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Rentrée manga 2016 : un bilan des nouveautés

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En ce premier weekend d’octobre, il est temps de faire un petit bilan sur les nouveautés manga de la rentrée : avec 15-20 tomes 1 en août et le double en septembre, c’est une cinquantaine de nouveautés qui ont inondé les librairies. J’en retiens 5 pour le moment. J’ai totalement flashé sur Golden Kamui et j’ai tenté de vous convaincre de l’essayer dans les colonnes de Journal du Japon, mais d’autres titres méritent aussi votre attention et je vous présente aujourd’hui les 4 plus convaincants : Springald chez Ki-oon, Rouge Eclipse chez Akata, Wizard’s Soul chez Doki-Doki et SK8R’S chez Kana.

En route pour ces chroniques… Bonnes lectures à toutes et tous !

springald-ki-oonSpringald de Kazuhiro FUJITA chez Ki-oon : je vais peut-être me faire taper sur les doigts en disant ça, mais je ne suis pas forcément un grand fan de FUJITA. En effet, le monsieur est connu dans l’hexagone pour ses shônens même s’ils peinent à bien se vendre : Ushio et Tora, Karakuri Circus, Moonlight Act, c’est lui. Cependant, nous sommes aujourd’hui dans un cas de figure un peu différent puisque Springald ne nous vient pas des pages du Shônen Sunday comme les autres, mais du Morning de chez Kodansha, un magazine qu’on aime tous je pense, vu qu’il a vu passer Billy Bat, Space Brothers, Vagabond, Cesare, Les Gouttes de Dieu et j’en passe…

Voici donc un seinen, one-shot de 248 pages, inspiré d’un personnage célèbre de la littérature anglaise, Spring-Heeled Jack alias Jack Talons-à-Ressort. Nous sommes à Londres dans sa célèbre époque victorienne, dans la première moitié du XIXe pour être plus précis. L’essor économique et la révolution industrielle en sont à leurs débuts et les 2 millions d’habitants de la capitale ne connaissent pas encore des nuits paisibles : éclairage public pas vraiment efficace voire absent, police municipale naissante et centre ville qui fourmille de différentes populations issues d’un exode rural forcé et synonyme de misère. Un terreau pour le crime, la boisson et des nuits qui ne sont donc pas vraiment sûres.

C’est justement un soir de novembre 1837 que le fameux Jack fait son apparition, arrachant les vêtements d’une jeune serveuse mais finissant par s’enfuir dans un rire sardonique, se gaudissant de ses victimes. La légende naît ainsi et Kazuhiro FUJITA a visiblement pris beaucoup de plaisir à nous la raconter. Son Jack est un personnage aussi farceur que terrifiant, imprévisible et fantasque, bondissant d’un toit de tuiles à l’autre, crachant des flammes bleues et rigolant de ses propres mauvais tours. C’est un méchant qu’on aime tout de suite, un monstre-qui-n’en-est-pas-vraiment-un, celui qui peut effrayer les plus petits mais dont on aimerait revêtir le costume une fois plus âgé, car il est synonyme de liberté et d’amusement sans conséquence.

Evidemment, Jack se découvre rapidement un adversaire à sa hauteur en la personne de l’inspecteur James Rockenfield, impulsif mais observateur, qui comprend rapidement qui se cache derrière le célèbre Jack. Néanmoins le véritable ennemi de notre monstre à ressort, dans l’histoire de FUJITA, pourrait bien être une troisième personne. Après trois ans sans méfait, la légende est en effet de retour mais elle ne se contente plus de dénuder les femmes : elle les tue !

Pourquoi ? Comment ? Qui ? L’enquête et les courses poursuites sont passionnantes à suivre et trimbalent avec elle des rivalités et des amours qui donnent beaucoup de sel à l’histoire. Le trait de FUJITA prend les allures d’un conte de Burton pour sa folie sans conséquence, tandis que la gouvernante évoquera des souvenirs aux fans d’Emma. Cerise sur le gâteau : les interludes entre chapitres vont ravir les plus curieux et amateurs d’histoire car Katsuo JINKA, spécialiste des légendes urbaines londoniennes dont le livre London no Kaiki Densetsu est à l’origine de Springald, a accepté d’écrire des notices explicatives pour placer le contexte historique, social et culturel de notre fameux Jack, de l’essor du Londres industriel aux débuts de Scotland Yard…

Cette Histoire dans l’histoire est passionnante et finit d’enrichir ce one-shot qui était déjà réussi, pour en faire une petite pépite. Pépite sur le fond comme dans la forme d’ailleurs, puisque les éditions Ki-oon publient l’ouvrage avec une belle couverture, dans un papier agréable à manipuler, et qu’ils ont confié la traduction à Sébastien Ludmann dont on a pu apprécier le travail sur Cesare, Kasane, Ad Astra, … Le traducteur aligne ici le langage sur l’ambiance vieillotte du titre (tant par l’époque que par son visuel) en utilisant par petites touches quelques termes ou expressions françaises désuètes. Le soucis du détail qui fait plaisir à la lecture.

J’aurais pu faire un article complet sur ce manga mais je pense – j’espère ! –  que j’en ai assez dit pour vous convaincre de vous faire un petit plaisir en vous offrant Springald, premier opus d’une nouvelle collection dark fantasy, développée avec les éditions Kodansha sous le nom de « Black Museum », dont on attend des nouvelles le plus rapidement possible !

rouge-eclipse-1_0Rouge Éclipse #1  de Shiki KAWABATAchez Akata :  du shôjo comme j’aime car du shôjo assez surprenant, qui ne se repose pas uniquement sur sa pointe de fantastique pour ensuite dérouler une énième romance. Le fantastique en question c’est un échange de corps : celui d’Ayumi, lycéenne parfaitement ordinaire mais enchantée car le garçon qu’elle aime veut sortir avec elle, et Zenko, une impopulaire et peu avenante camarade qui se suicide un soir de lune rouge sous les yeux d’Ayumi.

Zenko ne meurt pas, mais la jolie devient donc la moche, et vice versa. Rien de nouveau ? Et bien si, car on comprend rapidement que rien ne va se dérouler comme prévu pour le lecteur. La mangaka va marcher sur les codes narratifs habituels et déjouer les attentes, en faisant de ses personnages des gens beaucoup moins naïfs et prévisibles que d’habitude. Zenko, l’ancienne impopulaire, devient la pire des pestes dans la peau d’Ayumi : comme si ce qu’elle vient de faire ne suffisait pas – ça à la limite on comprend pourquoi elle veut changer de corps et de vie – elle va chercher à détruire psychologiquement la nouvelle occupante de son ancien corps, lui faire subir ce qu’elle a vécu dans son ancienne vie. Elle veut qu’elle souffre.

Mais l’entourage fini par avoir des doutes et ne se laisse pas si facilement manipuler par la nouvelle Ayumi. Mais il s’en faut de peu : comme dans la réalité, nous basons souvent notre jugement sur les apparences et les vraisemblances les plus simples, et en découle les drames parfois longuets des shôjos habituels. Heureusement pour le lecteur dans Rouge Eclipse il y a Kaga, amoureux en secret d’Ayumi. Ce dernier comprend que celle qu’il aime a changé du jour au lendemain tandis que la fameuse Zenko lui rappelle fortement quelqu’un. Kaga étant un garçon respecté, il met les pieds dans le plat pour empêcher que les amies d’Ayumi accusent à tort la nouvelle Zenko qui, seule, a bien du mal à digérer et gérer sa nouvelle vie. La vengeance de la nouvelle Ayumi, qui a pourtant toutes les cartes en main, n’est finalement pas jouée d’avance. Elle se retourne même, par moment, contre elle…

Mais les rebondissements viennent aussi d’autres personnages, notamment du fameux petit ami que j’évoquais au tout début, et c’est un véritable bal de dupes qui se tient dans ce premier volume, enveloppé dans un chara-design qui joue justement sur ces transformations des âmes, sur ces révélations de la noirceur humaine derrière un écrin pourtant charmant. Les twists et les changements d’ambiance en deviennent d’autant plus saisissants et font souvent mouche. La série compte seulement quatre volumes et ce premier opus se lit d’une traite, donc rendez-vous en tout cas le 13 octobre pour le second tome, ou allez faire un tour sur le site d’Akata pour y lire la preview !

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Wizard’s Soul #1 & 2  de aki eda chez Doki-Doki :  lui c’est la surprise du lot. À mi-parcours du premier tome j’ai même failli lâcher la lecture, car on ne sait pas trop où l’on va et le tramage / encrage de la mangaka n’est pas du tout ma tasse de thé et donne un rendu cheap (ou alors c’est un mauvais choix de papier, j’avoue que je botte en touche là dessus). Bref, c’était donc mal engagé. Pourtant, deux jours plus tard, je refermais le tome deux en ayant envie de lire la suite de cette  série qui en compte quatre. L’héroïne et son histoire des plus déprimantes, la pauvre, m’ont séduit.

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Le récit évolue dans un monde semblable au notre mais où un jeu de cartes du nom de Wizard’s Soul est omniprésent.. Toutes les générations  y jouent et le jeu peut même faire évoluer votre valeur aux yeux des autres : un bon niveau pourra vous aider à entrer dans un lycée réputé ou à devenir riche par exemple.

Malheureusement la jeune Manaka a un rapport des plus compliqués avec ce jeu. Son père sans emploi a perdu énormément d’argent après plusieurs défaites et le petit boulot de notre lycéenne ne sera pas suffisant pour éponger les dettes. Elle se retrouve obligée de dévoiler son véritable talent à Wizard’s Soul, la replongeant dans un passé des plus tristes : sa mère aujourd’hui décédée d’une longue maladie a été obsédée par ce jeu durant des années, et possédait un deck des plus morbides. Sa fille, obligée de jouer contre sa mère à chacune de ses visites à l’hôpital, s’était persuadée au fur et à mesure des années qu’elle devait à tout prix vaincre ce jeu funeste et que, si elle y parvenait, la mort qui rodait de plus en plus près de sa mère finirait par partir… qu’elle retrouverait la santé.

Ainsi Manaka est devenue une adversaire redoutable mais elle a développé une façon de jouer des plus antipathiques, car seule la victoire comptait. Malheureusement elle n’a jamais réussi à gagner contre sa mère, aujourd’hui décédée, et c’est avec ce jeu qui la rend totalement impopulaire qu’elle va devoir remporter des compétitions, pour solder les erreurs de son père.

Wizard's Soul

Wizard’s Soul reprend donc le concept du manga – jeu de cartes qu’on a pu connaître dans Yu Gi Ô mais avec un angle seinen beaucoup plus sombre, sans pour autant mettre de coté tout l’intérêt que peut avoir la complexité d’un jeu de carte. En plus du contexte qui nous lie progressivement à l’héroïne par compassion, on suit avec intérêt les différents types de stratégies développées par Manaka et ses adversaires : il y a les les fans d’elfes, de vampires ou de divinités, les bourrins, les défensifs, les attentifs qui savent s’adapter, ceux qui tentent de jouer avec panache, etc. Le tout se mixe avec quelques soucis typiques de l’adolescence comme une histoire d’amour et quelques jalousies, et on se prend, c’est le cas de le dire, au jeu ! A essayer, en lisant la preview au moins, vous serez peut-être agréablement surpris comme votre serviteur !


sk8ters 1SK8R’S
 #1 de Hajime TOJITSUKI chez Kana :
 J’ai commencé par un coup de cœur, je finis par un autre avec ce manga qui parle de… skaters, vous l’aurez compris au titre. Je ne pratique pas le sport moi-même car j’ai un sens de l’équilibre des plus catastrophiques (un chocobo sur skate de toute façon, vous imaginez ?!) mais j’ai été complètement subjugué par ce que font les héros de ce manga.

À la base, on suit l’histoire du jeune Akio, 10 ans, qui habite dans une petite ville anonyme, quelque part au Japon. Un jour, alors qu’il rentre de l’école, il tombe sur un virtuose du skateboard au look unique : l’homme semble flotter dans les airs… Akio veut faire pareil ! Baptisé « Prof« , notre inconnu va lui apprendre les bases du skate pendant quelques jours, avant de devoir quitter le Japon. Mais maintenant qu’Akio a appris à se libérer de la pesanteur, impossible d’abandonner et il va s’entraîner sans relâche, tout en cachant sa nouvelle passion à sa mère et sa sœur, qui voient d’un mauvais œil ce sport dangereux et les personnes au look étrange qui s’y adonnent.

Le temps passe et Akio, qui pratiquait le skate en solitaire, fait la connaissance de Fukusuke, qui vient de rentrer au Japon après avoir vécu à San Francisco. Fan de skate et doté d’une sacré culture en la matière, Fukusuke devient rapidement pote avec Akio et c’est le début d’une longue amitié entre les deux garçons, qui nous emmène encore quelques années plus tard, au lycée. Akio est devenu plutôt doué et lorsque Fukusuke commence à filmer ses performances pour les poster en ligne, c’est là que commence une nouvelle aventure et de nouvelles rencontres.

Ce manga commence donc par la naissance d’une passion, qui prend dés le début racine dans les tripes et dans les rêves du petit Akio. Mais cette passion est en dehors des modes : le jeune homme ne s’amourache pas d’un jeu populaire, il ne part pas à l’aventure pour sauver le monde ou son prochain… Il fait le truc qu’il kiffe, dans son coin, et ça lui suffit. Il voit dès le départ son sport favori comme un art à part entière, avec une poésie assez cool qui contamine rapidement le lecteur. Il faut dire que Prof, immense baraque hyper classe avec ses dreadlocks en impose avec son talent, et sa joie de vivre séduirait n’importe qui. Enfin Akio n’est pas un simple fan des grands skaters : il a sa petite fierté et veut un jour rivaliser avec son mentor, lui promettant d’être un jour, lui aussi, en couverture d’un magasine spécialisé sur le sujet. Moi qui suit plus souvent attiré par les personnages secondaires j’apprécie donc pour une fois celui qui est au centre de l’histoire autant que les autres. Un bon point.

Ainsi cette rencontre avec le skate, qui tient un peu de la destinée pour Akio, est des plus séduisantes. La mangaka fait tout ce qu’il faut pour que le lecteur reste ébahi par les figures qui défilent : on comprend que chacune a été étudiée et décortiquée avec soin, du positionnement sur la planche à l’angle de caméra choisi pour donner l’amplitude optimale au mouvement… quitte à ajouter un petit effet de style en jouant avec les perspectives. Ajoutez-y des superbes lignes de force qui dynamise le tout avec brio, et voilà donc des tricks et des rides qui en jettent ! Je n’ai pas encore eu de retour de skaters sur ce premier volume mais je peux vous dire que sur un néophyte comme moi, ça a un effet bœuf.

Je pourrais continuer de vous parler de SK8R’S mais j’en garde sous le coude pour les prochains volumes : la série compte actuellement 3 tomes au Japon et le second volume sort chez nous début décembre… On en reparlera à coup sûr !

Et voilà pour ces lectures… De tous ces titres et d’autres, il en est question, en images et commentaires, sur les réseaux sociaux comme Instagram, Facebook ou Twitter pour des impressions post-lecture à chaud. Rendez-vous au prochain épisode !


Interview Doki-Doki : 10 ans de manga, une histoire de passionné(s)

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doki-doki-2016-cover

Ah salut cher lecteur, ça faisait longtemps ! Mais c’est ma faute en même temps, j’ai écris plein de choses ailleurs dernièrement : mon coup de cœur pour NO GUNS LIFE chez Kana, raconter ma découverte de SAMURA, re-re-re-rencontre ma très chère Bailly Samantha et sa copine Miya… Voilà comment le temps passe vite !

Et donc, dans l’intervalle, j’ai quand même eu le plaisir de discuter pendant quelques heures avec Arnaud PLUMERI, le directeur éditorial de Doki-Doki, label manga bien connu de chez Bamboo Editions. Ça fait maintenant quelque chose comme 8 ans que je bosse de près ou de loin avec le monsieur – ça remonte à ma vie chez Webotaku, souvenirs ! – et c’est toujours avec plaisir que je m’entretiens avec ce passionné de BD au sens large et qui est à l’image de son label, qui prend soin de ses titres et de ses lecteurs avec simplicité mais passion, en mettant l’humain au cœur de sa philosophie de travail.

Même si je ne suis pas fan de toutes les thématiques de leur catalogue, j’y ai régulièrement des vrais coups de cœur, comme Dédale dernièrement, et j’ai toujours apprécié leur façon de travailler. Ainsi je ne pouvais pas passer à coté de cette anniversaire et de ces 10 années d’édition de manga sans célébrer ça avec une chouette interview.

Donc en piste… Et bonne lecture !

Doki-Doki, 10 ans en arrière

Paoru : Bonjour Arnaud Plumeri… On commence par un voyage dans le passé : tu arrives chez Bamboo en 2003. Comment est né, 3 ans plus tard, Doki-Doki ?

arnaud-plumeri_01Arnaud Plumeri (photo ci-contre) : Quand je suis arrivé chez Bamboo il n’y avait quasiment personne et je m’occupais un peu de tout. En fait je suis un passionné de BD au sens large : Franco-Belge, Comics et Manga. Mais au début de Bamboo il n’y avait pas grand monde pour développer de nouvelles collections, il a donc fallu attendre que Bamboo connaisse le succès avec la BD Les Profs pour que de nouvelles personnes soient embauchées.

Comme j’ai toujours eu un intérêt pour ce qui se passait en dehors de nos frontières, Comics et Manga, j’en ai alors parlé à mon patron. Nous avions bien vu que le manga se développait nettement en France, donc nous avons attendu d’avoir les reins assez solides pour développer une collection manga. En plus cela ne s’improvisait pas : je pouvais être lecteur occasionnel de manga, mais je n’avais pas pour autant toutes les connaissances nécessaires pour démarcher les éditeurs japonais.

C’est comme ça que s’est créé un binôme qui a duré jusqu’à cette année avec Sylvain Chollet, l’un des meilleurs traducteurs de manga du marché français. Il habite depuis très longtemps au Japon, il avait une vue du Japon du manga, la maîtrise parfaite de la langue pour nous présenter aux éditeurs japonais.

Moi je concentrais mon travail sur le marché français, car, comme on le sait maintenant, tout ce qui marche au Japon ne marche pas en France. Les premières années nous donc avons additionné nos connaissances… mais il nous a fallu trouver la meilleure façon de choisir les titres et de publier du manga en France, avec des petites erreurs de jeunesse, forcément. Néanmoins il y a aussi eu des satisfactions en publiant certains auteurs qui, sinon, n’auraient jamais été connus en France.

En avril 2006 nous avons donc lancé la publication de nos premiers titres : Kamunagara, Geobredeers, etc. À l’époque nous publiions deux volumes par mois. Il y avait aussi le Cortège des cent démons qui me vaut toujours des reproches de certains d’ailleurs…

Ah ? Pour quelles raisons ?

À titre personnel je trouve que c’est un superbe titre, j’adore l’ambiance, la rencontre du Japon traditionnel avec le folklore fantastique. Mais au bout de 6 tomes, nous ne vendions que 400 exemplaires par volume et, pour une nouvelle collection, ça fait très mal. Il a donc malheureusement fallu l’arrêter. On a beau expliquer que, surtout pendant les premières années, on ne pas publier à perte, c’est compliqué… La série est toujours en cours au Japon, et vu que 25 volumes sont sortis à ce jour, nous en serions peut-être à des chiffres de ventes négatifs, là ! (Rires)

cortege cent demons

Pourquoi ça a été toi, amateur de BD en général, de comics notamment, qui t’es retrouvé éditeur de manga ? Qu’est-ce que tu te rappelles de ce passage de lecteur à éditeur ?

En fait, j’étais un lecteur de Dragon Ball, de Gunnm, de GTO de Love Hina… J’avais des connaissances, donc, même si je n’étais pas ceinture noire de manga. Mon patron avait besoin de quelqu’un de confiance dans ses locaux, car il ne pouvait pas s’en occuper lui-même.

De plus, avant de travailler chez Bamboo, j’étais chef de produit d’une gamme de logiciels internet. Je n’étais pas éditeur, mais j’avais dirigé une gamme de quelque chose, ce qui m’a donné les bases et une idée de comment m’y prendre pour l’édition.

Après, je me souviens que les poncifs du moment étaient que n’importe quel titre pouvait avoir une forte mise en place, que l’offre n’était pas très développée et donc que l’on pouvait en vendre facilement 10 000 exemplaires… Ce qui n’était pas aussi évident quand tu étais un éditeur qui se lançait (rires). Mais c’est vrai que la concurrence n’était pas aussi développée que maintenant.

En 2006 il y avait certes un marché en croissance, mais aussi partiellement en place, organisé. Comment avez-vous trouvé la place de Doki-Doki ? Au fur et à mesure ?

Beaucoup de choses se sont faites à tâtons, je l’avoue sans rougir. Nous avons rapidement compris que les repères que nous avions chez Bamboo avec le Franco-Belge étaient complètement différents pour le manga. C’est un autre format déjà, avec une jaquette, c’est une autre façon de le lire aussi et c’est un travail avec les traducteurs plutôt qu’avec des dessinateurs ou des scénaristes… Tout ça c’était une autre façon de faire. Nous sommes partis sans a priori, en nous disant que nous allions apprendre. Nous regardions ce que faisaient les autres éditeurs français de l’époque, notamment Kana qui était dans sa période bénie de Naruto… Nous avons beaucoup observé – on commence par faire un peu comme les autres au début – puis petit à petit nous nous sommes fabriqués notre propre image.

DOKI-DOKI

Avec Sylvain, nous savions pertinemment que les éditeurs japonais n’allaient pas nous confier tout de suite leurs meilleurs titres, et tous ne nous ouvraient pas leur porte de toute façon. Donc il fallait commencer avec ce que l’on acceptait de nous confier, puis de leur montrer que nous faisions de la qualité, que Bamboo était une maison d’édition établie derrière Doki-Doki, que nous n’allions pas nous effondrer tout de suite. Petit à petit, des portes se sont ouvertes comme ça.

Pour la sélection éditoriale, Sylvain nous proposait des titres sur lesquels il avait bien accroché en tant que lecteur. Les premières années, je n’avais rien à redire du tout puis, au fur et à mesure des années, j’ai mis ma patte sur cette sélection. En fait, je commençais à être de plus en plus à l’aise dans cet univers et en plus j’avais le nez dans les chiffres de ventes, les nôtres et ceux des autres éditeurs, et je voyais qu’il fallait trouver le juste milieu entre se faire plaisir nous et faire plaisir aux lecteurs. L’idéal étant de concilier les deux !

Il se trouve qu’au bout de quatre ans nous perdions de l’argent, par des mauvais choix de titres, des erreurs de communications, des tirages trop forts par rapport au potentiel de certains titres, etc. Il a donc fallu un peu… (Réfléchit)

… pas resserrer la ceinture, mais, disons, se poser des questions.

 aya_tome 5  cafe-dream-01  Restaurant du bonheur

Par exemple nous avons publié trois séries culinaires qui n’ont pas du tout marché, donc nous nous sommes dit qu’on allait se concentrer sur autre chose. On a constaté, progressivement, que des séries d’actions comme Sun-Ken Rock nous ont porté, nous ont permis de progresser. Plusieurs séries d’action, de fantastique, de science-fiction et d’heroic fantasy se sont ajoutées au catalogue. C’est ainsi que s’est créé un noyau éditorial, avec d’autres séries un peu différentes qui peuvent graviter autour.

La part d’humain…

Je relisais quelques-unes de tes interviews pour préparer celle-ci et, lorsque l’on te parle de politique éditoriale, tu insistes toujours sur la part de l’humain dans l’aventure. J’aimerais que l’on s’arrête là dessus deux secondes…

Premièrement, au sein de votre équipe comme dans tes contacts pros, en quoi l’humain peut jouer sur ton travail, voir sur le choix des titres ?

