

sefa_event

Ainsi, après un passage à vide remarqué sur Japan Expo Sud, voici qu’arrive Warning. Bonjour Warning, la forme ? Ouais, nous aussi…

Bon, en réalité, il a fallu un peu de temps avant que l’on se parle avec Warning vu que leur mailing list était celle de… 2011, mais le web j-loisirs est un petit monde, donc on se tient au courant les uns les autres, on prévient SEFA ou Warning et, une semaine plus tard, les choses sont rentrées dans l’ordre. Ou presque. Nous sommes alors en avril et, pour le moment, une seule invitée est annoncée, miss Aoi. A titre de comparaison on avait appris la venue d’Urasawa en février de l’année concernée. Enfin bon, les Japonais et les délais de validation ça fait deux, dans l’événementiel comme ailleurs. Respecter les plannings de communication aussi, visiblement, quand il s’agit d’artistes musicaux.

Pendant le mois qui va suivre, ça va fuiter d’un peu partout, la majorité des artistes musicaux nippons annonçant leur venue à Japan Expo sur leurs réseaux sociaux avant la date officielle prévue pour le communiqué. Il y a de quoi s’arracher les cheveux je pense. Je ne sais pas si c’est ça qui les a dégoûtés de faire des communiqué de presse mais, en dehors de la musique, peu de communiqués vont nous parvenir pendant plusieurs semaines, en dehors des 3-4 invités d’honneur tout de même. Le dossier de presse global viendra heureusement combler pas mal de lacune de fond début juin, sauf en culture mais on en reparlera plus loin…

warning_up

Voilà donc comment a fonctionné, vu de l’extérieur, cette communication conjointe entre SEFA et Warning, collaboration prolongée pour tout ce qui va suivre, des accréditations à la gestion des interviews. Avec un grand flou sur qui fait vraiment quoi… Je me demande si ce n’était pas flou aussi pour eux, par moment. Mais bref, avançons dans notre histoire avec le dernier pas qui nous restaient à franchir : l’aventure des accréditations. Rassurez-vous, ça finit bien. Enfin, pour nous.

Cure d’amaigrissement médiatique…

Japan Expo 2015Pendant que les derniers communiqués de presse arrivent, nous voilà déjà en mai. Warning nous l’annonce : les accréditations c’est ce mois-ci ! On ne s’inquiète pas vraiment : on sait qu’il y aura du retard. Sans vous faire l’historique complet, toutes les attachées de presse précédentes avaient été remplacées avant Japan Expo Sud, ce qui aux nouveaux arrivants de faire leurs armes sur ce dernier, histoire d’engranger une expérience essentielle avant le grand bain de Villepinte.

Là non, donc retard il y a, mais le site de l’an passé pour la gestion des accréditations redevient finalement fonctionnel début juin. L’occasion de premiers échanges téléphoniques très souriants avec Warning. D’ailleurs, c’est à noter : même dans les moments tendus et fatigués, la bonne humeur sera toujours au rendez-vous. Même dans les moments « on va tous mouriiiiiiir ».

Sur le site, le nombre d’accréditations demandable est peu ou prou le même que l’année précédente, ça nous rassure sur le coup mais on se souvient que la SEFA avait réduit sa couverture presse de 2013 à 2014 en passant de 1200 accrédités à 900. La tendance s’accentue en 2015 : le 18 juin, la moitié des accréditations sont refusées et on se retrouve à 3 pour JDJ, 1 pour Paoru.fr et le reste de nos partenaires web sont dégagés direct sans aucune accréditation ni explication, alors qu’ils couvrent bénévolement Japan depuis de nombreuses années, sans faire d’histoire.

Je passe un coup de fil mais on me dit qu’à priori rien ne pourra être changé. Il est trop tard pour faire marche arrière : des engagements ont été pris avec nos contacts éditeurs et on ne pouvait pas décemment tout annuler. Echanges de coup de téléphone, de mail, etc, et finalement, le lendemain, les choses s’améliorent. Et en plus je vois que je peux compter sur d’autres médias pour un coup de main. La presse web manga & japanime, c’est aussi des gens supers cools, merci les potos.

On a plus tard confirmation que la directive vient bien de SEFA : il fallait diminuer le nombre d’accrédités de 50% en 2015. On ne saura jamais pourquoi, et sur Japan on s’est tous dit la même chose : mais pourquoi vouloir moitié moins de média à son propre event ? Manque ou réduction de moyen peut-être ?

De plus, nous, on s’en sort pas trop mal. Manga-News, le leader de notre secteur avec 400 000 lecteurs chaque mois se voit donner… 3 pauvres accréditations alors que l’équipe de Manga-News a déjà réservé trains et hôtel à cette époque, à deux semaines de l’event. Mais non, fin de non recevoir pendant un certain temps, avant que d’âpres négociations ne leur permettent d’obtenir une maigre rallonge. De nombreux médias, surtout ceux qui s’y prennent un peu plus tard, vont se faire bouler à leur grande surprise, quelque soit leur plate-forme : le Figaro, Valeurs Actuelles, des gens de chez Sony Japon venu filmer leurs propres artistes. Ça s’est arrangé pour certains, a priori.

Je ne sais pas si l’amaigrissement voulu a été atteint mais il aura marqué quelques esprits. Après on dit chaque année qu’on ne reviendra plus mais on revient quand même, pour les auteurs et les rencontres. Malgré les emmerdes, les bons souvenirs l’ont toujours emporté jusqu’ici.

Voilà pour la gestion en amont. Et maintenant, allez, passons au festival lui-même, pour parler de ces fameux souvenirs si souvent haut en couleur !

Japan Expo 2015

Jeudi : ça démarre fort

Juste avant, mercredi, je revoyais notre chère Samantha Bailly pour son roman Nos âmes jumelles (excellent, lisez-le !) et son manga Alchimia à venir en 2016 chez Pika. Je passais ensuite un super moment en compagnie du duo de mangakas de Crueler Than Dead, des vrais passionnés de zombies, et enfin je découvrais les magnifiques bureaux de Casterman lors d’une entrevue très prenante avec le directeur éditorial de Sakka. Mais pour ce qui est de JE, comme je vous le disais, je ne suis arrivé sur place que vendredi.

Jeudi j’ai donc vécu le salon à distance avec une matinée un peu particulière, au parfum d’apocalypse. Pendant que, coté visiteurs, le système informatique lâche et créé des retards conséquents chez les premium, la badgeuse presse fait des siennes. La badgeuse kezako ? En fait coté presse et artistes vous avez différents niveaux d’accréditations (ouai comme dans les films d’espionnage, et tout et tout !), et c’est à la création de votre accréditation que ça se joue : où pourrez-vous vous rendre cette année ? C’est le petit logo sur votre accred qui le dit !

Pour notre rédactrice musique, il s’agira d’une accréditation… de niveau zéro \o/. Une sorte de billet d’invitation marqué PRESSE, en gros. Elle se retrouve donc, comme une vingtaine de journalistes de tout bord, coincée à l’entrée de la salle presse. Echanges de coup de fil, sueurs froides pour l’interview dont l’horaire arrive à grands pas, refus du vigile de laisser passer qui que ce soit sans le bon badge, même quand un cadre de Japan Expo lui en donne la directive… On transpire donc mais, une fois de plus, tout s’arrange : par un « heureux » hasard les artistes de Ilu Grace se retrouvent interdit de salle presse eux aussi, et on s’attend les uns les autres.

Ilu grace

Ilu grace

La matinée et la journée sera tout de même noire pour beaucoup de monde (spéciale dédicace à Baptiste, chez Wakanim) et il sera parfois difficile de faire rentrer les gens qui travaillent dans l’enceinte de Japan. Ce n’est sans doute par pour rien si, le lendemain et le surlendemain, les vigiles lèvent le pied et se montrent souriant et conciliants. De toute façon, ils ne font que suivre les directives et ce serait absurde de les blâmer, surtout que certains sont super sympas quand on ne leur saute pas à la gorge.

Bref, nos rédac’ font leur première interview : Ilu Grace très sympathique et s’avère une excellente surprise sur scène, puis on s’en sort comme on peu avec VAMPS en raison de soucis d’interprétariat et d’un Hyde en mode diva, ce qui fait marrer KAZ (et notre rédactrice aussi, jaune) puis on finit par le producteur du jeu vidéo SAO chez Bandai avec qui on arrive à éviter la langue de bois, ce qui n’est pas toujours évident dans le milieu du JV. Bilan journalistique plutôt positif donc et, avec les soucis d’orga réglés, on peut attaquer le gros morceau – vendredi / samedi – relativement serein.

Vendredi : superbes rencontres et bonnes surprises

Pas trop de bouchons entre ma chère Normandie et Villepinte, il est un petit 11h quand j’arrive. Récupération de l’accréditation en 2 minutes chrono (+1 !) et, hop, me voilà dans la place. Je me dépêche de rejoindre l’interview d’Azumi INOUE, la chanteuse de Totoro et de certains Ghibli, accompagnée de sa fille qui débute dans le métier. Interview et tandem maman-fille super sympas, bonne ambiance, très détendue. De plus je suis épaté par mes deux rédacs qui débutent l’exercice de l’interview en ce jour : Adam a géré comme un chef son entrevue précédente avec l’équipe du jeu vidéo de One Piece et là il prend les photos pendant qu’Audrey est totalement passionnée par les deux chanteuses. Japan Expo c’est parfois l’occasion de rencontrer en live, pour la première fois, des gens qui bossent avec vous depuis 6 mois, un an, voir encore plus !

Azulmi-Inoue

Midi arrive et c’est à mon tour de faire la première interview, avec le trio de musiciens de One Not’e. Le guitariste et leader du groupe répond à la plupart des questions, donc je change un peu mes tournures de phrases pour faire participer les deux autres. Ce n’est pas toujours judicieux car ça grignote beaucoup plus le temps d’interview mais, dans ce cas, ça s’avère porteur : les 3 jeunes gens se mettent à interagir, on sent un bonne complicité d’ailleurs et l’ambiance se détend rapidement : hop, une interview cool dans la boite ! Bon, maintenant, on va aller manger un morceau, l’occasion de constater que la salle de presse a été modifiée et que nous avons enfin accès à une salle de « travail / détente / boisson » qui fait un bien fou. +1 pour celui ou celle qui l’a mis en place. Sandwich avalé et je vais faire un premier plongeon dans le bain : en route pour le salon.

Il est assez facile de circuler ce vendredi, même de prendre des photos. Ah tiens, d’ailleurs, le réseau passe ! L’occasion de faire un peu de live tweet, de réussir à appeler les gens : +1 à nouveau ! On croise les premiers éditeurs, on bavarde et on observe très rapidement les agencements des stands. L’occasion de NE PAS voir de stands pirates à leur endroit habituels, à gauche après l’entrée. Une rédactrice qui s’est bien plus baladée que moi me dira qu’ils sont toujours là, néanmoins. Vu que le prix du mètre carré de stand augmente, que les chiffres d’affaires des boutiques diminuent (d’après leurs propres aveux) et que la douane se fait plus présente ces dernières années, espérons que les choses s’assainissent du côté de la contrefaçon.

Sun Ken Rock

Le temps de constater tout ça et il est déjà l’heure de la prochaine interview. Et pas des moindres puisque c’est celle que j’attend le plus : la rencontre avec Boichi ! Ce fut un vrai régal. Plus de 20 minutes avec l’homme, mais seulement 5-6 questions posées car ses réponses sont détaillées et prenantes, et l’occasion de moments assez épiques. L’homme est drôle, passionné et à fond dans son travail avec une motivation impressionnante. En tout cas, en l’espace d’une semaine j’ai totalement redécouvert cet auteur, alors que je le lis depuis des années, grâce à notre échange ce jour là mais aussi dans deux excellentes interviews, celle de son artbook et celle de Coyote Mag. Je garde le suspens sur ce qu’on s’est raconté mais ne ratez pas la publication cette semaine sur Journal du Japon. C’était vraiment chouette, merci Sophie et l’équipe de Doki-Doki pour avoir mis ça en place.

Forcément, après ça, difficile de refaire aussi bien. Ça aurait presque pu, une heure plus tard, avec Ken Akamatsu, monsieur Love Hina / Negima  / UQ Holder, l’invité d’honneur en manga. Ce mangaka d’expérience avait l’air vraiment intéressant, et je pense qu’après un peu de travail on pourra en sortir un bon papier. Mais sur place c’est un peu parti en sucette. On devait donc être 5 rédacteurs à poser des questions, on a fini avec une salle pleine de monde, avec des cadreurs qui savent pas où se mettre car c’était no photo / ni video, et 10 personnes à parler. Merci Japan Expo d’avoir ajouté des médias sans les briefer. Malaises, questions qui partent dans tous les sens, un fan qui explique à Akamatsu que Negima lui a permis de rencontrer ses potes et sa femme – ok, c’est très mignon, mais c’est pas l’endroit quand on est 10 – un media qui squatte le temps de parole façon hold up, un recadrage nécessaire en plein milieu de l’interview par l’attaché de presse. Et pourtant je le redis, on devrait pouvoir faire un bon papier avec un peu de taf. Sans ça, on aurait probablement eu une superbe interview. Tant pis.

Une heure plus tard, c’est Yaya Han qui nous attend. J’avais un peu d’appréhension pour cette interview. Pas pour l’invité hein, bien au contraire. En préparant les questions j’ai découvert, en cette cosplayeuse mondialement connue, une personnalité très intéressante : self-made, passionnée, talentueuse, et fine analyste de son propre monde. Non ce qui m’inquiétais était que l’interview était assez proche de la suivante qui se déroulait à l’autre bout du salon. Donc, quand je vois le retard s’allonger au dela de 15 minutes je contacte une journaliste, je lui fais le topo des questions et je file en courant pour aller chez Bandai interviewer Ryo Myto sur le jeu Saint Seiya Brave Soldiers. Encore une fois, interview jeu vidéo intéressante et pas langue de bois. Bravo à Emilie et à Bandai d’une manière générale pour cette mouture 2015 : leurs staffs, leurs invités et leurs stands étaient vraiment cools !

L’interview de Yaya Han du coup ? Vous allez rire. Il est 17h25, je sors de l’interview Bandai et je reçois un texto de ma rédactrice : « J’attend toujours. » J’enclenche le turbo et quand j’arrive l’interview vient juste de commencer. Le retard est tel que, forcément, on nous presse d’aller au plus vite, mais le fait que les échanges se fassent directement en anglais permet de gagner un temps précieux, on finit just in time.

La journée se termine ensuite par une bonne bouffe autour de la team de JDJ sur Paris. On se raconte nos aventures, on trinque pour la première fois avec certains, avec toujours autant de plaisir avec d’autres. Les burgers, les frites et la bière étaient plutôt pas mal (du coté d’Oberkampf mais j’ai plus le nom en tête) et le serveur, qui aurait bien aimé aller à la Japan lui aussi, s’avère bien cool. Comme quoi la Japan Expo, ça parle à tout le monde de près ou de loin, j’ai l’impression.

Samedi : pour le plaisiiiiiiiir ♫

La matinée sera synonyme de bouchons et d’arrivée tardive, et je me morfond dans ma voiture de manquer copines Tatiana et Charlotte qui participe à la conférence sur l’histoire de la j-music en France. J’arrive à la fin donc – good damned – mais j’apprend que le tout a été filmé. Great. J’arpente donc un peu le salon, en attendant le début d’une fournée d’interview un peu spéciale : aujourdhui, la majorité des rencontres est planifiée par Super Sarah, l’une de mes héroïnes de RP de ce festival que je tenais à citer, car elle m’a fournit de beaux contenus inattendus, le tout avec sourire, zen attitude et simplicité. Un partenariat qui est, aussi, l’occasion d’enrichir nos interviews cultures, et ce n’est pas du luxe. En fait, depuis 2-3 ans, Wabi Sabi et l’espace culturel reste le seul domaine où l’on ne peut pas planifier des interviews en amont. Ne me demandez pas pourquoi, je n’en sais rien. Sans doute que notre media est trop petit pour les intéresser. Cette année j’ai encore multiplié les mails, demandé à Warning, à SEFA où même à des contacts, que dalle, c’est « démerde toi sur place et prie pour avoir un interprète ».

Wabi Sabi

L’an dernier ce fut donc système D avec ses hauts et ses bas mais cette année, youpi, j’avais un duo de RP au top (miss Amel, big up aussi) avec qui j’avais planifié moult rencontres. Avec les auteurs d’Ankama, pour commencer : Tony Valente est aussi passionnant en interview (même pour une deuxième rencontre) qu’il est talentueux pour faire un manga. Interview à venir ici en août pour la sortie de Radiant au Japon (félicitations !). Ensuite j’ai pu prendre quelques photos au début de l’interview avec les auteurs de City Hall et de Shôchu : un quator d’invité français qui se connaissent bien et qui aiment se chambrer, sous l’excellente direction aux questions de l’ami Olivier. J’ai hâte de lire le résultat car les 10 minutes que j’ai vu étaient prometteuses. Enfin il y a eu la belle Ein Lee : on a parlé de tout et de rien pour notre seconde rencontre, afin d’en savoir plus sur cette géniale illustratrice qui est aussi une amoureuse du Japon et de ses influences artistiques.

La journée se finit en musique, en deux temps et demi : interview de Back-on tout d’abord, que je n’ai pas pu voir en concert mais dont tout le monde me dit du bien. Il s’agissait de l’un des groupe phares de cette édition et l’occasion d’une bonne découverte : interview assez carrée, 4 jeunes gens qui savent où ils veulent aller et des leaders qui possèdent un charisme et une singularité indéniable. Bonne pioche.

Le demi-temps qui suit se fait avec le groupe de hard rock Yaiba et son leader Yasuharu TAKANASHI, un spécialiste de générique d’anime. Un peu de retard s’annonce, mais on nous installe gentiment en salle de presse. Ah mauvaise nouvelle, monsieur Takanashi ne pourra pas être là. On profite du retard pour réorganiser nos questions, 10 minutes passent à nouveau et on frappe à la porte. L’attachée de presse, contrite, nous explique que tout ce petit monde est reparti à l’hôtel. Interview annulée et non replacée. Déception forcément, un peu d’énervement aussi mais bon, l’invité Japan qui se barre de Japan, c’est pas la première fois, donc on fait avec.

On finit donc avec l’autre star musicale du salon, VAMPS, pour leur concert au live house… Euh la salle Yuzu… Ah non pardon Karasu ! Bref, la salle musique. Quelle bonne idée ce changement de nom, n’est-il pas ? Bref, j’arrive dans la salle et là choc auditif : Dempagumi est encore sur scène et la sono me perce les tympans, C’EST HYPER FORT SA MERE !!! Heureusement je dispose comme mes collègues de quoi me protéger les oreilles mais ce n’est pas le cas des centaines de personnes présentes. Si le son me pose problème, donc, il parait qu’il fut mieux géré sur d’autres concerts, donc étiquetons ce cas comme un couac passager. Surtout que dans cette salle il y a aussi de très chouettes jeux de lumière dont on profite tout du long sur le concert de VAMPS. Au bout d’une petite décennie de travail la salle de concert de Japan Expo commence à avoir de l’envergure. Cool.

Scene JE

Je profite de parler concert pour évoquer l’histoire des gilets jaunes. 50 gilets pour toute la presse, un gilet par media et premier arrivé premier servi, avec obligation de le ramener le soir même. Pas d’gilet, pas d’photos (et donc pas d’palais). Je pense que les 3/4 des gens ont découverts ça sur place, y compris quand il n’en restait plus. Au final ? L’idée du gilet est plutôt pas mal tout compte fait, même si l’attribution est encore bancale. On demande ce genre de restriction en fosse photo depuis des années pour éviter de se marcher dessus. Si le système est pérennisé et optimisé, je dis pas non, franchement.

Et donc, revenons au concert de VAMPS lui-même. Je me cale dans un coin de la salle, donc, et j’assiste à 30 minutes désastreuses du duo Hyde / KAZ. Désastreuse surtout par la bouillie sonore que l’on nous sert : c’est toujours hyper fort, saturé souvent, et même Hyde ne cesse de se retourner en hurlant à son staff qu’il n’a pas de retour. Preuve du couac : intermède musical au piano, sans les vedettes, après 20 min de concert. On se dit tous que ça doit pas mal tempêter en backstage. Heureusement le piano finit par achever son interlude et retour de VAMPS sur scène, qui laisse progressivement tomber ses morceaux récents pour revenir aux classiques qui ont fait le succès du groupe. La salle apprécie et commence à prendre du plaisir… même chez les fans exigeants ça commence à se trémousser (Kevin B., on t’as vu, lâche ce sifflet veux-tu !). En même temps avec son déhanché et le fait qu’il soit quasiment torse-nu notre chère Hydounet a bien vendu son corps… Coquine, va ! Le meilleur moment sera un rappel vraiment pêchu, fait de plusieurs morceaux qui plus est, déchaînant enfin le public. On en est ressorti content, finalement.

Et après un bon concert, rien de tel qu’un nouveau repas entre amis. Japan Expo sans ses bonnes bouffes ce ne serait pas vraiment Japan Expo non plus, voyons !

Bieeeere !

Dimanche : on remballe, mais en musique !

Ah il fait enfin frais ce matin sur Villepinte ! Oui je ne l’avais pas évoqué jusque là, mais rendons hommage à tout les exposants qui ont cramé (j’ai même lu « fondu » le mercredi, sur les réseaux sociaux ^^) pendant toute la semaine de Japan Expo, du montage au démontage. Cela dit, la climatisation s’est révélée assez efficace sur le salon et c’est surtout le soir vers 18h en sortant de Villepinte qu’on comprenait la fournaise qu’ont été ces journées. Sur le salon tant qu’on était à l’ombre ou sous la clim (et donc RIP aux exposants de l’allée centrale)… ça allait.

Sinon, en ce dimanche, peu de choses à dire sans me répéter : interview culture en tandem avec Audrey pour parler de chambara (l’interview découverte par excellence, c’était cool), seconde visite du salon avec mes chers photographes Gally et Soara, on papote, on fait quelques photos et on se dirige enfin vers la partie culture du salon pour assister à deux performances : Kirie, pour une toute nouvelle prestation après sa venue en 2014, toujours aussi onirique (photo ci-dessous) ainsi que le show tout aussi barré et gracieux du calligraphe Houkou Nakashima, qui avait l’air assez touché d’être là. On vous montrera des photos de tout ça prochainement. Cette heure sur le stand culture le temps d’un éclair la pétillante Hana, j’espère qu’on pourra se poser plus longtemps un de ces 4 madame !  Je pourrais dire la même chose – qu’on se croise plus longuement s’entend – de la partie culture et art de vivre d’ailleurs, tellement vaste et éclatée sur les différents points du salon que j’ai l’impression d’être passé à travers. Note à moi-même : trois jours c’est vraiment court pour profiter de Japan, donc moins d’interviews et plus de salon en 2016 ? On essaiera, car sans l’heure entre 18 et 19 qui était parfaite pour s’y balader, c’est un peu compliqué.

Kirie

Pour ce dernier jour c’est carrément à 16h que je dois partir car le groupe de The Bawdies nous attend à la Boule Noire ce soir, après leur concert de la vieille aux Eurockéennes de Belfort. Une interview est même prévue avant que le groupe ne se jette sur scène. Juste avant de partir, j’accompagne l’ami Jean-Baptiste sur l’interview senior 2015 : cette année il rencontre Kobayashi-san ! On rigole mais l’interview est super intéressante, les 15 minutes sont diablement courtes pour écouter tout ce que ce joli nom de l’animation a à nous dire. Une fois ce dernier échange bouclé pour moi, je salue un maximum de gens – dont le sourire et l’épuisement montre qu’ils sont contents de voir le bout de cette édition, et je croise les doigts pour la dernière interview majeure pour l’équipe de JDJ : Yoshiyuki Sadamoto, le graal de nombreux passionnées de japanime sur cette édition, mais qui a déjà 15 minutes de retard au moment où je m’envole loin de Villepinte.

Sadamoto sera finalement une des grosses déceptions du salon. L’agent et l’interprète m’avait prévenu en amont : c’est assez tendu. Et c’est bien connu que sur le dimanche de JE, la pression et la fatigue ne font pas souvent bon ménage. Pour gagner du temps, on nous prend notre feuille de question, qui sont posées directement à l’artiste. Nos journalistes font alors office de plantes vertes et à la première tentative pour rebondir, on nous fait comprendre que ce ne sera pas possible. Comme une interview par mail, avec malaise et stress en plus. Toutes les stars de notre enfance ne sont pas toujours des gens que l’on gagne à rencontrer en live. Pas à Japan Expo un dimanche en fin de salon en tout cas.

Pendant ce temps, je profite d’un périphérique fluide et nous avons même le temps de boire un verre dans un café avant d’interviewer The Bawdies, ce groupe tout droit sorti des années 50-60, avec leur look de Beatles et un groove de James Brown. Après les avoir présenté il y a 3 ans et de manière biographique ici, j’ai rebondi sur une interview très intéressante du groupe dans Zoom Japon pour creuser un peu le sujet et vous proposer, très bientôt, un portrait de ces 4 artistes qui ont admirablement pris leur destin en main. Le concert qui s’en suivra ce dimanche soir sera moyennement remplit mais le public sera en transe et repartira conquis. C’était juste génial, et ces 4 gars transmettent une énergie folle. Ironie de la chose, le meilleur concert du weekend de Japan Expo n’aura donc pas eu lieu à Japan Expo, mais aux Eurockéennes puis à la Boule Noire.

Le mot de la fin…

Et donc, comme je vous l’ai dit en introduction, cette cuvée 2015 était plutôt chouette en ce qui me concerne. Une gestion compliquée en amont, qui marque aussi de son emprunte cette édition mais comme le disait une attachée de presse de Warning elle-meêm : Japan Expo, c’est tout un processus qui se finit sur ces 4 jours. D’autant que tout est bien qui finit assez bien. Japan Expo coté presse reste une aventure épique, et l’enthousiasme de mes rédacteurs qui le vivait de cette façon pour la première fois me fait dire que la magie est encore là, au moins par moment, et qu’on se décarcasse pas pour rien puis que l’on ressort toujours avec de bonnes choses sur un plan purement journalistique.

Donc, oui, bilan Japan Expo 2015 positif after all !

Doraemon

Remerciements aux équipes de Warning et de SEFA pour la mise en place et la gestion de cette édition, merci évidemment à tous les amis de JDJ (j’aime mes rédacs’, c’est grave docteur ?), un big smile and hug aux délicieuses RP ces rayons de soleil de la salle de presse. Merci à Jérome et Remi aussi, hein, je ne vous oublie pas ! Enfin une poignée de main et une bise à tous les collègues (la bise pour le mecs et la poignée de main aux filles hein, bien sûr !), toujours prêt pour le coup de main et toujours sur la même longueur d’onde pour faire du travail de qualitaaaay.

Et merci aux artistes, qu’ils aient ou non franchi le globe, rien ne serait possible sans eux !

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Concours photo Paoru.fr : prenez vos mangas en photo et gagnez des lots !

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Pour sa 4e édition le r’voici, le r’voilà : le concours photo de l’été du chocobo !

Concours été Paoru-001

Pour gagner rien de plus simple : partagez avec nous vos plus belles photos de manga !

Paoru.fr vous propose cet été de remporter des mangas et des goodies en pagaille : des mangas, des ex-libris, des marques-pages, des casquettes, des magnets, des dessous de verres, des masques et des t-shirts… le chocobo est aussi aller piocher dans son stock perso pour y ajouter des mangas, agendas, etc ! Merci à Ototo – Taifu -Ofelbe, Akata, Kazé Manga et Glénat Manga ainsi qu’à mes partenaires mangas habituels du blog. Pour info j’ai rajouté des lots à ceux de la photo principale (cf la liste plus bas).

Le principe du concours est assez simple : du 19 juillet au 25 août, envoyez vos photos à l’adresse mail ramza@paoru.fr (ce n’est plus celle de l’an dernier, ne confondez pas !). Cette année, un thème unique : vos mangas en photos ! Mettez-les en scène via leur thématique clé ou selon l’inspiration du moment ! Pour vous donner quelques idées, jetez un coup d’œil aux photos des gagnants de l’an dernier, ici.

Les photos reçues seront mises en ligne dans un album Facebook de Paoru.fr (une fois par semaine environ) et seront diffusées de temps à autre sur Twitter et Instagram avec le hastag #concourspaoru2015. 

Début septembre, après vote du staff de Paoru.fr, les 20 participants ayant réalisés les plus belles photos se partageront la liste de cadeaux suivante… On commence par les deux gros lots :

1 DVD édition Collector Secret – Judge chez Ki-oon : le tome 1 du manga Secret et le film live de Judge.

Secret - Judge Coffret Manga DVD

Le tome 1 du light novel Sword Art On Line chez Ofelbe

SAO 1

Chez Kazé Manga / ADN il y a : trente sous bocs recto-verso 2nd Love, une quinzaine de masques du dieu shinigami Soul Eater, 10 pochettes plastifiées et double face Nisekoi / Haikyu bien classes et 7 t-shirts Gate 7, dans la version violette. Ah j’oubliais, on a aussi 10 mangas multi-preview, chacun regroupant 4 shôjos : QQ Sweeper, Brainstorm Seduction, Rokka Melt & La Fleur millénaire.

Concours été Paoru- Kazé Manga & ADN 

T-shirt_gate_7_kaze-manga   Preview Shojo Kazé manga

Chez Akata, nous avons : 3 casquettes bien funs aux couleurs de Prisonnier Riku, Magical Girl of the End, leur collection WTF, quelques capotes WTF, 4 magnets dont 2 Bienvenue au Club et 2 Double JE.

Concours été Paoru-Akata

Chez Ototo / Ototo / Taifu il y a : une quinzaine de mini-previews ainsi qu’un exemplaire du tome 1 de SAO Progressive , le premier tome d’Accel World, le tome 1 du LN évoqué plus haut, des marques pages SAO Fairy Dust et des marques pages doubles SAO / Spice & Wolf pour tout le monde et enfin 4 beaux mouchoirs 10 Count.

Concours été Paoru-Ototo / Ofelbe / Taifu

Des goodies et mangas Glénat Manga également : 3 tomes 1, 1 T-Shirt taille L et deux ex libris de Stray Dog, 1 T-Shirit taille L et deux ex libris Crueler Than Dead.

Concours été Paoru-Glénat Manga

On continue avec des shitajikis recto-verso Glénat de 2008, un peu collector donc  : 1 Bleach, 1 One Piece, 1 D-Gray Man

Shitajikis Glénat D.Gray-Man Shitajikis Glénat D.Gray-Man

Shitajikis Glénat Bleach Shitajikis Glénat Bleach

Shitajikis Glénat One Piece Shitajikis Glénat One Piece

1 Ex-libris Zetman chez Tonkam.

Ex Libris Zetman

1 beau dossier de presse Devil’s Lost Soul chez Pika avec 2 Ex libris, entre autres.

Devil's Lost Soul

Coté manga entre ceux déjà évoqués et ceux piochés dans les stock de Paoru.fr on obtient les tomes 1 suivants : Accel World, SAO Progressive, Fausse petite amie chez Tonkam, Yako et Poko chez Komikku, Resident Evil Heavenly Island chez Kurokawa, Toys of War chez Kana, le tome 1 de Secret dans le coffret DVD Ki-oonPray for love chez Soleil Manga et les 3 Stray Dog. 

Manga concours Paoru.fr

Et on finit avec deux agendas Pika, aux couleurs de Fairy Tail ou Seven Deadly Sins.

Agenda-Fairy-Tail Agenda-Seven-Deadly-Sins-Pika

La répartition des lots :  J’attend de voir le nombre de participants mais en général il y a 20 gagnants (pour que je reste dans les environs de 50 euros en frais postaux) et tous ces gagnants auront évidemment les deux marques-maques Ototo / Ofelbe, 1 ou 2 sous bocs Kazé Manga, 1 mini-preview SAO ou le masque Soul Eater, 1 manga ou le manga multi-preview de Kazé, 1 casquette Akata ou 1 T-shirt Glénat Manga ou 1 T-Shirt Kazé Manga ou 1 mouchoir Taifu et enfin un 1 Shitajiki ou 1 pochette transparente ou  un ex-libris ou un agenda.  Mieux vos photos seront placées dans le classement plus vous aurez de lot et de possibilité de choisir dans les lots disponibles. Je vous donne la répartition finale début août.

Quelques consignes et conseils pour les participants :

  • Pensez à fournir une ou des photos nettes, sauf si le flou est voulu pour des raisons artistiques (même si c’est toujours sujet à débat).
  • Attention au contre-jour ou photos trop sombres.
  • Retouches et montages autorisés.
  • Pas de logo sur la photo, mais un © avec nom/prénom est accepté (mais pas obligatoire).
  • Évitez de nous envoyer des photos avec une résolution énorme ou au contraire minuscule : entre 400 et 1200 pixels ce sera très bien (même si nous ne sommes pas à quelques pixels près bien sûr !)
  • Vous pouvez photographier votre collection, seulement quelques mangas voir un seul mis en scène (une spéciale shônen ou shôjo, tous les titres d’un même auteur, plusieurs tomes dans les mêmes couleurs, une mise en scène liée au thème d’une série, etc…)
  • Essayez d’envoyer des photos originales et n’hésitez pas à fournir un petit commentaire avec, pour en placer le contexte.

Je précise enfin que je n’utiliserai pas vos photos à des fins commerciales, bien entendu. Voilà vous savez tout, il ne vous reste plus qu’à prendre votre meilleur objectif ou appareil numérique, de bien vous amuser, et de nous envoyer vos chefs-d’œuvre à ramza@paoru.fr.

Si vous avez des questions, les commentaires sont là pour ça :)

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[Chroniques] : 13 mangas à lire en août, sur la route ou dans une yourte !

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Chroniques manga été 2015-002

Oui, toi aussi ami du chocobo, découvres les habitats mongoles grâce à mon désir impératif de faire des rimes moisies ! Humm, euh, pardon.

Bonjour à toutes et à tous ! Voici le retour des chroniques pour découvrir de nouveaux titres et voir comment évoluent d’autres. Avec Japan Expo c’est une avalanche de manga qui s’est écroulée sur la tanière du chocobo (aieuuu !) et ce fut, une fois de plus, difficile de choisir. Certaines œuvres de cette sélection ne font pas l’unanimité d’ailleurs, donc n’hésitez à commenter. Toujours est-il que voici treize titres choisis sur une quarantaine de lectures, avec 6 nouveautés, des tomes 2 et 3 pour confirmer les potentiels et 4 séries plus avancées qui ont réussi leur pari ou qui réserve de bonnes surprises. Coté thématique on obtient : de l’humour, pas mal de trucs un peu flippants mais passionnants, pas mal d’action et de la romance pour contre-balancer puis de la fantasy, du sentai et de l’histoire pour parachever joliment. Le tout en 1000 signes environ, pour aller à l’essentiel… C’est parti !

Les p’tits nouveaux ont des choses à dire ?

JacoJaco the Galactic Patrolman de Akira TORIYAMA chez Glénat : sans doute celui qui m’a fait le plus rire de toute cette sélection. C’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes et que Toriyama semble tirer le meilleur de lui-même. Cette préquelle à l’histoire de Sangoku nous conte les aventures d’un jeune patrouilleur galactique, un peu trop à fond dans son rôle de sauveur de l’univers. Quand il débarque sur Terre pour y surveiller l’arrivée d’un dangereux alien, il met le bazar dans la vie d’Omori, un docteur scientifique tranquillement à la retraite sur son île. Avec le vaisseau de Jaco en panne, c’est le début des ennuis pour tous ceux qui vont croiser le chemin de ce nouveau duo hétéroclite.

Vendu comme spin-off de Dragon Ball, ce one-shot vaut bien plus qu’un simple souhait de nostalgie, et c’est tant mieux. Le lien avec la série mère est amusant et pourrait donner naissance à une autre saga, mais c’est surtout le ton léger et parodique qui se veut séduisant, avec des personnages loufoques et attachants qui évoluent dans un univers totalement anachronique où tout peux arriver. On n’en est pas au point du soleil parlant de Docteur Slump mais on retrouve clairement la fraîcheur des premières heures de DB, où l’on ne se prend jamais trop au sérieux. Un excellent cocktail pour une après-midi de détente.

AjinAjin de Tsuina MIURA & Gamon SAKURAI chez Glénat : le plus attendu pour ma part. J’en parle depuis deux ans dans les classements des ventes nippones et je ne suis pas déçu par ce premier tome. Cette histoire d’immortel connu du grand public mais auréolé de mystère sait se dévoiler progressivement, sans trop faire poireauter son lecteur pour autant. L’utilisation et la découverte des pouvoirs est bien pensée, dynamiser par une fuite en avant – au sens propre comme au figuré – du héros de l’histoire, le réfléchi Kei, et de son pote d’enfance, le fonceur Kai. Des personnages encore à découvrir mais qui dégage déjà une aura séduisante.

Autre élément essentiel pour que la charme agisse : Ajin bénéficie de très bons dessins avec un chara-design assez dense, des impressions de vitesse et de puissance toujours bien rendus grâce à une excellente gestion des perspectives. Bref voici un premier tome au pitch accrocheur, bien narré et avec un visuel intense. On a juste envie d’en savoir plus. Notez bien qu’à terme il faudra se montrer patient, car la série sort au rythme de 2 tomes par an au Japon. Rendez-vous le 02/09 pour le second !

daytime shooting star 1Daytime Shooting Star de Miya YAMAMORI chez Kana : les deux premiers tomes m’ont tapé dans l’œil pour deux raisons, au départ : le chara-design et les personnages secondaires. Les lignes des visages sont assez fines et pures mais pas pour autant invisibles, bien au contraire : la mangaka joue à merveille sur les contrastes noir / blanc en marquant subtilement mais nettement les contours, avec une bonne gestion des ombres pour parfaire le tout. Résultats : une peau toute en clarté et des regards qui vous attrapent facilement, pour une expression des émotions en finesse ou en puissance, selon les nécessités.

Du coté des personnages l’héroïne Suzume, qui débarque de sa campagne, n’est pas forcément la première qui sort du lot mais son oncle chez qui elle va vivre et son très jeune prof d’anglais change plus sensiblement de l’ordinaire, tout comme Yuyuka, une camarade de classe et un drôle de numéro, avec qui les premiers rapports vont être compliqués. Les relations entre personnage est d’ailleurs la 3e arme du titre, elles se dévoilent petit à petit. D’où la parution des 2 tomes dès le départ sans doute, bien vu Kana ! On sort des amourettes trop évidentes pour des choses moins manichéennes, plus complexes et éventuellement problématiques. En résumé : c’est beau, amusant et avec des relations inattendues. Je valide !

lessonof-the-evil-1-kanaLesson of the Evil de Eiji KARASUYAMA d’après l’oeuvre de Yûsuke KISHI chez Kana : une oeuvre dont il m’est difficile de deviner le potentiel, mais dont le personnage principal et le scénario qu’il va suivre m’intrigue particulièrement. Seiji Hasumi, c’est son nom, est le professeur principal de la première 4, une classe qui rassemble tous les élèves à problèmes mais aussi des professeurs en tous genre. Harcèlement moral, manipulations et violences physiques se cachent sous le vernis d’élèves et d’enseignants lambdas. La loi du plus fort décourage les victimes de résoudre leurs problèmes ou même d’en parler mais, heureusement, notre professeur d’anglais est particulièrement habile dans l’art de convaincre son prochain et derrière son sourire enjôleur pourrait bien se cacher un homme beaucoup plus sombre…

C’est d’ailleurs cette mystérieuse personnalité, implacable mais brillante, qui attire notre attention. Jusqu’où cet homme peut aller ? N’aurait-il pas un but plus inavouable que celui d’être un bon professeur ? Tout ça est bien alléchant et on se demande où cette série qui s’achève en neuf tomes veut nous emmener… Il faudra que je me procure le tome 2, déjà sorti, pour en savoir davantage !

Murder IncarnationMurder Incarnation, de Keita SUGAHARA et Shinji INAMITSU, chez Komikku : parmi les accueils mitigés que je citais en intro, il y a ce titre en seulement deux volumes. Si son graphisme 3D – un peu figé – ne vous dérange pas, je vous le conseille. Ce recueil de nouvelles me rappelle d’autres lectures macabres et pleine d’ironie, celle d’Edgar Allan Poe ou certains recueils de nouvelles d’Hitchcock. Le pitch repose sur l’idée suivante : « si vous tuez trois personnes en l’espace de 24 heures, la personne qui vous est chère reviendra à la vie. » Bien évidemment, comme tous les cadeaux funestes, celui-ci est toujours trompeur. La contre-partie est chère mais le pire ne réside pas forcément dans le meurtre commis, plutôt dans les conséquences et dans la suite du contrat : rien ne pourra être vraiment comme avant.

Néanmoins, les contractants s’attellent à la tache : ils tuent parfois des cibles bien choisies mais ils doivent aussi faire avec ceux qui vont lui tomber sous la main, car 24H passent très vite quand il faut tuer, donc c’est amis et famille y compris ! Cela dit, le sel de ces histoires réside souvent dans leur chute, dans le piège que le destin vous tend. Dans l’amoralité de la conclusion, aussi. La seule déception est finalement de voir ces récits s’achever si tôt car en refermant le second volume on aurait voulu découvrir une histoire de fond et que l’ange, une jeune fille à couette, nous en dévoiler davantage sur sa mission. A tenter.

GigantomachiaGigantomachia, de Kentaro MIURA chez Glénat : celui là aussi a laissé quelques connaissances dubitatives mais tout est sans doute une question de perspective. N’ayant pas lu plus de deux chapitres de Berserk, l’oeuvre majeure de l’auteur, je me dis que ce one-shot fait office de bon test : dans un univers fantasmagorique post apocalyptique, un duo défie l’Empire et part au combat contre ses géants. Lui est un grand gaillard comme on en retrouve dans beaucoup de shônens, en plus vieux et plus expérimenté : Délos, c’est son nom, parle et communique ses valeurs par ses poings et son caractère, comme sa force, inspirent le respect à ses adversaires. Elle, Promé, est une sorte de princesse hautaine qui voyage sur les épaules de Délos, mais dont les pouvoirs de régénération et de transformation en font un être à part, mythique même.

Cet étrange duo, aussi bien dans le tempérament de chacun que dans leur relation, rencontre, affronte puis accompagne dans la bataille une peuplade hybride pour mener à bien sa mission de justicier. Si vous rentrez dans le jeu et êtes, comme votre serviteur, amusé et séduit par ces personnages, vous pourrez profiter à fond du combat de titans dans le dernier tiers de ce tome, un duel à la puissance impressionnante, qui me rappellent certains duels au sommet de Gunnm, totalement dans la démesure… Et le tout est servi avec un coup de crayon vraiment bien maîtrisé, pour ne rien gâcher.

Tomes 2 & 3 : je me lève et je confirme !

Ultraman-2_KurokawaUltraman #2 de Eiichi SHIMIZU & Tomohiro SHIMOGUCHI, chez Kurokawa : une des meilleurs combinaisons graphisme & mise en scène de la sélection… et le roi de la pose super classe (même si Gigantomachia est pas mal aussi dans la genre). Ne connaissant d’Ultraman que la légende, je suis totalement séduit par cette adaptation de ce super héros du panthéon nippon. Il bénéficie d’un look tout beau tout neuf qui n’a rien à envier à son prédécesseur, dans un style plus mécanisé à la Iron Man, ce qui le met totalement dans l’air du temps. Mais, Japon oblige, il conserve son tempérament de justicier humble et altruiste.

Ces deux premiers tomes montrent également que ce seinen n’est pas que beau : ils développent un scénario bien pensé et utilisent le background de la saga sans pour autant s’en contenter. On y ajoute par exemple quelques complots mystérieux, un soupçon de revanche et un némésis classique mais efficace qui échangera avec notre héros les classiques punchline de sentai… Et pour finir, cerise sur le héros: des supers bonus avec pages couleurs de toute beauté et un historique de la saga en fin d’ouvrage. Une excellente mise à jour !

6000-3-komikku

6000 #3 de Nokuto KOIKE chez Komikku : le malaise que l’on ressentait dans les premiers chapitres à 6000 mètres sous la mer ne nous a pas quitté. Dans cet immense complexe sous-marin aux dysfonctionnements de plus en plus graves et meurtriers, l’inquiétude a fait place à l’angoisse car il est impossible d’ignorer le monstre qui rode et une folie meurtrière qui se propage à n’importe quel moment et à n’importe qui, dans cette station sans jour ni nuit. Se rapprochant d’une narration et d’un scénario cinématographique, ce titre en 4 tomes s’oriente vers sa conclusion doucement mais sûrement et sans fioriture, ce qui lui permet de conserver son ambiance et de faire monter crescendo l’intérêt du lecteur.

On saluera aussi le talent du dessinateur qui donne aux ombres et à l’obscurité, plus qu’omniprésente, une densité essentielle et caractéristiques des bons films d’horreur. Idem pour le basculement dans la folie des protagonistes. Lors de la sortie du tome 4 fin octobre la série constituera un excellent bloc à avaler d’une traite pour passer une soirée flippante jusqu’aux tréfonds de l’enfer, MUHAHAHAHAHAHAHA !

Darker Than Black 2Darker Than Black de Yuji IWAHARA sur une oeuvre de Bones & Tensai OKAMURA, chez Ki-oon : de l’action et une mise en scène vraiment efficace, avec un soucis du détail et des décors toujours aussi bluffants chez IWAHARA (Dimension W, Nekoten, etc.). Le mangaka a su bien reprendre à sa sauce cette série des studios Bones (dont il est le chara-designer original) et propose une oeuvre qui présente des personnages ultra-charismatiques englués dans une intrigue à plusieurs niveaux (à plusieurs rebondissement, surtout) qui se révèle tout de même assez simple à suivre. Pour une fois qu’un créateur de personnages talentueux sait aussi manier correctement les arcanes d’une bonne narration, je ne peux que vous conseiller cette lecture.

On ressort de chaque tome comme d’un bon repas, repus, avec quelques doubles pages successives qui ont de quoi ravir les palais les plus difficiles. En plus, comme dans 6000, cette histoire est en 4 tomes et l’intrigue principale se permet d’avancer sans temps mort. Enfin on s’amusera, visuellement, de l’utilisation originale des teintes de gris chez l’auteur : tout est quasiment en noir et blanc, et le gris vient alors signifier les flashbacks ou, plus subtilement, « colorer » un élément ou partie d’un objet clé. Deux tomes et déjà un must have chez les amateurs du monsieur.

« C’est toujours un succès !« 

FateZero-8-OtotoFate / Zero #8 de SHINJIRÔ & Gen UROBUCHI / Type-moon, chez Ototo : c’est la 3e fois que j’évoque dans ces colonnes ce seinen adapté d’un light novel et connu pour sa saga japanime. Dses précédents volumes il a su mélanger à la perfection l’action pure et dure avec la psychologie et la stratégie (comme expliqué ici ou ). Pourtant, dans ce volume 8, les mangakas nous font une jolie surprise : ce sera de l’action tous azimut, dans une véritable explosion de duels qui vont plonger, peu ou prou, tous les protagonistes de la saga dans des batailles croisées et souvent simultanées.

On laisse donc le cerveau de coté pour une lecture purement jouissive qui nous dévoile quelques unes des plus belles bottes secrètes des différents héros : un vrai feu d’artifice pour ce mois de juillet (amusant, non ?). Autre bonne nouvelle avec tous ces coups d’épées, ces sorts lancés et ces balles tirées : l’échiquier évolue et certaines cartes sont redistribuées car des protagonistes tirent leur révérence de manière définitive et quelques faibles survivent, pour mieux se venger plus tard, sans aucun doute. Voilà une partie qui n’en finit plus de nous captiver et de nous surprendre !

Prisonnier riku 10Prisonnier Riku #10 de Shinobu SEGUCHI, chez Akata : J’ai déjà déclaré ma flamme à ce shônen il y a quelques mois, pour son originalité sociale et les grandes gueules attachantes qui s’y dévoilent, petit à petit. En dix volumes, la galerie de protagonistes s’est agrandie et diversifiée sans devenir redondante, mais c’est surtout le scénario qui a fait un grand pas avec la mise en place d’un scénario d’évasion, véritable fil rouge des derniers volumes. Une histoire de fond qui nous tient en haleine et qui atteint un summum d’intensité dans ce 10e opus, où Riku et Rénoma rencontrent des matons de plus en plus machiavéliques, qui commencent malheureusement à avoir de sacré doutes sur leurs agissements.

Après avoir forgé des amitiés solides et en avoir fait, d’ailleurs, la valeur socle de son histoire, le mangaka décide de soumettre ces liens à la plus grande épreuve qu’elle n’ai jamais connu, nous mettant les nerfs à très rude épreuve : on avale la seconde moitié de ce tome à toute vitesse en sentant monter une impuissance frustrante face à l’injustice qui se prépare. Nous voilà désormais complètement accro de Prisonnier Riku !

bienvenue-club-7Bienvenue au Club #7 de Nikki ASADA, chez Akata : second shôjo de cette sélection, qui n’a pas de quoi renverser les tables mais qui continue de ventiler sa fraîcheur et son humour à travers sa demi-douzaine de protagonistes hauts en couleur. Même si la série possède bien un couple phare, Momosato & Okinoshima, et que leur histoire a de quoi fait battre le cœur du lecteur, c’est avant tout l’histoire d’une bande d’amis un peu étranges, qui sortent du lot.

Pendant que des personnages secondaires très typés apparaissent et ré-apparaissent régulièrement le temps d’un bonne blague ou vanne (un comique de répétition très efficace ici), le fameux Club dévoile des personnalités riches et que l’on prend plaisir à découvrir, couche après couche. Tous très maladroits socialement ils n’en sont que plus touchants, surtout avec un graphisme simplissime qui joue surtout la carte des émotions en tous genre, qu’elles explosent sur le visage des uns ou demeurent intériorisées et mystérieuses chez les autres. La mangaka, que JDJ avait rencontré à JE l’année dernière, mise donc tous sur des chers protagonistes qu’elle décrit avec beaucoup de simplicité et d’empathie… car ils lui ressemblent sans doute beaucoup !

billy-bat-manga-volume-15-francaiseBilly Bat #15 de Naoki URASAWA & Takashi NAGASAKI, chez Pika : je crois que ça y est, Billy Bat est devenu pour moi le meilleur manga du duo URASAWA – NAGASAKI. Je vous avais expliqué, à l’orée du tome 10, le talent de ces deux mangakas, qui avaient réussi à honorer les débuts hyper ambitieux de cette histoire, qui s’écoule à travers des millénaires. Une histoire de plusieurs époques qu’ils ont réécrit, avec des coulisses faite de luttes obscures pour le pouvoir et qui imbriquent à merveille des faits historiques réels avec des épopées fantastiques des dessinateurs de la chauve-souris. Mais je pensais qu’après avoir réinventé plusieurs passages clés du 20e siècle l’histoire s’emballerait dans un combat plus ou moins final entre les deux chauve-souris, la noire et la blanche.