Ce qu’il faut savoir c’est que je dirige une collection manga, mais je ne parle pas le japonais. Heureusement, je parle anglais ce qui me permet de dialoguer en direct avec certains éditeurs japonais. Mais lorsque j’ai sous les yeux une version japonaise d’un manga, mon expérience m’aide à bien l’appréhender, et je me fais faire des fiches par différentes personnes, des traducteurs en général, avec qui j’ai des liens d’amitié qui se sont créés au fil du temps.

bamboo 15ans

L’équipe de Bamboo pour ses 15 ans en 2012

Au bout de 10 ans maintenant, ils savent si ce qui peut plaire et correspondre à Doki-Doki, ce qui peut plaire à nos lecteurs. Cela aide à faire un premier défrichage et c’est important pour moi, parce que ça les implique dans le processus. Je n’ai pas envie que nos traducteurs se sentent comme des simples petites mains, je souhaite qu’ils fassent partie de l’aventure. À Japan Expo, je remarque que nos visiteurs sont ravis, car nous sommes l’un des rares stands où nos vendeurs sont aussi nos traducteurs, et ces derniers parlent la même langue que nos lecteurs ou nos lectrices. En plus, les traducteurs sont contents de sortir de chez eux pour voir le fruit de leur travail dans les mains des lecteurs.

Ce contact humain est donc primordial. Si ce métier se résumait à faire du manga pour faire de l’argent, ça ne m’intéresserait pas, car j’ai plutôt un profil de passionné. En 2002, j’ai tout plaqué, mon ancienne vie de chef de produit dans le Nord de la France, parce que je suis passionné de BD et donc de manga. Je fonctionne beaucoup à la passion… et si on peut en vivre c’est encore mieux ! (Rires)

C’est pour cela que je comprends très bien les lecteurs qui sont à fond dedans, qui vivent pour la culture japonaise, et ça me fait plaisir de les observer. Je me revois comme quand j’étais adolescent et jeune adulte…

Justement dans le rapport humain il y a ce contact au lecteur… Tous les éditeurs disent volontiers qu’ils sont proches de leurs lecteurs, mais en étant plus ou moins dans le vrai. Comment expliquerais-tu le rapport de Doki-Doki avec son lectorat ? Pour illustrer ça, as-tu des souvenirs de choses assez fortes sur ces 10 ans ?

J’ai des souvenirs forts grâce à certains lecteurs : là par exemple, sur mon bureau, j’ai deux bouteilles de rhum qui m’ont été offertes par des lecteurs qui sont très contents de notre travail, de notre communication… Nous offrons régulièrement des cadeaux à nos lecteurs, sous forme de goodies, mais eux aussi ne sont pas avares : nous recevons des cadeaux, des bonbons, des dessins… C’est quelque chose que je n’ai jamais vu dans le milieu de la BD et je pense que ça veut dire quelque chose, que cela vient du cœur.

Je reçois aussi des lettres, notamment des faire-part de mariage : « on s’est rencontré au rayon manga », « vous êtes un éditeur que nous suivons ensemble », « merci à vous »… Dans ces cas-là nous les invitons à venir nous voir sur notre stand pour qu’on se rencontre.

Stand-doki-japan-expo ©Unification France

Arnaud Delage et Sophie Caïola au stand-doki-doki, JE 2016 ©Unification France

J’essaie de leur accorder autant de temps que je peux et à eux et à nos lecteurs en général. Parfois, je réponds à certaines questions plus pointues sur les réseaux sociaux. Quand Doki-Doki parle, c’est parfois le responsable éditorial qui est derrière, car ça me fait plaisir d’avoir des retours. Quand on est dans son bureau – en plus nous ne sommes pas du côté de Paris, mais à Mâcon – il est difficile d’imaginer l’accueil de notre travail, mais là ça permet de mesurer ça, un peu, et de manière plus directe.

Je ne sais pas ce qui se passe chez les autres éditeurs, donc c’est difficile de comparer, mais je constate qu’on nous dit souvent « vous êtes proches de nous », « merci de nous répondre », « Vous êtes transparents quand vous avez un souci »… Je le prends comme un compliment.

Après… c’est difficile de te dire ce que Doki-Doki a de plus.

En fait, là où j’ai le plus de satisfactions en réalité, c’est quand je vois mon équipe de traducteur en osmose avec les lecteurs qui viennent les voir : ils prennent en photo le traducteur, il leur fait un petit dédicace… le traducteur rougit un peu, aussi. Certains lecteurs deviennent aussi nos stagiaires et même après avoir changé de cursus ils reviennent parfois pour tenter de faire un nouveau stage chez nous… parce que ça leur a plu. Certains reviennent aussi donner un coup de main sur le stand de Japan Expo. Nous faisons ça avec le sourire, nous essayons de ne pas nous prendre trop la tête.

Et puis, je me suis rendu compte aussi que nous aidons certains de nos lecteurs, qui nous disent « merci, vous m’aidez à oublier mon quotidien difficile. » Ce sont des témoignages que l’on retrouve aussi chez d’autres éditeurs, mais à titre personnel, moi qui suis passionné et un peu rêveur à la base, ça me fait plaisir de me dire que, quelque part, nous aidons aussi les gens, à notre façon…

On ne fait que du manga, on ne sauve pas des vies, mais on peut aider certains à mieux supporter leur quotidien.

2006-2016 : les hauts et les bas

Puisque nous sommes à évoquer les souvenirs, quels ont été les moments clés de l’aventure Doki-Doki, ceux qui ont forgé votre histoire sur ces 10 ans ?

C’est tellement dense, elle est difficile cette question ! (Rires)

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Boichi à Japan Expo

La première chose à laquelle je pense c’est la venue Boichi à Japan Expo et en France. Pendant des années, des lecteurs nous demandaient sans relâche « quand est-ce que vous l’invitez ? ». Nous connaissons assez bien certains lecteurs et nous en parlions régulièrement avec eux. L’un d’entre eux nous disait « si jamais vous invitez Boichi, je vous cire les pompes pendant un an ! ». Et du coup, un beau jour, j’ai pu lui répondre : « Bon ben, vous allez pouvoir nous cirer les pompes pendant un an. Nous invitons Boichi. » (Rires)

C’est vrai qu’il s’est passé pas mal de temps entre le début de la publication en 2008 chez Doki-Doki et sa venue en France en 2015…

Sun-Ken rock est parti de bas en plus, en terme de ventes. Le succès était grandissant, mais au départ le volume 1 était à 3000-4000 exemplaires, et ce chiffre grandissait à chaque nouveau volume que nous sortions. Forcément au départ, un auteur qui vend aussi peu, ce n’est pas évident de l’inviter… sauf si on a des visées promotionnelles en amont, mais en 2008 nous avions à peine deux ans d’existence, donc inviter des auteurs, nous ne l’imaginions pas encore. Aujourd’hui, après 24 volumes sortis, la série cumule plus de 330 000 exemplaires vendus.

Puisque l’on parle de Sun-Ken Rock… Qu’est-ce que ça représente pour toi cette série qui se termine, avec l’arrivée du 25e tome ce mois-ci ?

C’est particulier à différents niveaux : d’un point de vue bassement pécuniaire voir sa série best-seller se finir… Ce n’est pas forcément plaisant ! (Rires) Néanmoins, je sais que certaines personnes vont commencer la série parce qu’elles savent qu’elle est désormais finie.
Mais pour revenir au côté passionné, ça me ramène à 2008 au début de la série. Nous l’avions acquise alors qu’un seul volume était sorti au Japon : nous ne savions pas trop comment elle évoluerait, s’il elle s’arrêterait au second ou troisième tome. Nous ne savions pas si elle allait plaire, parce qu’il n’y avait pas vraiment d’équivalent à l’époque…

sun-ken-rock-final

De toute façon tout ce qui tourne autour de la thématique furyo a plutôt tendance à ne pas fonctionner en France…

Oui d’ailleurs notre titre Ping Pong Dash qui mêle le furyô et tennis de table n’a pas du tout marché, par exemple.
Mais pour en revenir à SKR, ça montre que le destin d’une maison d’édition est souvent lié à des coups de chance. D’autres éditeurs pourraient t’en parler, chacun a le sien. Pour nous, il est probable que sans Sun-Ken Rock, l’aventure Doki-Doki se serait arrêtée prématurément.

Sans SKR vous ne seriez plus là ?

full-ahead-cocoC’est toujours difficile à dire… Si l’on compare avec un autre coup de cœur personnel qu’est Full Ahead ! Coco, en 30 volumes, celui-là n’a pas fonctionné du tout – les premiers volumes ont bien marché, mais les ventes se sont très vite effritées. Je me dis que sans une série avec une meilleure dynamique commerciale derrière, les choses auraient été plus compliquées.

Doki-Doki étant la collection manga de Bamboo, j’essaie de faire en sorte que nous ayons notre capacité de subsistance propre, c’est-à-dire pouvoir vivre avec nos seuls fonds. Si tu es trop dépendant, il peut arriver un jour qu’on te dise : « bon, on a trop dépensé, on arrête. » Il ne faut pas être un poids mort… et c’est tant mieux parce que nous ne le sommes pas !

Full Ahead ! c’est un autre souvenir marquant ?

Ah oui à titre personnel je suis ravi d’avoir ça dans notre catalogue. Après sur le plan commercial…

En fait, quand tu me questionnais sur le passage de lecteur à éditeur tout à l’heure : je dirais que le plus violent pour un passionné est d’être confronté aux chiffres de ventes, et au regard clinique qu’il faut alors porter sur la série. Ton petit cœur de lecteur bat pour un titre, pour le message transmis, mais de l’autre côté tu dois aussi enfiler ton costume de gestionnaire.
Lorsqu’on me demande d’éditer en France d’autres séries de YONEHARA, l’auteur de Full Ahead ! Coco et Dämons, il faut se rendre compte que cela représente 43 volumes qui n’ont pas du tout fonctionné. Full Ahead ! Coco a fini à moins de 1000 exemplaires vendus. C’est donc assez difficile de fédérer les équipes de commerciaux en leur disant : «  c’est la nouvelle œuvre de l’auteur dont nous avons sorti 43 volumes qui n’ont pas du tout marché alors, allez-y, vendez en plein ! ». (Rires)

J’adore l’auteur, mais je suis rattrapé par la réalité commerciale.

Est-ce que ce genre d’explications est suffisant pour le public de passionné ? Cela fait maintenant assez longtemps que le marché existe, donc on pourrait se dire qu’à force le public finit par comprendre les problématiques éditoriales, mais est-ce vraiment le cas ?

Pour te répondre, j’ai un autre exemple, un moment marquant lui aussi. C’est l’affaire Broken Blade.

Broken Blade c’est une super histoire de mécha, qui bénéficiait d’une adaptation animée, dont nous avions publié 10 volumes. Les résultats de vente étaient bons, nous avions pas mal investi en communication et payé des couvertures et publicités en magazine… Tous les voyants étaient au vert.

Le onzième volume avait été traduit, mais le contrat n’arrivait toujours pas. Nous demandions, mais sans recevoir de réponse. Un jour, nous avons appris que l’éditeur, Flex Comix, avait été racheté par un consortium japonais (Movida, qui possède notamment Soft bank, NDLR). Ce consortium avait décidé d’arrêter tout ce qui touchait à l’export, dans le monde entier. Ils nous ont demandé d’arrêter Broken Blade et de pilonner nos stocks. Nous avons essayé de négocier, de différentes façons…

Ça a dû être un drôle de moment quand tu as appris la nouvelle, tu t’en souviens ?

broken-blade-doki-1Bah… disons que ce n’était pas forcément très cinématographique, puisque c’était en lisant un mail : je devais lire ça en étant bouche bée. (Rires)

Mais donc, après, il a fallu expliquer ça à nos lecteurs. Nous avons fait différents communiqués qui sont encore sur internet : au début c’était « nous essayons de régler la situation », puis c’est devenu « nous ne pouvons plus rien faire, et on nous demande de détruire nos stocks, donc nous nous exécutons ». Je me suis rendu compte que les réactions négatives étaient minimes, et elles étaient surtout à l’encontre de l’éditeur japonais.

Nos lecteurs étaient satisfaits que nous ayons été transparents, en leur ayant fourni les données du problème. Ça m’a appris que lorsque l’on a un problème, que ce soit de production, de retard, etc., il vaut mieux dire les choses clairement plutôt que d’essayer de les camoufler pour une quelconque histoire de réputation. Les lecteurs sont plus compréhensifs et matures qu’on ne le croit.

Vous êtes plusieurs à le dire en effet. Un dernier moment clé ?

Je pourrais citer, parce que ça compte toujours aujourd’hui, la rencontre avec mon bras droit Arnaud Delage, qui est notamment le traducteur de SKR. Je l’ai rencontré un ou deux ans après la création de Doki-Doki. Nous avons compris rapidement que nous avions des atomes crochus et c’est vraiment une belle amitié qui est née entre nous. Il m’aide beaucoup au quotidien. Quand je parlais de l’importance du côté humain et des gens qui font des fiches, je pense à lui en premier.

Tiens, digression express, car j’en entends parler régulièrement des fiches qui sont faites pour des éditeurs mangas. Ça ressemble à quoi, à des fiches de lectures comme on en fait à l’école ?

Oui voilà, ça ressemble un peu à ça. Il y a un résumé de l’histoire, la couverture, le nombre de volumes à disposition, l’éditeur japonais et l’avis personnel de celui qui l’a lu qui apporte une dimension plus subjective : il explique pourquoi il a aimé ou pas, si le ton colle avec le catalogue Doki-Doki, si l’histoire risque de devenir WTF ou pas etc ! À moi d’en tirer les conclusions pour donner suite à la série, ou pas.

Vous êtes arrivés en 2006 sur la fin du grand boom du manga en France, avant que les ventes du marché ne se mettent à baisser à partir de 2008-2009… Et ne repartent à la hausse que l’an dernier. Tu as justement évoqué une période difficile au bout de quatre ans. Comment vous êtes-vous adaptés ?

puella-magi-madoka-magicaUne des constantes que nous avons depuis notre création, c’est que nous publions peu par rapport aux autres éditeurs. J’ai fait un calcul récemment en comptant le nombre de sorties chez les vingt plus gros éditeurs de manga en France, et j’ai constaté que le nombre moyen de manga sortis était de sept par mois. Nous, nous sommes à quatre, en moyenne. Nous avons toujours voulu faire cela, car nous désirons nous concentrer sur nos titres. Avec notre équipe, restreinte, mais efficace, nous souhaitons bien travailler ces mangas sur leur traduction, leur commercialisation, leur promotion, etc. Nous ne sortons pas quinze titres par mois, dont dix à perte.

Quand les temps sont devenus difficiles, nous avons alors essayé de limiter les séries aux thématiques moins vendeuses, et nous nous sommes tournés plutôt vers le seinen d’action et fantastique. En même temps, en 2010, de nouveaux éditeurs japonais nous ont aussi ouvert leurs portes. Le jour où l’on nous a annoncé que nous avions la licence de Puella Magi Madoka Magica, je me suis dit que nous avions acquis une certaine crédibilité aux yeux des éditeurs japonais. Cette licence était un tel raz-de-marée là-bas, que c’était un signe : il était temps de taper à la porte d’autres éditeurs et faire des offres pour des séries plus importantes.

Récemment, l’un de nos éditeurs historiques qu’est Media Factory me disait que nous avions leurs meilleures séries : Servamp, The Rising of the Shield Hero, etc. Donc depuis nos débuts, nous avons fait du chemin.

Depuis la reprise et le retour à un marché du manga en croissance, est-ce que tu as pu constater toi aussi une embellie l’an dernier ? Et quid d’un premier « bilan » de 2016, pour Doki-Doki ou pour le marché du manga en général ?

Les chiffres montrent qu’il y a en effet une embellie du marché qui nous profite aussi. Le lancement de nouvelles locomotives chez de gros éditeurs a contribué à attirer les lecteurs en librairie, et c’est bon pour nous !
Nos nouvelles séries ont pour la plupart trouvé leur public : Black Bullet, Guren Five, The Rising of The Shield Hero, Dédale J’ai été un peu déçu par le départ mitigé des Six Destinées, un shônen plein de qualités à mes yeux. Mais globalement, nous avons connu une belle année, preuve en est la réimpression de certains volumes.

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Doki-Doki : philosophie et identité éditoriale

Doki-Doki est né au sein d’une génération d’éditeurs qui se sont lancés en même temps que vous : Ki-oon, Kurokawa, Kazé, Soleil. Certains ont beaucoup évolué… Les hauts de tableaux GFK, c’est quelque chose où tu aimerais voir Doki-Doki ou alors, finalement, tu te dis que tu es bien là où tu es, dans la catégorie « petit éditeur » ?

J’ai récemment fait toute une étude sur le sujet, pour présenter Doki-Doki à notre nouvelle équipe commerciale. Comme je le disais plus haut, nous publions moins que la moyenne des plus gros éditeurs. Plus tu montes dans ce tableau, et surtout si tu arrives aux 4e – 5e première place, moins il y a de mystères : tu dois forcément publier davantage. Il y a une certaine corrélation entre le nombre de tomes publiés et ta place dans le classement… À quelques exceptions près bien sûr, comme My Hero Academia ou One-Punch Man qui donnent un gros coup de boost à Ki-oon ou Kurokawa.

Mais pour nous aussi, c’est significatif : nous sommes 12e au classement Gfk, alors que nous étions 10e il y a quelques années, et pourtant nos ventes ont progressé par rapport à l’année précédente. Akata et Komikku sont passés devant nous au Gfk, car ils publient dix à quinze titres de plus par an. Si nous publiions davantage, je pense que nous pourrions repasser devant.

Mais j’ai tendance à dire que l’on peut interpréter ces classements de plein de façons différentes et que ce n’est pas le plus important. Ce qui m’intéresse c’est plus de savoir si Doki-Doki réalise des mangas qui plaisent et savoir si ça rapporte plus d’argent à Bamboo que ça lui en coûte. Les réponses sont oui dans les deux cas, et c’est l’essentiel.

Nous nous approchons de la fin de l’interview et je me demandais : à l’heure actuelle c’est quoi un manga Doki-Doki pour toi ?

Ah c’est une question difficile…

Je parlais précédemment d’une part de fantastique et d’imaginaire, donc il y a un peu de ça, déjà. C’est une constante comme dernièrement dans Dédale, qui est un titre qui est vraiment bien fichu, qui a reçu un accueil dithyrambique…

C’est bien ça et c’est mérité, car c’est un vraiment un chouette titre. Est-ce que les ventes suivent, elles aussi ?

La première fois que je l’ai lu je me suis dit : « Je lis beaucoup de manga, mais des comme ça je n’en croise pas souvent. » Du survival aussi positif je n’en avais jamais vu.

Dedale Cover

Mon premier réflexe a été de me dire que l’originalité n’est pas forcément ce qui paie dans le manga. Il y a des contre-exemples, mais je me souviens que lors de nos premières années, nous nous enthousiasmions souvent d’entendre « ah, il est original ce pitch ! » et derrière, nous faisions un four. Les lecteurs aiment bien être rassurés et retrouver un cadre familier. Les récits dans les mangas, c’est souvent une variation autour des mêmes thèmes. Donc pour Dédale, je me suis dit ça passe ou ça casse…. Et c’est passé, car le premier tirage, de 5000 exemplaires, a été écoulé, donc nous avons fait un second tirage à 2000, et nous venons d’en faire un troisième à 4000. Et le titre est réapparu il y a quelques semaines dans les tableaux Gfk. Donc ça veut dire qu’il vit toujours, que le bouche à oreille fonctionne bien.

Parfait alors ! Revenons sur cet ADN du manga Doki-Doki…

Oui. Nous publions aussi des titres pour un lectorat mixte. Les classifications des mangas en France diffèrent du Japon, c’est pourquoi j’oserais parler de « shônen pour filles » dans le cas de Servamp, ou de « seinen pour filles » concernant Madoka ou Vamos La. Ces termes vont probablement faire bondir les puristes, mais on ne peut vraiment pas catégoriser les mangas en France comme au Japon, le lectorat est différent.
En matière de seinen pur, j’étais étonné que nous ayons autant de lectrices qui achètent en masse des titres comme Sun-Ken Rock ou Freezing.

Ensuite, au niveau graphique, on retrouve un trait assez nerveux, moderne. Mais c’est difficile de vraiment identifier des caractéristiques. Quand je choisis un titre, je me demande plutôt s’il pourrait bien s’insérer dans notre catalogue, à côté de quel autre manga il pourrait trouver sa place : « ah tiens, celui-là, il serait pas mal à côté de The Rising of the Shield Hero », par exemple. Ça forme un tout cohérent…

Ça permet aussi de s’adapter et d’évoluer, de titre en titre…

Et puis ça n’empêche pas non plus quelques exceptions et la liberté de tenter des paris, par moment. Hawkwood par exemple serait difficile à mettre à côté d’un autre titre : un manga historique sur la Guerre de Cent Ans, ça ne ressemble pas forcément à d’autres œuvres de chez Doki-Doki.

Tout cela est une question de dosage. Comme nous publions peu de titres, notre line-up est vite rempli, donc nous essayons de trouver une alchimie : un fond d’imaginaire, un peu d’originalité, de l’action, un peu de comédie et d’humour, une touche d’érotisme, un peu de gore… Par exemple cette année nous avons sorti Evolution Six, qui est sans doute le titre le plus gore de notre catalogue. Je ne suis pas forcément un fan de récits sanglants (cependant, en tant que fan de comics, les mutants de cette histoire, ça me parle), mais c’était une bonne occasion de tester, et ce n’est pas pour autant que je vais lancer toute une collection autour de ça. C’est juste que ça me semblait intéressant de voir ce que ça donne.

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En caractéristiques, on peut ajouter aussi des séries plutôt courtes…

Oui c’est assez vrai. Mais c’est aussi à l’image de ce qui se fait au Japon… Les séries ont tendance à se raccourcir.

C’est vrai ? Vu de la France ce n’est pas forcément perceptible…

Au Japon l’offre est beaucoup plus importante, et des séries courtes ou qui se font sabrer sur les premiers volumes, j’ai l’impression d’en voir de plus en plus. D’ailleurs, il m’est déjà arrivé de faire des offres pour des séries qui ont été sabrées au second volume, voire au premier. Sauf que l’on ne me l’avait pas dit. J’attendais la suite, mais un beau jour, on nous dit « non non l’auteur est parti sur autre chose en fait… »

Donc à moins que l’auteur ait réussi à trouver une fin qui tienne la route, je ne les ai jamais publiés. Bon, nous nous faisons rembourser dans ces cas-là… Enfin, dans le meilleur des cas. (Rires) Et si jamais nous avons payé la traduction du manga, c’est tant pis pour nous…

Les mots de la fin : bilans et perspectives

Ensuite j’aimerais savoir ce que t’ont appris tes réussites et tes échecs sur ton métier d’éditeur, durant ces dix années…

Déjà j’ai appris le métier d’éditeur… Et ce n’est pas rien ! (Rires)

J’ai aussi appris beaucoup sur moi-même. Négocier avec les Japonais c’est différent, c’est spécial. Ainsi, tout ce que nous faisons est soumis à leur approbation. Cela nous oblige à travailler le plus en amont possible, car certains tardent à répondre. Il arrive aussi que nos idées de communication ou de goodies soient refusées, pour des raisons parfois obscures. De manière générale, les Japonais sont extrêmement polis, mais il est difficile de connaître le fond de leur pensée, à moins d’avoir établi des relations de grande proximité. Et par rapport avec une maison d’édition franco-belge, ils ont une volonté de contrôle beaucoup plus forte. C’est pourquoi, par exemple, ils nous interdisent de contacter directement les auteurs !

Je gère aussi pas mal de monde, que ce soit des traducteurs, des graphistes, etc. Il faut donc avoir une certaine pédagogie, mais aussi une certaine rigueur pour que le travail soit rendu correctement et dans les temps. C’est très formateur humainement parlant.

Ce que j’apprends au quotidien, enfin, c’est que je vieillis – j’ai 41 ans –, mais je reste au contact avec les goûts des jeunes, c’est quelque chose que j’apprécie beaucoup. Ça évite de s’enfermer dans un monde de quadragénaire et ça veut dire que quand mes enfants grandiront je ne serais pas… le papa largué. (Rires)

Exact… Si on se projette vers le futur, quels sont maintenant vos moteurs et vos ambitions pour les 10 années à venir ?

Des moteurs j’en ai pas mal…

Comme je te l’ai dit, Bamboo a créé sa propre diffusion commerciale et a quitté Delsol. Nous sommes maintenant indépendants sur ce point.

bamboo-logo

Pour les lecteurs, est-ce que tu peux nous expliquer ce que c’est ?