C’était sans compter sur le nouveau pari ambitieux des deux auteurs qui m’a scotché en fin de volume, ils s’attaquent désormais à notre histoire récente et au 21e siècle. Je ne vous en dis pas plus pour éviter le spoil mais Billy Bat devient une vrai saga sur de multiples générations, toujours plus complexe mais toujours aussi lisible et compréhensible, ne retombant pas ainsi dans les travers de 20th. Plus qu’une bonne série elle devient pour toute personne un peu friande d’histoire et de thriller un vrai modèle du genre, un classique qui vous tient en haleine et qui joue magnifiquement avec votre matière grise… En résumé ? Peut-être bien le manga le plus intelligent actuellement en cours de publication. Peut-être bien.

Et voilà pour ces 13 chroniques. Je pourrais en faire 20, car je lisais hier soir le sympathique Dream Team et Barakamon #10 me fait de l’œil (si si je le vois bien posé là, sur ma table de chevet qui me regarde !) mais ce sera pour la prochaine fournée. D’ici là il y a trois interviews au chaud (dont 2 interviews éditeurs), un papier de chroniques spéciales consacrées à des fins de manga qui m’attendent dans les étagères, quelques vacances à prendre (Au Pays de Galles pour moi, et vous ?) et des lectures à faire et à partager avec vous sur les réseaux sociaux … Et on n’oublie pas le concours photo de l’été bien sûr, je reçois des photos tous les jours c’est bien cool !!!

Une petite photo de la PAL pour se motiver avant de partir : cheeeeesu !

Chroniques manga été 2015-004

 

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[Interview éditeur] W. Labaere : le nouveau Sakka est en place

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Nouvelle interview éditeur sur Paoru.fr, ça commençait à me manquer ! Plus qu’ intéressant et validant à la vitesse de l’éclair, j’ai le plaisir d’accueillir une nouvelle tête dans cette rubrique consacrée aux éditeurs manga : Wladimir Labaere, le directeur éditorial de Sakka, le label manga de Casterman. Irassahaimase !

Wladimir Labaere - Sakka. Photos : P. OZOUF ©Paoru.fr - Tous droits réservés

Wladimir Labaere – Sakka. Photos : P. OZOUF ©Paoru.fr – Tous droits réservés

Si, il y a quelques années, je ne me tournais pas vraiment régulièrement vers cet éditeur, je le regardais avec un œil nouveau depuis Thermae Romae et désormais avec beaucoup d’intérêt depuis les récentes pépites que sont Area 51 ou Sangsues. Même si faire de moi une groupie de Taniguchi reste à ce jour une mission très improbable, les nouveaux choix de l’éditeur m’ont montré qu’il savait faire (et bien faire) autre chose. Il n’en fallait pas plus pour que j’aille visiter les sympathiques locaux de Casterman, la veille de Japan Expo le 01 juillet dernier, et rencontrer Wladimir pour parler de cette nouvelle ligne éditoriale, de son fonctionnement en tant que directeur éditorial, des rencontres passionnantes autour d’œuvres entre France et Japon, des premiers bilans et des défis qui l’attendent… C’est aussi complet que passionnant vous allez voir, avec en bonus le questionnaire manga pour connaître le lecteur derrière l’éditeur…

Bref, à votre tour de découvrir le résultat !

Moderne, romanesque, ambitieux et accessible

Bonjour Wladimir. Commençons par l’actualité et Japan Expo. Je me souviens du stand Casterman aux couleurs de Thermae Romae… Est-ce que vous prévoyez un jour de refaire quelque chose de cette ampleur ?

Avec Japan Expo, nous sommes en pause : Casterman y avait un stand jusqu’en 2013, mais pas en 2014 ni en 2015. Pour 2016, nous n’avons pas encore décidé.

Tout cela procède d’une réflexion amorcée à l’arrivée, en mars 2013, de la nouvelle direction de Casterman (consécutive au rachat de Flammarion par Gallimard), avec Charlotte Gallimard en tant que directrice générale et Benoît Mouchart en tant que directeur éditorial de Casterman BD (après dix ans passés au FIBD d’Angoulême en tant que directeur artistique). Une nouvelle ligne éditoriale a été élaborée, donc, au terme d’une phase de réflexion menée par nous trois.

Astral_Project_tome_1D’ailleurs, pour expliquer un peu à ceux qui ne te connaissent pas, quel est ton parcours chez Casterman à l’époque ?

Au printemps 2013, à l’arrivée de la nouvelle direction, donc, j’étais assistant éditorial pour la partie japonaise du catalogue Casterman, c’est-à-dire les titres de la collection Sakka et les mangas paraissant dans la collection Écritures. J’étais à ce poste depuis fin 2008, alors que j’étais au départ exclusivement traducteur. J’avais commencé, à mon retour du Japon en 2006, à traduire à la fois des anime et des mangas (je garde cette activité aujourd’hui, en parallèle de mes fonctions d’éditeur). Chez Casterman, j’avais ainsi travaillé sur Astral Project (ci-contre, NDLR) puis Skip Beat (toujours en cours de parution, on vient d’envoyer le 36e volume chez l’imprimeur). Un jour, on m’a proposé le poste d’assistant éditorial, que je me suis empressé d’accepter car d’une, j’aimais ce que faisait Casterman en manga, et de deux, j’avais très envie de prendre part à l’ensemble du processus de production d’une maison d’édition.

Et donc retour à mars 2013…

Voilà. Mars 2013, ce qu’on me dit, en substance, c’est : « Désormais, c’est toi l’éditeur manga, qu’est-ce que tu proposes de faire ? »  Et là, je vends du rêve !

Plus sérieusement, j’avais plein d’idées, qui ne s’étaient pas forcément concrétisées à l’époque où j‘étais assistant car les décisions finales n’étaient pas de mon ressort. Donc là, j’expose ma vision du manga, la direction qu’il me semble pertinent de prendre dans le contexte actuel. Ce qui m’intéresse, c’est de ne pas proposer la même chose que les autres. C’est une phrase qu’on entend souvent, car chaque éditeur défend son identité, bien  entendu. Mais en deux ans, je crois que la manière dont j’entends cultiver une originalité, alliée à une exigence de qualité, s’est mise en place et s’est traduite en publications qui parlent d’elles-mêmes : Wet Moon, Area 51, Sangsues

Je vais reprendre les quatre mots que Benoît Mouchart a utilisés pour définir l’ADN de Casterman, aussi bien en bande dessinée occidentale que japonaise : moderne, romanesque, ambitieux et accessible. « Moderne » est à prendre au sens d’actuel, qui fait écho aux préoccupations des lecteurs d’aujourd’hui. « Romanesque », c’est de l’aventure, des histoires avec un souffle, qui commencent quelque part et emmène le lecteur très loin. Être « ambitieux » dans ses choix éditoriaux, c’est tenter de donner à lire des choses nouvelles ou peu lues jusqu’à présent, qui témoignent toutes de grandes qualités scénaristiques et graphiques. Être « accessible », enfin, c’est garder à l’esprit que nous proposons du divertissement aux lecteurs. Quand je vais au Japon, désormais, les éditeurs savent très bien ce que je cherche, mais aussi où je veux emmener Casterman et comment j’entends y parvenir.

Je veux à donner à lire au public français des choses qu’il a peu lues, peu vues, voire pas du tout, et qui sont en même temps du très bon divertissement. Cela peut être des œuvres d’auteurs qui se distinguent par leur patte graphique, par la manière dont leur personnalité et leur vision du monde transparaît dans leur travail, par des thèmes de prédilection qui ont été peu ou pas abordés dans ce qui arrive dans les librairies en France…

Ça, c’est pour les titres récents et à venir. Il ne s’agissait pas, pour autant, de renier les fondamentaux, à commencer par Jirô Taniguchi, que Casterman publie depuis vingt ans. Nous avons évidemment continué à travailler avec lui, nous avons notamment proposé une édition anniversaire pour les vingt ans de la première parution en France de L’homme qui marche, qui est un chef d’œuvre. Cela coïncidait en outre avec sa venue à Angoulême en janvier 2015. Nous avons également publié les Contrées Sauvages : un autre Taniguchi, celui des années 1970, du récit hard-boiled, du Western… Loin de l’auteur qu’il allait devenir avec Quartier Lointain, par exemple, mais tout aussi passionnant. Nous préparons d’autres choses avec lui pour l’année prochaine. De la même manière, Hiroaki Samura, l’auteur de L’Habitant de l’infini, fera son grand retour chez Casterman en 2016.

L'habitant de l'infini  homme-qui-marche-edition-2014-casterman

Premiers choix, premiers virages… et premiers retours

Comment la politique s’est concrétisée depuis ?

Il y a un titre qui est un trait d’union parfait entre nos fondamentaux et cette nouvelle ligne éditoriale : c’est Thermae Romae. Après l’avoir remarqué, lors de la parution des premiers chapitres dans Comic Beam en 2009, je me suis très rapidement dit qu’il fallait le publier. On informe l’éditeur japonais, Enterbrain, qu’on est intéressés, on prend rendez-vous à Japan Expo… On arrive au rendez-vous et là, je vois Christel Hoolans (directrice éditoriale de Kana, NDLR) sortir de leur espace avec un Thermae Romae sous le bras…

Ah, c’est de mauvais augure pour vous !

En même temps, on était persuadés que nous ne serions pas le seul éditeur intéressé, car à cette époque, quand tu lis Comic Beam, tu ne peux pas faire autrement que t’arrêter sur Thermae Romae. Bref, nous faisons une offre à Enterbrain, de chez qui venait déjà, entre autres, L’île panorama, le premier titre de Suehiro Maruo publié par Casterman, et son manga le plus accessible à ce jour. Et la suite, c’est la sortie des deux premiers tomes de Thermae Romae chez Casterman à l’occasion du Salon du Livre 2012, où le Japon est le pays invité, avec une Mari Yamazaki qui fait une très forte impression.

Thermae Romae était donc un signe avant-coureur de la politique éditoriale que j’appelais de mes vœux et qui est mise en place aujourd’hui. Les qualités de Thermae Romae et les ventes étant ce qu’elles sont, un peu plus de 100 000 exemplaires sur les 6 tomes, il est évident qu’en 2013, à leur arrivée, Charlotte Gallimard et Benoît Mouchart sont tombés d’accord aussi bien sur la proposition éditoriale que je leur ai soumise concernant l’avenir du manga chez Casterman, que sur les perspectives commerciales.

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Depuis, il y a eu Wet Moon, puis La Cité des Esclaves, Area 51, et Sangsues qui s’inscrivent dans cette logique, et d’autres sont à venir : 2016 est déjà bouclé et il y aura de nouvelles choses à découvrir, de belles signatures. Mais le tout fondé sur les critères évoqués tout à l’heure : proposer des choses différentes mais accessibles, qualitatives, des récits avec du souffle, une patte graphique et une personnalité.

Ce qui nous ramène donc à aujourd’hui… et à la question de Japan Expo

Voilà, je raccroche donc les wagons : avec cette politique, nous avons estimé que Japan Expo n’était pas LE meilleur endroit où promouvoir ces titres auprès du public. Le salon a tendance à devenir avec les années un événement au cours duquel, en tant qu’éditeur, il est difficile de faire entendre une voix singulière, tant l’exploitation des grosses licences et la foire aux produits dérivés occupent le devant de la scène.

Notre dernière expérience à Villepinte était un stand dérivé de l’espace Casterman du Salon du Livre de Paris et du festival d’Angoulême, le truc super classieux. En fait, on attirait surtout les parents des enfants qui venaient à Japan Expo. Ils voyaient un stand dans l’esprit du Salon du Livre avec de la moquette, des boiseries, des livres de Taniguchi, ça leur parlait parce qu’ils avaient lu un article dans Télérama… Bon, je caricature énormément, mais tu vois l’idée. Entre les parents qui ne venaient sur notre stand que pour Taniguchi, et les gamins qui aillaient ailleurs pour Naruto et One Piece, on s’est dit qu’il fallait revoir notre copie pour ce qui concerne notre participation à cet événement.

Y promouvoir des titres comme Wet Moon en y invitant Atsushi Kaneko, par exemple, n’avait pas de sens. Tout aurait été noyé dans la masse. Nous l’avons donc fait venir à Angoulême, c’était beaucoup plus cohérent. De la même manière, nous avons préféré investir dans des spots de pub sur J-One, Game One et les chaînes du réseau MTV quand Area 51 est sorti. Mais quand la série sera bien installée, là, oui, faire venir Masato Hisa à Japan Expo aura du sens.

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Il n’est donc absolument pas exclu que nous y retournions, mais lorsque nos titres auront acquis la notoriété suffisante pour ne pas se faire éclipser par les blockbusters qui monopolisent l’espace et l’attention à Japan Expo. Ça s’amorce pour Area 51 et Sangsues, deux séries qui bénéficient d’un accueil dithyrambique de la presse. C’est un signal vraiment encourageant : nous sommes dans la bonne direction, notre démarche fait sens. La validation ultime, bien entendu, c’est celle du public, qui va acheter ou non nos séries. C’est parfois frustrant car c’est un métier très long : les fruits de ce que tu fais peuvent mettre deux ou trois ans à arriver, d’autant que le décollage ne se fait pas forcément sur un tome 1. Une série peut s’installer aux tomes 3, 4 ou 5… Mais pour le moment du côté des ventes, ça se passe bien.

C’est-à-dire ?

On vient de dresser un bilan des douze derniers mois, de juin 2014 à juin 2015. Au 21 juin 2015, Casterman est le 10e éditeur de manga en France, avec une progression du chiffre d’affaires de 41 %, là où le marché augmente de 10 %. Nous nous sommes dit que c’était plutôt une très bonne nouvelle ! (Rires)

Du coup, nous avons voulu affiner et nous sommes allés voir les chiffres GfK pour le segment seinen : on sait que ce n’est pas encore le plus porteur mais c’est lui qui connait la plus forte progression. Sur la période juin 2014 – juin 2015, le marché a progressé de 33 % et Casterman, de 60 %. Donc voilà, les résultats sont là aussi. C’est vraiment encourageant, on se dit qu’on est dans la bonne direction.

Wladimir LabaereLe chantier, maintenant, c’est d’asseoir l’image de Casterman dans l’esprit des lecteurs de mangas. C’est quelque chose qui est déjà en place chez les lecteurs mixtes BD-manga. La cause est pratiquement acquise. Mais il y a encore du travail auprès des lecteurs de manga pure players, ceux qui ne lisent que du manga. Il faut qu’on se défasse de cette image… Enfin de cette absence d’image dans le manga, surtout (rires), dont pâtit peut-être encore Casterman chez certains. « Casterman c’est qui, c’est Tintin, non ? » ou « Ah non, Casterman c’est intello, c’est Taniguchi, c’est prise de tête, c’est pas pour moi. »  Ma réponse, dans ce cas-là, c’est : « Eh bien venez, je vais vous montrer Area 51, Sangsues, La Cité des esclaves, vous allez en redemander ! Ce qui tombe bien, puisque j’ai également plein de titres qui arrivent en 2016 et qui vont vous faire très plaisir ! »

On aura donc l’honneur et la joie immense de publier Deathco, le nouvelle série d’Atsushi Kaneko, qui est une vraie bombe super stylée, drôle et ultra-violente… Je suis également tout excité de publier une série d’heroic-fantasy à la fin du premier semestre. Du médiéval-fantastique, donc, avec des grosses bastons, des monstres et tout le tintouin, mais qui éclate aussi joyeusement les frontières canoniques du genre. Il est un peu tôt pour parler de tout, mais 2016 va être un cru génial : riche, varié, très qualitatif. J’ai lu des dizaines et des dizaines de titres avant de trouver ceux qui étaient parfaits à nos yeux, mais là, je suis comme un petit fou. Le tout en gardant un nombre raisonnable de sorties pour nous, soit une trentaine de volumes sur l’année, ce qui nous permet d’accorder le maximum de soin à chaque titre.

Ensuite, comme je le disais, nous avons aussi une riche histoire en matière de mangas, et il n’est pas question de la renier, bien au contraire. Certaines idées de Casterman ont par exemple fait des petits, notamment depuis la création de Sakka en 2004 : Casterman a été le premier en à publier en français des titres de Fumi Yoshinaga (All my darling daughters), de Kazuichi Hanawa (Tensui), de Daisuke Igarashi (Sorcières) ou encore de Satoshi Kon (Le Retour vers la mer)… Autant d’auteurs qui ont ensuite vu d’autres de leurs titres arriver en français chez d’autres éditeurs…  Et c’est une très bonne chose. Selon moi, plus il y a de titres intéressants qui arrivent en France, mieux c’est pour le marché en général.

Ça me fait penser que récemment, j’ai lu quelque part, je cite parce que c’est assez énorme, que Casterman aurait « piqué » Masato Hisa à Glénat parce que nous nous avons publié les deux premiers tomes d’Area 51 deux mois après la sortie du premier volume de Jabberwocky… Ça ne mérite pas vraiment qu’on en parle, mais on pourra simplement rappeler que 1. : les auteurs japonais n’appartiennent pas à un éditeur français, ni même à un éditeur japonais (au Japon, les auteurs sont presque tous publiés par plusieurs éditeurs), et 2. : entre le moment où un éditeur français fait une offre et le moment où le livre sort, il peut se passer entre six mois et deux ans. Il est donc souvent difficile de savoir, dans ce genre de situation, quel éditeur a acquis les droits d’une série d’un auteur avant  un autre… Enfin, on n’est pas là pour faire un concours de celui qui a trouvé l‘auteur de génie avant tous les autres…

De Hisa à Sangsues : la rencontre décisive avec Shinchôsha…

Ce que tu dis c’est plutôt pour montrer que ce n’est pas de l’opportunisme ?

Voilà. Pour la petite histoire, Area 51, nous l’avons découvert, Benoît Mouchart et moi,  à l’automne 2013, à Tokyo (soit 18 mois avant la parution du tome 1 dans la collection Sakka), pendant un rendez-vous avec les éditions Shinchôsha. L’objectif principal de ce premier voyage au Japon après le changement de direction était de présenter le nouveau Casterman aux éditeurs de mangas. Nous faisons donc la tournée des éditeurs.

ShinchoshaPuis, sur le conseil de l’agence Tuttle-Mori, qui est pour résumer un intermédiaire entre éditeurs français et japonais à qui nous avions détaillé notre démarche et nos ambitions, nous allons voir pour la première fois Shinchôsha (à Shinjuku, Tokyo cf photo ci-contre, NDLR) C’est un éditeur dont le catalogue est encore peu publié en France. Peut-être parce que c’est une maison qui ne sort pas du Japon : elle n’est pas présente à Japan Expo ou au Salon du Livre de Paris. Au Japon, c’est un mastodonte de la littérature… C’est un peu le Gallimard japonais. En manga, en revanche, c’est une petite poignée de magazines, ça se compte sur les doigts d’une main. Or, dès la parution en 2011 du premier numéro de son magazine amiral qu’est le Comic@Bunch, Shinchôsha a affiché sa volonté de publier des titres différents tout en restant accessibles. C’est un peu, voire carrément, notre stratégie, donc forcément, nous avons demandé au directeur éditorial de ce magazine, monsieur Iwasaka, ce qu’il avait à nous proposer.

Il nous a d’abord montré ses titres parus en France comme Btooom! (chez Glénat) et Brave Story (chez Kurokawa), avant de passer au reste, et nous nous sommes très vite rendu compte que ce sont leurs titres les plus commerciaux qui sont arrivés en France. Plus tard, il a ajouté : « Avec Thermae Romae, le monde du manga au Japon a compris qu’il y avait des artistes pour proposer des choses différentes et commerciales à la fois, et surtout un public pour les lire et les apprécier ». Il ne savait pas encore que c’était Casterman qui avait publié Thermae Romae en France. Bref, on ne pouvait que devenir copains et travailler ensemble… Il fallait au moins qu’on essaie ! (Rires)

Il nous montre donc plein de séries qui ont l’air de sortir de l’ordinaire, tout en restant du manga avec ses codes, qui méritent donc d’être lues très attentivement. Donc j’embarque, j’embarque, j’embarque… Comme j’ai la chance de parler et de lire le japonais, je sais comment je vais occuper mes soirées à l’hôtel. Et puis arrive la fin du rendez-vous, et il nous lâche un : « Moui… J’ai peut-être encore un truc mais je ne suis pas sûr. Mais bon, quand même, vous avez fait onze mille bornes pour me voir donc je vous le montre… »

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Et il nous sort Area 51. On prend chacun un tome et on est tout de suite soufflés. L’élégance du graphisme, le dynamisme de la narration, la fluidité des planches, l’humour… Tout ça nous explose au visage. On se regarde, impressionnés, et on comprend : « Ah ouais, toi aussi, ça te fait ça ? », « C’est pour nous, cette série. » M. Iwasaka me dit qu’il y a 7 tomes à ce jour, je lui réponds aussitôt : « Tu me les files, je les lis ce soir et je t’en reparle demain matin. »

Je rentre à l’hôtel et je lis les 7 tomes dans la nuit.

Au petit déjeuner, j’achève de convaincre Benoît – ce n’est vraiment pas difficile –, que c’est exactement ce qu’on veut. Puis on revoit l’éditeur et on lui dit qu’on aimerait vraiment publier cette série, que c’est un bijou.

C’est comme ça que nous avons commencé à travailler avec Shinchôsha. Et depuis, il y a eu Sangsues.

Un coup de cœur aussi ?

Sangsues tome 1L’histoire est différente, Sangsues, c’est un processus de plus longue haleine. Il a été porté pour la première fois à ma connaissance alors que j’étais assistant, par Sahé Cibot – qui était apporteuse d’affaires pour Casterman (elle avait également travaillé à l’édito Casterman dès la création de Sakka en 2004, avant de partir s’investir dans d’autres projets). De chacun de ses voyages au Japon, elle nous rapportait des mangas et un jour, dans le lot, il y a donc eu Sangsues. Il m’a immédiatement intrigué. Son sujet, d’abord, est fascinant : des gens qui vivent chez d’autres personnes pendant leur absence, et qui vont d’appartement en appartement, invisibles aux yeux de la société. Le thème des « évaporés », donc. Cette histoire dit beaucoup de choses sur les sociétés industrialisées contemporaines, leur course forcenée à l’individualisation qui, paradoxalement, débouche sur un anonymat violent. Sangsues parle de la perte de repères causée par l’urbanisation tentaculaire, de la cruauté d’un système qui laisse sur le carreau ceux qui ne rentrent pas dans le moule… Ça, c’est le terreau du récit. Ensuite, il y a une héroïne et toute une galerie de personnages vraiment bien campés, une narration haletante en forme de thriller, un graphisme puissant et élégant à la fois, et enfin, une maîtrise du langage de la bande dessinée réellement exceptionnelle chez un auteur aussi jeune.

Par la suite, je me suis procuré chaque tome dès sa sortie, et ma conviction que c’était un excellent titre n’a cessé de grandir. C’est à l’automne 2013, l’année où j’ai pris les commandes du manga chez Casterman, que le cinquième et dernier tome est sorti. La fin a achevé de me convaincre, j’ai donc fait une offre.

Ce qu’il faut savoir, c’est que Daisuke Imai, l’auteur de Sangsues, est arrivé chez Shinchôsha à la demande du rédacteur en chef de Comic@Bunch, M. Iwasaka, qui lui avait donné comme cahier des charges de faire quelque chose de différent, tout simplement, en accord avec leur manifeste. Il a trouvé son idée en tombant sur un fait divers qui traitait d’un cambriolage où les voleurs avaient pris leur temps dans la maison, s’étaient installés, avaient fumé des clopes, maté la télé, etc.

À travers ces deux découvertes que sont Area 51 et Sangsues, j’ai aujourd’hui de très bonnes relations avec Shinchôsha. Comme avec tous les autres éditeurs auxquels j’ai longuement expliqué notre démarche, en fait. Que ce soit Enterbrain ou Kôdansha, ils sont toujours contents que je leur dise en détail pourquoi j’ai aimé tel ou tel titre chez eux, mais aussi pourquoi je ne vais pas faire d’offre sur tel titre qu’ils m’ont pourtant recommandé. Il y a chez eux un intérêt très vif pour ce qu’on met en place chez Casterman depuis deux ans (les titres qu’on a déjà publiés, bien sûr, mais aussi ceux dont on a acquis les droits et qui sont programmés pour 2016 et 2017), ainsi qu’une curiosité qui s’est progressivement transformée en confiance. Cultiver ces relations de cette façon ne peut donc qu’être payant sur le long terme.

Magazines, auteurs et internet : le travail de W. Labaere

Puisque l’on parle de ça, quels sont tes magazines de prépublication préférés ?

Je suis très content à chaque fois que je reçois Harta de chez Enterbrain : c’est dans son ancienne forme, qui s’appelait Fellows, qu’a été prépublié Bride Stories,  par exemple. C’est un peu un laboratoire, où des talents assez originaux peuvent s’exprimer. J’aime beaucoup Comic Beam, toujours chez Enterbrain. Et bien évidemment, je ne peux pas passer à côté d’Afternoon ou Nemesis chez Kôdansha, du Big Comics Spirits chez Shôgakukan. Il y a aussi des choses qui me plaisent dans l’Ultra Jump de Shûeisha… La liste est longue. J’ai beaucoup trop de magazines à lire, en fait. (Rires)

Comic beam Harta

Ensuite, comment fonctionne ton processus de choix des licences ?

Les livres nous arrivent par de nombreux canaux. Comme je te le disais, nous sommes abonnés à toute une batterie de magazines de Kôdansha, Shôgakukan, Enterbrain, Shinchôsha, etc. Cela représente vraiment beaucoup de titres, tu ne peux pas tout lire à fond, évidemment. Je les épluche beaucoup dans les transports en commun. Tu feuillettes et, quand ton œil voit quelque chose qui sort du lot et qui se distingue d’une façon ou d’une autre, ta main s’arrête et tu reviens au début du chapitre puis tu le lis. Tu mets un post-it, tu cherches les numéros précédents si ce n’est pas le premier chapitre et tu lis les numéros suivants. Tu regardes s’il y a déjà des tomes reliés de la série en question et si oui, tu les fais venir du Japon, soit au format papier, soit en numérique. C’est comme ça que je fonctionne en tout cas.

La lecture des magazines prépublication, ça vient se ranger dans la catégorie « travail de veille » que je mène aussi beaucoup sur internet, via les comptes Twitter des auteurs et des chacun des magazines, par exemple. Le fil Twitter dAfternoon chez Kodansha est super, le fil Twitter de Comic Next de Shôgakukan est chouette aussi pour ça, idem pour Shinchôsha ou Enterbrain, auquel s’ajoute le site Comic Natalie bien évidemment, les blogs des auteurs, etc.

Afternoon Kodansha Afternoon Kodansha Twitter

Ensuite il y a des agents qui nous envoient des informations en continu, tout au long de l’année. Je parlais de Tuttle-Mori, qui est un pivot incontournable pour quasiment tous les éditeurs français, je pense. Mon premier déplacement au Japon après le changement de direction, c’était principalement pour les voir eux et leur expliquer notre nouvelle ligne éditoriale. Ils nous envoient des livres, des magazines, ou simplement nous communiquent des infos sur des auteurs auxquels ils savent que je m’intéresse. Soit spontanément, soit à la demande d’éditeurs japonais qui les mandatent pour promouvoir leur catalogue à l’étranger.

Il y a également quelques rendez-vous qui ponctuent l’année : le Salon du Livre, Japan Expo, la Foire du Livre de Francfort… C’est l’occasion de voir les gens, ce qui change des mails et du téléphone. J’essaie également d’aller deux fois par an au Japon. C’est tout à fait différent de voir les éditeurs « à domicile ». Ne serait-ce que parce qu’ils ont tous leur bouquins sous la main. Quand ils viennent en France, ils n’en apportent qu’une infime sélection. Quand je suis au Japon, je passe également énormément de temps en librairie. Il y a en quelques-unes où j’ai mes habitudes et où je peux donc discuter avec les libraires du rayon manga sur ce qu’ils estiment être les dernières tendances, les faits notables… Bref, ils me mettent à la page pour ce qui concerne leur activité. Pour finir, j’échange aussi beaucoup avec certains traducteurs, notamment ceux qui vivent au Japon, sur nos dernières lectures respectives. Bref, le choix des licences, c’est avant tout des tonnes de lecture et de discussions.

Le fait que les auteurs soient présents et « accessibles » directement sur internet via Twitter par exemple, ça change les choses pour toi ?

Oui, ça peut, pour des projets en direct. En revanche, c’est sûr que si c’est pour une acquisition de droits d’une série déjà publiée au Japon, il faut généralement s’orienter vers l’éditeur.

Area51_T03_éphémérideC’est également très intéressant en tant que traducteur. Sur Area 51, qui est truffé de références (de Lovecraft à l’ensemble de la culture cinéma midnight movies en passant par le folklore de toutes les cultures du monde), à un moment, j’ai buté sur quelque chose. Je savais que ça faisait référence à une autre œuvre, mais impossible de trouver laquelle. J’ai contacté Masato Hisa, sur Twitter et il m’a répondu dans l’heure, tout content de savoir que l’éditeur français d’Area 51 était vraiment pointilleux. Il s’est même presque excusé de disséminer des clins d’œil parfois obscurs dans sa série… Bon, j’essaie de ne pas le saouler non plus : il a trois séries en cours chez trois éditeurs différents, donc c’est en dernier ressort. Mais c’est génial, pour ça.

C’était quoi la fameuse référence dans Area 51 ?

Il s’agissait d’une petite phrase inscrite sur une éphéméride posée sur le bureau de McCoy (planche ci-contre, NDLR), dans son agence. En tout petit, dans le coin d’une case. Un détail, mais si l’auteur l’a mis là, c’est que ça a son importance. Renseignement pris auprès du principal intéressé, il s’est avéré que c’est une incantation que tu entends à un moment dans le film Evil Dead 2 si tu tends bien l’oreille… Voilà pour la partie auteur – traducteur.

La présence des auteurs sur internet permet également les projets en direct. Et là aussi, c’est génial. Je travaille en ce moment directement avec des auteurs, c’est long mais très excitant. Charge à chacun de ne pas se brouiller avec le ou les éditeurs japonais avec lesquels l’auteur en question travaille déjà, mais il y a de la place. Les auteurs japonais sont tout aussi freelance que les auteurs français. Ils travaillent pour plusieurs éditeurs, soit successivement dans leur carrière soit en même temps…

Cycle, inspirations et histoires en devenir…

Le tout est donc de travailler en bonne intelligence…

Voilà. Ces collaborations me font penser à une autre histoire, qui nous a fait très plaisir et qui est révélatrice de ce que l’on cherche à mettre en place… On a publié, chez Casterman, le dernier ouvrage de Nicolas de Crécy, La République du catch, qui a été prépublié au Japon dans l’Ultra Jump de Shûeisha, excusez du peu.

Crecy Ultra jump-june

C’est Shûeisha qui a démarché Nicolas de Crécy et ce dernier a gardé ses droits pour l’édition française. Comme Casterman avait déjà publié plusieurs de ses œuvres et que c’est un auteur incroyablement talentueux, nous nous sommes positionnés pour l’édition française et le tout s’est fait en bonne entente avec la Shûeisha : le livre est sorti au même moment en France et au Japon, nous nous sommes mis d’accord sur les jaquettes…  On a planifié tout ça en automne dernier, quand on est allés voir les gens de l’Ultra Jump à Tokyo. On a pu les rencontrer dans leurs locaux – là où sont nés Dragon Ball et One Piece, c’était assez impressionnant, forcément. Au terme du rendez-vous, le rédacteur en chef nous a dit : « La République du catch, c’est une première expérience, mais j’ai d’ores et déjà envie qu’elle fasse des petits, donc si vous avez d’autres auteurs à me conseiller, n’hésitez pas. Il y a des choses à faire…»

La logique qui a présidé au choix d’un auteur français c’est, de l’aveu de Shûeisha comme de celui d’autres d’éditeurs et acteurs du marché, qu’il y a aujourd’hui une forme d’essoufflement de la créativité au Japon. On manque de sang frais, de sang neuf, et lorsqu’un éditeur japonais fait venir Nicolas de Crécy, c’est autant pour les lecteurs que pour les auteurs.

On pourrait aussi citer l’influence des séries et du cinéma US aussi…

Oui, il y a également une grosse fixation sur Lovecraft depuis deux ou trois ans au Japon. Pour Area 51, on peut dire merci à Frank Miller, aux midnight movies, à Hollywood et à toutes les légendes issues des folklores du monde entier, d’avoir inspiré à Masato Hisa ce phénomène qu’est Area 51. Je ne dis pas que la solution à cette supposée panne de créativité se trouve forcément en occident. Ce serait plutôt dans la multiplication des échanges entre auteurs et éditeurs de tous les horizons. Il y a plein de choses à essayer !

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Ce n’est pas pour rien que, et j’en reviens à Shinchôsha, cet éditeur a asséné comme un manifeste son envie de faire du manga différent : il fallait que le serpent arrête de se mordre la queue, il fallait trouver un moyen de répondre à de nouvelles attentes du public. Toujours sur le chapitre de problème de « consanguinité » dans l’industrie du manga, il y en a un qui n’est pas tendre, c’est Katsuhiro Ôtomo. On l’a rencontré à Tokyo l’automne dernier, et à un moment, il nous a dit : « Aujourd’hui, beaucoup d’auteurs et d’éditeurs de mangas sont des ânes. Ils ne lisent que des mangas, pas de littérature, ne regardent pas de films, et en plus ils se copient les uns les autres… Comment voulez-vous qu’ils fassent de bonnes choses ? » C’est un peu extrême, comme position, mais ça rejoint l’idée, partagée par pas mal de monde dans la profession, qu’on est dans un « creux de la vague créative ».

Après, le top Oricon du premier semestre 2015 semble marquer l’amorce d’un nouveau cycle ou en tout cas une certaine reprise de dynamique dans les ventes du top 10, qui était un peu moribond à la fin des années 2 000 et début des années 2010…

C’est à souhaiter et c’est aussi ce basculement d’un cycle vers un autre qui pousse à ce genre de nouvelles expérimentations. L’avenir nous dira si on est bel et bien au début d’un renouvellement en profondeur.

Après les ventes satisfaisantes évoquées précédemment, y a-t-il également des déceptions sur la période juin 2014 – juin 2015 ?

(Réfléchit…)

Bon, de toute façon, aucun titre ne se vend jamais assez ! (Rires) Quand tu commences à bosser dessus deux ans avant la sortie, quand la maison porte ce titre à bout de bras, tu veux le meilleur pour lui et plus encore !

De manière plus réaliste, pour Wet Moon, nous sommes très satisfaits d’être, sur les 3 tomes, à 12 000 exemplaires vendus, pour une œuvre aussi complexe et avec un graphisme aussi unique. Même si Kaneko s’est fait une petite niche de lecteurs avec Soil et Bambi ces dernières années, ce n’est pas ça qui fait vivre une série. Là, je crois qu’on a bien accompagné sa progression à lui, car c’est un auteur qui progresse énormément, graphiquement et scénaristiquement, au fil des tomes et des séries… Pour Deathco, je me demandais si ce serait possible, vu le niveau atteint avec Wet Moon, mais c’est frappant : Deathco, c’est encore plus beau que tout ce qu’il a fait jusqu’à aujourd’hui.

Sangsues_OUEST_FRANCESangsues, sorti il y a deux mois, décolle doucement. La mise en place est là, les ventes moins. Nous avons fait le choix, en matière de marketing, de plus investir sur Area 51, donc peut-être que Sangsues en pâtit… Mais on a d’ores et déjà prévu de le remettre en lumière au tome 3, qui sera le milieu de la série. Après, l’accueil de la presse est assez phénoménal, j’en n’attendais d’ailleurs pas autant. Je me doutais que la presse spécialisée manga en parlerait, car avec son sujet et son graphisme, ce titre en passe pas inaperçu. La couverture dans la presse généraliste, en revanche, m’a très positivement étonné. On quadrille le territoire : il y a eu des papiers dans la Voix du Nord, Le Midi Libre, Ouest France

Ouest-France tiens donc, ce n’est pas souvent ça !

Oui, bon… Le tome 1 n’a pas fait la une, hein ! Mais tu as un visuel, un texte qui prend le temps de présenter l’histoire et de rebondir sur le thème…  De manière générale, c’est extrêmement positif que via la presse généraliste, le manga puisse toucher un lectorat très large et susciter sa curiosité. Ce qui est sûr, c’est que j’ai la chance de travailler avec une attachée de presse redoutablement efficace ! Et la presse généraliste est très sensible à ce qu’on publie, car les journalistes voient qu’il y a quelque chose de neuf, de frais. Bref, là, on attend l’article dans L’Est Républicain pour pouvoir dire : « les Sangsues sont partout en France, fermez bien votre porte et vos fenêtres ce soir. ». Pour résumer, je suis un peu frustré, tout en étant confiant.

Et on lui souhaite le décollage notable qu’il mérite !

Merci !

Questionnaire Manga : pour en savoir plus sur Wladimir Labaere…

L_Autoroute_Akira_tome_1Ton premier souvenir de manga ?

Ça c’est facile, c’est le premier tome d’Akira, dans la version colorisée de chez Glénat. Je viens d’une famille où on lit de la BD franco-belge : on lit Tintin, Astérix, Gaston, Alix…  Ayant été gamin dans les années 1980, le Club Dorothée m’a abreuvé d’animation japonaise et m’a préparé au manga, bien sûr. Mais Akira, c’est mon frère aîné qui dit à mes parents : « Offrez-le lui pour son anniversaire, ça va lui plaire. » C’est un cadeau qu’il se faisait indirectement, mais je ne le remercierai jamais assez : j’avais 12 ou 13 ans quand j’ai lu ça et c’est un nouveau monde qui s’est ouvert à moi, une claque dont je ne me suis jamais remis.

La plus grande émotion suscitée par un manga ? Akira aussi ?

Pour Akira, je parlerais plus d’un choc. Non, la plus grande émotion, c’est quelque chose qui remonte plus loin… Quand tu es gamin, de toute façon, les choses prennent vite des proportions énormes, ce qui peut paraître un peu ridicule à posteriori… Bref, comme ça, au débotté, je crois que j’ai été très marqué par un épisode des Chevaliers du Zodiaque (comme on appelait ça à l’époque). C’est l’épisode de l’arc du sanctuaire où le chevalier du cygne meurt, enfin où l’on croit qu’il meurt, vaincu par son ancien maître, et qu’il se retrouve enfermé dans un bloc de glace. C’est les vacances d’été, je suis chez mes grands parents et je vois ça en avalant mes céréales au petit déjeuner : « Putaiiin, les personnages ils peuvent mourir quoi ! »

Bon, en fait, deux épisodes plus tard, c’est bon, il est pas mort (rires) : ses potes le libèrent et y a Shun qui le ramène à la vie mais, sur le coup, quand t’es tout petiot, c’est impressionnant…

Le manga que tu donnerais à lire à ton pire ennemi ?

Je pourrais lui filer une série à rallonge pour qu’il claque une somme monstrueuse… Je pourrais lui filer One Piece, dont je suis un grand fan mais ce n’est pas vraiment assez méchant. Je pourrais lui filer Version de Sakaguchi, chez Glénat, car il n’y a qu’un seul tome de paru et que l’auteur est mort peu après… Ça c’est dégueulasse.

Wladimir LabaereLe manga à lire pour mieux comprendre Wladimir ?

Pas parce que c’est chez Casterman, mais spontanément et parce qu’on est dedans, je t’aurais dit Area 51 pour l’identité unique de l’auteur et pour ce jeu avec les référence issues de toutes les cultures possibles et imaginables, un creuset très jouissif dans lequel je me retrouve complètement.

Le blockbuster sur lequel tu n’as jamais accroché ?

Naruto. J’ai accroché au dessin animé mais pas au manga (Pas taper !). C’est particulier car j’ai traduit quelque chose comme 200 épisodes de la série animée. Et j’ai adoré. Alors ok, j’ai transpiré pendant les tunnels de fillers, mais je tenais le coup parce que je savais qu’après, on allait raccrocher les wagons avec l’histoire principale. J’ai trouvé que Naruto était un Dragon Ball des années 2 000 version +++ : + de personnages, + de background, + de politique, + de questionnements. J’ai arrêté de regarder aux alentours de l’épisode 500 mais je suis resté dessus un certain temps. Et pourtant, je n’ai jamais accroché à la version papier, car je devais être trop accro à la version animée.

Un flop injuste en manga ?

Je te dirais bien Wolfsmund, même si je peux imaginer pourquoi, comme on dit poliment, ce titre « n’a pas trouvé son public ». Il n’empêche que je regrette vraiment que ça n’ait pas mieux marché. Quand Ahmed me l’a appris, j’étais plutôt dégoûté.

Un titre d’un autre éditeur que tu aurais voulu dans ton catalogue…

Il y a peut-être Wolfsmund, mais il était passé sous mon radar, Bride Stories mais je n’étais pas aux commandes à l’époque. Minuscule, peut-être, car c’est super frais, un vrai bon moment de lecture. Mais je le lisais dans le magazine de prépublication, donc au rythme d’un chapitre de temps en temps, et je ne sais pas si la magie opère de la même manière quand tu avales un volume entier.

Non, s’il y en a un que je voulais vraiment publier, c’est Levius. J’avais fait une offre (c’était avant qu’il change de magazine et d’éditeur suite à l’arrête de la publication d’Ikki), il faut croire que je n’ai pas été le plus convaincant. Après, il y en a bien un autre, pour lequel j’ai également fait une offre mais qui m’est passé sous le nez… Mais il n’a pas encore été annoncé, donc je préfère ne pas en parler.

Et, enfin, le prochain manga ou tome que tu attends avec le plus d’impatience, en tant que lecteur ?

Skip Beat 35Dans le lot de ce qui paraît en France, je n’ai toujours pas lu le second tome de La fille de la plage. J’ai vraiment envie de m’y plonger, mais pas totalement non plus car je sais que ça ne fait que deux tomes et qu’après je n’en aurai plus. Je suis également tout content quand sort un nouveau tome de Space Brothers. J’attends beaucoup, aussi, la fin de Skip Beat! A priori, elle n’est pas pour tout de suite et tant mieux pour nous, quelque part, parce que ça marche bien.

Ça continue encore à marcher même après tous ces tomes ?

Il y a une érosion des ventes, classique dans le cas de séries au long cours, mais on réimprime très régulièrement des tomes par-ci par-là, de manière assez mystérieuse dans la liste des tomes concernés : un tome 3, un 17 et un 22 en même temps, par exemple… L’excellente nouvelle, c’est qu’on réimprime également le tome 1 encore assez régulièrement. Donc Skip Beat! continue d’être découvert aujourd’hui.

Chaque nouveau tome figure dans le top GfK manga la semaine de sa sortie. Traduction : nous avons une communauté de fidèles qui se jette dessus dès la parution. Je te parle de 3500 – 4000 personnes le mois de la sortie, et après ça se vend petit à petit. Ça, c’est le schéma depuis qu’on a franchi le cap des 30 volumes.

C’est un shôjo de qualité de toute façon, l’un des plus intelligents que je connaisse dans sa construction, dans son discours sur le métier d’acteur, sur l’identité, sur ce que l’on veut devenir à l’âge adulte. Il a peut-être contre lui son graphisme qui est un peu daté mais ça reste une série d’excellente facture. Je crois qu’on n’est pas loin de dix ans de parution en France. Depuis, la ligne éditoriale de Casterman en matières de mangas a évolué, mais on l’assumera jusqu’au bout, bien sûr, parce que c’est un bon titre, qu’il a son public et que je crois bien que c’est le plus long shôjo jamais paru en France !

On lui souhaite une belle fin alors ! Merci Wladimir !

Merci !

Pour suivre les éditions Sakka, direction le site internet de Casterman BD,  leur page Facebook ou via Twitter, soit sur le compte de Casterman BD ou directement via celui de  Wladimir Labaere, lui aussi sur Twitter. Si vous voulez en savoir plus sur les séries de chez Casterman, voici quelques articles et chroniques, sur Paoru.fr ou Journal du Japon : L’homme qui marcheWet MoonArea 51Sangsues et enfin Thermae Romae avec l’interview de Mari Yamazaki en bonus, ici.

Remerciements à Wladimir Labaere pour son temps et sa disponibilité.

Retrouvez toutes nos interviews éditeurs :

Doki-Doki (mai 2012, janvier 2014)

Glénat (mars 2009décembre 2012, janvier 2015)

IMHO (avril 2012)

Isan Manga (mars 2013)

Kana (novembre 2012 - janvier 2014)

Kazé Manga (avril 2011janvier 2012décembre 2013)

Ki-oon (avril 2010 - avril 2011janvier 2012janvier 2013, avril 2014, février 2015)

Komikku (mai 2014)

Kurokawa (juin 2012décembre 2013)

nobi nobi ! (septembre 2013)

Ototo – Taifu (octobre 2012, novembre 2014)

Pika (avril 2013, décembre 2014)

Sakka ( juillet 2015)

Soleil Manga (mai 2013, mars 2015)

Tonkam (avril 2011)

Retrouvez également les bilans manga annuel du marché français réalisés par le chocobo : 2010, 2011, 2012 , 2013 et maintenant 2014.

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Interview Tony Valente & Radiant : des jours meilleurs pour le manga français ?

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Interview Tony Valente

Pour cette rentrée, retour sur un manga que nous sommes nombreux à apprécier, Radiant, avec l’interview de son auteur Tony Valente. Radiant, c’est ce shônen plein d’humour publié chez Ankama qui est, comme vous l’avez deviné, signé par un auteur français. Pendant de longues années cette simple caractéristique en aurait fait fuir plus d’un mais, après le succès de City Hall et avec la pérennité de Dreamland, il semblerait que le manga français, le public hexagonal et la presse généraliste ou spécialisée commencent à redevenir de bons amis. Ça se fait des bisous et tout et tout.

Moi-même, n’étant pas spécialement amateur du genre, j’ai apprécié dans Radiant toutes les qualités d’un excellent shônen et même quelques ingrédients en plus, comme je l’expliquais ici. D’ailleurs, avec trois volumes, c’est tout un public qui est devenu fidèle aux aventures de Seth. Le titre, initialement prévu pour 3 tomes, est désormais parti dans une bien plus grande aventure. Et donc, avec le succès qui pointe le bout de son nez et une tendance de fond sur le manga français en pleine évolution, il était temps de retourner voir Tony Valente, toujours à Japan Expo et deux ans après ses débuts…

Les raisons du succès, l’étiquette française et l’avenir de Radiant sont au programme, en route pour cette interview !

Manga français : l’évolution des points de vue

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Radiant couverture T3 – Tony Valente © Ankama Editions

Paoru.fr : Bonjour Tony Valente… Lorsque nous nous sommes vus il y a deux ans à Japan Expo, pour les débuts de Radiant, tu espérais 3 tomes. On les a, c’est un bon début ! (Rires) Et maintenant, te voilà parti pour combien de volumes ?

Tony Valente : Pour l’instant c’est prévu pour 1000 mais j’ai bon espoir qu’on fasse monter un peu  le truc…

1000 ?

Oui oui, 1000 tomes.

Effectivement 1000 tomes ça me semble pas mal, et puis c’est un minimum ! On va sans doute se revoir encore 2-3 fois alors ! (Rires)

Plus sérieusement quand le premier est sorti, il avait bien marché donc on savait que l’on irait jusqu’à trois. Quand le second est sorti les chiffres étaient encore plus encourageants, et le troisième c’était encore « pire » ! (Rires)

On se dit que si ça continue comme ça c’est incroyable. Moi à chaque fois j’ai l’impression que le suivant sera le dernier, que ça va s’écrouler. Mais non,  le troisième c’est encore bien plus vendu que les deux premiers.

J’en ai parlé avec le boss d’Ankama, il m’a demandé « jusqu’où tu voudrais aller ? » et je lui ai dit « dix-quinze volumes ce serait bien, ça me parait un minimum que j’aimerai pouvoir atteindre, on pourrait pousser jusqu’à vingt … » Il m’a répondu « allez, on te suit ! »

Ce n’est qu’un accord oral mais bon…

Oui, il faut que les gens continuent de suivre évidemment.

Voilà.

A quoi tu attribues ce succès sur ces premiers volumes ? Quels retours te permettent de l’expliquer ?

Apparemment j’ai réussi à mettre de mon côté une grosse partie de gens sceptiques qui ne voulaient pas ou plus lire de manga français. Je ne sais pas quelles proportions de mes lecteurs ça représente mais il y a pas mal de gens qui viennent me voir et qui me disent : « j’avoue, je ne voulais pas lire de manga français, j’ai lu un tel et un tel j’ai détesté et je me suis dis encore un manga français qui arrive. J’y suis allé à reculons mais j’ai mis le nez dedans… et aujourd’hui je suis là pour la dédicace. » (Rires)

En fait des personnes qui viennent comme ça s’excuser et dire qu’ils se sont trompés il y en a à longueur de temps pendant les festivals. (Rires)

DreamlandJustement comment évolue le manga français et le regard que les gens portent dessus ces dernières années ?

Le manga français évolue depuis longtemps mais ce n’est pas de notre fait, ça a commencé il y a une décennie maintenant, avec des titres comme Dreamland et Pink Diary, et le genre a évolué petit à petit. En ce moment, comme il y a eu quelques succès de 2-3 dernières années, ça a conforté des éditeurs pour se lancer. Il y en a plein qui voulait sincèrement le faire mais qui n’avait pas trouvé le modèle économique ou le bon projet pour s’y mettre. Beaucoup d’auteurs sont eux aussi restés dans le fanzinat… Mais là il y a eu le tremplin Ki-oon qui a mis en avant des putains d’auteurs (je suis un grand fan des deux premiers du concours, j’avais vraiment envie qu’il l’emporte !) et j’ai vu sur le salon que Glénat sortait le titre d’un nouvel auteur aussi (Vanrah, l’un des finalistes du tremplin Ki-oon, qui a en effet sorti Stray Dog, NDLR).