La diffusion commerciale, c’est notre force de vente : les représentants qui vont démarcher les libraires pour proposer nos ouvrages, pour essayer de les convaincre de les commander et de les mettre en avant le mieux possible.

Delsol a fait du bon boulot, mais la diffusion gère plusieurs éditeurs et des centaines de titres, et elle appartient à Delcourt. Tous les éditeurs qui ont une diffusion commerciale indépendante ont de meilleurs résultats. Cela donne une motivation supplémentaire et nous a permis de former notre nouvelle force commerciale, en reprenant un peu toutes les questions que tu viens de me poser d’ailleurs : quelle est l’image de Doki-Doki, quels sont nos points forts et nos points faibles, d’où l’on vient, etc. Nous essayons de leur partager notre culture d’entreprise.

On peut imaginer sur le long terme que ces ambassadeurs de votre catalogue deviendront des membres de la « famille » Doki-Doki et seront plus que motivés pour promouvoir vos titres…

Le but est aussi de se rapprocher des libraires, car nous ne pouvons pas nouer ou entretenir le contact avec tous. Donc il faut que ces ambassadeurs soient aussi bien notre voix que notre oreille.

Une belle avancée en perspective, donc. Quels sont les autres moteurs ?

doki-10-ansJ’ai profité de ce bilan sur Doki-Doki pour contacter nos éditeurs japonais partenaires, pour refaire le point, mais aussi pour tenter une autre approche d’autres éditeurs qui ne travaillent pas encore avec nous. C’est un travail de longue haleine, mais les retours sont très positifs et je pense que dans les mois ou les années à venir, nous pourrons travailler avec de nouveaux éditeurs japonais.

Des portes qui s’ouvrent…

Oui, ils sont au courant que les choses changent en France, que des éditeurs naissent ou disparaissent. Ils apprécient que nous ayons passé ce cap des 10 ans, ça pose les choses… Surtout quand tu leur présentes tout le parcours qu’a été le nôtre sur cette décennie, toutes les actions que nous pouvons faire et l’énergie que nous avons pu dépenser.

Enfin, sur un plan plus personnel, mon moteur c’est aussi… ah c’est un peu bateau ce que je vais dire, mais c’est important pour moi de ne pas oublier qui l’on est et d’où l’on vient. Avec le temps, on peut oublier pourquoi on fait ce métier et ne voir que les côtés négatifs…

Tu dirais qu’éditeur de manga est un métier usant ?

Oui, c’est prenant dans tous les sens du terme : parce que c’est chronophage, parce que ça peut parfois être prise de tête – obligé d’être diplomate quand on a envie d’envoyer balader, etc. Mais ce qui remet tout en perspective c’est quand les lecteurs te disent : « Félicitations », « « vous êtes mon éditeur préféré », « j’adore cette série, grâce à elle vous me faites rêver », on se dit que l’on sert au moins à ça ! (Rires)

Le mot de la fin… qu’est-ce que tu pourrais dire à tes lecteurs ?

Spontanément, je leur dirais que, évidemment il y a des choses qui leur ont plu et d’autres non chez Doki-Doki, donc je voudrais remercier ceux qui nous suivent depuis le début, mais aussi ceux qui nous ont rejoints en cours de route – c’est très important – et j’espère qu’ils sentent que, derrière le bouquin qu’ils tiennent, il y a des gens qui se sont investis. Qu’il y a un vrai amour du manga et pas un intérêt commercial uniquement.

Le message est passé, merci Arnaud et longue vie à Doki-Doki !

Retrouvez Doki-Doki et son actualité à travers leur site, leur page Facebook ou leur compte Twitter !

Remerciements à Arnaud Pluméri et Nazir Meena pour leur temps et leur gentillesse.

 

Retrouvez toutes nos interviews éditeurs :

Akata (décembre 2015)

Doki-Doki (mai 2012, janvier 2014, novembre 2016)

Glénat (mars 2009décembre 2012, janvier 2015)

IMHO (avril 2012)

Isan Manga (mars 2013)

Kana (novembre 2012, janvier 2014, février 2016)

Kazé Manga (avril 2011janvier 2012décembre 2013)

Ki-oon (2010, 201120122013, 2014, 2015, 2016)

Komikku (mai 2014)

Kurokawa (juin 2012,  décembre 2013novembre 2015)

nobi nobi ! (septembre 2013)

Ototo – Taifu (octobre 2012, novembre 2014)

Pika (avril 2013, décembre 2014)

Sakka ( juillet 2015)

Soleil Manga (mai 2013, mars 2015)

Tonkam (avril 2011)

Retrouvez également les bilans manga annuel du marché français réalisés par le chocobo : 2010, 2011, 2012 , 20132014 et 2015 !

Altaïr : la guerre comme nulle part ailleurs !

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Le chocobo est de retour ! 

Sortant enfin la tête de l’eau après six mois intenses (réorganisation au boulot, je vous passe les détails) je reviens en douceur, au rythme d’un papier par mois jusqu’à cet été. Pour relancer la machine, rien de mieux qu’un coup de cœur : il est pour Altaïr de Kotono KATO, aux éditions Glénat.

Le tome 14 est sorti en janvier et clôt un arc majeur de la série, follement épique et diablement prenant ! En dévorant cette semaine les 5 derniers tomes pour rattraper mon retard, j’ai clairement voulu vous faire plonger dans l’un des tous meilleurs mangas sur la guerre, aux côtés d’Arslan et de Vinland Saga. Avec ses propres armes et une captivante singularité.

Bref, la barre est donc placée assez haute, à moi désormais de vous dire pourquoi… Bonne lecture !

altair T13

Altaïr ©2014 Kotono Kato

Notre peuple vaincra !

Printemps de l’an 451 selon le calendrier impérial, ou 75 selon le calendrier türk, quelque part sur le Continent roumélien…

Dans les hautes sphères de l’état militaire de Türkiye, on parle avec admiration d’un certain Mahmud, le plus jeune homme à accéder au rang de pacha (général) dans la stratocratie de Türkiye. Accompagné de son fidèle aigle royal Iskandar, notre fauconnier tente de faire régner la paix et sillonne le pays pour déjouer les conflits. Mais c’est sans compter sur les manipulations du Premier Ministre Louis de l’Empire voisin du Baltrhain, et du conflit en dormance entre ces deux nations.

Le royaume de Türkiye, terre de commerce prospère, est l’ennemi juré du Baltrhain qui lorgne sur ses richesses et qui veut, douze ans après une première tentative d’invasion ratée, mettre définitivement la main sur le seul ennemi du Continent en mesure de lui résister. Seulement la Türkiye est divisée et en infériorité militaire. Pendant les douze années de paix, le pays a pansé ses plaies puis a prospéré par le commerce, tandis que de nombreux hauts placés de l’Empire ont ourdi leur revanche par une politique guerrière et se sont armés en conséquence.

Comment, dès lors, Mahmud peut-il empêcher ce conflit qu’il refuse, lui qui a perdu sa mère massacrée dans la précédente guerre ?

 Altaïr ©2014 Kotono Kato  Altaïr ©2014 Kotono Kato  Altaïr ©2014 Kotono Kato

Le jeune homme ne semble pas de taille et, très vite, il chute. En évitant qu’une rébellion ne vire au bain de sang dans une ville frontière, il commet un impair et se voit déchu de son titre de pacha. Il doit désormais œuvrer dans l’ombre, parcourant son propre pays pour déjouer les complots de l’Empire, cité après cité. La corruption, les menaces, les manipulations politiques et la maîtrise des flux alimentaires ou économiques sont les milles et unes voies qu’emprunte le Ministre Louis, l’ennemi désigné de Mahmud. Ce génie militaire sans aucune pitié a malheureusement plusieurs coups d’avance et il fait tomber les remparts de la Türkiye tel un jeu de domino. L’ancienne grande Türkiye, morcelée depuis le dernier conflit, est trop apeurée pour se lancer officiellement dans la guerre, et la paix a endormi sa vigilance. Petit à petit la main de l’Empire s’étend donc sur le royaume türc… Mais pas sans se brûler les doigts au passage !

En effet, aux quatre coins de son pays, Mahmud brille par sa pugnacité, son imagination et sa détermination à sauver sa patrie. Il finit par s’entourer de valeureux guerriers, de talentueux informateurs, mais aussi de dirigeants de premier plan, qu’il entraîne dans une nouvelle alliance, sans cesse grandissante : la Türkiye n’a pas dit son dernier mot, et elle est bien décidée à montrer les crocs !

Altaïr ©2014 Kotono Kato

Altaïr ©2014 Kotono Kato

Il était une fois la guerre… en Méditerranée

Si l’on place en préambule que Kotono KATO a fait des études d’Histoire spécialisées sur la Turquie, on commence à comprendre la genèse d’Altaïr et l’enchevêtrement des références qui le compose. Forte de ses connaissances historiques, la mangaka a recréé une nouvelle Méditerranée où elle redessine une nouvelle carte, réorganise les alliances,  redistribue les ethnies et réinvente les guerres qui ont fait rage pendant des siècles entre l’Empire Byzantin et celui qui allait le supplanter, l’Empire Ottoman. Elle pioche aussi dans l’opposition de ce dernier avec les coalitions européennes du Saint Empire Germanique qui dureront jusqu’à l’orée du XXe siècle. Elle a donc l’embarras du choix. Géographiquement et culturellement, ce panel couvre toutes les grandes puissances du sud du Môyen-Âge tardif et de la Renaissance, de l’Espagne jusqu’à l’Arabie Saoudite… Un vaste vivier, donc.

 Carte Europe  Ottoman Empire

Néanmoins, même si le choix est large, encore faut-il associer l’ensemble correctement, pour donner un minimum d’unité à ce nouveau monde. À cette fin, la mangaka commence déjà par concentrer le tout : la mer du Centro et le Contient roumélien d’Altaïr sont bien une nouvelle version de la Méditerranée. Le royaume de Türkiye et l’Empire du Baltrhain y sont les deux seuls pays d’envergure, entourés de petites provinces et surtout de villes-état, chacun indépendant de son voisin et tout au plus partenaires dans une coalition commerciale.

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Carte partielle d’Altaïr : Baltrhein à gauche, Turkïye et ses voisins à droite © 2014 Kotono Kato

Parti en voyage dans sa contrée natale, Mahmud va donc de ville en ville, restant pendant deux ou trois volumes dans chacune. Il  permet au lecteur de faire des bonds dans l’espace, voire dans le temps :  le premier exemple marquant est l’Etat Portuaire de Phoenicia au début du volume 3, qui possède des allures de Carthage ou de république grecque. C’est aussi le nom d’une ancienne civilisation établie du côté de la Syrie, qui s’est répandue un peu partout en Méditerranée de 1500 à 300 avant J.C..

Puis vient la république de Vénédik, hommage à Venise, avec ses masques mais surtout ses bateaux qui vont devenir LA flotte primordiale dans la conquête des mers, une dizaine de volumes plus tard. D’autres cités ou petits états vont suivre comme l’homonyme et fastueuse Florence, la cité imprenable et hispanisante de Campana, les mercenaires de Tauro, l’Urad et ses palais slaves de toute beauté… etc, etc ! On pourrait passer des heures à éplucher chacune de ces destinations tant les décors et les costumes y sont majestueux, bourrés de détails. Les références culturelles enrichissent l’ensemble et lui confèrent un supplément d’âme, en plus d’être expliquées dans de petits encarts bonus ou en début de chapitre, pour une introduction dans un nouveau lieu.

Arrivée à Venedik

Arrivée à Venedik © 2014 Kotono Kato

De par le jeu de toutes ces références Kotono KATO déploie son manga bien au delà du simple shônen historique. La quête initiatique de Mahmud est un voyage rafraîchissant dans des contrées que l’on croit reconnaître mais que l’on ne cesse, en réalité, de redécouvrir. Un vrai dépaysement. De plus, le résultat visuel sympathique des premiers tomes, avec ses influences orientales assez inédites pour un manga, gagne en maturité au fil des opus. On sent la mangaka monter en gamme dans ses tracés et la maîtrise de son chara-design. Rien de plus normal car Altaïr est le premier titre de Katano KATO, qu’elle a débuté en 2008 au Japon. Une fois le cap des 9e et 10e tomes franchit, on atteint alors un graphisme envoûtant et les magnifiques couvertures des derniers tomes de la série, avec ses somptueuses incrustations dorées, ne mentent en rien sur la beauté des dessins qui se cachent en dessous. Le manga ne se lit plus, il se savoure, se dévore ou se décortique selon votre appétit de lecteur, avec une réelle gourmandise.

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« Au jeu des stratèges il faut vaincre ou périr« 

Enfin, impossible de finir cet article sans évoquer ce qui m’a séduit dès les premiers volumes et qui fait que je mets la série en avant dès que je le peux, ici et ailleurs : la géostratégie et les techniques militaires ne cessent de donner du piquant à Altaïr. Dans le premier Arc, Mahmud regagne petit à petit ses galons auprès du pouvoir Türc, à travers des victoires mais aussi des échecs. En effet, il est des situations qui ne peuvent pas toujours êtres sauvées, des cités si embourbées dans leurs disputes internes ou leur corruption qu’un « étranger » n’a aucune chance d’inverser les rouages du destin. Mais Mahmud brille à chaque fois, par sa capacité à lire les plans des adversaires, à en éviter les traquenards et à penser plusieurs coups en avance.

Altaïr ©2014 Kotono Kato

Altaïr ©2014 Kotono Kato

Une fois la preuve faite de sa valeur, il se voit confier une mission secrète : reformer l’ancienne Grande Turquie en prévision du combat qui s’annonce contre l’Empire, quitte à faire disparaître – et ce par tous les les moyens – les anciens sultans amis qui sont passés depuis du côté du Baltrhain. Il grandit donc de rencontres en rencontres, évolue le long de cette quête initiatique faisant preuve d’une maturité assez précoce et comprenant rapidement que certains ennemis ne peuvent pas être épargnés. La réalité de la guerre et des conflits a frappé notre héros très jeune et il sait que certains ennemis doivent mourir. Altaïr n’est donc pas un shônen naïf où tout le monde meurt quatre à cinq fois. Il y a des rebondissements et des vies sauvées in extremis, bien sûr, mais les soldats et les civils meurent… et leurs généraux aussi.

C’est la guerre quoi, la vraie, avec tous ses moments tragiques, ses sacrifices glorieux ou ses morts stupides, ses vengeances dans le sang ou ses défaites dans l’honneur…

Altaïr ©2014 Kotono Kato

Altaïr ©2014 Kotono Kato

Tout ceci donne un arc riche en émotion qui construit véritablement la série et ses bases, jusqu’au moment où l’heure du grand affrontement retentit. Je ne vous en dévoile pas les tenants ni les aboutissants, mais ce jeu de guerre pour la défense de la nouvelle alliance est un must read pour quiconque a déjà pris du plaisir à un jeu de stratégie en plateau ou sur console. Infanterie, cavalerie légère ou lourde, ingénierie surprenante, bataille en mer, technique d’encerclement ou de contre-encerclement sur terre, stratégie de fuite ou de chasse, utilisation du relief… Si vous avez la chance comme moi de lire les tome 10 à 14 d’un coup – relisez-les sinon, ça marche aussi – c’est un véritable festin où s’affrontent des dizaines de milliers d’hommes et les plus brillants des cerveaux.

Bref, que dire de plus, les superlatifs vont finir par me manquer mais je pense que vous avez compris l’envie de partager avec vous cette passionnante lecture. Au bout de 14 tomes, je ne pouvais plus me taire ou évoquer la série sur une simple petite chronique.

 Altaïr ©2014 Kotono Kato Altaïr ©2014 Kotono Kato Altaïr ©2014 Kotono Kato

Alors que le 15e volume arrive le 8 mars prochain dans nos librairies, la France aura rattrapé le Japon et son 18e volume courant 2017. Déjà qu’elle ne parvient pas vraiment à trouver son public, la série risque donc de sortir des radars car elle ne sera plus publiée qu’une fois tous les 8-10 mois. Mais Altaïr et son auteure Kotono KATO méritent amplement de connaître le succès, pour leur invitation au voyage, des graphismes somptueux et détaillés, un mix des cultures et des civilisations remarquable et une véritable expertise guerrière, tant sur le plan tactique que dramatique… Donc lisez Altaïr et partez à l’aventure, que diable !

tome 15 altaïrFiche descriptive

Titre : Altaïr
Auteur : Kotono KATO
Date de parution du dernier tome : 04 janvier 2017
Éditeurs fr/jp : Glénat Manga / Kôdansha
Nombre de pages : 192 n&b
Prix de vente : 7.60 €
Nombre de volumes : 14 / 18 (en cours)

Visuels : © 2014 Kotono Kato

Pour en savoir plus vous pouvez jeter un œil sur la preview ci-dessous et sachez également qu’un anime est prévu pour cet année : il possède déjà son site internet et son compte twitter, et les studios Mappa et Aniplex, ainsi que le réalisateur Kazuhiro Furuhashi (Le chevalier d’Eon)  sont à la manœuvre. 

Interview éditeur : Glénat Manga, le bilan 2016

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Bonjour tout le monde ! Après un mois de mars consacré au Bilan du marché du manga 2016, disponible ici, je reviens pour vous proposer trois interviews d’éditeur avril et mai. On commence aujourd’hui avec les éditions Glénat Manga et son éditrice Satoko INABA, en poste depuis un peu plus d’un an maintenant (mais dans la maison depuis bien plus longtemps, cf l’interview Glénat Manga de fin 2012, ici). Elle a accepté de répondre à de nombreuses questions : comment va le leader du marché du manga et quel est son bilan 2016, comment se portent les classiques de la maison et les dernières nouveautés, comment fait-il face à la concurrence des nouveaux blockbusters ? On vous dit tout ça, et plus encore, ci-dessous !

Glénat Manga Paoru 2017

Bonjour Satoko INABA, et merci pour votre temps…

Commençons par le marché du manga en France. Il s’est vendu environ 13,6 millions de mangas en France en 2016, soit une progression de 10 % par rapport à 2015. Est-ce que cette progression se résume uniquement à des phénomènes comme One Punch-Man ou My Hero Academia ou est-ce qu’il y a une vraie dynamique, plus solide, selon vous ?

Le lancement de ces deux titres a effectivement créé une bonne dynamique, mais elle ne se limite pas à ça. Le succès suivi de One Piece, le regain d’attention autour de la saga Dragon Ball ou la progression fulgurante d’une série comme Tokyo Ghoul nous permettent de dire que le manga n’est définitivement plus une mode, mais un marché bien installé avec des lecteurs qui se renouvellent constamment.

Dans ce marché dynamique, comment a évolué le volume de ventes de Glénat Manga et quelles ont été vos nouveautés qui ont rencontré le plus grand succès ? 

Glénat a su rester leader du marché, malgré les nouveaux titres annoncés comme des blockbusters chez les concurrents.

Tokyo Ghoul reEn termes de nouveauté, Tokyo Ghoul:re a évidemment connu un succès exponentiel dès le lancement au mois de janvier, et rien qu’en 2016, nous comptabilisons plus de 300 000 ventes pour les deux séries de la saga (Tokyo Ghoul et Tokyo Ghoul:re). La meilleure surprise a été Les Enfants de la baleine, série assez confidentielle au Japon lors de son lancement, mais qui a séduit beaucoup de lecteurs par un visuel de couverture très attirant et surtout un contenu très original.

De son côté One Piece reste votre best-seller, même s’il perd un peu de terrain en 2016, alors qu’il semble assez bien tenir le coup au Japon. Est-ce que le public français est moins fidèle ou se lasse plus vite d’une série chez nous, d’après vous ?

La dynamique semble être la même dans les deux pays et elle est très liée au développement des arcs scénaristiques. Nous avons un décalage dans la parution qui explique les différences de timing. En 2016, nous étions donc plutôt dans le creux de la vague… Signalons également que 2016 a vu la publication d’un One Piece de moins en France que l’année précédente, ce qui engendre mécaniquement une baisse des ventes totales. Mais l’arrivée en 2017 de l’arc consacré à Sanji devrait rebooster l’intérêt pour la série !

One Piece tome 80D’ailleurs concernant One Piece, ODA avait évoqué une centaine de tomes il y a quelques années. Maintenant qu’il s’en approche, est-ce qu’il en a dit plus sur l’arrivée d’une fin pour One Piece ?

L’auteur a annoncé vers le tome 80 qu’il avait à peu près bouclé 65 % de sa série. Si l’on se projette, One Piece devrait donc compter dans les 120 tomes…

Autre manga emblématique des éditions Glénat : Bleach, qui lui est bel est bien fini au Japon. D’un côté on reproche depuis longtemps à la série d’avoir trop étiré certains arcs, et de l’autre la fin de la série est vue comme très abrupte (édit : scénaristiquement parlant). Ces remarques vous semblent-elles justifiées et que peut-on retenir de l’aventure Bleach dans la gestion d’un hit sur le long terme au final ?

Le dernier arc de Bleach ayant été annoncé depuis cinq ans, je ne pense pas qu’on puisse parler d’une fin abrupte… Mais il s’agit effectivement d’une série avec un rythme particulier, qui peut déstabiliser lorsqu’on est habitué à d’autres shônen. Mais attendez la sortie du dernier tome, la lecture de la série complète pourrait vous donner une nouvelle impression.

Si on en revient à des séries plus récentes de votre catalogue, il y a Tokyo Ghoul : Re et Ajin, Comment se portent ces deux séries déjà, en termes de ventes ? 

Ajin tome 8Effectivement, il s’agit de deux séries qui rencontrent le succès. Ajin a un rythme de parution un peu plus lent, mais le recrutement sur le tome 1 a doublé en 2016. C’est donc une série qui continue toujours à monter, avec un public très fidèle. Tokyo Ghoul quant à lui rejoint aujourd’hui le rang des séries emblématiques Glénat en passant la barre du million d’exemplaires vendus sur la série. Et ce succès n’est pas près de s’arrêter, si on se fie au développement scénaristique des derniers tomes…

C’est un shônen et un seinen qui ont en commun d’être des séries d’action fantastiques avec un ton assez mature. Est-ce comme ça que vous imaginez les futures stars de votre catalogue, tournées vers un public de grands ados et jeunes adultes ?

Les Éditions Glénat ont toujours proposé un catalogue varié, avec des titres à succès dans plusieurs catégories : Dragon Ball, One Piece, Akira, Gunnm, Les Gouttes de Dieu, Kilari, Chi, Berserk… Nous continuerons à éditer des séries de qualité, sans nous limiter à un public restreint.

Pour finir sur les blockbusters… L’an dernier, Christel Hoolans nous donnait son avis sur l’attribution des licences de OPM, My Hero Academia et Platinum End à des éditeurs disons… inattendus. Un an après la sortie de ces séries, quel regard portez-vous sur cette évolution de la concurrence, est-ce que ça vous a fait changer des choses dans la façon de travailler en interne ou dans vos relations avec les éditeurs japonais ?

Ces attributions ont peut-être laissé quelques influences sur notre façon de travailler mais n’ont finalement pas bouleversé le marché.

J’ai l’impression que ces décisions sont à l’origine d’une course aux supposés blockbusters chez tous les éditeurs. Il s’agit de faire des paris sur des concepts, des noms d’auteurs, sans que nous puissions prendre le temps de découvrir une œuvre et de réfléchir posément à la meilleure manière de la proposer en France. Certains titres pourraient réellement souffrir de cette foire d’empoigne et manquer d’un soutien efficace pour être lancé en France.

Dans un tout autre registre, l’année 2016 a été aussi celle de deux paris éditoriaux : je pense à Les Enfants de la baleine et L’Ère des cristaux, qui sont deux superbes titres. Pourtant l’un des deux a plutôt bien marché alors que l’autre pas du tout. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus et comment vous expliquez-vous cette différence ?

Enfants de la baleine 5Les Enfants de la baleine a connu un très bon accueil, surprenant quand on sait que le titre était quasiment méconnu au Japon lors de son lancement. Les lecteurs français ont tout de suite été charmés par sa belle couverture puis captivés par son univers qui rappelle Miyazaki. Nous avons également bénéficié d’un très grand soutien de la part de l’éditeur et de l’auteur, indispensables pour bien développer la communication.

L’Ère des cristaux plaît à un public de connaisseurs et d’esthètes, mais il est peut-être un peu trop expérimental pour être ajouté dans la liste des courses à côté de One Piece et Ajin… Il en est de même pour un titre comme Le Voleur d’estampes, ce sont des œuvres novatrices auxquelles il faut accorder un peu de temps pour qu’elles soient reconnues à leur juste valeur, et nous ne regrettons absolument pas d’avoir fait le choix d’éditer ces titres.

Est-ce que vous avez d’autres déceptions sur l’année 2016 d’ailleurs (et, pareil, comment les expliquez-vous ?)

Je pense à Arbos Anima, la nouvelle série de Kachou HASHIMOTO que vous avez eu l’occasion de voir à Japan Expo 2014 pour sa série Cagaster. C’est une très bonne série, mais le lancement a été noyé dans la vague des sorties de juillet, sur un Japan Expo qui mettait l’accent sur la production française. J’espère donc avoir une autre occasion de la mettre sous le feu des projecteurs…

Hinomaru Sumo quant à lui n’est pas vraiment une déception, mais il gagne encore à être connu. Tous ceux qui s’y sont intéressés sont unanimes : il faut passer outre la fausse image comique que nous avons du sumo, il s’agit d’un vrai shônen nekketsu d’arts martiaux !

 Arbos Anima  Hinomaru Sumo

Autre sujet autour de la qualité de l’impression et du papier de vos mangas : papier parfois extrêmement fin, des taches d’impression ou des inversions de chapitres ainsi qu’un débat autour du format souple. Bref, c’est un sujet qui revient régulièrement depuis que la fermeture d’Hérissay en 2014, qui vous a contraint à trouver un nouvel imprimeur. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur ces difficultés rencontrées et rassurer votre lectorat quand à la qualité de vos prochains mangas ?

Nous avons effectivement été confrontés à certains problèmes d’impression. Nous alertons à chaque fois les imprimeurs de ces problèmes et des exigences de qualité de notre lectorat, et cherchons des solutions pour éviter ce genre d’erreurs. Nos prestataires sont donc clairement conscients de ces impératifs et savent que, s’ils ne sont pas en mesure de les satisfaire, nous tâcherons de changer de fournisseur afin d’obtenir la qualité que les lecteurs attendent de nous.

MANGA HERISSEY (1).jpg

Impression de Manga à HERISSEY, l’ancien partenaire de Glénat Manga.jpg

La question de changement de papier a effectivement fait l’objet de crispations dans la mesure où le lectorat manga reste très fidèle à ses habitudes de lecture. Néanmoins, si un tel changement n’est jamais forcément accepté de tous, nous savons également que la bascule vers un papier crème, plus respectueux du rendu des travaux de nos auteurs, s’est effectuée sur une période relativement longue, à savoir presque dix ans. Il est compréhensible que les plus réticents soient ceux qui s’expriment le plus mais nous savons également que les plus satisfaits sont également ceux qui s’expriment le moins…

Quoi qu’il en soit, nous restons vigilants sur la qualité d’impression et de papier, afin que les titres que nous publions respectent – voire dépassent – les attentes de nos lectrices et lecteurs.

Dernière question sur 2016 : l’offre de manga en numérique se diversifie mais ne semble pas s’accompagner d’une hausse notable des ventes… Quel est votre ressenti sur ce qui semble pour le moment une impasse ? Est-ce qu’il faut juste se montrer patient ou est-ce le modèle économique qui n’est pas encore le bon selon vous ?

Actuellement, le numérique ne semble pas encore avoir acquis son public en France. Contrairement à d’autres pays, nous sommes peut-être plus attachés au papier, ou pas assez habitués au concept de “payer pour un contenu et non une forme”.

Tournons-nous pour finir vers 2017 : comment démarre l’année pour le marché du manga français et pour Glénat ?

Très bien ! La dynamique de 2016 semble se poursuivre pour le marché et s’intensifier pour Glénat. Les séries phares continuent à tenir les lecteurs en haleine, alors que des séries mythiques comme Dragon Ball, Gunnm ouThe Ghost in the Shell se voient insuffler une nouvelle dynamique.

Dragon Ball superQu’est-ce que vous nous préparez de bon pour cette année, quels en seront les moments phares ?

Nous continuons bien évidemment à ouvrir de nouveaux horizons avec des jeunes auteurs, qu’ils soient japonais ou français.

Mais cette année, ce sont surtout nos deux séries stars qui seront mis en avant. L’arrivée en avril de Dragon Ball Super est un événement incontournable pour tout fan de manga, et à partir de juillet, nous entrerons dans l’année anniversaire des 20 ans de One Piece où nous vous préparons de très belles surprises.

On s’approche de la fin, alors voici une question un peu plus personnelle : cela fait un an et demi que vous êtes la directrice éditoriale des éditions Glénat Manga qui sont quand même le leader du marché français… Comment se déroule cette expérience assez unique en son genre ? Est-ce que le métier ressemble à ce que vous imaginiez d’ailleurs ?

Je suis dans le milieu depuis 15 ans et à Glénat depuis huit… J’ai donc eu la chance de reprendre un catalogue que je connais déjà depuis quelque temps, soutenue par une équipe efficace et volontaire.

La principale difficulté d’un éditeur historique comme Glénat est de renouveler sans cesse son offre sur la nouveauté, tout en valorisant les grandes œuvres qui constituent le fond de catalogue. C’est donc assez stimulant de vivre sur une faille spatio-temporelle qui me fait naviguer de 1989 à 2020.

Aujourd’hui, avec le développement de créations directes et de collaborations internationales, le métier d’éditeur manga en lui-même se transforme peu à peu. Je me remets donc constamment en question, afin de m’adapter à l’avenir qui nous attend.

Qu’est-ce que l’on peut souhaiter à Glénat Manga et à sa directrice éditoriale pour 2017 ?

Le marché du manga est en pleine mutation, avec de nouveaux défis à relever au Japon, en France ou ailleurs. J’espère donc que nous pourrons continuer à faire évoluer les choses pour vous proposer des lectures toujours plus intéressantes !

On le souhaite aussi, merci Satoko INABA !

Retrouvez Glénat Manga et son actualité à travers leur site, leur page Facebook ou leur compte Twitter !

Remerciements à Satoko INABA, Benoît HUOT et Fanny BLANCHARD pour leur temps et la mise en place de cette interview.

[Manga] Chronique ta PAL : des nouveautés comme s’il en pleuvait !

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Manga PAL Avril

Le soleil a beau être en place depuis quelques semaines, c’est une pluie de nouvelles séries qui se propage jusqu’à ma pile de lecture. Déjà que j’étais en retard sur mars, les nombreuses sorties d’avril et celles à venir de mai m’ont décidé à m’y remettre, d’autant que vous me demandez de manière récurrente des petits avis pour vous lancer sur des nouveautés. Sur une inspiration de l’amie Gensensha, je me lance donc dans cet article évolutif, qui se remplira de chroniques jusqu’à la fin mai, voir plus, le temps que la PAL des nouveautés reprenne des proportions décentes. Toute nouvelle série qui n’a pas dépassé le tome 3, qui me tombe dans les mains d’ici là et qui sort du lot est donc destinée à ces chroniques !

Episode 1 : En cette fin avril, commençons avec 7 titres qui m’ont tapé dans l’œil. Il y a du fantastique et épouvante avec La petite Fille aux Allumettes, du MMORPG X Light novel avec Overlord, de la fantasy avec To your éternity, des émotions dans ton cœur à toi avec March comes in like a lion, un thriller ingénieux et haletant du nom de Man in the Window, de la mélancolie historique avec le Dernier envol du Papillon et enfin, en bonus, un one-shot BD avec Perséphone. Go go gooooo !

petite-fille-allumettes-komikku-annonce

La Petite Fille aux Allumettes de Sanami SUZUKI – tomes 1 & 2 chez Komikku : les visuels de couverture sont tentants : une ambiance sepia / crayonnée / vintage et une jeune fille dénuée de toute expression, beauuucoup plus fantomatique que la jeune danoise du conte  original dAndersen. Après avoir lu les deux premiers tomes du manga, sorti le 30 mars dernier, je confirme qu’il ne s’agit pas que de la couverture. Ce titre emprunte bien le visuel rétro des contes mais y ajoute deux éléments qui lui confère sa personnalité : un occultisme folklorique et un sens de la moralité souvent surprenant et assez savoureux, dans son côté arroseur arrosé. Pour éclairer vos lanternes, les deux premiers volumes sont des recueils de nouvelles où le personnage central est une vendeuse d’allumettes chimériques, du nom de Rin, qui vient donner vie à vos pensées  : « ce beau gosse m’énerve, j’ai envie qu’il schlingue comme la mort« , « elles mentent ! Je veux jeter un œil dans leur cœur !« , « je veux gagner sans faire le moindre effort« , « que quelqu’un parle à ma place et lui dise ses quatre vérités !« .

Autant de pulsions et de désir refoulés qui ne deviennent jamais réalité d’habitude, sauf si vous possédez la fameuse boite aux allumettes magiques et que vous vous laissez-aller à en craquer une. Chaque fois que le sort est jeté, la frustration disparaît : vous avez l’impression que le monde est devenu comme il devrait être, que vos problèmes ont disparu. Mais tel est pris qui croyait prendre et Sanami SUZUKI prend un malin plaisir à surprendre ses personnages par des conclusions très bien mises en scène : certaines sont surprenantes, d’autres sont des climax attendus, mais toutes sont un vrai plaisir à découvrir, à l’image des conclusions démoniaques (mais ici en plus soft) de certaines nouvelles d’Alfred Hitchcock ou d’Edgar Allan Poe.

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Néanmoins toutes les histoires ne sont pas pour autant lugubres et la dernière force de ces premiers chapitres est de proposer une alternance à la noirceur avec des récits pleins de tendresse et de poésie. Par exemple, en une quinzaine de page, le 10e chapitre conte une romance totalement improbable entre un rocher et une campanule : un joli moment qui surprend et touche par sa simplicité et sa justesse.

Si le recueil de nouvelles fantastiques n’est pas une première dans le monde du manga, il reste assez rare, et La Petite Fille aux Allumettes fait honneur au genre avec une identité graphique et scénaristique très séduisante. A 7.90€ le tome, 5 volumes déjà sortis au Japon et un rythme de deux itérations par an, voilà une série envoûtante que l’on pourra suivre tranquillement et sans se ruiner : à essayer !

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Overlord de Rugane MARUYAMA & Hugin MIYAMA (entre autres) – tomes 1 & 2 chez Ototo : En attendant le 3e tome de l’excellent Re: Monster, je ne boude pas mon plaisir à la lecture de Overlord, une adaptation de light novel qui nous place au sein d’un MMORPG où un joueur se retrouve coincé. Ce dernier y incarne un puissant guerrier du jeu mais cet univers vidéo-ludique doit un beau jour fermer ses portes… des deux cotés. Momongo, c’est son nom, nécromancien et maître de la guilde Ainz Ooal Gown a l’étrange surprise de se retrouver coincé dans le jeu, sans panneau de commande, et doit commencer à y vivre. Bien qu’il ait conservé ses pouvoirs, l’homme est cependant méfiant et patient : il a conscience de l’opportunité qui vient de lui être offerte, celle de devenir le plus puissant guerrier d’un monde tout ce qu’il y a de plus réel !

Après avoir pris ses marques dans le volume 1 et établi sa stratégie, il décide de sortir de sa forteresse dans ce second tomeet commence à mettre en place son plan : voilà quelqu’un d’intelligent et de méthodique, ça change un peu des têtes brûlées habituelles. Je ne sais pas si vous vous êtes demandés un jour ce que vous feriez si vous aviez une telle opportunité mais j’avoue que je m’y prendrai de la même façon, et c’est donc assez jouissif de voir où tout ceci va nous mener ! Tel un vrai joueur d’échec, Momongo a bien compris qu’il n’est pas forcément le seul dans son cas et qu’il peut exister des ennemis dont il doit se méfier, même s’il a à sa disposition des vassaux puissants et talentueux, totalement dévoués à sa cause. Sous les traits d’un chevalier de bas niveau, il se lance donc à la recherche d’éventuels compagnons et de monstres à affronter.

L’avantage avec les pouvoirs qui sont les siens, c’est qu’il n’est nul besoin de passer des heures à faire du level up et les assaillants qui le sous-estime s’en morde largement les doigts. Ajoutez-y quelques touches d’humour pour parachever le tout et on obtient donc une lecture tout à fait distrayante – qui plus est du côté des forces obscures, ça aussi ça change. On conseille donc Overlord à tous les amateurs du genre : profitez de la sortie du tome 3 le 19 mai prochain pour vous faire ce petit plaisir !

Pour les curieux, jetez un coup d’œil à la preview, ici, et sachez qu’il existe aussi un anime sorti en 2015 et disponible en streaming chez ADN (quelqu’un l’a vu ? Je suis preneur d’un avis !). Enfin le light novel himself sort en mai chez Ofelbe.

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To Your Eternity de Yoshitoki OIMA – tome 1 chez Pika : voilà une lecture que j’attendais et qui ne m’a pas déçu. OIMA, la mangaka de A Silent Voice est, surprise, une passionnée de fantasy et elle se lance donc dans son genre de prédilection, tout en insufflant dans son histoire de nouvelles questions sur la nature humaine. Le résultat est un tome 1 très enthousiasmant. To Your Eternity, c’est l’histoire d’un TO your eternity tome 1être immortel qui arrive sur Terre et qui prend successivement les formes de vie qu’il rencontre. Il croise d’abord un loup puis un jeune garçon vivant seul au milieu d’un paysage enneigé, abandonné après le départ de son clan. Ainsi commence un voyage fait d’expériences et de rencontres, de croyances, de morts et de vies dans un monde sans pitié…

En plus de sa profondeur philosophique envoûtante, sur la nature de la race humaine, le rapport à la dualité vie/mort et le lien à l’autre, To Your Eternity est avant tout un excellent manga, avec des décors sublimes, une faune et une flore impressionnante qui laisse le regard du lecteur se perdre dans l’immensité glacée ou qui se sent insignifiant face aux forces de la nature. Evidemment, OIMA oblige, les protagonistes sont intrigants dès la première page, qu’il soit remplis de doute, de peurs mais aussi d’innocence ou d’espoir, avec des combats intérieurs qui se lisent admirablement sur les visages. Une sensibilité propre à cette mangaka que l’on ait ravi de retrouver.

Enfin, à la lecture du premier tome, on trouve également des phases d’action, vives, entraînantes, et des moments plus propices à l’humour et à la fraîcheur avec March. Cette jeune enfant subit un destin assez cruel mais sa candeur et son énergie en font une véritable boule de lumière qui fait beaucoup de bien.

En résumé, on a vraiment hâte de lire la suite, qui arrive en juin, et de continuer le voyage de ce titre de haut niveau. C’est déjà un must have.

March comes in like a lion

March Comes in Like a lion de Chica UMINO – tome 1 à 3 chez Kana : depuis quelques semaines je tente de mettre en avant le titre, sur les réseaux sociaux, en parlant de l’anime, en confiant l’écriture un article complet aux rédacs de Journal du Japon ou en lançant un concours qui vient juste de s’achever. Il ne restait donc plus qu’à le plébisciter ici et, de toute façon, j’en parlerai sans doute encore lors de prochains volumes. Pourquoi ? Parce que cette série est un petit animal de lecture dont j’ai envie de prendre soinMarch_Comes_in_Like_a_Lion, car ce seinen et surtout ses personnages sont extrêmement fragiles et donc résolument attachants.

Pour ceux qui ne connaissent pas ou peu, résumé : Rei, 17 ans, est un joueur professionnel de Shogi (jeu d’échec version japonaise dont je vous ai déjà parlé ici). Mais Rei est aussi un adolescent meurtri par la mort de ses parents et de sa petite sœur. Alors qu’il vit une vie de solitaire, il fait la rencontre de trois sœurs qui vont lui redonner le goût à la vie. A leur contact il va petit à petit ouvrir les yeux sur lui-même et sur les personnes qu’il rencontre sur son chemin. Il s’ouvre au monde mais découvre aussi la difficulté du chemin qu’il a choisi de suivre.

Les trois premiers opus de la série ont donc posé toutes ses bases : le héros meurtri, les trois sœurs, leur salon et leurs chats, la famille d’adoption (un des gros – gros ! – nœud du problème) et le monde du shogi. Pour ce dernier, UMINO est aidée d’un joueur professionnel, mais n’en fait pas pour autant manga trop technique ou obnubilé par le sport qu’il évoque. De toute façon on connait tous 2,3 bases d’échec (la Tour qui va tout droit, le Fou en diagonale ou l’étrange Cavalier, etc.) donc on comprend les enjeux comme les grandes lignes de la partie : une attaque agressive ou sournoise, une défense imprenable, un coup mal placé sont autant de révélateurs des états psychologiques des joueurs et sont faciles à suivre.

Si le shogi est un peu plus en avant dans le tome 3 ce sont les personnages et leur quotidien qui ont su me séduire dans les deux volumes précédents. Il y aussi le contraste des ambiances dans lesquelles excelle la mangaka, entre la vie solitaire du héros et ce havre de paix que constitue la petite maison des trois sœurs. En plus de ces familles de gens blessés, de nouvelles relations se développent hors de ce cocon. Parfois amicales, parfois rivales… Parfois les deux aussi, ou même qui reste à définir. Elles enrichissent la palette sensorielle de la série, chacun ayant une personnalité unique et des sensations à fleur de peau, grâce à un chara-design qui fait des merveilles.

Vous l’aurez compris voici donc un manga à la fois subtil et intense, à la fois touchant et drôle… A la fois beau et triste, qui se déguste pendant de bons moments. Chaque tome vous prendra d’ailleurs pas mal de temps, je n’avais pas pris autant de temps à lire un opus depuis Bakuman je crois. Bref, j’espère qu’il fera le bonheur des éditions Kana, car il est réclamé à corps et à cris depuis plusieurs années en France, mais aucun éditeur n’avait jusqu’ici franchis le pas.

Ah j’oubliais si vous êtes plus anime que manga, foncez voir celui de la série diffusé par Wakanim, il est somptueux.

Man-in-the-Miror_AnnonceKioon

Man in the Window de Masatoki (scénario) & Anajiro (dessin) – tome 1 chez Ki-oon : La couverture du premier tome est intrigante et le manga l’est tout autant. Shuhei, 17 ans, reçoit un mot de la fille qu’il aime en secret, l’incitant à se rendre dans une petite ruelle et à frapper à un carreau. Le jeune homme, après quelques hésitations, s’exécute. Il tombe alors nez à nez avec lui-même, mais le lui-même de dans 3 ans, qui est le réel auteur de ce mot. Le portrait n’est guère flatteur : chambre sordide – une vraie poubelle – et un jeune homme mal rasé, blasé et sombre. Comment Shuhei, qui ambitionne de devenir médecin en rentrant dans la célèbre Université de Todai a bien pu Man in the Windowtourner si mal en seulement trois ans ? En tout cas, une porte s’est ouverte pour éviter le pire, y compris pour son moi futur : tout ce que le jeune Shuhei change se répercute sur la vie du Shuhei adulte ! Exit donc les futurs parallèles, bonjour les cause-conséquences de ouf : Tricher aux examens, gagner au loto, connaître le destin des gens avant eux… un avenir des plus attirants pour l’adolescent et une occasion unique d’effacer son passé pour le Shuhei raté !

Mais changer le destin ne semble pas si facile et toutes les vagues qu’ils provoquent ne parviennent pas vraiment à modifier durablement le sens du courant. Jouer avec les rouages de la causalité pourrait bien avoir un prix insoupçonné. Un récit diablement bien ficelé,  haletant même, se met en place car les deux Shuhei commencent à prendre de plus en plus de risques, persuadé de savoir où chaque action les mènera. Mais la moindre action peut avoir des conséquences désastreuses : amour, amitié, argent, réussite, famille, tout peut se mettre à changer très rapidement.

Le tome 1 joue en tout cas très bien avec une ambiance de plus en plus tendue car les informations de Shuhei adultes sont souvent partielles et on ne dispose jamais du tableau d’ensemble : à l’image du jeune Shuhei on navigue à vue dans cette manipulation du temps et les surprises donnent beaucoup de piment au récit, dans un engrenage qui semble diabolique, une vraie boite de Pandore. Cette histoire est annoncée en 3 tomes et ne devrait donc pas étirer son scénario en se reposant mollement sur une bonne idée de départ, et c’est un chouette thriller qui devrait bien plaire aux amateurs du genre.

Pour vous faire une idée : le trailer est là et les premières pages ici !

Le dernier envol du papillonLe dernier envol du Papillon de Kan TAKAHAMA, one-shot chez Glénat Manga : « A Maruyama, le quartier des plaisirs de Nagasaki, où les langues étrangères de mêlent aux échos lointains du shamisen, le passé d’une courtisane sans égale et d’un homme affligé d’une lourde maladie tissent dans les marges un récit d’amour et de mort. » Là c’est l’inverse, la couverture ne me faisait ni chaud ni froid, et je craignais une énième histoire de geisha. C’est donc une assez agréable surprise en ouvrant ce seinen grand format : joli chara-design, belle gestion des ombres et des volumes, un papier noir du début à la fin qui donne une ambiance sophistiquée et particulière à l’histoire : on a l’impression qu’il y fait presque toujours nuit, que tout y est plus ou moins caché, et cela renforce aussi le sentiment de tristesse qui se dégage de l’histoire elle-même.

L’histoire tourne donc autour d’une geisha, Kicho, de la maison close où elle exerce, de ce médecin hollandais qui partage son savoir mais en pince aussi pour elle et enfin de cet homme malade qui décline peu à peu. Le récit est assez envoûtant mais l’immersion se fait au fur et à mesure des pages, sans que l’on s’en rende vraiment compte.

Le récit est teinté de quelques détails du quotidien de cette époque, comme les échanges compliqués du Japon avec l’étranger à l’heure où il sort de isolement ou encore les avancées en médecine de l’époque. La vie de Kicho ne cherche donc pas à s’appuyer sur les clichés faciles des geishas, préférant plutôt mettre en avant une histoire assez personnelle bien installée dans son contexte, sonnant assez juste. C’est le destin d’une femme qui replonge de son plein gré dans une existence à deux facettes : secrète, sujet à l’envie et témoignant d’un certain « artisanat » mais en réalité souvent humiliante et dangereuse. En bref, un beau livre, une belle histoire, et une belle mélancolie sont les trois choses que l’on retient à la lecture du Dernier envol du Papillon. A essayer !

PerséphonePerséphone de Loïc Locatelli & Kournwsky, one-shot chez Delcourt : ce n’est pas la première fois que je reçois un bd autre que du manga, mais bien souvent je ne m’y retrouve pas à la lecture, pour des raisons narratives, graphiques ou autres. Perséphone est donc l’exception qui confirme la règle car, malgré un graphisme qui ne m’a pas enthousiasmé lors des premières pages (un chara-design aux allures de poupée en bois, notamment) j’ai fini par apprécier la colorisation et le crayon très présent en arrière plan qui confère une ambiance tantôt désuète, tantôt mystique… Ce qui colle au scénario qui m’a, lui, plu assez vite et qui reprend donc le mythe grecque de Perséphone (nul besoin de la connaître cela dit, je l’avais oublié et je ne l’ai relu qu’après la BD, pour voir).

Les six premières pages présentent le contexte : un double monde avec ce qu’il faut de drame et de mystère pour nous accrocher. Il y a Eleusis, monde de la surface assez prospère et Les Enfers, le monde sous-terrain. Les deux ont vécu ensemble avant de se déchirer dans une gigantesque guerre où un roi, devenu despote, est allé commettre l’irréparable en s’appropriant des pouvoirs interdits. Il a été vaincu et le passage entre les deux mondes fut fermé.