Beaucoup de talents et de projets émergent mais, après tout, les lecteurs récurrents de manga sont des gros consommateurs et le terrain du manga français est pour le moment très libre ! (Rires)

Oui le terrain de jeu est quasiment vide ! Certes il est plein des mangas qui sont faits au Japon mais nous avons la chance en étant ici de pouvoir défendre les titres comme on le fait ici… Il y a peu de chance que Kishimoto viennent s’installer ici pour faire un Naruto – de toute façon il n’en aurait pas besoin – mais c’est vrai que beaucoup de titres japonais passent inaperçu en France alors que nous avons la chance de pouvoir mieux les défendre en étant sur place.

Après j’ai un crainte sur la presse concernant le manga français. Maintenant que tout le monde a compris que Dreamland est un succès et que c’est du à la qualité de l’œuvre, maintenant qu’ils voient que City Hall est vraiment bien fait et qu’au bout du tome 3 de Radiant ils constatent son succès… J’ai peur qu’ils encensent tous les mangas français qui vont arriver, et c’est déjà un peu le cas avec Radiant.

Tony Valente

Tony Valente – Photo D. Gueugnot © Paoru.fr

Moi je pensais qu’on allait m’attendre au tournant et j’ai envie qu’on m’attende au tournant, qu’on me confronte à mes défauts. Je ne cherche pas la compétition mais si je suis mauvais j’ai envie de le savoir et de m’améliorer pour faire plaisir à mes lecteurs… quitte même à me lancer dans un autre projet si ce que je fais n’est pas bon. J’espère que si le succès de Radiant a lieu c’est pour ses qualités et pas parce que c’est un manga français. Je dis ça parce que je vois des œuvres qui sont vraiment très bien notées alors qu’il aurait peut-être mieux valu qu’elles mûrissent encore un peu. Bon après les notes sont parfois assez risibles car à côté One Piece est mal noté… Je peux comprendre qu’à force de lire beaucoup de mangas les journalistes trouvent le mainstream indigeste et apprécient l’originalité ailleurs… mais c’est quand même bizarre, et même très dommage.

Le fait que ça se transforme en mode peut faire perdre ou altérer l’esprit critique… On juge le titre par l’étiquette manga français plutôt que par ses qualités.

Voilà. Que le manga français soit mis en lumière c’est une très bonne chose, pour beaucoup de bons auteurs qui vont pouvoir éclore. Mais de dire oui à tout, je ne suis pas d’accord.  Quand j’ai lu une critique qui dit « le dessin n’est pas bon mais on voit au moins le potentiel donc on lui met une très bonne note » ça m’a fait bondir de ma chaise. C’est comme si on disait à quelqu’un : « t’es mauvais en maths et tu as tout à apprendre mais, allez, je t’embauche pour être ingénieur. » Ça ne marche pas comme ça.

D’autant que si on colle un nom d’auteur japonais à la place de l’auteur français le même journaliste aurait probablement dis que c’était nul et indigne d’être un manga…

Si le journaliste avait apprécié le dessin, qu’il mette une bonne note parce qu’il pense que l’œuvre le mérite ça ne m’aurait posé aucun problème. Mais dire qu’il n’y a pas ce qu’il faut et lui mettre une bonne note, c’est la fin de tout esprit critique.

C’est comme ceux qui vont mettre tous les auteurs français dans le même sac alors que l’on fait des choses très différentes : « oh j’adooooore le manga français », de la même façon de ceux qui disent « j’adooooooore le Japon et les Japonais »… Mais il y a aussi des connards au Japon ! (Rires)

Mais bon, voilà, ça m’inquiète et on en parle là, mais il y a aussi plein de choses fantastiques quand même, il y en a beaucoup dont je suis complètement fan : de par les dessins, de par les idées ou de par le concept. En plus la plupart du temps on sent vraiment la passion de l’auteur derrière et ça a le mérite d’avoir un berceau culturel différent et de forcément se démarquer de ce qui peut arriver du Japon.

Succès et lectorat : de l’avenir de Radiant…

Il est peut-être un peu tôt avec 3 volumes pour le dire, mais est-ce que c’est plus dur de se lancer ou de rester ?

J’imagine que c’est plus facile de signer en ce moment. Moi par exemple des éditeurs ont refusé à l’époque Radiant en me disant « on ne sait pas, on n’en fait pas souvent, on n’est pas sûr que le modèle économique soit fiable donc il vaut mieux aller chez ceux qui t’offrent cette opportunité » et ce sont des arguments qui m’allaient très bien. Mais je vois que finalement, maintenant, ils se lancent dans le manga français et certains sont même revenus me voir en me disant « bon ton projet Radiant, on est partant pour le faire ! » mais je leur disais « mais, euh, non c’est trop tard là, c’est déjà sorti ! » (Rires)

Radiant

Radiant – Tony Valente © Ankama Editions

En tout cas si Radiant, avec City Hall et d’autres, a pu contribuer ne serait-ce qu’un peu à montrer que c’était viable, je suis très content. Dans le coin des fanzines sur Japan Expo, il y en a vraiment qui tabasse, et j’en mets même certain au dessus de ce qui se fait de mieux en édition aujourd’hui. Des personnes à découvrir il y en a des tonnes.

Le plus difficile reste le rythme de production, trouver l’équilibre entre ce que l’auteur peut produire, son financement par l’éditeur et la dynamique de sa parution. Tu as rencontré ce genre de soucis au niveau des délais je crois…

Oui c’était sur le volume 3. On a du décaler de plusieurs mois. Quand je finis un tome en général il peut sortir pas longtemps après, deux semaines parfois. C’est ce qui s’était passé pour le tome 1 et 2. Là j’étais trop juste avec deux décalages dans le planning on arrivait en fin d’année et tout était bouclé donc impossible de lancer l’impression, et ça a fait qu’il a pris 3-4 mois de retard.

Page couleur en ouverture du tome 3 - Visuels Tony Valente © Ankama Editions

Page couleur en ouverture du tome 3 – Visuels Tony Valente © Ankama Editions

Typiquement avec ce genre d’évènement je me disais : ça y est, on va se viander. Les deux premiers volumes nous ont donné l’impression du succès mais, là, ça ne va pas passer. Mais en fait sur le premier jour on s’est rendus compte que c’était le meilleur démarrage pour un tome de Radiant et que même pour eux chez Ankama, en vérifiant dans les archives, de telles ventes sur un seul jour étaient exceptionnelles…

Ça correspond à combien de tomes écoulés sur ce premier jour ?

Environ 2000 exemplaires… C’est plus que ce que j’ai fait sur une autre de mes séries sur deux ans. Ça nous a montré que les gens l’attendaient et ça malgré le décalage, donc ça c’est super. Bon je l’avais annoncé sur les réseaux sociaux et je pense que ça a bien joué : je n’ai pas forcément évoqué les raisons parce que c’est personnel mais j’ai quand même reçu plein de messages d’encouragement me disant « on est avec toi ! », « prend ton temps, y a pas de soucis. »

Les ventes ont continué de progresser après où le plus gros s’est fait là ?

Je pensais moi aussi que tout le monde l’avait acheté dès le premier jour et qu’après il n’y aurait plus rien, mais non, ça a continué à grimper.

Combien d’exemplaires de la série as-tu vendu d’ailleurs pour l’instant ?

On me parle de 45 000 environ.

On parle de ta communication avec ton lectorat… Est-ce que ça a un impact sur la fabrication de ton manga et de quelle façon ?

Oui, ça joue. Quand j’ai abordé le tome 2 et le sujet du racisme c’était très délicat. C’est la première fois que j’écrivais dessus et je ne savais pas forcément comment le mettre en scène. Ce qui m’a amené à écrire ça c’était ce qui avait pu me choquer dans les infos. Donc je prenais tel quel les phrases qui m’avaient marqué et je mettais ça dans la bouche de certains de mes personnages. C’était une façon de dénoncer ça simplement, je ne me sentais pas d’inventer un discours monté de toute pièce.

Radiant - Konrad de Marbourg

Radiant – Konrad de Marbourg

Donc ces propos deviennent ceux d’un personnage (Konrad de Marbourg ci-contre, Capitaine Inquisiteur et ennemi de Seth, NDLR) qui cristallise ce qui me fait peur et il le dit tout comme une personnalité politique l’a dit, tout comme un journaliste et comme d’autres l’ont dit sans qu’on leur tape sur les doigts. Mais c’est effectivement raciste : il compare les étrangers à des rats, etc.

Et j’ai été confronté à des lecteurs qui étaient trop jeunes pour comprendre la nuance et qui ont cru que j’étais raciste et à la fin du tome 2 j’ai reçu des messages…

Ils ont cru que t’exprimais toi à travers ce personnage ?

Oui voilà… Alors que le héros lui met une patate pourtant. Mais ça ne suffisait pas. En plus ce personnage a aussi des propos homophobes, donc tout ça a été mal compris, je n’ai pas été assez explicite… Ce n’était pas un retour d’une seule personne, plusieurs se sont posées la question. C’était clair pour moi, pour toutes les personnes qui sont dans cette situation – enfants d’immigrés ou immigrés eux-mêmes – ça l’est aussi, aucun problème avec ça. Mais parmi les jeunes qui sont nés en France et qui ont moins cette culture du rejet, il peut donc y en avoir qui se demandent si je ne suis pas raciste. Donc je me suis dit que je devais vraiment être clair là-dessus dans le troisième tome.

Bon après je ne voulais pas non plus tomber en faire des tonnes du genre « ouai la couleur on s’en fiche, on est tous des frèèèères et la guerre c’est maaaaal ! » (Rires) C’est creux et ça ne sert pas à grande chose, je voulais rester en seconde lecture. Donc dans le 3e tome Seth dis à ce raciste que s’il lui démonte la tronche et qu’il ne ressemble plus à rien il arrêtera peut-être de dire qu’il est différent et qu’il vaut mieux que les autres, et c’est ce qu’il le fait. Histoire de clore le débat. (Rires)

FMA 27Maintenant que Radiant est lancé, quel shônen tu voudrais qu’il devienne, quel modèle du genre aurais-tu envie de suivre ?

En fait d’un manga dont je ne parle pas souvent, mais que j’adore et que je trouve fantastique, c’est Fullmetal Alchemist. J’ai l’impression qu’Arakawa ne tourne pas autour du pot en racontant Fullmetal : y a un début et une vraie fin, elle savait où elle allait et elle y allait. Jusqu’à la dernière page j’étais plein de frisson. C’est vraiment quelque chose de complet, on n’a pas l’impression à la fin que l’auteur n’en peut plus et qu’il s’est dit « je suis exténué, il faut que ça se termine », ça ne sent pas la fatigue comme la fin de Dragon Ball, de Naruto ou des titres comme ça.

C’est aussi le fait de se dire qu’on part pour une série de taille raisonnable, qui ne veut pas devenir une série fleuve… de toute façon je ne pourrais pas en tant qu’auteur français et sans assistant, ça m’emmènerait très loin si j’en faisais 80 ! (Rires)

Ce serait à vie quoi, et encore ! (Rires)

En plus dans l’évolution du personnage je pense que Seth est davantage dans le modèle de Fullmetal que dans celui de One Piece où, finalement, Luffy reste toujours le même : il est le catalyseur et il fait changer tous les gens qu’il croise mais, lui, il reste fondamentalement le même. Mais c’est pour ça qu’on l’adore aussi, je suis complètement fan hein… Mais avec ce que je fais, mes persos vont avancer et évoluer et, à un moment donné, je n’aurais plus grand-chose à dire avec eux, on sera arrivé au bout de l’aventure.

Radiant JapPour finir puisque l’on parle de modèle, cet été Radiant sort au Japon et, comme si ça ne suffisait pas, le titre est recommandé sur la couverture par Yusuke Murata. Tu peux nous dire plus sur cette aventure, et sur le clin d’œil de ton mangaka favori ?

La publication au japon c’est un peu la cerise sur le gâteau, mais le gâteau ça reste quand même le public en France. De mon côté il n’y a pas vraiment d’attentes j’avoue… Le marché est hyper encombré au japon, et même pour les titres qui sortent de gros magazines c’est compliqué parfois. Alors avec Radiant, c’est un petit coup d’essai histoire de dire qu’on l’aura fait, et c’est déjà beaucoup ! On verra comment se comportera la série là-bas, mais je peux déjà me réjouir d’avoir eu la chance de recevoir les encouragements de mon dessinateur préféré comme tu l’as remarqué… Ca c’est carrément foufou ouaip !

Merci Tony Valente !

Information de dernière minute cette semaine : rupture de stock et réimpression du tome 1 de Radiant au Japon ! Le 2 sortira en novembre avec présence de l’auteur au Kagai Manga Festa ! Bravo à l’auteur et ses équipes !

Vous pouvez retrouver Radiant sur le site des éditions Ankama mais aussi suivre la page Facebook de l’oeuvre ! Vous pouvez aussi lire la première interview de Tony Valente sur Journal du Japon, qui en dit beaucoup sur la création de la série et les influences de l’auteur, ou lire la critique de Radiant pour la sortie du volume 2 dans les colonnes de Paoru.fr.Quelques extraits du tome 4 issu de la page FB pour finir et attendre la suite :

Tome 4 previewTome 4 preview 

Remerciements à Tony Valente pour son temps et sa bonne humeur. Merci également aux éditions Ankama, Amel et Sarah, pour la mise en place de l’interview. 

Visuels Tony Valente © Ankama Editions et Photos D. Gueugnot ©Paoru.fr – Tous droits réservés

Concours photo de l’été 2015 : les résultats !

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Gagnants concours photo Paoru 2015

Voici enfin les résultats de ce concours 2015, le plus populaire depuis sa mise en place en 2012 et ce malgré la suppression de la catégorie Japan Expo : près de 80 participants et 180 photos, contre 58 photographes et 150 photos l’an dernier… autant vous dire que le choix fut difficile ! Seize jurés issus de Paoru.fr et Journal du Japon on proposé leur top 10 en attribuant ainsi 1 à 10 points à son photographe préféré. Certains ont mis tout le monde d’accord, les 3 premiers se retrouvant dans plus de la moitié des top 10 par exemple. Cette année il fallait en tout cas séduire au moins deux jurés sur les 16 pour espérer se faufiler dans le top 20 car ce sont plus de 40 noms différents qui sont ressortis lors des votes.

Ce qui a plu, avant la qualité de la photo elle-même (composition, gestion de la lumière, etc.), c’est l’originalité mais aussi et surtout l’adéquation entre la mise en scène et le manga concerné. Les photos de collection ont été mises à mal, car même si ces dernières vous tiennent forcément à cœur, ce sont souvent des clichés très personnels qui ne parlent pas forcément à autrui… Le fait de prendre vos photos avec un appareil photo et non un portable a pu jouer par moment, mais assez à la marge finalement, tant que la qualité n’était pas trop basse ou le flou trop prononcé. Le fait de faire plusieurs photos en a avantagé certains, tant qu’ils ne privilégiaient pas la quantité au dépend de la qualité.

Bref, il y aura surement des déçus (des mécontents, peut-être) mais je ne peux que vous encourager à retenter votre chance l’an prochain car, comme vous allez le voir, le classement est loin d’être sclérosé et beaucoup de nouveaux noms ont pris la place des gagnants des éditions précédentes.

Un grand merci en tout cas à toutes et tous pour vos participations souvent très enjouées et vos petits mots et remerciements dans vos mails, ce fut tout à fait touchant ! Allez, arrêtons de vous faire languir, en route pour les résultats de cette édition 2015 !

1ère place : Adam S.

Après 3 éditions consécutives remportées par Vi, le concours photo montre en 2015 que rien n’est immuable :  Adam S. gagne l’édition 2015 avec une seule photo et dès sa première participation… Un superbe travail et le soucis du détail (composition, lumière,…) dans ce cliché autour du manga Orange des éditions Akata. Un grand bravo !

Adam S.

Adam remporte donc : Le coffret Judge (DVD/Manga) OU Le tome 1 du LN de SAO + 1 manga au choix ou la quadruple preview shôjo + 2 sous-boc + 1 masque Soul Eater + 1 T-shirt Kazé Manga ou Glénat Manga + 1 pochette recto-verso Kazé Manga + 1 Casquette Akata au choix + 1 préservatif WTF + 1 Agenda Pika au choix OU le dossier de presse Devil’s Lost Soul + la preview SAO Progressive + les 2 marque-pages Ototo + 1 Shitajikis ou ex-libris au choix dans la liste + le mouchoir 10 Count ou un magnet Akata au choix. Encore bravo, on compte sur lui l’an prochain pour défendre son titre !

2e place : Emilie P.

Si Adam remporte le trophée assez loin devant ses concurrents, la suite est beaucoup plus serrée : de la 2e à la 5e place les gagnants totalisent de 69 à 63 points et la seconde et troisième place ne se joue qu’à un seul point ! Bravo donc à Emilie P., 7e l’an dernier et médaille d’argent 2015 qui réussit grâce à deux de ses clichés : The Ancient Magus Bride chez Komikku pour une photo très ressemblante aux visuels du titre, où elle est allée jusqu’à fabriquer certains items, puis Chi une vie de chat chez Glénat, qui a amusé plusieurs de nos jurés :

Emilie P Chi Emilie P Magus Bride

Emilie remporte, selon ce qu’aura choisi Adam : Le coffret Judge (DVD/Manga) OU Le tome 1 du LN de SAO + 1 manga au choix ou la quadruple preview shôjo + 2 sous-boc + 1 masque Soul Eater + 1 T-shirt Kazé Manga ou Glénat Manga + 1 pochette recto-verso Kazé Manga + 1 Casquette Akata au choix + + 1 préservatif WTF + 1 Agenda Pika au choix OU le dossier de presse Devil’s Lost Soul + la preview SAO Progressive + les 2 marque-pages Ototo + 1 Shitajikis ou ex-libris au choix dans la liste + le mouchoir 10 Count ou un magnet Akata au choix.

3e place : Laura C.

7e et 11e sur les éditions précédentes, Laura a franchi un cap cette année et la voici enfin sur le podium, frôlant la seconde place ! Elle nous a envoyé de nombreux clichés mais c’est sa très bonne idée sur L’attaque des Titans publié chez Pika qui l’a démarquée du lot : en voyant la photo on se demande comment personne n’y avait pensé avant !

Laura C5 Laura C4

Laura C, selon les choix précédents, remporte : 1 manga au choix ou la quadruple preview shôjo + 2 sous-boc + 1 masque Soul Eater + 1 T-shirt Kazé Manga ou Glénat Manga + 1 pochette recto-verso Kazé Manga + 1 Casquette Akata au choix + 1 préservatif WTF + 1 Agenda Pika au choix OU le dossier de presse Devil’s Lost Soul + la preview SAO Progressive + les 2 marque-pages Ototo + 1 Shitajikis ou ex-libris au choix dans la liste + le mouchoir 10 Count ou un magnet Akata au choix.

4e place : Laura R.

Voici un exemple de persévérance récompensée ! Laura R. avait échoué à la 21e place l’an dernier malgré un bon travail, je suis donc plus que ravi que ses efforts soient récompensés cette année avec une chouette photo dédié à Gangsta des éditions Glénat :

 Laura R

Laura R, selon les choix précédents, remporte: 1 manga au choix ou la quadruple preview shôjo + 2 sous-boc + 1 masque Soul Eater + 1 T-shirt Kazé Manga ou Glénat Manga + 1 pochette recto-verso Kazé Manga + 1 préservatif WTF + la preview SAO Progressive + les 2 marque-pages Ototo + 1 Shitajikis ou ex-libris au choix dans la liste + le mouchoir 10 Count ou un magnet Akata au choix.

5e place : Towako-chan

Dix jurés sur seize ont voté pour l’une des 4 ou 5 photos de Towako-chan, la classant souvent en 4e position.  Si aucun de ces clichés n’est la photo du siècle elles sont toutes bien faites et bien pensées par rapport au titre d’origine, qu’il s’agisse de Silver Spoon, Black Butler, Princess Jellyfish ou Arslan (un bon choix de titre d’ailleurs). Voici ses clichés :

 Towako Silver Spoon 2015 Towako Princess Jellyfish 2015

Towako Black Butler Towako Arslan 2015

Towako, selon les choix précédents, remporte: 1 manga au choix ou la quadruple preview shôjo + 2 sous-boc + 1 masque Soul Eater + 1 T-shirt Kazé Manga ou Glénat Manga + 1 pochette recto-verso Kazé Manga + 1 préservatif WTF + la preview SAO Progressive + les 2 marque-pages Ototo + 1 Shitajikis ou ex-libris au choix dans la liste + le mouchoir 10 Count ou un magnet Akata au choix.

6e place : Justine M.

Preuve que l’avis du chocobo ne fait pas forcément loi : voici ma photo préférée de cette édition, en 6e position, avec Princess Sakura à l’honneur, alors que je ne connais pas le titre pour autant… mais la poésie du cliché m’a ensorcelé, je dois bien l’avouer. Parmi les autres photos de Justine, celle de Nana a aussi eu des amateurs. Les voici :

Justine M4 Justine M2

Justine M. remporte, selon les choix précédents : 1 manga au choix ou la quadruple preview shôjo + 2 sous-boc + 1 masque Soul Eater + 1 T-shirt Kazé Manga ou Glénat Manga + 1 pochette recto-verso Kazé Manga + la preview SAO Progressive + les 2 marque-pages Ototo + 1 Shitajikis ou ex-libris au choix dans la liste + le mouchoir 10 Count ou un magnet Akata au choix.

7e place : Céline G.

L’une des photos les plus amusantes de cette édition, dans sa mise en scène : le roman photo de Céline G. (18e en 2013, 10e en 2014) est dédié à Globule des éditions Soleil Manga :

Celine G.2

Céline G. remporte, selon les choix précédents : 1 manga au choix ou la quadruple preview shôjo + 2 sous-boc + 1 masque Soul Eater + 1 T-shirt Kazé Manga ou Glénat Manga + 1 pochette recto-verso Kazé Manga + la preview SAO Progressive + les 2 marque-pages Ototo + 1 Shitajikis ou ex-libris au choix dans la liste + le mouchoir 10 Count ou un magnet Akata au choix.

8e place : Virginie P.

Une sélection de titre originale à la frontière du cadre du concours : le global manga City Hall et le titre jeunesse Le mot qui arrêta la guerre ont tout de même fait mouche avec de belles photos :

 Virginie P.3 Virginie P.1

Virginie P. remporte, selon les choix précédents : 1 manga au choix ou la quadruple preview shôjo + 2 sous-boc + 1 masque Soul Eater + 1 T-shirt Kazé Manga ou Glénat Manga + 1 pochette recto-verso Kazé Manga + la preview SAO Progressive + les 2 marque-pages Ototo + 1 Shitajikis ou ex-libris au choix dans la liste + le mouchoir 10 Count ou un magnet Akata au choix.

9e place : Vi Toan

Notre championne est toujours là ! Beaucoup se sont inspirés de ses idées des éditions précédentes donc la concurrence devient rude ! Difficile de se renouveler chaque année mais on applaudit quand même l’effort intact pour cette 4e édition avec plusieurs photos qui restent bien sympathiques… On compte sur toi pour revenir en force l’an prochain Vi !

Vi Bienvenue à la NHK Vi Les vacances de Jesus et Bouddha

Vi remporte, selon les choix précédents : 1 manga au choix ou la quadruple preview shôjo + 2 sous-boc + 1 masque Soul Eater + 1 T-shirt Kazé Manga ou Glénat Manga + 1 pochette recto-verso Kazé Manga + la preview SAO Progressive + les 2 marque-pages Ototo.

10e place : Johanna C.

La 4e de l’édition 2014 doit aussi faire face à la concurrence. Pour l’édition 2015 ambiance résolument gothique pour les deux clichés de Johanna, avec Diabolic Garden et Black Butler :

Johana C  Johana C

 

Johanna C remporte, selon les choix précédents : 1 manga au choix ou la quadruple preview shôjo + 2 sous-boc + 1 masque Soul Eater + 1 pochette recto-verso Kazé Manga + la preview SAO Progressive + les 2 marque-pages Ototo.

11e place : Ly A.

Un coup de cœur de deux de nos jurés qui ont mis cette mise en scène de City Hunter chez Panini dans leur top 3 :

Ly A1

Ly A. remporte, selon les choix précédents : 1 manga au choix ou la quadruple preview shôjo + 1 sous-boc + 1 masque Soul Eater + la preview SAO Progressive + les 2 marque-pages Ototo.

12e place : Camilla J.

Les amoureux des pandas ont su trouver un écho dans cette photo de Pan Pan Panda chez  nobi nobi !

Camilla J.

Camilla J. remporte, selon les choix précédents : 1 manga au choix ou la quadruple preview shôjo + 1 sous-boc + 1 masque Soul Eater + la preview SAO Progressive + les 2 marque-pages Ototo.

13e place : Adélaïde M.