Le récit commence finalement 13 ans plus tard avec une jeune fille, Perséphone donc, qui est la fille adoptive de la légendaire Déméter, grande figure de l’ancienne guerre (et Hadès aussi sera de la partie, mythologie oblige). Perséphone a du mal à assumer ce qu’on attend d’elle en tant que « fille de », censée avoir de grands pouvoirs par descendance, mais sa mère refuse de révéler le secret de son adoption. Jusqu’au jour où un banal voyage scolaire précipite tout, et voilà Perséphone rendue au monde des enfers, en route vers son passé, puis vers son destin. Des personnages sympathiques et expressifs, un univers bien retravaillé et une histoire remarquablement menée en si peu de pages : Perséphone est un chouette moment de lecture. Si vous ajoutez l’édition de Delcourt qui est plutôt réussie c’est donc une bonne idée de cadeau BD à faire (ou à se faire), surtout si vous avez envie de changer des lectures habituelles !

Voilà pour cette première vague de chroniques, et il y en aura probablement deux autres à suivre courant mai. A venir également deux interviews éditeurs, parties en validation chez les interviewé(e)s. L’une d’entre elles est un classique, l’autres est inédite, je vous laisse deviner et je vous dit à la prochaine…

Bonnes lectures à toutes et tous, partagez vos découvertes en commentaire ou sur les réseaux sociaux 😉

PS : si vous cherchez d’autres chroniques mangas, j’en profite pour vous glisser un petit lien de deux amies qui font ça aussi très bien, via Twitter, sous le #chroniqueTaPAL

Interview éditeur : défis et nouveaux challenges aux éditions Ki-oon !

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Ki-oon Paoru 2017 copie

Chose promise, chose due, voici une nouvelle interview éditeur dans la place. Après l’entrevue par mail avec les éditions Glénat que je vous avais proposé ici, on passe maintenant à un travail en direct et beaucoup plus complet avec un habitué de ces colonnes : l’éditeur Ki-oon ! 

Avec Ahmed Agne, son directeur éditorial, nous sommes revenus sur une année des plus riches pour Ki-oon avec la publication de leur blockbuster My Hero Academia et tout ce que ça implique ou ce que ça va permettre en terme de choix éditoriaux. On revient aussi sur les autres lancements de l’année et l’analyse du marché. C’est toujours super intéressant, je vous laisse le constater par vous-même. Bonne lecture 🙂

Préambule : Kizuna, pour les 7 à 77 ans…

KizunaBonjour Ahmed Agne… Première question, en rapport avec l’actualité comme d’habitude : Kizuna, c’est quoi, c’est pour qui et quel est le but de cette collection ?

En fait nous commencions à nous sentir un peu à l’étroit dans les catégories shônen, shôjo et seinen. Nous avons toujours hésité avant de les utiliser d’ailleurs – nous l’avons déjà évoqué ensemble à travers les années – mais ce sont celles qui se sont imposées, que tout le monde utilise en point de vente, donc il est difficile de passer à côté.

Nous avions beaucoup de titres labellisés seinen au catalogue, car c’est l’étiquette qui leur était donnée par le magazine de publication japonais, mais ils n’étaient pas des seinens dans le sens où on l’entend sur le marché français (une violence exacerbée, une chronique sociale, etc.). Ces séries, comme Bride Stories, Père et Fils ou Cesare par exemple, s’adressaient à tous les publics.

Nous voulions donc les sortir de la catégorie seinen : notre catalogue possède de plus en plus de séries comme ça et il en aura encore plus à l’avenir. Il nous fallait donc une catégorie pour les représenter, créer une catégorie qui serait l’équivalent en manga du « 7 à 77 ans » de la BD franco-belge. Ce sont des titres que l’on peut se passer sans problème au sein d’une famille, lire entre parents et enfants. Lorsqu’on est libraire on peut le conseiller à un client qui ne connait pas trop le manga et qui voudrait faire un cadeau à son neveu ou à sa nièce. Il pourra lui aussi le lire et s’y retrouver.

Kizuna c’est donc une collection de titres universels et grand public qui vient compléter les segmentations shônen, shôjo et seinen de notre catalogue.

Collection-kizuna

Puisque l’on parle collection et seinen, comment la différencier de Latitudes ?

Latitudes c’est une collection de roman graphique, de BD d’auteur qui est, elle, est vraiment adulte. Je ne ferai pas lire du Tetsuya TOYODA à des enfants ou Unlucky Young Men à des adolescents. Kizuna est beaucoup plus universel.

Retour sur le marché du manga en 2016

Ok, c’est noté. Lançons nous maintenant dans le marché du manga en France. Il s’est vendu environ 13,6 millions de manga en France en 2016, soit une progression des ventes de 10 % par rapport à 2015. C’est la seconde année de progression, est-ce qu’elle se résume uniquement à des phénomènes comme One-Punch Man ou My Hero Academia où est-ce qu’il y a une vraie dynamique, plus solide, derrière ?

Un peu des deux. Clairement les lecteurs commençaient à se lasser des blockbusters habituels, car Naruto et One Piece sont des séries qui ont près de 20 ans maintenant. Ces séries ont une longévité exceptionnelle et c’est déjà incroyable qu’elles continuent de se vendre autant après tant d’années. Mais, malgré tout, il y a un petit effet de lassitude qui entraîne une érosion des ventes. Cet effet commence aussi à se percevoir sur Fairy Tail, qui a commencé en 2008. Même si cette série est plus récente cela fait bientôt 10 ans qu’elle est en place.

Je pense que les lecteurs, contrairement à ce que pouvaient dire certaines analyses, n’étaient pas fatigués des blockbusters en soit mais ils voulaient juste de nouvelles choses. Le sang neuf qu’ont apporté des séries comme My Hero Academia, One-Punch Man, Platinum End et d’autres a eu pour effet de faire revenir des gens en librairie. Ils en ont alors profité pour acheter d’autres choses. Nous avons pu constater dans nos lancements de l’année qu’il y a clairement un mix entre les grosses séries commerciales qui trustent le haut du top des ventes mais aussi plein de séries plus atypiques qui tirent leur épingle du jeu : Kasane, Au cœur de Fukushima, Les enfants de la baleine sont des séries bien placées dans le top des lancements. Les lecteurs sont allés en librairie pour aller acheter des nouveaux blockbusters, mais pas uniquement.

Blockbusters Manga 2016

Blockbusters Manga 2016

Comment va Ki-oon dans ce contexte ?

Comme nous faisons partie des trois chanceux du marché cette année, c’est à dire ceux qui ont sorti un nouveau blockbuster, 2016 a été une année exceptionnelle pour nous. Nous n’avons jamais écoulé autant de manga sur une année et nous n’avons jamais fait de lancement aussi fort que My Hero Academia.

Combien de mangas vendus cette année ?

Selon notre distributeur nous sommes à 1,3 millions d’exemplaires écoulés, et ce en conservant une production qui reste identique voir même légèrement plus faible, de 110 sorties en 2015 à 106 en 2016.

My Hero Academia 7_Coffret Collector CS5Pour My Hero Academia nous envisagions un lancement à la Seven Deadly Sins en terme de quantité et au final nous en avons vendu trois fois plus, à période comparable. Nous sommes les premiers enchantés par ce succès. Après c’est une série qui va s’installer sur le très long terme : c’est un manga du Shônen Jump ce qui veut dire plusieurs dizaines de volumes, ça représente un grand nombre d’années avant de voir la fin de la série.

Cela représente aussi un enjeu pour l’éditeur anime, pour celui des jeux vidéo, pour ceux du merchandising. De plus, à chaque fois que des nouveaux licenciés arriveront pour s’ajouter à la marque My Hero Acadomia, cela renforcera le manga. Ce sera un marathon mais la bonne nouvelle pour nous c’est que c’est un marathon qui a commencé comme un sprint. En dehors de One-Punch Man, qui est un cas à part, c’est le meilleur lancement depuis Fairy Tail en 2008. Donc c’est vraiment très bien.

One-Punch Man a plus l’envergure d’un « phénomène », il a démarré très fort dès le départ…

Oui et c’était mon pari aussi, que One-Punch Man démarre très fort là où My Hero Academia s’installerait plus solidement sur le long terme, et que les courbes de ventes des deux finiront par se croiser. Pour One-Punch Man les ventes des tomes suivants se situent plutôt sur un pente descendante là où nous sommes plutôt sur une pente ascendante avec My Hero Academia.

Pour l’évolution d’un tel blockbuster, il y a un frein pour franchir un certain cap c’est la diffusion sur des chaînes généralistes. Toi qui t’occupes de My Hero Academia, est-ce que tu penses que l’anime peut allez plus loin que chez ADN ou que le retour des animes sur les chaines généralistes n’est pas encore à l’ordre du jour ?

Alors je ne sais pas ce qu’il va se passer au final, mais ce que je sais c’est qu’il y a beaucoup d’intérêt en ce moment de la part de plein de chaînes pour My Hero Academia, même si je ne peux pas parler à la place de Viz. Mais ça ne devrait pas être trop problématique. Ce qui a été un frein à la diffusion rapide de la série c’est que la première saison ne faisait que 13 épisodes. L’anime a été mis en production très tôt et Bones n’a pas eu de quoi faire 26 épisodes. Mais la seconde saison démarre en ce moment et elle sera plus longue. À la fin de la seconde saison, pour une chaîne de télévision, le nombre d’épisodes sera beaucoup plus intéressant pour une diffusion. Donc je ne me fais pas de souci. Après est-ce que ce sera sur du hertzien ou pas… Moi j’espère ! (Rires)

Année excellente donc, mais pour éviter les commentaires du genre : « c’est normal qu’ils progressent Ki-oon, ils ont My Hero Academia au catalogue, c’est facile quoi ! » Est-ce que tu peux nous dire si, en dehors de votre nouvelle série phare, 2016 reste tout de même une bonne année pour Ki-oon et pourquoi ?

(Rires) Alors c’est simple : on finit l’année à +21% alors que nous étions déjà avec une augmentation de 16% avant le lancement de My Hero Academia. Le catalogue est très sain dans sa globalité, et My Hero Academia n’est pas une réussite isolée. De toute façon nous avons toujours été connus pour avoir plein de middle sellers et c’est toujours le cas : Inuyashiki se porte très bien , Pandora Hearts s’est fini en 2016 mais compte beaucoup dans les ventes du fond, Darwin’s Game et A Silent Voice fonctionnent très bien : nous avons plein de séries qui se vendent entre 25 et 40 000 exemplaires par tome.

Dans le top 20 des lancements il y a 6 séries également… Peut-être moins que d’habitude dans le top 10 mais il faut dire qu’il y a eu pas mal de phénomènes cette année.

De toute façon j’ai toujours trouvé ça dangereux de s’enfermer dans le succès d’un seul blockbuster. C’est génial d’en avoir un mais si les gens ne voient plus que ça de ton catalogue cela devient très difficile d’en sortir après. Evidemment nous sommes ravis d’avoir MHA et nous allons le travailler très fortement pendant très longtemps, mais cela ne nous empêche pas de continuer à chercher des titres, chez tous les éditeurs, et de développer d’autres axes du catalogue. C’est aussi pour ça que cette année nous profitons du succès de MHA pour lancer Kizuna, pour lancer des choses beaucoup plus téméraires comme Les fleurs du mal

Ce sont des paris que vous pouviez faire déjà avant…

Oui, mais maintenant nous pouvons en faire plus !

Les fleurs du mal

Puisque l’on parle de choix de titres, comment te décides-tu ? Est-ce que l’originalité d’un titre ou un « petit plus » qui lui est propre peut te convaincre ou est-ce que tu recherches plutôt un bon équilibre entre graphisme, scénario, personnages, etc ?

Le graphisme est de moins en moins un critère décisif. Ça a été LE critère numéro 1 pendant très très longtemps, et ça le reste encore pour pas mal de lecteurs, car nous étions sur un marché pas encore aussi mûr que le marché japonais… Ce qui est normal de toute façon. Mais le lectorat français évolue vraiment ces dernières années. Nous avons parlé de A Silent Voice et Kasane : ce sont typiquement des titres qui ne rentrent pas du tout dans les canons graphiques de ce qui fonctionne habituellement.

Tu penses que ces deux titres là, s’ils avaient été publiés il y a 5 ans, auraient pu être des fours en terme de ventes ?

Je suis persuadé que, aussi bien dans la thématique qu’en terme de graphisme, nous n’aurions pas du tout fait les même scores que ce que nous avons pu réaliser là. C’est un constat qui ne vaut pas que pour le catalogue Ki-oon d’ailleurs. Certains titres sortis chez nos confrères il y a 5-6 années, qui n’ont pas fonctionné car le public n’était pas près, s’en tirerait probablement nettement mieux aujourd’hui.

Le public est désormais plus curieux, plus aventureux et prend plus de risques, à la nuance près que les blockbusters restent les titres qui se vendent le plus. Mais, honnêtement, pour en discuter avec de nombreux éditeurs de mangas étrangers, nous avons en France une offre éditoriale enviable et des titres atypiques qui arrivent à faire des scores très très bon . Après le Japon, c’est en France que A Silent Voice fait par ses meilleurs ventes, loin devant les américains, loin devant les autres pays européens. C’est un signe.

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Risques et challenges éditoriaux

Une question que je ne t’ai jamais posée, curieusement : doutes-tu beaucoup lors du choix d’un titre ? Est-ce que tu demandes leurs avis à d’autres personnes dans ce cas-là ? Comment ça se passe ?

Alors je pense qu’un éditeur qui ne doute pas ça n’existe pas. Ensuite lorsque j’aime un titre je n’ai pas de doute par rapport au fait que je l’apprécie, j’ai juste des doutes sur le fait qu’il va trouver son public, ou pas. Mais ce n’est pas une science exacte de toute façon, on ne peut jamais savoir ça.

Je me rappelle qu’avant le lancement de My Hero Academia, je n’ai pas dormi pendant 3 mois tellement j’étais stressé mais à côté de ça mes collègues éditeurs rigolaient et me disaient : «  t’inquiètes pas, tu vas en vendre des camions entiers. »

wolfsmund-8-ki-oonMais voilà quand c’est toi qui est dedans… (Rires) Tu n’es jamais sûr de toi ! Tu crois en ton titre mais tu ne peux jamais savoir ce que ça va donner. A l’inverse sur certain titres, comme Les fleurs du mal ou Golden Kamui, tu les publies en sachant que tu te fais plaisir mais que tu ne miseras pas l’avenir commercial de ta société dessus non plus. Tu les défends et si tu as une bonne surprise tant mieux, mais si ce n’est pas le cas ça restera un plaisir en tant qu’éditeur mais sans nuire à ton entreprise.

Allez hop misons un rein sur Wolfsmund et un autre sur Golden Kamui pour finir en dialyse à la fin de l’année !

(Rires) Exactement. C’est aussi pour ça qu’un blockbuster comme MHA, qui nous donne de la visibilité sur plusieurs années, est une bénédiction pour un éditeur comme nous. Le nombre de titres comme Wolsfmund ou Les fleurs du mal que tu peux sortir dans une année est forcément limité, parce que tu as une responsabilité de chef d’entreprise par rapport à tes employés et aux gens avec qui tu travailles.

Un blockbuster te permet de prendre ce genre de pari en étend plus détendu… Pas détendu dans le sens de ne plus les défendre et de se moquer qu’ils se vendent ou pas – nous ferons toujours les efforts qu’il faut pour ces titres là – mais détendu car l’avenir de ta société ne dépend pas de la réussite ou de l’échec de cette œuvre là.

Est-ce que ça veut dire que vous allez sortir plus de titres ou autant de titres mais avec plus de risques ?

Autant de titres et parmi les titres choisis je pourrai prendre plus de risque. Pour ce qui est du nombre de titres pour l’instant nous restons autour de 110 par an. Mais prendre plus de risques c’est aussi, pour des titres plus atypiques, mettre plus de budget sur la table pour les présenter le mieux possible, leur donner plus de chances de réussir. Ce n’est pas qu’une question de sortir cinq fois plus de titres risqués c’est plutôt choisir de les sortir mieux, de s’engager davantage dessus lorsqu’ils seront publiés.

Par exemple, typiquement, en lançant la collection Kizuna, nous allons pouvoir proposer un titre comme Hanada le garnement, qui est un titre que j’adore mais qui n’est pas ultra facile à vendre, qui bénéficiera du buzz autour du lancement de la collection, alors qu’il aurait été encore plus difficile à vendre en simple seinen ou shônen. C’est aussi ça que ça permet de faire, nous pouvons faire des investissements de cet ordre là.

hanada_le_garnement_la_seconde_serie_de_la_collection_kizuna_de_ki-oon_7176

Passons des titres audacieux à une thématique qui peut parfois l’être elle aussi, et qui est fortement associée à Ki-oon : le manga historique. Le hasard a fait que récemment j’ai lu beaucoup de mangas historique et c’est chez vous que j’en ai trouvé le plus… Ki-oon, spécialiste du genre ?

Ah c’est une étiquette parmi d’autres et qui me va tout à fait, oui. Mais ce n’est pas par hasard… Bon, là, je raconte un peu ma vie mais il s’avère qu’avant d’être éditeur de manga je voulais faire des études d’Histoire. J’étais passionné d’histoire et de mythologie égyptienne et je voulais devenir archéologue, jusqu’à la classe de 1ère. Puis je suis tellement tombé dans la marmite manga que j’ai changé de plan sur la fin mais, forcément, ça reste un domaine qui me passionne. Ce n’est donc pas pour rien que ça se retrouve dans mes choix éditoriaux avec Cesare, Ad Astra, le Requiem du roi des roses, etc. Ce sont des sujets qui me tiennent à cœur.

On le comprend, c’est vrai que c’est vraiment passionnant comme type d’ouvrage. Pour autant, ce n’est pas un genre facile, non ?

Ce n’est pas un genre facile effectivement, mais nous nous en sortons plutôt bien. Cesare a été un très beau succès, c’était le premier que nous avons sorti dans cette thématique. Nous avons invité les auteurs au Salon du Livre de Paris, il y a eu une exposition, beaucoup d’articles dans la presse, etc. et aujourdhui nous avons vendu autour des 20 000 exemplaires pour le premier tome. Ad Astra a très bien fonctionné aussi. Le Requiem du Roi des Roses beaucoup moins, mais je ne m’attendais pas non plus à un succès tonitruant, Wolfsmund pareil…

Reine d'EgypteCela dépend donc des titres mais je ne dirai pas que c’est un genre difficile à défendre pour autant. C’est même tout le contraire car nous pouvons facilement décloisonner et sortir du lectorat manga avec des titres comme ça, nous pouvons parler au plus grand nombre. Nous le ressentons beaucoup en ce moment par exemple, avec le lancement de Reine d’Egypte : nous avons énormément de sollicitations bien au delà de la presse avec des demandes d’école, de bibliothèques et de lecteurs qui ne connaissent pas forcément Ki-oon. Ce sont plutôt des bons indicateurs qui montrent encore une fois qu’il s’agit de thématiques universelles.

Pourtant, lorsque nous avons lancé Cesare, son éditeur japonais Kodansha peinait avec cette série car aucun éditeur en France n’en voulait. C’était la seconde ou troisième série pour laquelle nous faisions une demande chez eux et ils nous demandaient « mais pourquoi ce titre là, personne n’en veut en France, ça va être très compliqué ! ». Je leur répondait que, non, ce n’était pas si compliqué : nous étions en plein changement de Pape, en pleine série TV sur les Borgia sur Canal + et ailleurs qui faisaient des cartons d’audience, les Français sont attachés à cette période de leur histoire. Donc non, ce n’est pas compliqué. Ça peut l’être si tu te places en tant que vendeur de manga pur et dur. Mais pour un éditeur de livre qui vise un public large, c’est une super opportunité… et ça a très bien fonctionné.

Et pour parler d’un titre 2016, Golden Kamui, le résultat semble plus mitigé. Pourquoi selon-toi ?

Alors déjà c’est à nuancer car c’est un titre sorti en août et qui s’est quand même vendu à 6 000 exemplaires, ce qui est loin d’être infamant.

C’est de l’ordre du Requiem du Roi des Roses ?

Ah non pour le Requiem ça avait été beaucoup plus compliqué. Sur la première année nous en vendions autour de 2 500 exemplaires.

Ah oui en effet, Golden Kamui n’est pas si bas que ça !

Golden Kamui

Golden Kamui

Bah disons que comme c’est un titre des éditions Shueisha, dès que nous n’en vendons pas 25 000 exemplaires certains pointent ça du doigt et disent, mais c’est de bonne guerre : « aaaaah vous voyez ils se sont bien plantés là ! » (Rires) Mais en fait non, et de toute façon nous  ne nous attendions pas à vendre des dizaines de milliers car c’est un titre assez atypique, au delà de son aspect historique : chasse, pèche, nature et traditions à Hokkaido dans le Japon du début du 20e siècle, ça cumule un peu les choses bizarres quoi. (Rires) Moi j’adore, je suis complètement fan du trait de l’auteur et de son découpage, mais j’étais parfaitement conscient que ce serait compliqué. Shueisha aussi d’ailleurs, nous n’étions pas quinze à nous battre pour Golden Kamui.

Mais c’est une série à observer sur le long terme, avec le bouche à oreille, avec un développement audiovisuel au Japon aussi. De plus ça nous ouvre pas mal de portes : j’ai fait une conférence le mois dernier au musée Branly pour parler de Golden Kamui et des Aïnous. C’est permet de s’adresser à un public auquel nous n’avons pas l’habitude de parler. A voir sur le long terme, donc.

Et pour finir avec le dernier de vos titres : Reine d’Egypte. Maintenant que l’on sait que tu as failli être archéologue, on imagine que tu as du bondir sur le titre non ?

J’ai complètement bondi sur le titre et en plus, contrairement à ce que les lecteurs pourraient croire, il y avait une compétition intense. Au moment où Enterbrain l’a vendu il y avait déjà eu des succès comme Cesare et Ad Astra donc nous étions nombreux sur le coup. Il a fallu batailler et mon profil de passionné de mythologie a pu peser dans la balance et je suis très content de récupérer ce titre.

En plus je pense qu’entre la France et l’Egypte il y a vraiment un lien, et c’est un univers qui fascine beaucoup de lecteurs. En bande dessinée comme en littérature ça fonctionne toujours très bien. Les romans comme ceux de Christian Jacques basés sur la mythologie égyptienne cartonnent, je crois qu’il en est à plus de 35 millions d’exemplaires vendus dans le monde.

De quoi faire un chouette Salon du Livre alors, pour la venue de l’auteure !

Nous avons tout fait pour en tout cas, avec un stand spécial Reine d’Egypte (NDLR : voir l’album photo du SDL 2017, ici). Et le public est au rendez-vous puisque ce lancement a été un succès, le 7e meilleure lancement de l’histoire de Ki-oon.

Stand Ki-oon au SDL 2017

Stand Ki-oon au SDL 2017

Passons à une autre thématique : bah alors, toujours pas de nouveaux shôjos en vue ?

Baaaaaaaaah non, je suis un peu un vieux con là dessus. (Rires) Mais j’en lis hein, je tiens à défendre mon honneur sur le sujet, je continue d’en lire ! Mais pour l’instant je n’ai pas eu les quelques titres qui auraient pu m’intéresser.

Est-ce que tu dirais que c’est parce que tu es très sélectif ou plutôt que le shôjo est un genre qui a besoin d’évoluer ?

Je pense que c’est le genre le plus segmentant dans ses thématiques : presque tout le monde peut lire du shônen, garçons comme filles, et presque tout le monde peut lire du seinen, hommes comme femmes, mais une grande partie de la production shôjo vise vraiment son public, ce qui est sa force et sa faiblesse. Une grande partie de ces titres parlent de lycéennes amoureuses de deux garçons à la fois et qui ne savent pas choisir… Quand je lis ça je n’arrive pas à me projeter et je m’ennuie. Donc comme je n’ai pas d’éditeur qui s’occupe du shôjo et que c’est moi qui fais les choix éditoriaux je ne fais pas d’offre dessus et je n’en publie pas.

Maintenant c’est pas le genre qui est à jeter : Switch Girl je me suis bien marré à le lire, Mon histoire je trouve ça très bien, Orange je trouve ça très bien. Il y a plein de titres que je lis et que j’apprécie mais il se trouve que je suis pas l’éditeur choisi pour avoir ces licences là, car il y a en d’autres installés sur le créneau et qui sont plus crédibles que nous pour l’instant. Un jour nous aurons une éditrice spécialisée là dedans et nous aurons une collection plus développée mais pour l’instant ce n’est pas la priorité… On ne peut pas tout faire en même temps.

Prophecy CopycatPuisque l’on parle de choses plus inédites : votre coffret Tsutsui Copycat, ça a donné quoi ?