Adélaïde nous a envoyé de nombreuses photos mais ce sont deux d’entre elles qui ont eu la faveur de quelques jurés, avec GTO chez Pika et Nana chez Delcourt :

Adelaïde 5 Adelaïde

Adélaïde M. remporte, selon les choix précédents : 1 manga au choix ou la quadruple preview shôjo + 1 sous-boc + 1 masque Soul Eater + la preview SAO Progressive + les 2 marque-pages Ototo.

14e place :Chloé G.

C’est en 14e position que l’on croise notre ninja orange, grâce à son célèbre bol de ramen ! C’est tout bête mais il fallait y penser, bien joué Chloé !
Chloe G3

Chloé G. remporte, selon les choix précédents : 1 manga au choix ou la quadruple preview shôjo + 1 sous-boc + 1 masque Soul Eater + la preview SAO Progressive + les 2 marque-pages Ototo.

15e place : Olivier B.

Olivier, notre second de l’an dernier, a lui aussi eu du mal à retrouver de nouvelles idées, mais son unique photo reste bien pensée, foi de lézard !

Olivier Concours photo 2015

Olivier remporte, selon les choix précédents : 1 manga au choix ou la quadruple preview shôjo + 1 sous-boc + 1 masque Soul Eater + la preview SAO Progressive + les 2 marque-pages Ototo.

16e place : Nathalie

La seule photo de mangas en masse qui a réussi à se hisser dans le classement cette année, mais il faut avouer qu’elle est originale… Voici une amusante façon d’avoir passé l’été !

Nathalie

Nathalie remporte, selon les choix précédents : 1 manga au choix ou le quadruple preview shôjo + 1 sous-boc + les 2 marque-pages Ototo.

17e place : Marion M.

Nos jurés ont apprécié les clichés de notre concurrente récurrente de ce concours photo, qui nous propose des clichés dans des styles très différents, j’ai moi-même bien aimé sa photo XXX Holic, assez dans l’esprit du titre :

Marion m3  Marion m10

Marion m7

Marion remporte, selon les choix précédents : 1 manga au choix ou le quadruple preview shôjo + 1 sous-boc + les 2 marque-pages Ototo.

18e place : Fanny M.

Un montage assez original avec 3 clichés autour des Enfants Loups, avec un clin d’œil au format cinéma également :

Fanny M

Fanny M. remporte, selon les choix précédents : 1 manga au choix ou le quadruple preview shôjo + 1 sous-boc + les 2 marque-pages Ototo.

19e place : Amélie M.

Un coup de cœur de l’un de nos jurés et une photo qui a su glaner quelques points chez les autres : voici Amélie de justesse dans notre top 20 !

Korosou 2

Amélie M. remporte, selon les choix précédents : 1 manga au choix ou le quadruple preview shôjo + 1 sous-boc + les 2 marque-pages Ototo.

20e place : Perrine A.

Nous finissons ce classement en musique et avec un superbe instrument !

Amaury

Perrine remporte, selon les choix précédents : 1 manga au choix ou le quadruple preview shôjo + 1 sous-boc + les 2 marque-pages Ototo.

Et c’est ainsi que se termine la liste des 20 gagnants de ce concours. Je les contacte la semaine prochaine par mail pour l’organisation de l’expédition des lots.

Je tiens quand même à rajouter quelques félicitations pour certains participants qui ne sont passés vraiment pas loin de ce top 20, à un point près bien souvent : Johan M, Helena L, Thomas D, Miki Daisuki, Damien C, Mélanie R, Gabriel S, Yûya Wong, Nicotaku, Yefan, Flora Kelly, Solène D, Rémy D, Ufuk, Emeline D, Isabelle A, Coren tin,Alexiane et enfin Zazou. J’espère que vous retenterez l’an prochain, vous avez vos chances !

Merci enfin à tous nos participants, malgré les photos floues, mal cadrées ou un peu répétitives, nous en avons eu pour tous les goûts et surtout en quantité ! Je vous conseille d’ailleurs de faire un dernier tour dans l’album photo sur notre page Facebook, et d’y laisser vos commentaires.

Rendez-vous dans quelques jours pour le retour des chroniques manga et l’an prochain pour un autre concours photo, ce sera avec plaisir :)

Chroniques of ze week : du tome 1 à 3, des jeunes mangas très bien pour toi !

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Chroniques Manga Paoru.fr-002Et oui, vous avez bien lu, c’est marqué Chronique of ze WEEK… Après avoir redéfini au premier semestre 2015 ce que je voulais mettre sur ce blog par rapport à Journal du Japon – à savoir les mangas, leurs auteurs et leurs éditeurs – je cherchais encore un rythme adéquat, et c’est la rentrée scolaire qui me l’apporté. Les précédents pavés de 13 chroniques me prenaient un temps infini à rédiger, devenaient parfois en retard par rapport au sorties, et chacun des 13 titres y perdait un peu en visibilité de part la quantité de titres traités. Sans compter que cela entachait assez nettement la spontanéité de certaines chroniques et le rythme de publication / de vie de ce blog.

Donc voilà, ces chroniques de la semaine seront plus courtes avec cinq – six titres maximum, des avis plus étoffés (la voilà l’excuse, c’est pour parler plus tout ça !) et cette rubrique viendra s’intercaler entre les interviews et les critiques grand format qui peuvent éclore lors de coups de cœur de votre serviteur à plumes. Donc ce ne sera pas toutes les semaines stricto sensus, mais plutôt deux ou trois fois par mois, à la place de tous les six semaines comme avant.

On commence ce numéro 1 par six jeunes mangas, quatre tomes 1 et deux tomes 3 qui m’ont tapé dans l’œil depuis la mi-août et on enchaînera la prochaine fois avec des séries plus avancées, qui ont gagné en maturité… Bonne lecture et comme d’habitude, plus d’infos en cliquant sur le lien en en-tête de chaque chronique !

Petits pimousses au rapport !

arte-1-komikku

Arte de Kei OHKUBO chez Komikku : La sélection débute par un nouveau manga historique, what a surpriiiise ! Florence, début du 16e siècle : une jeune femme plaque son avenir tout tracé de belle aristocrate pour devenir peintre. Une demoiselle de bonne famille qui veut vivre de son travail, qui plus est dans domaine artistique exclusivement masculin : mais vous divaguez jeune madame, vous n’y pensez pas ! Et bien SI ! Les obstacles que va rencontrer Arte s’annoncent nombreux : misogynie et précarité, pauvreté et solitude, sans oublier tout un art à maîtriser hors de sentiers battus… Mais peu importe, Arte sera peintre !

Bon… commençons par corriger un point : manga, oui, historique, plus ou moins. C’est Florence, c’est bien le 16e siècle et la renaissance mais voilà davantage un manga sur la vie des peintres qu’un défilé d’événements ayant marqué leur époque. Cela viendra peut-être plus tard, mais rien à voir avec Cesare par exemple. A la place ce titre s’appuie, avec succès heureusement, sur les problèmes de la condition féminine et le prix à payer pour l’indépendance, pour le choix de son propre destin. La jeune Arte est assez craquante en jeune tête brûlée, grâce à un bon coup de crayon de OHKUBO tandis que son maître, le jeune mais taciturne Leo, est tout aussi réussi. D’ailleurs, si je m’arrête deux secondes sur le graphisme. Sans être au niveau d’un Bride Stories (le communiqué y allait un peu fort, quand même) on peut saluer de nombreuses bonnes choses :  des regards omniprésents avec un panel intéressant et assez varié d’émotions, un talent certain pour les coupes de cheveux et les tenues pleines de détails puis, enfin, des décors soignés, visiblement bien étudiés pour donner du crédit à cette Florence grouillante de vie. Si on achève la tableau avec quelques pointes d’humour, on obtient donc une première peinture plutôt alléchante. On attend avec impatience la suite pour se faire ensorceler, pour de bon, par la jeune et pétillante Arte !


last-hero-inuyashiki-1-ki-oonLast Hero Inuyashiki
 
de Hiroya OKU chez Ki-oon : En voilà un qui a fait parler de lui en juillet. Pensez donc, c’est le nouveau titre de l’auteur de Gantz. Ce mangaka féru de technologie récidive avec un vieux monsieur au bout du rouleau : Ichiro Inuyashiki, 58 ans mais qui en fait presque 80, employé de bureau minable et méprisé de tous, y compris de sa famille… Seul sa chienne Hanako est avec lui, et il en a bien besoin depuis qu’il se sait atteint d’un cancer en phase terminale. Mais, alors qu’il pleure sur son sort une nuit en plein milieu d’un parc, il est atteint par une lumière aveuglante et se réveille plus tout à fait comme avant…. Le voici devenu un cyborg surpuissant !

Big powers come with big responsabilities ou quelque chose dans le genre, mais toute la question est de savoir comment Inuyashiki va reprendre sa revanche sur la vie, s’il est bien le seul dans son cas et quelle est l’étendue réelle de ses pouvoirs ! Ce premier tome nous dépeint d’abord la lamentable vie de ce senior, critiquant au passage le moule ingrat de la société japonaise qui ne redonne pas grand chose à celui qui s’y conforme, où la fameuse humilité si chère aux Japonais fait aussi de vous un looser aux yeux des autres. Et puis vient la transformation, la nouvelle chance, l’occasion de tout faire voler en éclat. Ces nouveaux pouvoirs vont aussi lui permettre de changer les choses, de sauver des vies et de trouver le bonheur en se démarquant du lot. La fable ne fait que débuter mais elle promet d’être des plus intéressantes. D’autant plus que, même si je ne suis pas friand du graphisme digital que je trouve trop statique, OKU maîtrise tellement son sujet que ce n’est absolument pas un problème. Un seinen à ne pas rater.

asebi-1-dokiAsebi de Taisuke UMEKI chez Doki-Doki : passons à un titre qui n’était pas vraiment attendu… Et du coup c’est plutôt une bonne surprise ! Dans Asebi, nous vivons tous sur des îles qui flottent au milieu des nuages, sans que l’on ne sache vraiment pourquoi, ou comment… En effet, les souvenirs des temps anciens comme ceux de l’énigmatique civilisation de Voldesia se sont transformés en légendes. Ce qui est bien réel, par contre, ce sont les « poissons-dragons », des monstres qui occupent l’espace aérien et qui ne sont pas prêt à le partager. Dans cette guerre qui oppose ces créatures aux humains et à leurs navires, il existe des gardiens qui tentent de garantir la sécurité de leurs prochains. Yû est l’un d’entre eux et, à ses côtés, la jeune Asebi l’accompagne et le protège, car elle est une androïde aux pouvoirs remarquables… mais aux origines bien mystérieuses.

Voici un titre sympathique comme tout : de l’aventure avec des bateaux et des navires semi-futuristes voguant dans les airs, des protagonistes avec une bonne bouille, grâce à un chara-design enfantin au premier abord mais qui est aussi un mélange intéressant de graphismes nippons et de style franco-belge. On y retrouve des tempéraments de héros et d’héroïnes classiques mais plaisants et à la hauteur de leur héroïsme, justement, ou du moins des valeurs qu’ils défendent. Il y a le jeune homme plutôt doué et déterminé, l’héroïne pleine de secrets avec un cœur assez capricieux, la demoiselle écervelée qui a de l’énergie à revendre, le vieux pirate bourru qui ne vit que pour l’aventure, etc. Des débuts simples et attachants, à essayer en tout cas !

Border-T01Border de Yua KOTEGAWA & Kazuki KANESHIRO chez Komikku : J’ai pas mal hésité sur celui là. Je ne l’avais pas anticipé non plus, mais il faut dire que la multiplication des nouveautés Komikku commence à grignoter leur visibilité. Bref, Border nous parle des investigations d’Ango Ishikawa, inspecteur au sein de la première unité de recherche du Département de la Police Métropolitaine de Tokyo. Dans ce manga policier, Ango a une particularité, celle d’avoir été miraculeusement ramené à la vie après avoir pris une balle dans la tête. Malheureusement l’homme est en sursis car la balle est toujours dans son crane et il risque de mourir à tout instant. Néanmoins, après avoir frôlé la mort et avant de la rejoindre pour de bon, le voilà capable de communiquer avec les morts… et il tente de les écouter pour comprendre leurs histoires et leurs meurtres !

Comme je le disais le titre ne paie pas de mine dans l’absolu mais il révèle pas mal de qualités à la lecture. Le trait de Yua KOTEGAWA, que j’avais apprécié il y a quelques années sur Détenu 42, un manga sur la peine de mort, s’adapte très bien à l’histoire. Pas de surenchère et beaucoup de non-dits dans la mise en scène font de l’inspecteur un homme assez intriguant, qui n’a rien d’un super héros revenu d’entre les morts pour résoudre des enquêtes avec éclat et effets de manche… la couverture est assez éloquente là dessus d’ailleurs, avec une homme effacé mais peu lisible. Vous l’aurez compris ce n’est ni Conan ni un surdoué à la Lie to Me ou The Mentalist, même si ces derniers font parfaitement le job. Ici, les enquêtes sont teintées de tristesse et de mélancolie avec peu de double pages clinquantes… on leur préfère des grandes cases épurées qui incitent le lecteur à l’observation et à la réflexion, alternant avec d’autres pages plus riches en dialogue qui permettent de faire avancer la résolution du meurtre. Pas de frénésie ni de serial killer, même s’il y a bien un ou deux cliffhangers rassurez-vous, mais Border c’est avant tout un homme qui tente de comprendre les volontés des défunts, résolvant en même temps l’affaire même si ce n’est pas forcément le plus important. La série est prévue en quatre tomes et si le manga policier est votre genre, je vous le conseille, ça pourrait bien vous plaire.

Jamais 2 sans 3…

Kokkoku 3Kokkokou de Seita HORIO chez Glénat : ma chère Hana a déjà écrit un article sur les débuts de ce titre un peu étrange, ce qui m’a laissé le temps de m’en faire une meilleure idée, car il est assez difficile à cerner. C’est un seinen « hors du temps » à plus d’un titre, entre polar et fantastique. C’est l’histoire d’une famille japonaise presque comme tout le monde, avec Juri, jeune femme active qui tente de remuer un peu son père et son frère qui ont tendance à se laisser vivre.

Mais voilà, au milieu de tout ça il y a le grand père, détenteur d’un pouvoir qui se transmet depuis plusieurs générations, celui d’arrêter le temps et d’évoluer dans un monde un peu étrange, le monde statique. Malheureusement un tel pouvoir est très convoité, tout comme une étrange pierre qui en serait le catalyseur et qui appartient à la famille de Juri. Lorsque des ravisseurs kidnappent le frère et le neveu puis demandent la pierre en rançon, le grand-père et le reste de la famille viennent à la rescousse mais, surprise, il n’est pas le seul à manipuler le temps !

Pour manipuler le temps mais aussi l’espace, Seita HORIO a mis en place tout un monde avec une ambiance qui lui est propre, très bien rendue, mais qui comporte aussi des règles  : quiconque tentera de tuer un humain figé devra subir le courroux des gardiens, des êtres à l’apparence étrange, entre humain et végétal, et la jeune Juri se découvre la capacité d’exclure qui elle veut du monde statique par simple contact. Contre elle et sa famille, des criminels qui appartiennent à une sorte de secte ne sont pas en reste non plus…

Kokkoku tome 4Tournant autour de quelques personnages clés, l’intrigue bénéficie d’une bonne narration, qui alterne des phases de thriller – qui vont de la course poursuite à l’affrontement contre ces flippants gardiens – et des révélations sur ce monde statique ou sur les motivations de cette fameuse secte. Les couvertures ne paient vraiment pas de mine, je me demande si elles ne conduisent pas le titre dans le mur en termes de vente, mais ce serait dommage de passer à coté de ce seinen car il est vraiment très prenant !

[Breaking news !] Truc de ouf cher lecteur, je viens de recevoir hier le tome 4 de la série, quel rebondissement !!! Ce nouveau tome – à sortir le 23 septembre – possède une couverture much more séduisante même si toujours épurée, et marque une accélération de la série. En plus de quelques rebondissements comme des retournements de veste ou un combat très délicat contre plusieurs gardiens, cet opus nous plonge surtout dans la genèse de la fameuse secte et les ambitions de son leader qui fait justement la Une. Voici un Némésis comme je les aime : un bon grain de folie, une absence d’empathie et un humour glacial, des envies de grandeurs et un plan machiavélique sous le coude pour mener son projet à terme. La fin du tome marque d’ailleurs un premier pas inattendu dans le projet de ce psychopathe, on meurt d’envie de savoir la suite ! La série est arrivée à mi-chemin désormais, et ça s’annonce plus que bien pour les prochains tomes !


Arachnid 3Arachnid
 de Shinya MURATA et Shinsen IFUJI, chez Soleil Manga : après vous avoir parlé de plusieurs titres discrets, je termine avec un qui ne fait pas dans la dentelle en proposant de l’action, de l’action, encoooore de l’action, le tout emballé dans des couvertures soignées et qui attirent l’œil. Je vous avais évoqué la mise en place rapide et efficace de l’histoire dans de précédentes chroniques, donc je la fait courte : Alice, lycéenne victime de brimades a pris l’habitude de s’isoler dans son monde… Jusqu’au jour où son oncle se fait assassiner par un meurtrier du nom de l’araignée. Alice fait alors preuve d’un don de survie incroyable et va devenir à son tour une tueuse redoutable, la nouvelle araignée !

Depuis le tome 1 le lecteur a fait connaissance avec l’organisation qui gère tous les tueurs aux noms et aux spécificités d’insecte : la guêpe, la cafard, la mante, etc. Alice croise, affronte et défait pour le moment tous ses adversaires en se reposant sur les atouts des arachnides. De la même façon, on s’amuse régulièrement de l’adaptation guerrière qui est faite des capacités des différents insectes : le cafard est hyper rapide, capable de sécréter un liquide qui le rend insaisissable, la sauterelle a une force inouïe dans ses jambes, et on multiplie ainsi les astuces quasiment à l’infini. Tout ceci créé une bonne base pour les rebondissements incessants des affrontements, qui occupent le plus clair des chapitres. Résultat : on ne s’ennuie pas une seconde, même si on le doit aussi à la mise en scène et à la chorégraphie très efficaces du dessinateur qui transmet avec talent les effets de vitesse ou la puissance des impacts. Dans le tome 3 il n’hésite pas à enchaîner trois doubles pages pour décomposer un coup et lui donner un effet retentissant à la lecture. Arachnid est donc un titre hyper récréatif et plutôt malin, pas dénué d’humour en plus, idéal pour se changer les idées sans se prendre la tête !

Et voilà pour ces lectures… Comme d’habitude je ne parle pas de tout – 6 tomes ici pour une dizaine mis de coté – donc je vous conseille, pour suivre toutes les lectures du chocobo de vous rendre sur les réseaux sociaux comme Instagram, Facebook ou Twitter pour des sessions de lecture en live. Je termine par l’habituelle photo de la pile de tomes à lire et à chroniquer, rendez-vous la semaine prochaine pour de nouveaux titres  !

Chroniques Manga Paoru.fr-003

 


In These Words : l’excellent thriller psychologique avec des hommes tout nus dedans

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In these Words

Avec la vague de nouvelles séries la semaine dernière, en voilà encore une sur laquelle je braque les projecteurs. Qui l’eut cru, c’est un yaoi (OH MON DIEU !) mais ne partez pas tout de suite, car c’est avant tout un thriller avec serial killer, quelque part entre Esprit Criminel, un film de David Fincher et New York Police Judiciaire : voici In These Words,de Jun TOGAI et Narcissus. Comme pour Adekan il y a deux ans, de bonnes raisons, graphiques et scénaristiques m’ont poussé à vous parler de cette histoire complexe et sombre, celle d’un docteur en psychologie à la poursuite d’un tueur en série dont il a été autrefois la victime… La seule victime encore en vie d’ailleurs.

C’est parti pour la critique !

Crimes et attachements…

In These WordsKatsuya Asano, alias Docteur Asano diplômé en psychologie, est amené à devenir profiler pour la police de Tokyo. On veut exploiter ses talents de psychologue criminel pour tenter de percer à jour un tueur en série qui sévit depuis plusieurs années. Après 12 victimes en 3 ans, la frénésie meurtrière est mise à mal : la collaboration entre la police et Asano semble fructueuse et un certain Shinohara Keiji est enfin arrêté. En attendant son jugement cet homme égocentrique veut en savoir plus sur celui qui a permis son arrestation et la police y voit une occasion inespérée d’obtenir des aveux et de monter un dossier en béton contre cet homme d’une redoutable intelligence.

Asano se retrouve donc confronté au meurtrier, lors de séances sous surveillance. Mais à peine notre jeune profiler accepte-t-il le poste que d’affreuses migraines le prennent en même temps qu’il se retrouve tourmenté, nuit après nuit, par d’étranges cauchemars. Dans ces songes, un homme dont il ne voit pas le visage le retient prisonnier et lui fait subir de nombreuses tortures et sévices : coups de poings, coups de couteaux et viols systématiques… Pourtant, ce geôlier lui murmure toujours qu’il l’aime et que, lui aussi un jour, l’aimera.

Au fur et à mesure des séances les échanges avec le meurtrier deviennent de plus en plus compliqués et Asano paraît incapable d’obtenir les informations qu’il désire ou de percer la carapace du tueur, alors que ce dernier l’entraîne dans un jeu étrange du chat et de la souris… Les mystères se font, dés lors, de plus en plus nombreux : est-ce qu’un plan des plus tordus ne se cacherait pas derrière ces interrogatoires ? Pourquoi ne sait-on pas comment le meurtrier a-t-il été déjoué et est-ce que ce coupable est vraiment celui qu’il prétend ? Qu’est-ce que ces rêves viennent faire là dedans et quel est le vrai visage qui se cache derrière ce tortionnaire amoureux ?

Le réveil risque d’être surprenant… et brutal.

Pour le plaisir… des yeux !

Tout comme son récit, l’histoire de ce titre est assez singulière puisqu’il est né au sein d’un cercle de Boy’s Love, Guilt Pleasure, qui officie quelque part sur les côtes américaines mais dont les deux auteurs, la dessinatrice Jun TOGAI aka Jo Chen de son nom d’illustratrice et la scénariste Narcissus aka Kichiku Neko, sont taiwanais à l’origine. D’abord distribué sur internet, le titre a rencontré le succès sur la toile et a fini par être publié en 2012 par une maison spécialiste du yaoi, Libre Shuppan (les amateurs peuvent voir l’impressionnante liste de publication ici) sous son nom d’origine Gen no Tsumi. Depuis il a fait le tour de l’Asie (Corée, Chine) et il est présent dans plusieurs pays d’Europe : en Allemagne chez Tokyopop et en France via l’éditeur Taïfu : le second tome est paru cette semaine justement, le 24 septembre.

Pour la petite histoire les deux auteurs sont également venus lors de la Japan Expo 2015, l’occasion pour le public de les rencontrer et pour Journal du Japon de les interviewer et le duo s’est avéré assez bavard d’ailleurs. Mais aussi ce fut aussi l’opportunité de découvrir la superbe édition collector du premier tome : un grand format (15 x 21 cm), des pages couleur qui deviennent des doubles posters recto verso, une maquette revisitée avec une reliure en tissu et un signet en tissu également, une nouveau visuel en couverture et enfin un papier de meilleure qualité (quoique celui de l’édition simple n’a pas à rougir). C’est le double du prix mais ceux qui l’ont eu entre les mains semblent vraiment apprécier.

In these words collector

Comme vous pouvez le voir avec ces couvertures, le dessin de Jun TOGAI témoigne d’un talent graphique indéniable, qu’il s’agisse du coup de crayon ou de la colorisation, que l’on s’intéresse à la plastique des personnages où à leur expressivité tout en subtilité. Bonne nouvelle, l’intérieur de ces deux premiers tomes est du même acabit : on profite d’une première page couleur très réussie et le reste de l’ouvrage n’est pas en reste. L’influence des comics évidente ressort par des traits épais mais fluides, une gestion des ombres très poussées avec une multitude de niveaux de gris : on sent la parfaite maîtrisé du dessin sur tablette graphique et surtout de la finition très léchée par ordinateur sur Photoshop. Même si l’on s’éloigne un peu du noir et blanc à la japonaise et que la mise en page emprunte ponctuellement une dynamique US, on reste sur un hybride à dominante japonaise, de par le chara-design, le découpage ou les angles choisis…

in-these-words-1-kenji  In These Words

Un visuel sans faute donc mais le reste n’est pas mal non plus…

Tel est pris qui croyait prendre…

Après le plaisir des yeux, c’est rapidement le scénario qui prend le pas dans l’intérêt du lecteur. Tout d’abord parce que le premier tome ne commence pas par des planches mais par du texte : dix pages racontent ainsi la première rencontre présumée entre le docteur Asano et son futur bourreau autour d’un café, puis nous plonge dans le début de son calvaire. Vous l’aurez bien compris, les fameux rêves d’Asano ressemblent plutôt à des souvenirs, refoulés à priori puisque l’intéressé n’en a pas conscience. Usant d’une chronologie volontairement floue et parsemée de trous, Narcissus joue donc avec son lecteur sur l’ambiguïté des situations, sur la part de fictif et de réel dans ces rêves et sur leurs liens avec le meurtrier : ces songes sont-ils des fantasmes, des souvenirs, un mélange des deux ? Et pourquoi ces cachets et ces migraines ressemblent-ils à des indices à l’intention du lecteur ?