Le collector a fonctionné correctement, sans plus. La raison maintenant… Peut-être qu’il y a eu beaucoup de temps écoulé entre les deux séries, il y 4 ans entre le début de Prophecy et celui de Copycat, donc ce n’était pas facile de raccrocher les fans de la première trilogie, d’autant que le dessin de Copycat a été réalisé par un autre dessinateur, donc ça a rendu les choses un peu compliqué. Mais ce sont des choses que nous allons continuer à faire parce qu’il y a une demande et une cohérence éditoriale à le faire.

On continue avec un autre type de produit, l’association entre un manga Ki-oon et un roman chez Lumen, vous en êtes-où ?

Pour l’instant il y a déjà eu des passerelles avec le roman de King’s Game, qui a super bien fonctionné. Nous l’avons fait aussi pour Remember. Mais après Lumen est une marque de roman pour adolescents et jeunes adultes, c’est autre chose que le light novel. Donc lorsqu’il y a une cohérence éditoriale entre le manga et le roman il n’y a pas de problème à ce que nous fassions des collaborations mais faire du light novel chez Lumen ça n’aurait pas de sens. Si nous devions faire du light novel ce serait sous une autre marque.

Evolution des tendances et nouveaux défis

Pour finir ce bilan sur 2016, as-tu des déceptions ?

Plus que de la déception je ferai un constat, qui reprend ce que nous avions évoqué l’an dernier à savoir que le survival / game allait arriver à saturation, car tous les éditeurs s’y mettaient. À l’époque où nous avons un peu ouvert la voie il n’y avait que très peu d’offre, et les titres fonctionnaient très bien. Mais maintenant l’offre est devenue tellement importante que les ventes de chaque titre deviennent plus anecdotiques par rapport à ce qu’elles étaient… Alors on ne peut pas dire pour autant que le public n’aime plus ça car, en vente absolue, le nombre d’exemplaires écoulés reste très important. Mais ça se partage sur tous ces titres. Nous nous doutions que ça allait arriver à un moment ou à un autre et voilà, c’est arrivé en 2016. Il y a en eu énormément chez plein d’éditeurs qui n’en faisait pas forcément auparavant : chez Kurokawa, Kana, Groupe Delcourt, Doki-Doki, etc. Chez tout le monde en fait. Ça ne veut donc pas dire que le genre est mort, mais que la fête est un peu finie.

Une fois que toutes ces séries se seront achevées, car plusieurs ont pris des séries courtes ou moyennement longues, il n’y retourneront peut-être pas de sitôt et un équilibre se trouvera peut-être…

Oui c’est possible. C’est un mouvement que nous avions anticipé il y a un moment donc nous sommes passés à autre chose… sans que nous arrêtions d’en sortir complètement pour autant.

Tournons-nous pour finir vers 2017 : comment démarre l’année pour le marché du manga français dans son ensemble ?

Sur janvier, les chiffres peuvent paraître paradoxaux car en 2016 le lancement de One-Punch Man a entraîné un très bon mois de janvier 2016. En 2017, le mois de janvier se situe à +0,1%.

+0,1% mais sans le lancement de One-Punch Man c’est donc pas mal ! Et pour Ki-oon ?

Sur janvier nous sommes à +18,4% ça a très très bien démarré. Mais c’est pareil ça n’est pas forcément significatif : nous avons eu un tome de My Hero Academia, proposé dans deux versions normale et collector, qui a très bien fonctionné d’ailleurs. Donc ça va plutôt bien et je pense que l’année 2017 va être bonne, car il y a plein de choses assez costaudes qui vont se lancer un peu chez tout le monde.

Chez nous il y a Reine d’égypte sur lequel nous misons beaucoup, il y a Les mémoires de Vanitas, le nouveau manga de Jun MOCHIZUKI, l’auteure de Pandora Hearts que nous allons lancer en juillet à Japan Expo, Pandora étant le best-seller historique des éditions Ki-oon avec plus de 700 000 exemplaires vendus et il y a aussi une jolie surprise pour la rentrée dont nous ne pouvons pas encore parler. Chez Kana il y a Fire Force en mai qui a beaucoup de potentiel et Boruto peut donner un résultat sympa, pour les anciens il y a Dragon Ball Super, il y a Mob Psycho chez Kurokawa

les mémoires de Vanitas

Voilà il y a des choses intéressantes et même des titres pour lesquels les éditeurs se battent et qui pourraient arriver au second semestre. Donc si on ajoute les séries qui ont cartonné en 2016 et qui continuent – nous tablons en 2017 sur un nombre d’exemplaires vendus sur My Hero Academia deux fois plus important qu’en 2016 – il y a de quoi faire une très bonne année !

C’est tout ce que l’on souhaite en tout cas ! Merci Ahmed !

Pour suivre Ki-oon vous avez le choix : vous pouvez suivre leur actualité sur leur site internet, leur page Facebook ou leur Twitter ! Merci à Ahmed Agne pour son temps et sa disponibilité. Merci également à Victoire pour la mise en place de cette interview !

Interview éditeur – Pika Edition : stabilisation &évolutions

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En ce début juin, il était temps d’achever les interviews bilan 2016, et c’est avec Pika que l’on referme le bal. Entre le rachat de nobi nobi !, la relance de Pika Graphic et toujours autant de publications au catalogue des éditions Pika, il y avait forcément de quoi parler. Pour discuter stratégie éditoriale et une vue d’ensemble c’est une nouvelle invitée qui a répondu aux questions du chocobo : Virginie DAUDIN CLAVAUD. Qui est-elle et qu’est-ce qu’elle peut nous dire de beau sur Pika en 2016 et 2017 ? Pour le savoir en route pour l’interview !

Bonne lecture 😉

Pika 2016-2017

2016, une année de réflexion

Virginie Daudin-Clavaud

Virginie Daudin-Clavaud – Photo ActuaLitté, CC BY 2.0

Bonjour Virginie DAUDIN CLAVAUD, et merci pour votre temps… Pour vous présenter rapidement aux lecteurs : vous êtes, si je ne me trompe pas Directrice Générale Déléguée de Pika Edition depuis quasiment une décennie. Mais concrètement à quoi correspond ce poste, quel est votre travail au jour le jour ?

Alors dans le titre du poste le mot délégué est dû aux statuts de la société Pika donc on peut le résumer à une fonction de Directrice Générale. Mon rôle au quotidien est donc de diriger cette petite maison est de manager une équipe de 17 personnes, puis d’élaborer la stratégie éditoriale de la maison avec mes directeurs éditoriaux que sont Medhi Benrabah, Pierre Alain Dufour et Olivier Pacciani, et de m’assurer qu’elle est mise en oeuvre.

Venons-en à notre sujet du jour : le bilan pour le marché du manga en 2016 en France. L’année a été assez chargée pour Pika Edition : changement de directeur éditorial (fin 2015), incorporation de nobi nobi ! en avril, le renouveau de la collection Pika Graphic… Globalement quel bilan titrez-vous de cette année 2016 pour les éditions Pika ?

Pour Pika, 2016 est une année de stabilisation et de lancements de projets que nous allons développer en 2017. Nous avons stabilisé notre position sur le marché par rapport à l’année 2015, car il faut bien se souvenir que, entre 2014 et 2015, nous avions beaucoup progressé en terme d’activité et de chiffre d’affaires, grâce notamment au développement de l’Attaque des Titans. Sur les deux ans, de 2014 à 2016, c’est donc une progression dont on peut tout à fait se satisfaire. Bien évidemment l’Attaque des Titans, arrivant à un nombre de volume plus avancé, voient ses ventes se stabiliser en 2016.

En 2016 nous nous sommes donc posés, nous avons réfléchi à ce que nous pouvions faire, à comment innover. Vous parliez par exemple de Pika Graphic, on peut y ajouter Pika Roman, qui est une activité complémentaire sur laquelle nous nous sommes lancés en parallèle et sur laquelle nous voulions aussi aller. Avec nobi nobi ! cela fait donc trois labels que nous souhaitons faire monter en puissance en 2017 après en avoir semé les graines l’année dernière.

Si je prend l’exemple de Pika Graphic : je ne sais pas si vous vous souvenez du Salon du Livre 2014, nous avions réalisé une entrée en matière un peu atypique en couleur avec Au Gré du Vent de Golo Zhao, un auteur chinois qui représente la vocation de Pika Graphic, tournée vers l’Asie. En 2017, le label prend maintenant toute son ampleur avec l’arrivée de mangakas japonais comme Satoshi KON et Minetaro MOCHIZUKI.

 Pika Graphic-Fossiles De Reves  Dragon Head

Est-ce que cette collection Pika Graphic sera majoritairement japonaise d’ailleurs ?

Oui il y aura une prédominance du Japon, c’est évident car c’est notre cœur de métier et qu’il y a de nombreux auteurs que nous aimerions faire connaître au public, mais nous restons ouverts sur les pays asiatiques avec des titres de Chine mais aussi de Corée, comme c’est le cas avec Priest par exemple, qui est un titre coréen.

La Corée justement : le nombre de manhwa paru en France est extrêmement faible en 2016, une dizaine environ contre une trentaine de bandes dessinées chinoises. Pourquoi si peu et quel potentiel pour le manhwa en France selon-vous ?

Personnellement je pense qu’il y a vraiment un énorme potentiel. Je suis allée en Corée et j’ai rencontré des auteurs avec un talent incroyable. Ils ont vraiment des choses à raconter. De plus, ils ont une culture très importante de la bande-dessinée : ils sont imprégnés du manga et de la bande dessinée française et sont très ouverts à la bande dessinée européenne.

Ce qui est très difficile maintenant c’est de franchir le pas entre ce qu’ils proposent – leur volonté de créer – et ce que l’on peut faire en France. Vous n’êtes pas sans savoir qu’en Corée la bande dessinée n’est plus vendue au format papier, le format webcomic a pris le dessus. Ce n’est plus le même média, le même format, et c’est là que cela devient plus compliqué pour nous car le webcomic n’a pas pris en France et n’a pas du tout la même ampleur qu’en Corée. Donc nous allons prendre le temps pour essayer de développer un rapport de création avec eux, car il y a vraiment des talents extraordinaires et ils ont tout à fait leur place en France. Il faut juste prendre le temps pour mettre ça en place.

Priest

Puisque l’on parle de numérique, nous fêtions en mars les deux ans de votre offre simulpub sur l’Attaque des Titans… Dans le numérique, l’offre s’est élargie pour ce qui est du manga mais le constat global est que les ventes ne suivent pas forcément. Chez Pika, est-ce le même constat ?

Si nous remontons au début du numérique chez nous c’est encore plus loin, cela remonte à 2012… Merci de me rappeler à quel point le temps passe vite ! (Rires)

Mais sinon, oui, nous faisons le même constat, le marché n’a pas vraiment décollé d’une manière générale et sur le manga les ventes ne décollent pas du tout. Nous continuons de développer notre offre malgré tout, parce que s’il n’y pas d’offre, il ne peut pas y avoir de marché, mais sans résultat pour le moment.

pika-simulpub

Pour donner un ordre d’idée de l’état du marché, avez-vous des chiffres ?

Pas vraiment et il y en assez peu de disponibles d’ailleurs. Mais les ventes des livres en numérique représenteraient 6% des ventes globales, dues essentiellement à la littérature dite de genre. Sur le cas du manga manga on se situe de l’ordre de 1% seulement.

A quoi peut-on l’imputer ?

Sur le manga et la bande dessinée je dirai qu’il y a d’abord un problème de relais : il y a très peu de plate-formes spécialisées dans ce domaine. Nos livres sont accessibles chez des grands généralistes, noyés dans une offre énorme. Aujourd’hui nos revendeurs principaux sont Amazon, Google et Apple et rien ne permet chez eux au manga d’émerger et d’aller chercher le lecteur, contrairement à d’autres pays où cela a été mis en place. Par exemple au Japon, le numérique est en train de décoller mais c’est parce qu’il y a un grand nombre de plate-formes manga qui ont été mis en place voir même des plate-formes spécialisées dans un segment du manga, avec une dédiée au shôjo par exemple. Donc voilà, déjà, nous n’avons pas ce relais là.

C’est peut-être aussi parce qu’il n’y a pas de marché… mais là on tombe dans un cercle vicieux.

Pas de marché, donc pas d’offre, donc pas de marché…

Voilà.

Ensuite je pense qu’il y a aussi une résistance très franco-française qui fait que le papier reste le support le plus apprécié de nos lecteurs. Cela dit je trouve qu’il y a une évolution, pas dans les achats mais dans les avis des lecteurs, qui constatent l’intérêt d’avoir du numérique et une bibliothèque virtuelle plus grande que la bibliothèque physique. Mais nous sommes encore loin de pouvoir emprunter des mangas en numérique dans un CDI ou une bibliothèque, ce n’est pas encore du tout accessible.

Enfin, il y a aussi une barrière de prix. Je pense que psychologiquement cela reste encore perçu comme quelque chose d’assez élevé… Et nous avons toujours le sujet de la concurrence avec l’accès gratuit aux versions piratées.

Mais à mon avis, un jour ou l’autre, ce secteur finira par prendre un peu plus de poids. Ne serait-ce que parce que l’accès aux tablettes se démocratise, dès le plus jeune âge…

Et se généralise petit à petit, également, dans les établissements scolaires.

Exactement.

Après Pika Graphic et le numérique, parlons de nobi nobi !, qui a rejoint votre catalogue il y a presqu’un an maintenant. Quel était le but de ce rapprochement ?

Nobi nobi ! était une jeune et petite maison d’édition arrivée à un moment de sa vie où, pour grandir, elle avait besoin de s’appuyer sur une structure un peu plus importante pour l’aider à se développer. À ce moment-là ,moi, je cherchais également à développer le segment jeunesse de mon catalogue. J’ai trouvé que l’offre de nobi nobi ! était complémentaire à celle de Pika et j’ai été séduite par la qualité de leur catalogue et par la capacité de Pierre-Alain et Olivier à aller détecter les séries pour un jeune public.

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Pierre-Alain Dufour et Olivier Pacciani, fondateurs de nobi nobi !

C’est comme ça que l’association et le rachat se sont faits, dans l’envie aussi de développer une collection plus familiale, destinée à la jeunesse mais pas uniquement, ceci tout en continuant de développer la partie album du catalogue pour défendre et mettre en avant des grands noms des auteurs jeunesse en France. Tout cela nous permet ainsi d’aller chercher un public que l’on ne touchait pas beaucoup, plus large, jeune et familial.

Même sans nobi nobi !, il y a plus de 200 sorties Pika en 2016, ce qui en fait l’un des plus gros pourvoyeurs de manga l’an passé. Pourquoi une offre aussi importante ?

En fait nous ne réfléchissons pas forcément en terme de nombre de sorties sur l’année. Nous avons d’abord un historique, un bagage qui fait que nous avons un catalogue de séries à poursuivre, ce qui nous donne un nombre de nouveautés minimum chaque année, en fonction du nombre de tomes parus pour ces séries. De plus, en nombre de lancement par an, nous ne sommes pas forcément beaucoup plus élevés que nos concurrents : nous lançons entre une et deux séries par mois.

Après c’est vrai que nous avons toujours été généralistes et que nous sommes présents sur tous les segments du marché du manga en France, qui est le reflet du marché japonais de toute façon. Je ne sais pas exactement combien de nouveautés sortent chaque année au Japon mais c’est certainement colossal vu que le marché japonais est environ 50 fois plus important que le notre. Notre métier c’est d’être, le plus possible, le promoteur des séries de qualité qui sortent au Japon… Et il y en a beaucoup ! (Rires)

Avec 15 à 20 sorties chaque mois, comment défendre et donner de la visibilité à tout le monde dans un marché qui est bien rempli ? Comment gérer tout ça ?

J’ai d’abord une super équipe ! (Rires)

Oui je réalise que 17 personnes c’est assez important d’ailleurs, c’est un mix de personnes venant de chez Pika et de chez Hachette ?

Dix-sept personnes c’est vraiment le fonctionnement d’une maison d’édition et ils sont à 100% chez Pika. Seuls les supports administratifs viennent de chez Hachette, c’est à dire la comptabilité, les ressources humaines et la logistique.

Hachette Livre

Pika, une des étoiles de la galaxie Hachette Livre

Ces dix-sept personnes vont donc de la fabrication à l’édition, sans oublier ma super équipe marketing et communication !

Que l’on salue, évidemment ! Et donc, pour revenir à la question initiale, comment gérer un tel volume de sorties ?

Alors c’est vrai que le lancement est un moment très important dans la vie d’une série, et nous y attachons beaucoup d’importance, mais nous avons aussi à cœur de soutenir les séries sur la longueur. Je ne dis pas que l’on va jusqu’au volume 30, mais en général nous les soutenons au moins sur les 5 premiers volumes et sur certaines c’est une promotion non-stop, sur toute la vie de la série.

Mais c’est vrai, et je peux le dire en toute transparence, c’est une question que nous nous posons de manière permanente : comment donner de la visibilité à des œuvres dans un marché dont le nombre de nouveautés reste croissant ? Chez le libraire, la concurrence est donc d’autant plus rude au moment de la sortie… Cela fait partie de notre métier d’éditeur, de composer avec cette difficulté.

Le bilan par série

Calendrier Fairy TailPassons maintenant au bilan 2016 par série : quelles sont celles qui ont agréablement surpris ou qui ont tout simplement remplis leurs objectifs ?

Clairement, 2016 a été une année Fairy Tail, qui a fêté ses 10 ans au Japon et que nous avons aussi célébré en France avec la venue de Hiro MASHIMA. Les sorties qui ont bien marché sont donc d’abord les spin-off de Fairy Tail, notamment Fairy Tail Zero qui s’est vendu au même niveau qu’un volume de la série originale… Ce qui se justifie totalement de toute façon puisque c’est un peu un volume 0 de la série et qu’il a été scénarisé par Hiro MASHIMA. Donc voilà nous sommes assez contents de cette année Fairy Tail, que ce soit pour les spin-off ou la série principale.

Pour la série principale, des chiffres de vente évoquent une baisse de 5-10% du volume…

Oui cela reste une érosion naturelle pour une série qui possède un tel nombre de tomes mais il faut aussi regarder le recrutement de nouveaux lecteurs et sur ce plan là tout s’est bien passé en 2016.

L’autre bonne nouvelle, même si c’était attendu car il s’agit d’un anniversaire, ce sont les scores de Dreamland. Nous savions que ça allait bien se passer mais nous ne doutions pas que ce serait à ce niveau-là. Il y a deux volumes sortis en 2016, les volumes 15 & 16, et leurs ventes étaient au-dessus des 20 000 exemplaires, supérieurs à ceux attendus. L’effet anniversaire a également eu un effet amplificateur global sur la série car nous avons recruté deux fois plus que les années précédentes, alors que la série marchait bien déjà.

C’est vraiment une bonne nouvelle pour ces deux séries qui se sont d’ailleurs croisées avec une belle rencontre entre les deux auteurs sur la scène de Japan Expo. C’était un très beau moment et ça symbolise quelque chose à nos yeux.

dolly-kill-kill-5-pika

Quid des autres titres ?

Nous sommes plutôt satisfaits sur nos autres sorties shônen. Ce ne sont pas des gros scores comme ceux de nos concurrents mais cela reste correct : il y a Akatatsuki mais aussi Love and lies sorti en fin d’année qui prend de l’ampleur et bénéficie d’un bon bouche à oreille.

Les déceptions sont plus sur la partie seinen, notamment la partie survival avec les lancements de Green World Z et Dolly Kill Kill.

Ah c’est un chouette titre pourtant Dolly Kill Kill, en trois ou quatre tomes, il y a eu de jolies choses qui se mettent en place…

Tout à fait. Nous étions convaincu que la série avait de quoi faire un carton, avec des scènes d’actions hyper dynamiques… Mais malheureusement non, en tout cas pour le moment !

Green World Z se serait vendu aux alentours de 10 000 exemplaires écoulés sur le tome 1, les ventes de Dolly Kill Kill sont de quel ordre ?

Sur Dolly Kill Kill on est aujourd’hui à 6 000 exemplaires du tome 1 mais il est sorti en octobre alors que Green Worldz est sorti en juin de l’année dernière.

Avec ces deux déceptions 2016 sur ce créneau, vous avez prévu de réduire la voilure en 2017-2018 pour le survival ?

Disons que, effectivement, ça nous amène à réfléchir sur l’acquisition d’un nouveau titre sur ce segment-là, et à regarder les candidats de très près.

2017 : année compliquée mais pleine d’enthousiasme !

Pour finir, passons à 2017. Comment démarre l’année en terme de ventes pour Pika ?

Le début de l’année nous surprend un peu. En janvier il y a eu vrai coup de frein sur le marché du livre. Sur le manga c’est moins visible car le marché était sur une très belle dynamique des ventes mais il stagne désormais depuis décembre. Les raisons sont pour le moment que les lecteurs sont moins présents en librairie. Donc on attend et on espère que le marché va reprendre.

En ce qui nous concerne nous suivons pas mal le marché et nous constatons des mois de janvier et février plus mornes. Après nous avons de toute façon un programme 2017 qui est plutôt devant nous, donc nous restons optimistes ! (Rires)

Qu’est-ce qu’il y a au programme justement ?

Sur nos séries en cours, nous avons un mois d’avril qui met l’accent sur l’Attaque des Titans. Nous avons déjà sortis l’Attaque des Titans Lost Girls et nous allons faire une opération en magasin sur l’Attaque des Titans à l’occasion de l’arrivée de la seconde saison.

titans-lostgirls_banniereannonce

En terme de nouveautés nous avons trois gros lancements cette année : le nouveau Yoshitoki OIMA, jeune auteure talentueuse qui s’est fait connaître en France grâce à A Silent Voice. Son nouveau titre se nomme To Your Eternity. Nous l’avons d’abord lancé en simulpub et il est arrivé dans les rayons le 19 avril. C’est un de nos gros coups de cœur. (NDLR : coup de coeur du chocobo aussi, regardez ici !)

Brigades immunitaires tome 1Nous avons ensuite un shônen prévu le 31 mai : Les Brigades Immunitaires d’Akane SHIMIZU, également une jeune femme au dessin et au scénario et qui a été primé au Japon…

Savez-vous quel prix ? Car il y en a tellement !

Plébiscitée au Japon, elle s’est notamment hissée à la septième place du top 50 des mangas pour garçons de l’édition 2016 de Kono Manga ga Sugoi! (classement établi par des professionnels du manga et des libraires) et à la seconde place du top 15 des mangas recommandés pour l’année 2016 par deux-mille libraires dévoilé par le site Honyaclub.

Ok, et ça parle de quoi ?

Dans cette histoire, on suit un duo : lui est un globule blanc et elle un globule rouge et ils ont fort à faire – et ils ne sont pas seuls – pour détruire les bactéries et les virus ! Ça vous rappelle sans doute quelque chose…

Il était une fois la vie bien sûr !

Voilà, c’est Il était une fois la vie en shônen. C’est très enlevé, c’est très bien documenté en plus. Se divertir et apprendre en même temps, c’est l’idéal.

Il y a enfin un dernier titre en octobre mais il est encore un peu tôt pour vous en parler.

Un-coin-de-ciel-bleu-1Enfin, comme évoqué précédemment, il y a cette montée en puissance dans le secteur de la jeunesse avec nobi nobi !. Nous aurons cinq nouveautés cette année, des séries tous publics. La première est Flying Witch, un titre qui pouvant être lu par des petits comme des grands. C’est de toute façon notre volonté de faire de nobi nobi ! un label qui garantit que, dans ces mangas, il n’y aura pas de violence, pas de sexe ou d’ambiguïté… C’est divertissant, plutôt positif, ce sont des titres soft-shônen et soft-shôjo si l’on peut dire (NDLR : le chocobo vous conseille vivement Un coin de ciel bleu aussi, ci-contre, et vous en parle ici). Cela nous permet aussi, par cette ligne, de séduire Disney qui a apprécié le catalogue nobi nobi ! C’est ainsi que l’un des autres lancements de l’année est le manga du film La Belle et la Bête.

Et enfin on continuera de développer Pika Graphic, qui s’adresse donc aux adultes et jeunes adultes, avec une dizaine de nouveautés dans l’année.