In This WordRapidement, à la fin du premier volume, tout bascule. Sans vous révéler ce premier rebondissement, disons qu’Asano perd le contrôle et ne semble plus du tout en sécurité. Inquiet, on commence aussi à se poser des questions concernant cette fameuse enquête, et c’est là que le second volume nous en révèle la véritable teneur. Pour cela, nous voilà projeté vingt mois en arrière pour découvrir les véritables origines de l’affaire, ainsi que la première rencontre entre Asano et… un personnage clé dirons-nous. Ces vingt mois sont bien partis pour devenir la nouvelle « histoire dans l’histoire », le cœur du récit de ce seinen avant que l’on revienne, un jour, finir cet arc entamé dans le tome 1 pour une course poursuite finale.

Au delà de ce labyrinthe scénaristique et narratif assez cohérent que le lecteur prend plaisir à suivre, c’est aussi toute une psychologie très complexe que l’on prend plaisir à appréhender, morceau par morceau : celle du docteur Asano. Ce professeur à la plastique irréprochable et à l’intellect sans faille est pourtant quelqu’un de froid – et à la beauté glaciale, d’ailleurs – toujours distant et avant tout maître de soi. D’où sa volonté de ne pas se briser face aux assauts et tortures répétés de son ravisseur dans le premier opus. Mais lors des entretiens avec le prévenu, le psychologue ne parvient plus à analyser froidement la situation et se prend à jouer un jeu dangereux qui l’amène au bord du gouffre. Néanmoins, dans ce premier temps, il est la pauvre victime aux yeux du lecteur. Pourtant, c’est une personnalité beaucoup plus sulfureuse et dominatrice qui nous est offerte dans le second volume, où l’on voit le docteur façonner son monde et les gens qu’il rencontre selon ses propres règles.

Après avoir vu comment le chaos l’a envahi et les tentatives pour le briser on revient donc sur l’homme tel qu’il était au départ… Une déconstruction / reconstruction très intéressante sur le plan psychologique, qui apporte pas mal de moments inattendus pour le lecteur. A la fin du second tome on commence enfin à comprendre Asano (en tout cas le croit-on) : c’est un homme qui refuse la domination psychologique car il aime en jouer lui-même, avec brio, mais il accepte au contraire la domination physique… Voici un vrai challenge pour un serial killer et psychopathe d’envergure !

In-these-words-T.I-2Enfin je ne pouvais pas conclure sans évoquer les scènes de sexe, qui occupent un quart de l’ouvrage. Si, de par la plastique parfaite et l’esthétisme réussi elles plairont logiquement aux amateurs/trices du genre, il faut bien avouer qu’elles sont sans concession : très peu de place est laissée à l’imagination et on nous montre tout (l’image ci-contre est plutôt soft, ne vous y fiez pas), ce qui paraît assez inhabituel quand on connait les représentations de l’acte dans la bd nippone. C’est cru, certes, voir presque trash, mais pas vulgaire pour autant, car la dessinatrice ne semble pas viser la surenchère et veut plutôt donner un certain glamour à l’acte, tout en gardant une certaine crédibilité. Quelques extraits ici pour vous faire une idée.

La violence, car qui dit viol dit forcément violence, vient plutôt de l’affrontement des esprits que des corps, entre Asano et ses partenaires. Avec son ravisseur, il refuse la soumission et l’exprime à chaque rapport, quitte à dire ses quatre vérités à son ennemi et à se prendre des coups de couteau ET une franche sodomie en retour. La fréquence et la longueur des rapports attaquent d’ailleurs sérieusement la volonté de notre médecin et on ressent page après page son épuisement dans cette guerre psychologique.

Dans le second tome, autre décor puisqu’on a le droit a des relations consenties et un embryon de romance. Mais là encore le comportement demeure prépondérant avec des rôles dominants /dominé au cœur du débat. En résumé, l’esthétisme et les enjeux intellectuels de ces moments feront que, même s’ils vous laissent de marbre physiquement, ils ne sont pas dénués d’intérêt. Et pour ceux que ça intéressent, alors là, ce sera double jackpot.

Le succès ou au moins l’engouement autour de In These Words n’est donc pas sans raison et il mérite d’aller au delà d’une simple classification sulfureuse: en deux volumes, ce seinen a déjà mis en place un scénario bien élaboré et intriguant, à l’image de son personnage phare, complexe, dont la sexualité est l’une des composantes révélatrices et donc utile au titre. Le yaoi est un peu la cerise sur le gâteau pour les amateurs et amatrices mais il serait dommage que cette caractéristique soit pour vous rédhibitoire et vous fasse rater un titre visuellement superbe et scénaristiquement prenant. Laissez vous tenter par la couverture, et ouvrez-le !

In these Words

ITW-2-taifuFiche descriptive

Titre : In These Words
Auteur : Jun Togai / Narcissus
Date de parution du dernier tome : 24 septembre 2015
Éditeurs fr/jp : Taifu/ Libre Shuppan
Nombre de pages : 240 n&b et couleur
Prix de vente : 9.99 €
Nombre de volumes : 2/2 (en cours)

Visuels : In These Words ©  Guilt|Pleasure 2012 / Libre Publishing Co., Ltd..

Pour en savoir plus sur le titre et ses deux auteurs je vous conseille leur site internet, leur tumblr, leurs comptes Twitter :  Jun TOGAI, NarcissusVous pouvez aussi vous tenir informé sur le groupe Facebook (privé) de Guilt Pleasure, tenue par la traductrice française de l’oeuvre !

Chroniques of ze week : autour du tome 7, quatre mangas qui en ont dans la tête

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Chroniques Manga Paoru.fr-001-2

J’aime bien les tomes 7. Enfin… pas uniquement les tomes 7, plutôt cette période entre les tomes 5 et 10 où une série dévoile son potentiel, puis confirme volume après volume que vous avez un bon manga entre les mains. Finies les présentations et les hésitations, on passe la seconde en terme de narration, on assiste aux premiers plotwists d’ampleur… et on reste pour un temps épargné par la dilution ou l’étirement du récit, cette habitude irritante pour faire durer un succès tout juste acquis. Qui plus est c’est aussi une fierté pour le lecteur qui a su se montrer patient, et que le jeu en valait la chandelle.

Ces dernières semaines j’en ai lu quatre comme ça, trois tomes 7 justement et un tome 9, qui ont comme point commun de dérouler un excellent scénario et, hasard le plus total, basés sur quatre conflits armés historiques, fictifs ou carrément surnaturels. Certains font parler d’eux et sont déjà connus et reconnus – et maintiennent leur niveau avec brio tome après tome – mais d’autres sont plus proches de la déception commerciale, à tort. Mais nous allons tenter d’y remédier…

Bonne lecture et, comme d’habitude, plus d’infos en cliquant sur le lien en en-tête de chaque chronique !

Il était une fois… LA GUERRE !

Ad Astra 7Ad Astra VII de Mihachi KAGANO chez Ki-oon : On démarre par le titre le plus « réel » des quatre, un récit historique qui traite des Guerres Puniques, la seconde plus précisément. Tout se déroule donc au IIIe siècle avant JC entre une civilisation romaine en plein essor et les civilisations carthaginoises (aka civilisations puniques, d’où le nom) qui refusent de se voir dépossédées de leurs terres méditerranéennes après avoir perdu la première guerre. Sous l’égide du général de génie Hannibal Barca, ils sont bien décidés à prendre leur revanche. J’avais évoqué la série au second tome à la rentrée 2014, car ce manga historique mettait en lumière une période méconnue et passionnante de l’histoire romaine.

En France, avec Astérix et la capitulation de Vercingétorix à Alésia, on connait plutôt L’Empire Romain, la superpuissance établie qui a accolé son fameux tampon Senatus Populus Que Romanus du Portugal à la Turquie. Dans Ad Astra, aux alentours de -220 avant JC donc,  les Romains sont déjà bouffis d’orgueil mais ils ne règnent « que » sur la moitié de la Méditerranée, des côtes espagnoles aux côtes grecques. C’est de cet orgueil que Barca va tirer toutes ses ruses, en plus de manier à la perfection les particularités des champs de batailles. Durant les six premiers tomes, on assiste donc à toute la bêtise d’une armée trop sûre d’elle-même : elle traite l’ennemi avec arrogance, chaque général romain se précipite sans réfléchir, persuadé de vaincre l’ennemi rapidement, que le surnombre et la grandeur de Rome suffisent. Au contraire, Hannibal monte des plans minutieux et de plus en plus échafaudés au fil des batailles, ne laissant aucun détail au hasard. De la présence d’une rivière à la météo du jour, le carthaginois mise toujours sur l’effet de surprise et l’avantage psychologique qu’il procure, en laissant croire à son adversaire qu’il a été mis à jour ou qu’il attaque de manière insensée, tel le barbare bourrin qu’on attend qu’il soit dans le camp romain. Cette humilité est sa meilleure arme, tout comme son image de libérateur qui lui vaut le renfort des peuples, jusqu’ici opprimés par nos hommes en jupettes.

Cependant, comme le dit l’adage, Rome ne s’est pas faite en un jour et il a fallu des hommes de talents pour la mener sur la voie de l’Empire. Hannibal a donc des ennemis d’envergure, depuis le tome 3. Mais faces aux certitudes des dirigeants brisées, les plus grands noms de Rome se rejettent la faute les uns sur les autres et pendant ce temps Hannibal progresse jusque dans l’Italie elle-même, pour la légendaire bataille de Cannes : l’un des plus grand massacres de l’Antiquité avec environ 50 000 romains tués contre 10 fois moins dans les rangs carthaginois, un chef d’oeuvre de tactique que je ne vous spoile pas mais qui, sachez-le, est encore étudiée de nos jours dans les écoles militaires. Bref, vous l’aurez compris, tout ceci est passionnant mais la bataille à sens unique pourrait finir par lasser. C’est donc avec joie que ce tome 7 propulse en avant, et au commandement, un duo romain du tonnerre : le monstre de guerre Marcellus et le jeune prodige Scipion, admirateur d’Hannibal mais qui en connait désormais les failles. Les forces s’équilibrent et la terrible tornade de défaite prend fin. C’est au tour des Carthaginois de douter… et de remettre en question leur chef. Voilà qui est prometteur !



Altair 7Altaïr 7 
de Kotono KATO chez Glénat : Enfin je vous parle d’Altaïr sur ce blog ! Je l’ai déjà évoqué sur les réseaux sociaux ou dans les colonnes de Journal du Japon, mais la série passait toujours à un cheveu des sélections précédentes. D’ailleurs, ici comme ailleurs, elle a beaucoup souffert de son graphisme initial perfectible, de ses couvertures assez classiques sur les premiers volumes, de son démarrage en douceur. Pourtant ce récit nous présente une région et une période inhabituelle dans les mangas, celle de l’Empire Ottoman du XIV – XVe siècle. Inspirée par des personnages historiques réels et quelques noms de pays bien connus, la diplômée d’Histoire sur ce sujet, Kotono KATO, nous raconte la vie passionnée de Tugrul Mahmud qui va tenter de défendre la Türkiye et son peuple face aux complots, aux trahisons, aux folies et aux luttes de pouvoir des dirigeants de toute la région.

Talentueux et premier de la classe, notre jeune homme va connaître l’échec face aux félonies politiciennes. Ce jeune général inexpérimenté et idéaliste va devoir renaître en tant qu’espion et émissaire, et observer impuissant la défaite des justes face aux corrompus… mais il va apprendre, petit à petit, à déjouer et à vaincre ses adversaires, tout en essayant de respecter ses principes et quelques uns de ses idéaux. Voilà donc une belle histoire, toujours très romancée, telle une fable sanglante avec des ennemis cruels à souhait. La passion pour l’orient de la mangaka transpire dans chaque page à travers des dessins de plus en plus réussis, pleins de détails dans les costumes, les villes ou les places fortes. Depuis le tome 4 le manichéisme s’amenuise, les personnages conservent leurs idéaux mais deviennent aussi plus malins et plus réalistes. On reste en présence d’un shônen avec un héroïsme marqué mais les protagonistes deviennent attachants et leur quête entraînante car, en plus des intrigues politiques, on découvre l’art de la guerre en terrain ottoman : terres arides et montagnes escarpées, premiers fusils et batailles à cheval… Un goût d’Orient inédit dans le palais du lecteur.

Altaïr est finalement une alternative shônen intéressante à des seinens très travaillés comme Cesare ou Ad Astra avec des couvertures de plus en plus belles dont le travail sur les dorures par les éditions Glénat est du plus bel effet. Une chouette aventure à essayer !

Des batailles épiques et qui piquent

magical-girl-end-07Magical Girl of the End #7 de Kentarô SATÔ chez Akata : lorsqu’on commence fort, ce n’est pas toujours facile de durer et un article enthousiaste basée sur les premiers volumes est tout sauf parole d’évangile pour un manga qui dure. Heureusement, Magical Girl of the End n’est pas de ceux là, et fait honneur à l’enthousiasme qu’il avait suscité dès son premier opus. Pour ceux qui ne connaissent pas ce premier titre de la collection WTF d’Akata, je vous encourage à lire l’article de votre serviteur à la sortie de la série. Pour vous faire la version courte, disons qu’il s’agit du jour où des magical girls débarquent dans notre monde pour nous réduire en charpie sanguinolente de toutes les façons qui soient. S’en suit une course effrénée de quelques personnes pour leur survie, face à ces poupées aux pouvoirs démentiels, dans une course poursuite 100% adrénaline.

Après un rush horrifique et totalement déjanté pendant 2-3 tomes, la série a su dévoiler un vrai scénario à base de bonds dans le temps, de sorcellerie, de drames personnels et de sauvetage de l’humanité. Si beaucoup de protagonistes ont été découpés / troués / éparpillés / vaporisés voir zombifiés durant les premières heures du récit, c’est désormais une véritable bande que l’on suit de près, des gens qui ont survécu à l’horreur et qui sont prêt à en découdre. D’autant que les derniers tomes, dont ce septième, révèlent toute la mécanique de cette lutte pour la domination du monde. Mais, sitôt les premiers mystères levés, l’action reprend de plus belle : un nouveau round qui est des plus prometteurs car les magical girls qui ont décimé tant d’humains sont passés du cotés des good guys, dans une nouvelle version qui devrait broyer du tibia et découper de la cervelle. Kentarô SATÔ continue donc de tenir ses promesses, excelle à renouveler son intrigue et à maintenir le charisme des ses personnages, tous plus fous et séduisants les uns que les autres. Un titre toujours aussi jouissif !


FateZero-9-JaqFate/Zero #9 de SHINJIRÔ & Gen UROBUCHI / Type-Moon chez Ototo : Décidément tous les tomes de Fate Zero sont des petits caviars depuis quelques temps. Après un volume 8 focalisé sur l’action retour aux coups bas, aux trahisons et aux alliances dans cette nouvelle itération. Il faut dire que l’étau se resserre autour du Saint Graal puisque l’on va passer de 5 à 4 prétendants cette fois-ci, et pas de la plus belle des manières qui soit. Comme le dit le 4e de couverture : « Neuvième volume de la saga Fate/Zero, entaché de hurlements maudits« …

La mort dans le déshonneur est le lot de tous ceux qui échouent dans la quête de la coupe sacrée mais certains n’attendent pas leur défaite pour jeter leur propre nom dans la boue, si cela leur permet de gagner. C’est d’ailleurs de ça que naît le principal et diablement intéressant débat de ce tome : vouloir gagner à tout prix est-il un mal lorsque cela met fin à une guerre le plus rapidement possible ? Et si on pousse ce raisonnement plus loin, pour reprendre les idées de Kiritsugu, « c’est parce que des prétendus héros viennent jeter de la poudre aux yeux avec leurs rêves d’honneur » que l’homme ferme les yeux sur l’enfer vivant qu’est la guerre et que s’ouvrent, encore et encore, les portes de la barbarie, de la terreur et de la souffrance. Voilà donc un tome où les gens se salissent les mains, mettent leur fierté de coté pour monter des alliances, trahissent leurs compagnons, leurs maîtres… Ou gagnent une force nouvelle au prix d’une déchéance physique et psychique difficilement supportable.

Une fois de plus ce seinen replonge dans la noirceur et le fait avec un talent remarquable, apportant une vraie réflexion sur le peu de lumière de notre monde. Cerise sur le charnier, cet opus s’achève bel et bien avec une descente aux enfers au sens propre, un finish des plus mystérieux… Vivement le tome 10 !

Et voilà pour ces lectures… Comme d’habitude je ne parle pas de tout, on dissertera du retour de The Arms Peddler plus tard, par exemple, et on évitera d’aborder Übel Blatt en espérant que ça s’améliore pour le finish… De tous ces titres et d’autres, il en est plus questions sur les réseaux sociaux comme Instagram, Facebook ou Twitter pour des sessions de lecture en live. Je termine par l’habituelle photo de la pile de tomes à lire et à chroniquer, et vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour de nouveaux titres  !

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Unlucky young men : une virée désabusée à travers le « mai 68 » japonais

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UnluckyYoungMen titre

Mai 68, une date chargée de symboles pour plusieurs générations d’entre-nous, qui s’est drapée d’un voile romantico-idéaliste à travers les années. Synonyme de rébellion cool, d’espoir et manifestation d’une volonté de faire voler en éclat un pouvoir dépassé, sclérosé et un brin oligarchique. Plusieurs générations d’adolescents et de jeunes adultes en rêvent encore…

Parmi ces derniers plusieurs lisent des mangas, bien sûr, mais combien en France savent que le Japon, ce pays bien sous tous rapports et à la société uniforme, a connu de telles révoltes lui aussi, la même année qui plus est ? Toute la génération nippone paumée des années 2 000 que l’on voit dans les mangas d’Inio Asano (Solanin, La fille de la plage) n’a pas été la première à la recherche de repères.

Ainsi, avec le premier tome de Unlucky Young Men qui sort cette semaine dans la collection Latitudes des éditions Ki-oon (Emma, Goggles, Coffee Time) je vous propose de plonger un demi-siècle en arrière, grâce aux talents combinés de Eiji OTSUKA au scénario et Kamui FUJIWARA au dessin. Ce premier tome sur les deux à venir est l’occasion d’une captivante découverte, dans une virée mouvementée qui mélange polar et chronique sociale, en allant du célèbre vol des 300 millions de yen au baroud d’honneur d’une génération désabusée qui formera pourtant des cohortes de salarymen dociles dans les décennies qui vont suivre. Un Japon à la croisée des chemins qui, comme les héros de cette fable remuante, ne sera plus jamais le même…

Une génération profondément malheureuse…

Avant d’en venir à l’ouvrage lui-même, plantons le décor de cette année et de cette époque méconnue qu’Unlucky Youn Men sort totalement de l’oubli.

Parce que vois-tu, cher lecteur, dans les années 60 les jeunes Japonais, en tout cas la jeunesse Tokyoïte, elle est rebelle et révolté à 100% contre ses aînés. En même temps, on le serait à moins : elle a grandi dans le Japon vaincu d’après guerre, sous juridiction américaine, et son enfance des années 50 a été synonyme de grande pauvreté (lisez Rainbow de KAKIZAKI et ABE pour vous faire une idée). Quantité d’orphelins et d’enfants abandonnés ont erré dans les rues, leur quotidien se résumant à la survie. Ils étaient seuls car leurs parents étaient partis ou morts à cause de cette guerre, ils étaient pauvres et sans honneur car leurs prédécesseurs l’avaient perdue. Et pour tout ça, un ressentiment et un grande désaffection était née envers la génération qui les a précédés. Ils ne validaient pas cet affrontement jusqu’au-boutiste et sentaient monter en eux un sentiment d’injustice, contraints de vivre dans le bourbier de ses conséquences, malgré leur innocence.

Yoko, 17 ans, Tokyo, 1964 © Michael Rougier

Yoko, 17 ans, Tokyo, 1964 © Michael Rougier

C’est sur ce terreau de tristesse, de désamour et de colère latente que grandit le Japon de cette époque. Avec l’embellie économique des années 60, le Japon a fini par sortir la tête de l’eau. Mais l’image que l’on veut donner de cette renaissance passe par une propagande lisse et brillante à souhait pour le reste du monde. En 1964, un correspondant du magazine Life dépêché sur place pour faire un portrait de cette génération décrit avec humour cette jeunesse de façade : « aussi saine et heureuse qu’une coupe glacée au caramel » mais fait un bilan beaucoup, beaucoup plus sombre : « Un large segment des jeunes Japonais est, en profondeur, désespérément malheureux et perdu. Et ils parlent librement de leurs frustrations. Beaucoup ont perdu le respect pour leurs aînés, ces clefs de voûte de la vie japonaise, et dans certains cas dénoncent les personnes plus âgées pour  les “avoir plongé dans une guerre insensée”».

Ayant tranché les liens qui les unissaient avec le cocon familial, ils ont reformé, dans la désespérance, leur propre mini société, régie par leurs propres règles. Les jeunes gens de ces groupes sont reliés les uns aux autres non pas par de l’affection mutuelle – dans de nombreux cas, ces êtres “perdus” sont incapables de toute affection – mais plutôt par ce besoin d’appartenir, de faire partie de quelque chose. »

La jeunesse japonaise, Tokyo, 1964 © Michael Rougier

La jeunesse japonaise, Tokyo, 1964 © Michael Rougier

C’est ainsi que naisse les héros d’Unlucky Young Men et tout particulièrement Yoko. Yoko incarne un personnage réel du nom de Hiroko NAGATA (photo ci-dessous), jeune fille de bonne famille venant d’une école tout ce qu’il y a de plus huppée mais qui va devenir la présidente de l’Armée rouge unie, groupe d’extrême gauche et l’une des entités terroristes les plus craintes dans le monde à l’époque… Dans ce premier volume on y découvre une jeune femme froide, instable et qui recherche ni plus ni moins que la destruction du Japon actuel, où de tout ceux qui pourraient y trouver le bonheur. Tel un miroir, une autre jeune femme porte aussi le nom de Yoko dans cette histoire, une anonyme fictive pour le coup, qui va toucher du bout des doigts l’amour et le bonheur avant de subir les foudres de son homonyme, qui lui refuse une vie heureuse et la plénitude de sentiments qu’elle semble incapable, elle, d’éprouver.

hiroko-nagata

Moins extrême mais lui aussi malheureux, on retrouve un autre rebelle du nom Kaoru, fils d’un policier haut placé qui voue une certaine haine au système et à son père, car tous les deux le méprisent, lui, ce jeune homosexuel qui se cherche. Kaoru est le symbole de cette absence de barrière de la jeunesse japonaise et d’une certaine escalade : quelles que soient les exactions, elles semblent sans conséquences car elles sont toutes dissimulées, par peur du scandale et de l’opprobre. Mais tout est fait sans explications, sans véritable notion du bien ou du mal, dans une voie du silence totalement étouffante, dans le rejet de l’autre sans comprendre que derrière les erreurs de jeunesse il y a une souffrance, une recherche d’identité et de reconnaissance… Mais le dialogue est impossible entre ces deux générations et chaque discussion n’a pour conséquence que de pousser à davantage de transgression.

Beaucoup vont aller loin, très loin dans cette recherche de limites mais quelques-uns vont tenter, ensuite, d’en revenir. C’est ainsi que l’on peut dépeindre N, héros de l’histoire inspiré d’un autre personnage réel : Norio NAGAYAMA, un meurtrier en série mais aussi écrivain durant ses années d’emprisonnement. Il va contre toute attente trouver l’amour et aspirer alors à une vie plus sereine, après ses 4 meurtres. Il posera son pistolet et tentera de reprendre des études pour se dessiner un avenir simple mais radieux, aux bras de sa chère et tendre. Mais voilà, repasser de meurtrier à gentil mari bien comme il faut est, là encore, vécu comme une trahison par ceux qui veulent faire tomber ce modèle de la famille heureuse japonaise. Sous le couvert de la rébellion, les futurs terroristes refusent le droit au bonheur et forcent ceux qui les croisent à les suivre dans les chemins de l’anarchie et du désespoir…

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N le meurtrier, dans Unlucky Young Men

Tous ces portraits et d’autres, très réussis, sont réunis dans Unlucky Young Men pour montrer de manière troublante cette génération tiraillée entre des revendications – du besoin viscéral de justice ou d’équité à de la vengeance pure et simple – et le désir de goûter à un bonheur banal,  d’accomplir ses rêves, de laisser le passé derrière soi. Malheureusement ces deux souhaits semblent incompatibles, et vont mener le Japon dans l’une année des plus contestataires de son histoire contemporaine.

Soixante-huit, année chaotique

En 1968, le Japon est en pleine croissance : il a quadruplé son PIB en huit ans (on est content avec notre + 1.5% cette année, ça laisse rêveur) et il est à l’aube d’une croissance encore plus grande qui va durer jusqu’au milieu des années 90. Cet essor, comme toujours, ne peut se faire sans la jeunesse, et celle-ci, autonome et sans barrière, est bien décidée à se faire entendre…

Tout commence en janvier. Pour mener à bien la guerre du Vietnam, les Etats-Unis sont installés à Okinawa, une vraie base arrière d’où partent leurs bombardiers pour aller raser les ennemis vietnamiens. Les Zengaruken vont s’y opposer. Ce sont des associations d’étudiants auto-gérées qui défendent la démocratie et l’université pour tous, dirigées en coulisse par le partie communiste, et qui luttent donc pour empêcher l’arrivée de nombreux navires de guerre en janvier et février. Un combat qui exprime le refus et le raz-le-bol global du colonialisme américain : les Etats-Unis ont eu la mainmise sur de nombreuses sphères politiques et économiques au Japon, pendant plus d’une décennie. Même si le Traité de coopération mutuelle, dans sa nouvelle mouture signé en 1960, a « officiellement » équilibré le rapport de force, les Etats-Unis continuent de faire un peu ce qu’ils veulent sur le sol nippon pour ce qui est du domaine militaire. Ce manque cruel de souveraineté est une frustration de plus, de trop, pour la jeunesse nippone et elle entame ainsi son combat.

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En avril, les choses s’accélèrent :  au Japon comme en France et partout dans le monde, le baby-boom a amené de plus en plus d’étudiants sur les bancs de l’Université qui se voulait encore une décennie auparavant un pré carré pour l’élite de la population. En France, par exemple, on passait de 250 000 universitaires en 1963 à 500 000 en 1968. Inutile de dire que cette nouvelle population lettrée a elle aussi des choses à dire au Japon : refus de l’augmentation des taxes scolaires, de la sélection à l’entrée de l’université, d’une pédagogie vieillissante et symbole de « la génération d’avant ». 200 universités sont occupées à partir du mois d’avril, l’étincelle venant d’une réforme qui voulait obliger les étudiants en médecine à travailler gratuitement pendant deux ans à l’hôpital.

Cette bataille pour la démocratisation de l’enseignement supérieur affole évidemment le gouvernement mais il n’est pas le seul à réagir. Dans Unlucky Young Men, on croise par exemple Yukio MISHIMA, écrivain et prix Nobel mais également nationaliste et à l’origine de la milice privée Tatenokai (Société du bouclier), destinée à assurer la protection de l’Empereur.

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Plusieurs de ses mouvements d’extrême droite iront lutter aux côtés des forces de l’ordre contre l’extrême gauche et les cohortes d’étudiants. C’est sans doute là que les choses commencent à s’envenimer sérieusement : on peut prêter plein de bonnes intentions à cette révolution japonaise, comme leur combat écologique contre le progrès industriel aveugle que je n’ai pas encore cité (pollution au métaux lourds, expropriations expéditives d’agriculteurs), mais il ne faut aussi pas oublier comment ce combat a fini, de manière beaucoup moins romantique et glorieuse…

La manipulation de cette génération par des mouvances extrémistes, gauche comme droite a entraîné une escalade qui s’est finie dans un bain de sang où nombre de jeunes japonais se sont entre-déchirés et sont morts ou ont été salement blessés. Ce mai 68 nippon a été le plus long et le plus violent mouvement de contestation étudiante qu’a connu le monde à cette époque. Sur la fin, en janvier 1969, les forces d’autodéfense ont affronté pendant de longues journées des étudiants retranchés dans les facultés et la violence était des deux cotés, puisque les étudiants utilisaient aussi cocktails molotov, bombes d’acides, etc.  Pendant que les Etats-Unis poussaient le gouvernement à une véritable purge rouge, le mouvement s’est divisé en factions qui ont commencé à se quereller voir s’affronter, chacun voulant imposer son idéologie et sa mouvance. Une énorme confusion naîtra de la fin de ce mouvement et le soutien de la population s’effritera pour se transformer en méfiance vis à vis de l’appareil politique, accouchant d’un total désintérêt de la population japonaise pour la politique, d’ailleurs.

A tout ceci s’ajoute, dans Unlucky Young Men, l’affaire des 300 millions de yen, déjà sujet de plusieurs mangas comme Montage ou Inspecteur Kurokochi, car les deux mangakas décident d’incorporer cette affaire irrésolue en suivant une piste inédite, triste et injuste mais réaliste, et des plus intéressantes.

Unlucky Young Men-PLANCHE_1

Il y a aurait encore pas mal de choses à dire d’ailleurs, sur ce premier tome, comme l’hommage rendu au cinéma des années 60-70 à travers la construction narrative et graphique de l’oeuvre mais je laisse les plus curieux faire comme moi, et fouiller un peu, ou en apprendre plus à la lecture de ce premier tome que, vous l’aurez compris, je vous recommande chaudement.

En fait, ce manga a d’abord piqué ma curiosité mais il a ensuite entraîné, par sa lecture puis via la genèse de cet article, tout un flot de questions qui restent encore sans réponse, sur la capacité du Japon à se révolter et à prendre à bras le corps des sujets de premier ordre sans en arriver à de tels extrêmes…  Lorsque l’on voit l’inquiétante actualité du Japon des années 2010, on se demande forcément ce que veulent faire les générations qui arrivent du cas TEPCO-FUKUSHIMA, comment appréhendent-elles les restrictions dans la liberté d’expression qu’évoquent sombrement Tetsuya TSUTSUI dans Poison City, et que feront-elles de la remilitarisation en marche de leur pays, 70 ans après Hiroshima ?

Unlucky Young Men coverFiche descriptive

Titre : Unlucky Young Men
Auteur : Kamui Fujiwara / Eiji Otsuka
Date de parution du dernier tome : 08 octobre 2015
Éditeurs fr/jp : Ki-oon / Kadokawa
Nombre de pages : 360 n&b
Prix de vente : 19.90 €
Nombre de volumes : 1/2 (terminé)

Visuels : © Kamui FUJIWARA 2007 © OTSUKA Eiji Jimusyo 2007 / KADOKAWA CORPORATION, Tokyo.

Pour vous faire un avis plus personnels sur le titre, je vous mets une preview ci-dessous. Pour vous faire un avis sur cette époque il y a assez peu d’information non orientée sur internet, donc il faut faire le tri mais je peux vous conseiller ce site d’un prof d’histoire-géographie ici comme bon point de départ et je vous partage le très bon dossier de presse des éditions Ki-oon.

Chroniques of ze week : 3 mangas et mangakas qui se démarquent

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Après quelques jours de vacances, le chocobo est revenu chez lui pour constater qu’une MONTAGNE de mangas avait pris possession de sa boite aux lettres. Pour faire fondre la pile, on commence par des choses assez originales, dont vous avez sans doute entendu parler et qui se démarquent assez nettement du lot, par des choix graphiques et/ou scénaristiques : le fameux Levius qui divise pas mal le web, une mise à mort d’une rare intensité dans le tome 4 d’Innocent et le trop discret Drifters qui est toujours aussi délicieusement immoral. En route pour ces chroniques… Et bonnes lectures !

levius1Levius de Haruhisa NAKATA chez Kana : Celui là ne laisse pas indifférent. Je dirais même que vous saurez très rapidement s’il est fait pour vous ou non dès les 62 premières pages du chapitre 1. Nous voilà dans un certain XIXe siècle. Mais pas le notre, non, celui d’une nouvelle ère qui fait suite à une guerre dévastatrice. A cette époque la boxe mécanique fait fureur :  on y voit des lutteurs munis de membres artificiels qui s’affrontent dans de gigantesques arènes. Le jeune Levius, dont le père a été tué à la guerre et dont la mère est plongée dans le coma depuis le conflit, se découvre un talent tout particulier pour ce nouvel art martial et monte un à un les échelons, aidé par son oncle et entraîneur Zack. Cependant, alors qu’il s’approche des sommets, le destin de Levius semble se rapprocher de cette ancienne guerre dévastatrice… et être lié à l’avenir de cette nouvelle civilisation.

Ce n’est pas tellement le scénario qui pose question : ambiance steampunk dans la ville de Steamland, née d’une sorte de « révolution de la vapeur » et distillant des références évidentes à la seconde guerre mondiale, même si le style vestimentaire est plus du début du XXe. Ajoutez à ça l’ambiance des arènes et leurs gladiateurs plus ou moins mécanisés pour en faire de combattants surpuissants. Ces derniers, perdu dans ce nouveau monde, on choisit ce mode de vie pour y faire leur place et ils espèrent continuer jusqu’à mourir un jour face au public, pour graver leur nom dans les mémoires et dans le panthéon des guerriers. Dans ce monde de l’ère industrielle, devenu petit à petit mécanique et sans âme, familles et rêves ont tous été brisés, et chacun se complet dans ces plaisirs barbares. C’est de là, de ces ténèbres que va rejaillir une lumière… et l’espoir.

Vous l’aurez compris, on peut facilement se laisser entraîner par Levius et son héros sombre, qui traîne une histoire dramatique et sans lendemain, et qui tente une quête de sens et d’identité à travers la transcendance des combats. Mais voilà, cher lecteur, pour vivre ce voyage qui s’annonce palpitant il va falloir vous faire au graphisme de l’oeuvre. Levius n’est pas tout à fait, sur ce plan visuel, un manga comme on le définit habituellement, et tient plus office d’hybride. Comme tente de la définir l’éditeur japonais, il s’agit d’une nouvelle norme, un renouvellement du manga que nous évoquions il y a peu avec le directeur éditorial des éditions Sakka, rapport à la publication de Nicolas de Crécy chez Shueisha. Dans cette nouvelle norme, donc, on découvre des personnages et des décors hyper détaillés avec un trait et un crayon très présent mais très peu de jeux d’ombres, bien loin du style plus net et épuré japonais. Mais le plus marquant est l’innovation technologique avec la construction d’arrière plan / premier plan par un jeu de focus sur certaines parties du dessin, qui apparaissent nettes là où le reste est flouté pour donner une impression de profondeur ou de dynamisme.

Le tout donne à Levius une réelle singularité et, comme toute oeuvre innovante à forte personnalité, les gens sont partagés par cette bande dessinée qui part chasser sur des terrains inhabituels. Mais la démarche reste à saluer car la plupart de ses expérimentations produisent leur petit effet sur le lecteur, que ce dernier l’apprécie ou pas, et l’expérience ne demande qu’à mûrir, et peut être se retrouver dans quelques années par petites touches plus discrètes dans de futurs mangas. Ainsi, que vous lisiez de ce titre qu’il est moche ou qu’il constitue une véritable claque graphique (big up respectivement à Ours et à Remi), je ne saurais que vous conseiller de l’essayer par vous-même, pour explorer cette nouvelle piste !


INNOCENT_tome_4Innocent #4
de Shin’ichi SAKAMOTO chez Delcourt
: j’avais évoqué rapidement le premier tome de cette nouvelle série du mangaka d’Ascension. C’était magnifique dès le départ et ça l’est toujours, même si l’omniprésente poésie artistique de cet ouvrage, dans les corps comme dans les esprits, prend une tournure de plus en plus inattendue, oscillant entre violence et sensualité depuis quelques chapitres. Pour rappel Innocent c’est la vie de Charles-Henri Sanson, le célèbre bourreau de la Révolution française… La Révolution est encore loin mais il est temps pour notre homme de procéder à son premier écartèlement dans ce 4e opus.

Encore jeune et inexpérimenté, Charles-Henri est épaulé dans cette tache par son oncle Gabriel, exécuteur de Versailles, qui espère bien profiter de l’occasion pour briller tout en couvrant de honte Charles-Henri, afin de lui piquer la place de bourreau de Paris. Jusqu’ici notre héros refusait son statut d’exécuteur des Hautes Œuvres de sa majesté, n’y voyant que de la barbarie, et notre apollon préférait rêver de romance et de danses endiablées avec d’autres hommes beaux et immaculés, à la longue chevelure, tout en passant sa vie à aider la veuve, le pauvre et l’orphelin…

Le chara-design débordant de blancheur et de pureté de Shin’Ichi SAKAMOTO, aux accents yaoi pourrait-on dire, se pose violemment en opposition avec le destin qui attend notre bourreau, fait d’hémoglobine et de chair éparpillé. Le résultat est unique et il faut un peu de temps pour s’y faire, là aussi, mais il finit par prendre tout son sens dans cette époque de gloire et de décadence.

Charles-Henri, contraint par la déchéance de son père, s’est donc mis au travail, mais en s’y reprenant à plusieurs fois pour décapiter son premier condamné, le malheureux. Néanmoins, petit à petit, il a changé de regard sur sa tache : puisqu’exécution il doit y a voir, autant offrir aux malheureux une mort rapide et digne. Rapide il y a peu de chance cela dit, car lorsqu’on agresse sa majesté le Roi, on ne peut espérer mourir promptement et sans souffrir. Après des journées de torture l’exécution a donc débuté et les supplices s’enchaînent avec atrocité : avec des tenailles chauffés à rouge on arrache des lambeaux de peau puis on fait couler de l’huile bouillante dans les plaies béantes avant de carboniser avec du souffre fondu la main par laquelle le coupable a agressé le Roi. Le mangaka ne nous fait pas de cadeaux : même s’il magnifie ce spectacle morbide en le comparant à une danse survoltée qui se déroule sur une musique douce et élégante, la souffrance du supplicié et ses cris sont bien présents et durs à supporter.

Dès ce préambule à l’écartèlement l’ambitieux Gabriel vacille, à l’inverse de Charles-Henri qui endosse enfin son costume de grand bourreau. Malheureusement le calvaire n’arrive à son apothéose que lorsque le coupable est attaché à quatre chevaux pour voir ses membres arrachés. On en avait presque oublié que Gabriel, dans sa quête de renommée, a fait mettre en place quatre canassons vieux et faibles à la place des destriers vigoureux prévus, pour faire durer l’écartèlement. C’est uniquement grâce au sang-froid et aux connaissances pointues en anatomie que, après 1h30 d’agonie, Charles-Henri mènera à terme cette mise à mort, commençant ainsi à tracer sa propre voie. Un spectacle et une souffrance physique comme on en a rarement connu. En plus d’être un titre prenant de par son contenu historique,  largement détaillé en bonus d’ailleurs, voici un seinen des plus intenses… et des plus marquants.

Innocent © 2013 by Shin-Ichi Sakamoto

Innocent © 2013 by Shin-Ichi Sakamoto


drifters-04Drifters #4 
de Kohta Hirano chez Tonkam : J’en finit cette semaine avec ce manga complètement barré qui m’avait séduit dès le départ : l’idée est de réunir les plus grandes figures héroïques, militaires et politiques de l’Histoire, de Raspoutine à Nobunaga en passant Billy The Kid ou Jeanne d’Arc, et de les mettre dans deux camps opposés, les Drifters et les Parias… Le but avoué : qu’il se fasse la guerre pardi, pour se régaler d’affrontements dantesques faits d’armes blanches mais aussi d’explosifs, de fusils, d’elfes, de nains et de grands noms qui n’ont qu’une seule hâte, celle exploser le plus d’adversaires possibles et de lutter contre des ennemis enfin à leur hauteur !

Si je vous reparle de ce titre c’est pour son absence de moralité qui est des plus rafraîchissante. Tout amateur de célèbres guerriers ou stratèges s’est toujours demandé qui était le plus fort. Donc quitte à faire le pari fou de les mettre sur un même champ de bataille, autant y aller à 100% et sans aucune retenue, pour se faire plaisir. Pas de débats éthiques sur les conséquences d’une guerre ou sur les populations qui souffrent, pas de retour de bâtons moralistes dès qu’un plan tordu a fait mouche : tous les coups sont permis dans un univers de Dark Fantasy très bien choisi car il peut cumuler sans incohérences majeures les peuplades ou civilisations les plus diverses, tous comme les armes ou les magies les plus évoluées.

Enfin n’allez pas croire que les deux camps de ce récit viennent poser des frontières manichéennes puisque les héros de l’histoire, les Drifters, n’ont franchement rien de preux chevaliers : leur chef est un samurai totalement bourrin qui ne vit que pour et par son sabre et la tête pensante du groupe, notre cher Nobunaga, est un manipulateur né, avide de conquête et de pouvoir… De l’autre coté, les bad guys semblent frustrés par l’injustice de leur ancienne existence ou en quête d’une vengeance pour rétablir une pseudo moralité.

« On est des guerriers, on compte parmi les meilleurs de l’Histoire, on aime ça et on assume… et de toute façon on ne sait faire que ça, alors laissez-nous aller leur mettre une bonne grosse pâtée bordel de merde !  » : voilà comment on pourrait résumer ce seinen totalement jouissif !

Et voilà pour ces lectures… Comme d’habitude je ne parle pas de tout : je pense attendre la fin de Sangsues pour en faire un bilan, Yamada-kun and the 7 Witches tout comme Bestarius attendront une spéciale shônen qui arrive le mois prochain et il faut que je lise les seconds tomes de The Devil’s Line et Kamen Teacher Black pour voir si la bonne surprise se confirme ou non. De tous ces titres et d’autres, il en est plus questions sur les réseaux sociaux comme Instagram, Facebook ou Twitter pour des sessions de lecture en live. Je termine par l’habituelle photo de la pile de tomes à lire et à chroniquer, et vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour une spéciale Kurokawa pour rattraper deux mois qui sont des plus alléchants, comme vous pouvez le voir :

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Chroniques of the week : oh la vache… Mais ce ne serait pas ARAKAWA ?

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Après quelques semaines focalisées sur la déferlante de la rentrée, j’ai enfin eu l’occasion de rattraper mon retard sur les sorties de l’éditeur Kurokawa, qui fête ses 10 ans avec de bien belles choses au catalogue présent et à venir (ONE PUNCH MAAAAAAAN !). De mi-août à mi-octobre c’est plus d’une vingtaine de mangas qui nous ont été proposés et on y retrouve une bonne partie des auteurs ou titres  phares de la maison d’édition : du Arakawa sous toutes ses formes (humour, aventure, tranches de vie agricoles, deeeeemandez l’programme !) du Kodama, du Nozokiana, du Jésus et Boudhaaaaaa (ouai les rimes en a c’est claaaaasse) et le troisième tome des Miséraaaa…bles (damnit, j’y étais presque !). Bon le soucis c’est qu’il y a teeeeellement de chose à dire que si je met tout ici, vous en avez pour votre semaine à tout lire. L’occasion est donc parfaite (again…) pour un spécial Hiromu ARAKAWA, histoire de rendre hommage à la Holstein du manga !

En route pour les chroniques donc, et bonnes lectures !


Nobles Paysans 3Nobles Paysans
 #3 de Hiromu ARAKAWA :
 On commence par une bonne tranche de rigolade et de la vie de campagne. Troisième volume de cette autobiographie de la mangaka à succès (Fullmetal Alchemist pour les béotiens) qui continue de narrer ses septs années de vie dans la province très agricole d’Hokkaïdo.

Déjà, c’est un chouette bouquin : nombreuses pages couleurs, grand format et des bonus de partout (j’adore la mini-bd en bas de page qui s’anime quand on feuillette l’ouvrage), une traduction et une édition nickel : même avec « seulement » 120 pages on ne rechigne pas à débourser les 9.1 euros nécessaires, surtout une seule fois par an.

Pour cet opus 2015 on continue d’apprendre plein de choses sur la famille Arakawa, notamment sur la mère et feu la grand-mère, des personnages hauts en couleurs, jamais dénués de ressources et qui prennent la vie avec un entrain inoxydable. Ils sont assez touchants en plus, il faut bien avouer. Le livre est aussi un défilé d’anecdotes, issues des discussions entre l’auteur et son éditeur, laquelle faisant partie intégrante du récit et jouant le rôle du spectateur lambda, tout aussi surpris que nous par la vie rocambolesque des agriculteurs… Une façon d’apprécier à quel point ils sont tous bien barrés… Néanmoins nous sommes les seuls surpris car, du coté des fameux paysans, tout ça est pris avec naturel et désinvolture ce qui participe énormément au comique des différentes situations.

Dans ce volume Arakawa évoque pas mal d’histoires entourant les animaux, indissociables de la vie de campagne : la capacité des chiens à se pointer – à la seconde près – à l’heure du repas, les chats qui dorment vraiment n’importe où, les grues, les poissons et bien évidemment les vaches… les fameuses Holstein n’auront plus aucun secret pour nous !

Blagues mises à part la mangaka est aussi là pour partager et faire réfléchir : elle ancre toutes ses histoires dans une réalité sociale ET économique tout en dévoilant quelques aspects de son existence, comme l’époque charnière où elle a lancé sa carrière tout en continuant à travailler à la ferme. Le résultat est dense, drôle et passionnant. Nobles paysans devient un cadeau qu’on se fait chaque année avec plaisir !

silver-spoon-11-kurokawaSilver Spoon #11 de Hiromu ARAKAWA : d’humour aussi il est question dans cette autre série d’ARAKAWA, tout comme d’agriculture, mais pas seulement. Avec la fin de sa première année de lycée agricole qui approche, Yugo doit commencer à se confronter à son avenir. Ce jeune homme qui allie une profonde gentillesse, de l’intelligence et un attachement toujours cornélien à ses idéaux est décidément très charismatique, même s’il reste assez empoté dans sa relation amoureuse… Mais Aki n’est guère mieux et la communication entre ces deux là vaut vraiment le détour dès qu’il s’agit de parler de sentiment : « oh Yugo des chocolats, merci ! Hum oui le 14 février et alors ?« 

Si on creuse un peu le récit depuis ses débuts, on voit que tout le parcours de Yugo est jalonné d’antagonisme entre rêves, souvent ceux des autres d’ailleurs, et réalité : on a eu l’élevage du petit cochon, le camarade qui rêvait de baseball et Aki qui rêve d’équitation… Des batailles où Yugo refuse toujours de s’avouer vaincu. Mais cette fois-ci il va falloir qu’il commence à s’occuper de lui et une mission des plus périlleuses s’annonce : convaincre son père, cet iceberg intransigeant. On a appris à détester l’homme lors des volumes précédents, mais ce 11e opus vaut de l’or car, après échecs et humiliations, il semble que tout n’est pas perdu entre ces deux-là. En tout cas la visite du père au lycée agricole, au delà de cette confrontation père-fils, est aussi un moment hilarant… Avec une baston de regard épique !

Bref, depuis le temps que je vous le dit, Silver Spoon est vraiment un manga pas comme les autres, dont les personnages nous touchent de manière surprenante. L’un des rares titres que je pourrais me mettre à relire, d’autant plus avec le ralentissement sec que connait la publication au Japon, puisqu’un seul tome (le 13e) est paru en 2015.

the-heroic-legend-of-arslan-manga-volume-3The Heroic Legend of Arslân #3 de Hiromu ARAKAWA & Yoshiki TANAKA : C’est amusant de voir que, pour ces récits épiques autres que FMA, ARAKAWA choisit pour la seconde fois une adaptation. Je suppose que ça lui simplifie la vie niveau écriture mais pas seulement, on sent qu’elle aime ces grandes fresques inspirées de légendes qui font l’histoire des peuples. Si je n’ai pas été totalement emballé par Héro Tales, Arslân se montre beaucoup plus finement élaboré, et de plus en plus prenant. C’est en tout cas une nouvelle occasion pour l’auteur de se laisser aller à de grands combats héroïques et une soif de justice qu’elle sait faire germer chez ses héros comme dans le cœur du lecteur, en faisant défiler les pires crimes qui soient : trahisons funestes, massacres au nom de la religion, esclavage, vengeances assoiffées. On dispose donc de tous les ingrédients pour se faire emporter par cette aventure aux parfums d’Orient. Religion – Orient – Massacre : voilà d’ailleurs qui fait un sinistre écho contemporain aux dérives religieuses de cette région, même si ça n’a rien de nouveau. Mais bref…

Au centre de ce récit on retrouve le fameux Arslân, Prince dont le Roi de père a été vaincu et déchu. Le jeune homme est encore naïf mais on a envie de lui laisser le bénéfice du doute, d’autant que son enfance dorée ne l’a pas vraiment bien préparé à la barbarie humaine. En plus, il est accompagné par une garde rapprochée de haute tenue, qui vient s’étoffer dans ce volume. Il y avait déjà ce symbole de force et de justice, le ténébreux Daryûn – qui a conquis toutes mes connaissances féminines en deux planches, il est fort – puis Narsus, cet artiste lamentable et pourtant convaincu de sa vocation, qui s’avère heureusement un stratège de génie et qui prend la pose pour la couverture du tome. Bon ok, il est pas moche non plus mais, ô joie, il y a désormais une magnifique inconnue, la redoutable prêtresse Faranghîs qui vient rejoindre la troupe de rebelles amenant avec elle le rusé, flatteur et redoutable combattant du nom de Ghîb.

Après le chara-design parfois très carré et anguleux d’un Silver Spoon, les protagonistes d’Arslân montre qu’ARAKAWA sait aussi faire dans une grande finesse et qu’elle ne se contente pas de savoir dessiner des gueules austères et massives débordantes de virilité et de rigueur. La féminité, tout en battement de cil, en regards pénétrants et en petites pointes de sensualité, elle sait aussi le faire. Arslân mélange en tout cas les deux styles à la perfection et, en bonus, nous apporte une bonne dose d’action sous la forme de duels intenses et vifs ou d’affrontements militaires de plus grande ampleur. Un manga des plus complets donc et j’avoue que le jeu vidéo prévu en 2016 façon Dynasty Warriors, me fait un peu de l’œil, mais j’attends d’en savoir plus.

Et voilà pour ces lectures… De tous ces titres et d’autres, il en est plus questions sur les réseaux sociaux comme Instagram, Facebook ou Twitter pour des sessions de lecture en live. La semaine prochaine on continuera avec du Kurokawa et peut-être aussi un peu de Kana, Ki-oon et/ou de Glénat et Komikku, car j’ai des choses très alléchantes qui m’attendent, la preuve avec la pile à lire :

Chroniques Manga Paoru.fr-002

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