Dernière question : qu’est-ce que l’on peut souhaiter à Pika pour 2017 ?

De pouvoir continuer à proposer des nouveautés à des publics différents, des titres très variés et montrer que le manga n’est pas cantonné à un style et qu’il y a de tout pour tous les goûts ! C’est ce qui nous tient le plus à coeur en tant qu’éditeur : montrer cette diversité et soutenir les nombreux talents.

C’est parfait comme mot de la fin. Merci Virgine !

Merci à vous !

Vous pouvez retrouver Pika Edition sur leur site internet, ou les suivre sur Twitter et Facebook.

Remerciements à Virginie DAUDIN CLAVAUD pour son temps et sa bonne humeur, ainsi qu’à Clarisse LANGLET pour la mise en place de cette interview.

Manga : une histoire de l’Europe vue du Japon

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Europe Histoire et manga

Voilà un papier qui me trotte dans la tête depuis le mois de mars (en lien avec le sujet des mangas historiques, dans cette interview). J’ai toujours adoré lire des BD sur l’Histoire, et je trouve que c’est 1000 fois plus facile de s’y plonger que via les livres scolaires (et c’est un prof qui vous dit ça, vil félon que je suis). Ce n’est pas toujours – pas souvent même – 100% fidèle à la réalité historique, mais l’immersion est d’autant plus facile lorsque c’est romancé… et rien n’empêche ensuite de se renseigner soi-même : un coup de wikipédia fait déjà beaucoup et, pour les plus curieux, un livre écrit par une bonne plume ou un simple Que sais-je sur telle ou telle période fait le reste. Les vidéastes You Tube qui parlent d’histoire font eux aussi du bon boulot. Je vous propose deux trois petites choses  qui mélangent tout ça en fin d’article, d’ailleurs.

Et donc les mangas dans tout ça ? Il se trouve que l’histoire de l’Europe passionne visiblement le Japon et que, par le truchement des éditeurs français, une grande majorité des titres l’évoquant nous arrivent. Néanmoins, plutôt que de vous faire une énième liste de mangas historiques j’avais envie de vous les replacer dans leur contexte, de leur donner une chronologie et d’imaginer à quoi ressemble la vision qu’ont les Japonais de notre histoire. La liste des titres n’est pas exhaustive – j’ai mis ce que j’ai lu, tout simplement – donc n’hésitez pas à la rallonger avec vos propres lectures en commentaire !

Allez, en route… et bonne lecture 😉

L’histoire européenne tient en une quinzaine de mangas. SI.

Et donc pour commencer, difficile de parle d’Histoire sans une frise. Je l’ai basée plutôt sur le début des mangas cités, mais les emplacements sont fait à la louche pour que cela reste lisible.

Frise Manga & Europe

On pourrait aussi rajouter Eureka! des éditions Komikku, mais son sujet se fond vraiment dans l’histoire d’Ad Astra ou encore Thermae Romae mais j’ai du mal à le classer comme un manga parlant d’histoire européenne, un peu comme Les Deux Van Gogh qui n’est pas dans la liste non plus. Mais bref, avec ça en tête, on voit assez facilement quelques périodes ressortir : celles de l’Empire Romain (3 titres), des vikings (1), de la fin du Moyen-âge (4) et de la Renaissance (2), de la Révolution Française (5 si on ajoute Marie Antoinette – La jeunesse d’une reine de Fuyumi SORYO) et de l’époque industriello-victorienne (3 mais je n’ai mis que les plus connus). Je m’arrête là d’ailleurs, juste avant le 20e siècle, que je garde pour un autre jour. Enfin, si je mets les Misérables dans la liste on peut aussi ajouter la collection Classique chez Soleil Manga qui aborde par moment certains faits ou période de notre histoire. Éventuellement 7 Shakespeares aussi, un manga actuellement en pause qui aborde à sa façon la vie du dramaturge anglais.

Si j’en reviens à la liste de la frise et qu’on l’observe géographiquement parlant, on voyage un peu partout mais c’est encore en France que l’on s’arrête le plus souvent (sur 7 titres) puis en Italie (5), en Angleterre (4) et enfin 3 autres mangas se déroulent, de la Suisse à la République Tchèque, sur l’immense Saint Empire Romain-Germanique.

Avec cette quinzaine de manga on obtient donc quelque chose comme 2000 ans d’histoire couverte de manière assez irrégulière, avec des périodes creuses et d’autres beaucoup plus détaillées. Et donc, maintenant, amusons-nous à découvrir l’Histoire de l’Europe tel que les lecteurs japonais de manga la connaissent désormais…

Au commencement il y avait… Ben les Romains pardi !

Au début, il n’y a rien. Mais alors rien, pas de préhistoire chez nous, non madame. Au mieux un dinosaure du nom de Gon est venu se balader dans nos contrées et puis c’est tout et c’est marre. Cherchez pas hein, c’est limite vexant.

on en a gros

Pareil.

Bon ok, je boude mais faut pas pousser non plus, car j’avoue que mes connaissances en Histoire des trois premiers millénaires avant JC, à part l’invention de l’écriture, ce n’est pas non plus velu velu quoi. Quoi qu’il en soit, après ce rien, on note quelques traces d’activités mais autour de l’Europe, avec les Égyptiens et leurs Reines notamment (cf Reigne d’Égypte, entre autres, dont on a pas mal parlé en ce début 2017). Mais je vois plus ces titres comme un prolongement de l’intérêt du Japon pour l’Orient et ses alentours ces dernières années (Magi, Bride Stories, Altaïr, les nuits d’Aksehir).

as-astra-1-ki-oonD’ailleurs, c’est par le bassin méditerranéen que débute l’Histoire de l’Europe dans les mangas, avec Ad Astra. Nous voilà projeté en Sicile lors de la seconde guerre punique. Les guerres puniques, car il  y en a 3, c’est en gros LE premier truc qui a fait la renommé de l’Empire Romain, qui n’était pas encore un Empire à l’époque d’ailleurs, mais une République. Parce que en France on parle plutôt la conquête de la Gaule, Vercingétorix toussa… L’Empire officiel en quelque sorte, mais il faut savoir que avant Alesia il s’est quand même passé deux trois trucs. Rome ne s’est pas fait en un jour comme dit l’adage.

Si je vous la fait courte les guerres puniques ce sont les Romains VS Carthage de -264 à -146 avant J.C., lorsque les deux Empires se sont retrouvés plus ou moins face à face en Sicile. Carthage était l’Empire maritime méditerranéen, mais ils vont perdre la mer à l’avantage des Romains pendant le premier conflit, qui dure une vingtaine d’année. Cette première guerre coûte une blinde aux deux parties, donc les romains taxent copieusement les perdants (ruinés pourtant, eux aussi). Vingt-trois ans plus tard, ils finissent par en avoir marre et donc ils remettent ça, avec à leur tête Hannibal Barca le héros de Ad Astra. Je ne vous en dit pas plus (chroniques ici, et re-là si vous voulez en savoir plus) mais selon toute logique Ad Astra devrait se finir en -200 avant JC environ.

Si on exclut l’adaptation de la bible en manga, on a donc un petit gap de 250-300 ans avant le début de Pline. Et oui, pas de Gaule de César et d’Alesia alors que la BD franco-belge a tapé dans ce filon plus d’une fois. Comme nous le verrons de toute façon dans cet article, les « peuplades du nord » ce n’est pas vraiment la tasse de thé des Japonais, en dehors du fameux Vinland Saga et éventuellement des guerriers de Hasgard de Saint Seiya… enfin là c’est du folklore pas de l’Histoire, faut pas non plus pousser Saori dans les orties.

Mais bref, Pline donc, débute en 60 après JC et nous présente la vie de ce naturaliste très curieux. Sur le plan historique ce manga sera aussi l’occasion de croiser à plusieurs reprises l’Empereur Néron, aka IMPERATOR NERO CLAVDIVS CAESAR AVGVSTVS GERMANICVS (ouai, Néron c’est mieux, je suis d’accord). Un mec sympa le Néron : despote à ses heures perdues, qui a zigouillé sa maman Agrippine (mais non pas à cause de son prénom, bande de moqueurs), a tué au pif pas mal de chrétiens et était un bon petit parano. Ah et dans son nom à rallonge, c’est lui qui a rajouté IMPERATOR, donc un mec modeste quoi.

kaamelott-film-cinema-trilogie-alexandre

Avec Néron ouai, un peu.

Et là, d’un coup, les Vikings

Alors là, dans la famille des failles temporelles, c’est la meilleure. On passe du premier siècle de notre ère à l’Angleterre de l’An mille. Comment te dire ami nippon… Nous n’avons pas hiberné pendant un millénaire : les barbares du nord (les germains et les slaves, en gros) sont poussés par des conditions météorologiques assez dures (hivers froids et longs, étés pluvieux) à s’installer plus au sud et à achever la chute de l’Empire Romain dont il restera l’Empire Byzantin. Ce dernier est mis à mal par les Ottomans qui attaquent par l’Italie puis, parce qu’ils sont court-circuités par les Bulgares mais qu’ils sont têtus, par l’Afrique du nord et l’Espagne.

Bohort vs les invasions barbares, même pas peur !

C’est donc l’établissement des Royaumes Barbares jusqu’à l’arrivée de Charlemagne qui rétablit un Empire. Il créé l’Andorre pour garder les Ottomans à distance, pousse à l’est les peuples germains de l’Europe centrale, et vire les Lombards de l’Italie, ce qui lui permet, parce qu’il est malin le gars, de donner officiellement des territoires à l’Église (les Etats pontificaux) et ainsi d’être nommé Empereur avec la Couronne, le côté divin et tout et tout. Le beau geste et le bel Empire mais comme souvent, chez les Francs et autres peuplades du même genre, lorsqu’arrive le temps de la succession, on divise les terres entre les héritiers. Charlemagne découpe donc son royaume entre ses 3 petits-fils ce qui affaiblit le tout, notamment avec l’arrivée des… Vikings, durant le 9e siècle. Et c’est plus ou moins là qu’on reprend notre fil historique abandonné 1000 ans auparavant avec Vinland Saga, sur la fin de cet Âge Viking qui s’est étalé sur environ 300 ans (793-1066 officiellement).

vinland_sagaGrâce aux très nombreuses recherches de Makoto YUKIMURA, qui a voulu construire une saga implanté avec crédibilité dans la grande Histoire, on apprend donc que les Vikings est un peuple qui vient du nord, du grand Royaume du Danemark essentiellement, mais qu’ils ne sont pas tous des colonisateurs dans l’âme, et le mangaka n’évoque d’ailleurs pas le Duché de Normandie et la sédentarisation des Normands. Il se concentre sur les Vikings installés dans leur terre d’origine, où la vie est froide, souvent stérile, dure et sans pitié, puis il évoque les richesses que représentent les territoires de l’Angleterre, d’abord avec ses richesses au sens strict, les trésors à piller donc, puis avec ses terres fertiles et leur climat plus tempéré.

La première partie du manga évoque une guerre fait d’incessants coups d’éclat contre les Anglo-Saxons, au niveau de Londres notamment, villle qui ne cessera d’être prise et reprise par les deux camps. Au départ de Vinland Saga, le redémarrage du conflit après une période d’accalmie va produire un funeste enchaînement : l’impôt Danois va pousser le roi Anglais à se rebeller (les impôts, le nerf de la guerre décidément) et il massacre des Danois dont Gunnhild, la sœur du Roi danois Sven 1er (ouh, la boulette). Ce dernier déclare la guerre à l’Angleterre et part donc à la recherche de ces guerriers d’élite dont Thors, le père du héros de Vinland Saga, qui menait sa vie tranquille en Islande mais qui s’était illustré des années auparavant dans la guerre entre Norvégiens et Danois. Il est donc rattrapé par son passé et tout s’enchaîne pour le pire.

Commence un cycle de guerres, de taxations ou d’esclavage pour les vaincus qui entraînent un désir de vengeance à l’échelle des peuples. C’est de ce cercle vicieux et sanglant que le héros de YUKIMURA va vouloir s’extraire, en recherchant le fameux Vinland, la Terre promise. Je ne vous en dit pas plus là non plus, sur les faits historiques sous-jacents à cette quête,  pour ne pas gâcher le plaisir.

Toujours est-il que petit à petit, une somme de facteurs va achever l’Âge Viking : une embellie climatique, une sédentarisation des Viking et une acculturation au contact des chrétiens. Enfin, il ne faut pas oublier le développement d’une meilleure organisation de la défense dans les contrées qui se sont mangés des raids vikings pendant 300 ans : la multiplication des châteaux forts par exemple, ainsi que la naissance d’États forts et organisés ont permis de mieux résister. Il parait même que certains pays comme la France, la Grande-Bretagne, la Russie ou l’Irlande sont ainsi nés dans cette adversité. Les épreuves c’est bien connu, soudent les peuples. Et comme toujours, quand un règne s’étend un autre commence : arrivée du Saint-Empire Romain Germanique et début du premier Reich.

Les Germains : L’Empire qu’on attaque.

En fait, le fameux Saint Empire bidul truc, ça n’intéresse pas en soit les mangakas. Sa mise en place et tout, c’est comme l’Empire de Charlemagne dont il est la suite logique : y a pas. Un manga. Dessus.

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Et ouai, la condition germanique souffre m’dames messieurs !

Pour un Empire qui va durer 1000 ans environ c’est un peu dommage mais bon, vous devez commencez à comprendre que les Germains ce n’est pas vraiment la tasse de thé des Japonais. Ils seraient même antipathiques, car ils vont jouer le rôle des méchants dans les trois mangas où ils apparaissent.

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Le premier exemple est assez parlant puisqu’il s’agit de Wolfsmund, qui évoque en histoire de fond la création de la Suisse par l’association de 3 cantons : Uri, Schwytz (qui donnera son nom à la Suisse) et Unterwald. Ils se rebellent contre le tyran germanique au début du XIVe siècle, de 1291 à 1315. Mais la famille des Habsbourg ne l’entend pas de cette oreille et y voit une bonne occasion de renforcer sa présence sur cette province frontière entre Germanie et Italie. La forteresse du col du Saint-Gothard est donc dirigée par un homme sans pitié et terrifiant a qui on a donné carte blanche et qui semble impossible à vaincre…

Bon je ne détaille pas davantage Wolfsmund, dont je vous ai déjà souvent parlé parce que ce manga en 8 tomes est excellent, mais on peut reproduire un peu le schéma du germain cruel et sans pitié à l’autre bout de l’Europe avec Divci Valka qui débute 100 ans après la fin de Wolfsmund et qui se déroule en Bohème, région  d’Europe centrale et actuellement l’une des composantes de la République tchèque. Bon la différence est que Divci Valka démarre sur un désaccord religieux. Un théologien du nom de Jan Hus finit sur le bûcher en 1415 pour avoir proclamé haut et fort la corruption de l’église et les malversations du pape de Pise, Jean XXIII, alors en pleine guerre de pouvoir religieux, aka le  Grand Schisme d’Occident. Donc le Jan Hus, il est gentil hein, mais c’est pas le moment.

Mais voilà, c’est bien connu, en brûlant un homme aimé on en fait un martyr. Les partisans de Hus, les hussites, finissent donc par s’opposer aux catholiques et, en 1419, Jan Zelivsky, grand prêtre hussite, mène une attaque en plein Prague avec quelques fidèles et ils tuent des conseillers catholiques en les balançant par les fenêtres. Simple et efficace, ça. Une défenestration à un méchoui partout. Mais Martin V, le nouveau Pape censé unifier la chrétienté, et ce cher Roi Sigismond le prennent assez mal (aucun humour les gars) et ils partent donc en guerre contre les hussites, qui vont faire plus que leur donner du fil à retordre. Voilà pour le contexte de ce manga, pour le moment en 4 volumes, et à nouveau je ne vous en dis pas plus sur les tenants et aboutissants de ce conflit qui a, mine de rien, forgé l’identité Tchèque, même si le pays n’existe officiellement que depuis 1918. Ce manga a aussi mis en avant l’utilisation d’une arme encore nouvelle à cette époque, mais qui va peu à peu faire ses preuves : le pist’ala ou flûte en slave, qui deviendra le bien connu pistolet quelques siècles plus tard.

Et pendant ce temps, la Guerre de Cent Ans

hawkwood-1-dokiPour quitter le Saint Empire, faisons un petit retour en arrière en 1337, du côté de l’Angleterre avec Hawkwood. Enfin pas en Angleterre à proprement parler puisque Hawkwood évoque plutôt la conquête par les Anglais de notre Hexagone, de la Normandie dans un premier temps. Heureusement pour toi cher lecteur, ce manga ne traite pas vraiment des raisons de la guerre de Cent Ans, parce que derrière la raison officielle qui est une histoire de Dynastie des Capétiens interrompus les raisons profondes sont très complexes, aussi bien culturelles, démographiques, économiques, sociologiques et j’en passe. Pour avoir une petite idée du contexte, je ne peux que vous recommander de lire les Rois maudits.

Si je me contente donc du casus belli : Édouard  III dis que c’est lui le vrai Roi du côté des Anglais parce qu’il est le descendant le plus direct, alors que Philippe VI dis que, non, en fait, c’est lui d’abord parce qu’il est descendant d’une lignée exclusivement masculine. Comme toujours entre les Rois, l’engueulade dégénère et c’est le début d’un immense bourbier franco-anglais qui s’étale sur deux mangas : Hawkwood donc, puis Le requiem du Roi des Roses. Dans Hawkwood on ne peut que constater le génie de Edouard III et la fougue de son fils Edouard de Woodstock, plus connu sous le nom du Prince Noir, classe comme nom pour rester dans la postérité. Comme le titre l’indique on s’intéresse aussi à la compagnie de mercenaires dirigée par le fameux Hawkwood, qui vendra ses services tantôt aux Français, tantôt aux Anglais. Historiquement parlant, le manga Hawkwood souligne très bien la fin de la « noble » mais lourde et donc peu mobile Chevalerie  / Cavalerie comme unique force militaire, car elle se fait copieusement décimer par les compagnies d’archers Anglais et plus particulièrement ceux du Pays de Galles.

C’est un peu le seul moment de cet article où je peux placer cette vidéo chère à mon cœur, donc voilà, deal with it.

L’Angleterre va donc conquérir tout un tiers ouest de la France, cf le Traité de Brétigny qui signe la fin de la première partie de la guerre en 1364. Mais administrer un large territoire français depuis Londres c’est compliqué et ça coûte cher. Avec Richard II à la tête du pays, qui doit commencer à régner à l’âge de 10 ans (le Prince Noir meurt un an avant son père, pas de bol !) difficile de gérer les affaires internes et celles de l’autre côté de la Manche. De toute façon Richard est plutôt un esthète (il parait que c’est lui qui a inventé le mouchoir, truc de warrior le mouchoir !) et il cherche à mettre fin aux querelles là bas, donc la France reprend doucement mais sûrement du terrain. Je vous passe donc les victoires et défaites des deux camps, une succession de roi fous, de despotes ou de bons rois mais qui meurent trop vite et/ou voit leur travail anéanti par leur descendant… et on fait un nouveau bond en avant d’un Richard à un autre, Richard III, né en 1452.

York et Lancaster : Civil War

Le-Requiem-du-Roi-des-Roses-1-ki-oonNous sommes donc à la toute fin de la Guerre de Cent Ans, signée en 1453, et l’Angleterre a perdu tout ce qu’elle avait gagné et même ce qu’elle avait avant, à savoir l’Aquitaine. Tout ça pour ça, je ne vous le fait pas dire. Mais tout ça aussi parce que ça se querelle sec en Angleterre entre les York et les Lancaster (avec des roses sur leur blason, une blanche et une rouge, d’où le nom de Guerre des 2 Roses).

Précisons d’emblée que Le Requiem du Roi des Roses dont nous allons parler réinterprète la pièce de William Shakespeare, Richard III, donc il y a forcément des choix scénaristiques et des interprétations personnelles sur les motivations et personnalités des protagonistes clés mais c’est ce qui fait tout le sel, aussi, de ce manga. En plus ces choix ont tout de même des bonnes bases : Henry VI, Roi sur le trône au départ, est très pieux dans la pièce de Shakespeare et en plus très lunatique dans le manga, à l’image des crises réelles du souverain qui ont débuté avec la perte des dernières territoires anglais en France en août 1453 (folie non évoqué dans les pièces de Sir William car briser ce tabou lui aurait valu pas mal d’ennuis vu que la Reine de son époque est une descendante Lancaster). Sans être complètement un légume, le Roi devient du jour au lendemain insensible à tout ce qui l’entoure, plus aucune émotion ne traverse son visage, même la naissance de son fils Edouard.

Il ne s’en réveille qu’au bout de plusieurs mois, en disant n’avoir aucun souvenir de cette période, mais refera d’autres crises dans les années qui vont suivre, le laissant souvent éteint pendant pendant de longues périodes, avec quelques phases hallucinatoires qui font pencher le diagnostic médical vers une certaine forme de schizophrénie, à moins que ce soit une démence génétiquement récupéré de grand papi maternel Charles VI de France. Consanguinité, quand tu nous tiens !

Cpasfaux

Je me doutais que consanguinité ce serait difficile…

De son côté le Duc de York s’est souvent fait mettre de côté de manière plus ou moins classe et injustifié (perte des titres, exil en Irlande, toussa) alors qu’il fut un bon administrateur du Royaume lors des phases de folies du Roi. Mais c’est sans compter Marguerite d’Anjou, femme de Henri VI pas vraiment des plus commodes, assez vénère que les York aient tué son amant William Somerset et désireuse que les Lancaster et son fils Edouard restent la lignée qui prévaut. Donc this Games of  Throne dure une trentaine d’années et tient plus de la chaise musicale que de la saga vraiment noble, tant le nombre de retournement de veste est important. Et tout ça pour quoi ? Pour que les Tudor raflent la mise en 1485 et installent leur dynastie (d’origine galloise d’ailleurs, big up) sur le trône pendant plus d’un siècle. Ironie j’écris ton nom !

Cette guerre n’en est encore qu’à mi-chemin dans le manga d’Aya KANNO mais elle laisse l’Angleterre à genoux tandis que le reste de l’Europe, elle, s’apprête à rentrer dans une époque qui a inspiré de nombreux mangakas : les Temps modernes !

Renaissance, réformes et révolutions : une période faste !

Cesare-tome-1-de-Fuyumi-SoryôAutant les Japonais lecteurs de mangas ont des trous parfois copieux dans l’Histoire européenne de César à Christophe Colomb, autant les 300 ans qui vont suivre ont le droit aux honneurs des mangakas avec pas moins de 8 titres qui traitent en majorité soit de la Renaissance Italienne, soit de la Révolution Française. C’est Cesare de Fuyumi SORYO qui lance le bal avec, justement, l’expédition de Christophe Colomb pour la découverte de l’Amérique (enfin, après les Viking finalement, mais bon). Il ne s’agit pas du tout du sujet central puisque c’est le destin de la famille Borgia qui est évoquée sur un peu plus de 10 tomes (11 à l’heure actuelle). Le fameux Cesare Borgia va croiser le chemin de quelques personnages illustres comme Léonard de Vinci, Machiavel qui s’inspirera de lui pour Le Prince, la famille de Médicis et son lien étroit avec Florence. Du point de vue historique Cesare met en lumière les guerres de pouvoir et les conflits armés qui ont lieu en Italie entre les cités influentes, l’Église et la France qui garde un œil là dessus.

Des luttes qui durent en fait depuis des centaines d’années, depuis la créations des Etats Pontificaux (cf Charlemagne, comme évoqué plus haut) et qui font souvenant intervenir des Etats extérieurs comme la France ou l’Espagne pour emporter la victoire. C’est assez intéressant de voir qu’après avoir été un Empire Romain et même en étant à la tête d’un Empire religieux, l’Italie en tant qu’Etat unifié devra attendre 1861. Et encore, ce sera sans Rome et Venise au départ et ils perdront Nice et la Savoie pour récupérer l’Italie du Nord alors sous coupe Autrichienne. Mais je m’égare là… J’en étais où ?
Ah oui, et donc, même si elle n’est pas unifiée, l’Italie est quand même le berceau de la fameuse Renaissance, et ça c’est classe.

renaissance

La dite Renaissance est, notamment, une période faste pour les arts et c’est ce qui est mis à l’honneur dans Arte, qui compte la vie d’une jeune aristocrate, Arte, qui rêve de devenir artiste peintre et aspire à entrer en apprentissage dans un des nombreux ateliers de la ville de Florence. Assez peu de lien historique dans la série qui utilise cette époque pour s’en attribuer l’ambiance, les décors et aussi sa misogynie, pour faire du destin d’Arte un combat personnel et prenant. Ça n’empêche pas à la série, grâce à des protagonistes réussis et, justement, les décors et les costumes, d’être une réussite.

couvent-des-damnes-1-glenatEntre la Renaissance et la Révolution, un titre s’est glissé il y a peu, et revient une troisième fois nous parler du Saint Empire Romain Germanique, à nouveau pour en faire un ennemi des plus cruels et le terreau d’une vengeance. Je vous parle là du Couvent des Damnés de Minoru TAKEYOSHI. Tout commence en 1549 dans le sud-ouest de l’Allemagne actuelle quand l’équivalent d’une Sage-Femme est accusée de Sorcellerie et qu’elle est brûlée vive après strangulation et autres tortures. Sa fille adoptive, la téméraire Ella, est confiée au Couvent du Partage des eaux.

Débute alors une vengeance qui sera longue et douloureuse, aussi bien sur un plan physique que psychologique dont on n’a pour l’instant lu que 3 tomes. Mais cela n’empêche pas que ce seinen porte avec lui un fond historique majeur, celui de la Réforme aussi connu sous le nom de Réforme protestante, et un fond culturel tout aussi important, celui de la Chasse aux sorcières qui a vécu son apogée au XVIe et XVIIe siècle. L’apparition du protestantisme et de toute une flopée de mouvement religieux à cette époque, comme l’Eglise Anglicane mis en place par les Tudor, est exprimée dans ce manga à travers la quête du Salut de l’âme et la peur la damnation qui justifie un peu tout, le pire comme le… encore plus pire.

En fait, depuis le XIVe siècle il y a eu la grande peste qui a changé pas mal de chose y compris dans les esprits. Les fidèles vivent dans la crainte de la damnation éternelle et tout est alors bon pour éviter trop d’années de Purgatoire pour payer tes péchés, avant de rejoindre l’Eden. À la fin du XVe, le commerce des indulgences est un moyen de plus en plus en vogue pour réduire le nombre des années passées par une âme au purgatoire après sa mort. Ces indulgences sont la rémission totale ou partielle devant Dieu de la peine temporelle encourue, en raison d’un péché pardonné. Au départ l’indulgence était obtenue en contrepartie d’un acte de piété (pèlerinage, prière, mortification) puis les dons à l’Église ont pris le dessus au cours du temps, créant un commerce lucratif qui va jeter l’opprobre sur le pouvoir religieux que l’on dit corrompu et mercantile.

À côté de ça, il ne faut pas oublier que la Bible est proclamée en latin lors des messes, et donc accessible aux fidèles qu’à travers les commentaires des clercs, ce qui engendre perte de sens, interprétations douteuses, etc. Difficile d’avoir la foi dans ces conditions. De tout ça découlera, très progressivement, l’apparition de cette Réforme mais aussi une surenchère des idéologies partout en Europe et des obsessions aussi loufoques que populaires dans certaines contrées. Parmi celles-ci il y a l’idée d’un complot anti-chrétien par des assemblées et sectes de sorcières et sorciers, qui remplace pour un temps les Juifs ou encore les lépreux comme  bouc-émissaires. En période de doute, vive les extrêmes et le théories fumeuses… ça ne vous rappelle rien ? ^^;

innocent tome 1Si le Couvent des Damnés évoque donc cette période obscure de l’Histoire, il est le seul à évoquer ce passage XVIe – XVIIe car les prochains mangas prennent racine dans l’époque pré-révolutionnaire, dans les décennies 1760-1770. Innocent, La Rose de Versailles, Le 3e Gedeon ou Joséphine Impératrice mettent en place la destinée de leur héros avant que la France puis l’Europe n’explose face à la Révolution Française. Comme nous avons tous mangé cette Révolution à toutes les sauces, je n’ai pas forcément envie de vous en refaire le déroulé mais on voit bien que les mangakas aiment y mêler grandeur et décadence ainsi que le combat d’une noblesse, souvent à deux visages, contre un peuple assez violent car au bout du rouleau.

Même si le 3e Gédéon est un peu à part dans le sens où il situe l’action aussi bien du côté peuple (voir plus même) que du côté noble, les 3 autres placent leur intrigue au sein du pouvoir en place, remettant souvent en question le manichéisme des méchants nobles contre le pauvre peuple. Le faste et magnificence de la noblesse les fascine (nous aussi remarquez, on ne manque pas de films et séries sur cette grandeur révolue) et donc, forcément, tout ceci ne donne pas forcément envie aux mangakas de jeter Versailles aux flammes ou d’en classer les habitants du côté obscur de la force.

C’est d’ailleurs toute cet élan romantico-dramatique que l’on retrouve dans les mangas évoquant le 19e siècle comme Emma et Les Misérables, même si elles se mêlent là aussi à des faits historiques ou des réalités sociétales comme la misère du peuple dans ce siècle de conflit assez généralisé. On retrouve aussi des personnages célèbres en fond, comme la Reine Victoria et Napoléon Bonaparte, la guerre de Crimée ou l’évolution de la Médecine dans l’excellent Ghost and Lady. Mais je préfère garder cette époque pour un autre article, car celui-ci est déjà suffisamment volumineux et parce que mon ignorance sur le 19e siècle découle aussi d’un intérêt assez limité pour les débuts de l’ère industrielle. Peut-être plus tard qui sait ?

   Ghost and lady

 

Le manga, ce véhicule culturel qu’il est bien pour la conduire…

Comme vous venez de le voir, en lisant des mangas, on en vient à en apprendre beaucoup, pour peu que l’on pousse un peu les recherches. Si tout n’est pas traité, il y a désormais beaucoup à découvrir.

En présentant des personnages clés de l’Histoire, en inventant des destinées dans une temporalité bien choisie ou enfin en utilisant des Empires comme l’ennemi cruel à abattre, les mangakas puisent dans notre passé avec joie. Ils en tirent un certain exotisme si on regarde ça avec l’œil lointain du lecteur japonais, de la même façon que certains d’entre-nous pourront se passionner pour l’histoire du Japon à travers des mangas, des films ou des romans. Donc si comme moi vous n’avez pas forcément briller pendant vos cours d’histoire, changez la donne et laissez-vous allez à un peu de curiosité en faisant ce que vous savez faire de mieux : lire des mangas !

 

 

Compléments d’info…

Cet article n’aurait pas pu se faire sans de nombreuses sources forcément, à base de fiche wikipédia, de vidéo bien faites et de quelques bouquins que voici :

Histoire de l’Europe, une série de vidéo qui donnent les grandes lignes, c’est une très bonne base même s’il y a quelques approximations.

Histoire rapido du 1er Reich, fait avec humour ne plus

L’histoire du monde, mais vue du point de vue du Climat.

Ensuite  je vous conseille de partir de ce point là pour Wikipédia et de picorer dans ce qui vous intéresse. Enfin, au-delà de quelques séries télés comme Viking, les Tudor, The Crown, etc, je vous conseille aussi deux bouquins en anglais, parce que c’est les deux seuls que j’ai et que forcément je me la pète grave avec mais aussi (et surtout), parce qu’il m’ont tapé dans l’œil lors de mes récurrentes balades dans les libraires là bas :

Remember, Remember de Judy Parkinson qui est super facile à lire et trace, à chaque fois en moins d’une page, les événements et personnages clés de l’histoire de l’Angleterre, des Romains à la fin du XXe siècle.

The War of the Roses de Trevor Royle : plus dense déjà mais passionnant, qui parle de l’Angleterre et surtout des rois anglais pendant toute la période clé Guerre de Cent Ans – Guerre des Roses jusqu’à l’arrivée des Tudor. Rien que pour l’épopée de Jeanne d’Arc racontée avec le pragmatisme Anglais, ça vaut le coup.

 Remember  War of the roses 


Concours photo 2017 : vos mangas sont les plus beaux ? Prenez-les en photos !

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Et de 6 ! Sixième édition de ce concours manga et photo, cela devient une tradition ! Voici donc la  spécialité estivale de Paoru.fr : le concours photo de l’été. 3….2….1… C’est partiiiiii !

Lots Concours Paoru 2017

Le principe du concours :

Pour gagner, comme d’habitude, rien de plus simple : partagez avec nous vos plus belles photos de manga !

Paoru.fr vous propose cet été de remporter des livres et cadeaux en pagaille : des mangas (et pas qu’un peu !), des romans / light novels, un T-Shirt, des cartes,  des books et un artbook, des ex-libris, des agendas, des stickers, un combo manga-dvd et aussi un dvd tout seul, des communiques de presse de toute beauté, un joli sac en tissu et même un livre de coloriage… Tout ça grâce à la générosité de quelques éditeurs et un stock perso qui ne demande qu’à faire des heureux.

Merci donc à OtotoTaifuOfelbe ,  Doki-Doki et Ki-oon en tête, qui ont eu la gentillesse d’envoyer des lots spécialement pour alimenter ce concours. Merci aussi à Pika, Kazé MangaGlénat Manga, Kana, nobi nobiKurokawa, SoleilDelcourt-Tonkam et les autres partenaires mangas habituels du blog, grâce a qui ce concours est toujours autant fourni !

Le principe du concours est assez simple : du 17 juillet au 31 août, envoyez vos plus belles photos de manga à l’adresse mail ramza@paoru.fr. Le thème est unique : vos mangas en photos ! Mettez-les en scène via leur thématique clé ou selon l’inspiration du moment ! Pour vous donner quelques idées, jetez un coup d’œil aux photos des gagnants de l’an dernier,, ou ceux de 2015, ici.

Les photos reçues seront mises en ligne dans un album Facebook de Paoru.fr (une fois par semaine environ) et seront diffusées de temps à autre sur Twitter et Instagram avec le hastag #concourspaoru2017. 

Début septembre, les staff de Paoru.fr et JDJ votent, et les 20 participants ayant réalisés les plus belles photos se partageront la liste de cadeaux suivante… Pour chaque oeuvre : si vous voulez plus d’info, rendez-vous sur le site de l’éditeur (cf les liens dans la liste au-dessus).

Les consignes

  • Pour éviter de favoriser la quantité à la qualité je vous demande de ne pas dépasser les 5 photos. Si vous le faites, rien de grave, mais je ferai une présélection des 5 les plus réussis. Mais c’est subjectif et ce ne sera pas forcément vos 5 favoris à vous donc attention.
  • Pensez à fournir une ou des photos nettes, sauf si le flou est voulu pour des raisons artistiques (même si c’est toujours sujet à débat).
  • Une description / commentaire avec, c’est un plus ! Pour nous donner l’idée de la photo, nous l’expliquer, nous donner le titre de la série… comme vous le sentez mais ça aide toujours !
  • Attention au contre-jour ou photos trop sombres.
  • Retouches et montages autorisés.
  • Pas de logo sur la photo, mais un © avec nom/prénom est accepté (mais pas obligatoire).
  • Évitez de nous envoyer des photos avec une résolution énorme ou au contraire minuscule : entre 400 et 1200 pixels ce sera très bien (même si nous ne sommes pas à quelques pixels près bien sûr !)
  • Vous pouvez photographier votre collection, seulement quelques mangas voir un seul mis en scène (une spéciale shônen ou shôjo, tous les titres d’un même auteur, plusieurs tomes dans les mêmes couleurs, une mise en scène liée au thème d’une série, etc…)
  • Essayez d’envoyer des photos originales.

Les lots

Au rayon roman / light novel :

Chez Ofelbe tout d’abord,2 tomes 1 : Overlord, avec son poster & Re : Zero

overlord-ofelbe-poster Re Zero_LN

Chez Pika ensuite l’un des light novel de la collection Attaque des Titans, ainsi que le roman adapté du film Your Name. Le roman que je vous propose associé en combo avec le manga d’ailleurs !

  l'attaque des titans harsh mistress of the city 

L'adaptation en manga et roman de Your Name chez Pika _dition

Le roman de Tokyo Ghoul pour finir, moments, chez Glénat :

tokyo-ghoul-novel-1-glenat

Au rayon manga, book et artbook :

On commence avec l’artbook de ce concours, celui de One Piece : Color Walk 6 !

one-ppiece-color-walk-6-gorrila-jp

Premier combo de ce concours, le coffret collector Prophecy : le tome 1 du manga + le film chez Ki-oon !

Prophecy collector

En terme de books cette année, je vous propose les 3 agendas Pika 2017-2018 avec Seven Deadly Sins, Fairy Tail et GTO à l’honneur :

Agenda pika

Et, toujours chez Pika, un livre de coloriage dédié à l’Attaque des Titans (jamais à court d’idée !) :

Titans

En terme de bel objet sinon, il y a la Perfect Edition, chez Soleil Manga, de The Legend of Zelda : Majora’s Mask !

couverture-manga-soleil-majora-s-mask-1

En pas dégueu non plus, il y a la nouvelle édition de Ghost In the Shell chez Glénat Manga :

Je voulais aussi mettre à l’honneur la collection Pika Graphic, donc voici un tome 1 et deux one-shot : Dragon Head; L’homme de la mer et Nos yeux fermés.

   Homme de la mer  Nos yeux fermés 

Avant de passer aux mangas classiques, trois combos de ce concours : tout d’abord un très sympathique coffret de presse, celui de Fire Punch chez Kazé Manga, avec la communiqué de presse bien sûr, les épreuves du premier tome, un T-shirt et même un paquet d’allumettes… Il faudra au moins être dans le top 5 pour l’avoir celui là !

Fire Punch

Puis un combo Reine d’Egypte avec le tome 1 + 1 plateau dédié à la série. Il y a un second exemplaire du plateau qui sera à gagner seul.

 Reine d'Égypte  plateau ki-oon Reine d'égypte 

Et enfin autre combo made in Ki-oon avec le tome 1 des Mémoires de Vanitas + le dossier de presse qui va avec, intéressant et dont j’aime beaucoup la couverture :

 vanitas  vanitas 

On en vient maintenant à tous les autres mangas à gagner : parfois des mangas doubles, parfois une paire tome 1 + tome 2, parfois juste le tome 1. Il y en a beaucoup afin que chacun des 20 gagnants en ait au moins un, même si ce n’est pas celui qui lui faisait le plus envie.

En tome double ou combo tome 1 et 2 il y a : Street Figthing Cat , de la baston de chat et un bon délire chez Doki-Doki, Pochi et Kûrô une aventure fantastique (en 4 tomes chez Kazé Manga) qui se déroule dans un enfer un peu à la Blood Lad. Vient ensuite le diptyque Team Butler, un manga nobi nobi sur le football avec un angle inédit, celui du responsable technique, et enfin le double tome d’une série des éditions Kurokawa que l’on ne présente plus : Soul Eater !

Manga double Paoru

En tome simple maintenant, en dehors des tomes déjà cités dans le cadre des combos, ce concours met en avant quelques nouveautés : Green Mechanic et Im pour Ki-oon, Trisagion chez Doki-Doki, Be Twin you and me chez Soleil et enfin le recueil de nouvelles de Io Sakisaka chez Kana :

 Recueil Io Sakisaka  be-twin-you-me-1-soleil  green-mechanic-1-ki-oon 

 Im  Trisagion tome 1

Les goodies !

J’en ai déjà évoqué dans les combos précédents mais il y en a encore !

Tout d’abord un vrai défilé de pas moins de 100 marque-pages grâce à Ototo et Taïfu, autant vous dire qu’il y en aura pour tout le monde : 6 types de marques-page Bungo Stray Dogs (10 de chaque environ) et 4 types de marques-page Given (10 de chaque environ également).

Marques-pages Ototo - Taifu

Plusieurs sets de 7 ex-libris Doki-Doki issus de leurs dernières séries de chez Media Factory. Les meilleurs gagneront le set complet, les autres se partageront les ex-libris séparément mais je m’arrangerai pour que tout le monde, là aussi, en ait un.

 Ex libris CB doki  Ex libris 

Enfin un classique de chez Doki-Doki : des stickers de CB ! J’en ai 24 au total mais pas autant de chaque série, les meilleurs pourront faire leur choix (je pense pouvoir en distribuer aux 15 premiers).

   Stickers CB doki

Stickers toujours mais stickers classiques cette fois : 4 planches dédiées à la série Red Eyes Sword chez Kurokawa.

red_eyes_sword_-_akame_ga_kill_-_stickers_kurokawa_6075

Deux dossiers de presse ensuite : celui de Fire Force chez Kana qui fait office de calendrier avec en plus un sous-main format A5, puis celui de Your Eternity chez Pika, très intéressant avec une mini-interview de l’auteur, assez beau et avec une carte postale en bonus. Dossier de presse ne contenant pas le manga avec, je tiens à la préciser.

 To your eternity  Fire Force DP 

 Autre objet assez inédit, le bol de la série Père et Fils chez Ki-oon, avec ses baguettes :

Toujours chez Ki-oon, il me reste un sac en tissu Kasane non réclamé du concours 2016 :

Sacs Kasane

Et on finit par du goodies oldies : une carte holographique / 3D dédiée à Kyo, un succès des années 90-2000 chez Kana et une épreuve du film Death Note : L Change The World (juste le DVD donc, sans coffret). Comme quoi ranger ses vieux cartons, ça fait trouver des trucs ^^

 Kyo-2  L Change the world 

La répartition des lots :

Comme les années précédentes il y aura 20 gagnants (pour que je reste dans les environs de 50-60 euros en frais postaux).  Les premiers prix auront comme avantage principal le choix : mieux vos photos seront placées dans le classement plus vous aurez de lot et de possibilité de choisir dans les lots disponibles.

Cette année pour essayer de clarifier les choses on aura donc trois types de lots :

Les combos :  un ensemble de livre + goodies, livre DVD ou un pack presse. Il y en a 5 : Prophecy, Fire Punch, Reine d’Égypte, Vanitas et Your Name (cf liste plus haut).

Les livres :  ça comprend aussi bien les LN que les mangas, simple ou double, ainsi que les agendas, l’artbook ou le livre de coloriage.

Les goodies : tout ce qu’il y a dans cette rubrique, ainsi que le second plateau Reine d’Égypte. Selon votre place vous aurez le droit de choisir un lot de goodies comme le set des 7 ex-libris, une collection complète d’une des séries de marque-pages, quelques goodies différents au choix et/ou quelques goodies d’office.

Pour avoir le détail de répartition des lots, rendez-vous dans quelques jours, le temps que fasse les calculs pour ne pas proposer des choses que je ne peux pas offrir ^^

Je précise enfin que je n’utiliserai pas vos photos à des fins commerciales, bien entendu. Après la fermeture des candidatures le 31 août, je vous tiendrais au courant de l’avancée du concours sur Facebook mais disons que les résultats arriveront au plus tard entre le 20 et le 25 septembre. Les gagnants sont ensuite avertis par mail et, le temps que je note les choix de chacun, les lots partent en général courant octobre. Voilà vous savez tout, il ne vous reste plus qu’à prendre votre meilleur objectif ou appareil numérique, de bien vous amuser, et de m’envoyer vos chefs-d’œuvre à ramza@paoru.fr.

Si vous avez des questions, les commentaires sont là pour ça 🙂

Fire Punch : la fin du monde, entre feu et glace…

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Fire-Punch tome 1

En voilà un qui sort nettement du lot. Je réfléchis maintenant à deux fois avant de m’emballer sur juste un ou deux tomes, car la force d’un pitch peut s’étioler de manière très décevante au fil des chapitres, surtout si les personnages ou la narration ne suivent pas (on a tous une cohorte d’exemples en tête, n’est-ce pas ?). Un bon pitch seul ne suffit pas, aussi bon qu’il soit.

Pour ce qui est de Fire Punch de Tatsuki FUJIMOTO, un second tome d’une grande folie est venu enflammer mon intérêt, qui était déjà fortement titillé par l’histoire de vengeance sans pitié posé dans le premier volume. Le scénario, les protagonistes, le talent dans le rebondissement et l’excellente gestion de la time line, tout semble définitivement là pour que, sur les neuf volumes prévus par l’auteur, le lecteur prenne son pied. 

Ainsi, pour la sortie de ce deuxième opus la semaine prochaine, je voulais tenter de vous convaincre que l’on tient là un seinen tout sauf banal, avec les épaules pour devenir l’un des hits de l’année.

En route pour la critique.

Glace, famine et chaos : genèse d’une vengeance

Il ne reste plus grand chose de l’humanité… Dans un futur inconnu, plusieurs centaines d’années plus loin dans notre millénaire, la Terre est rentrée progressivement dans une nouvelle ère glaciaire, et l’humanité ne parvient plus à y faire face. Tout est recouvert par la glace et les températures continuent leur chute inexorable, année après année. Cette apocalypse a engendré famine et chaos dans la société humaine. Chacun tente de survivre dans son coin du monde mais les communautés disparaissent les unes après les autres, tout comme les notions de justice, d’éthique ou de bien commun. La quête pour la survie annihile chaque jour un peu plus la compassion ou l’empathie de chacun et ce nouveau monde devient un endroit hostile, où les États n’existent plus, remplacés par des pilleurs et des organisations barbares.

De plus, ce futur va de pair avec une autre évolution : des êtres avec différents pouvoirs sont apparus, les élus. Faculté de régénération plus ou moins prononcée, création spontanée de flammes, de métal ou d’électricité… Ces nouveaux dons changent évidemment la donne dans une société où la loi du plus fort est devenue la seule et unique vérité.

Néanmoins, on trouve encore quelques communautés qui gardent, à leur façon, un semblant d’humanité. Quelque part au beau milieu des étendues de glace un petit village réussit à survivre depuis qu’il a sauvé et accueilli le jeune Agni et sa sœur Luna. Ces deux adolescents, qui ont fuit après le meurtre de leurs parents par des pillards, font tout leur possible pour aider les membres vieillissants de ce village. Cela dit, leur méthode est assez peu commune. Dotés tous les deux d’une capacité de régénération notable, ils coupent régulièrement leurs bras pour les offrir comme vivres aux habitants ! Même si certains refusent de devenir cannibales et finissent par mourir une fois qu’ils sont à court de nourriture, le groupe, lui, survit…

Fire Punch © 2016 by Tatsuki Fujimoto

Fire Punch © 2016 by Tatsuki Fujimoto

Fire Punch © 2016 by Tatsuki Fujimoto

Fire Punch © 2016 by Tatsuki Fujimoto

Malheureusement, un beau jour, leur village a la malchance d’être sur le chemin de l’armée du royaume de Behemdorg. Revenant de bataille, le contingent oblige les villageois à leur fournir un ravitaillement. Tout aurait pu en rester là si les soldats n’avaient pas découvert les restes humains et l’anthropophagie à laquelle est contraint de se livrer le village. Dégoutté, le chef des soldats, un prénommé Doma, fait usage de son pouvoir : des flammes qui brûlent tout d’elles-mêmes, sans s’arrêter tant qu’elles n’ont pas tout réduit en cendre.

Le village est détruit, ses habitants calcinés. Le pouvoir de régénération d’Agni lui fait alors vivre un véritable enfer : il est brûlé vif en continu pendant plusieurs jours, le feu dévorant sa chair avant qu’elle ne se régénère et que le cycle recommence, à l’infini. Après plusieurs jours d’agonie et de convulsions, il découvre comment freiner son pouvoir de régénération et accueille la nouvelle d’une mort prochaine comme une libération… C’est aussi à ce moment qu’il parvient, en rampant, à retrouver sa sœur, au pouvoir bien plus faible que lui et qui est en train de vivre ses derniers instants.

« Tu dois vivre. » Voilà les derniers mots de Luna.

Fire Punch © 2016 by Tatsuki Fujimoto

Fire Punch © 2016 by Tatsuki Fujimoto

Fire Punch © 2016 by Tatsuki Fujimoto

Fire Punch © 2016 by Tatsuki Fujimoto

Ces mots emprisonnent alors Agni et le force à survivre pour suivre le chemin de la vengeance. Il faudra huit ans à Agni pour surmonter la douleur et supporter les flammes. Mais dorénavant, même s’il continue de brûler jour et nuit, il est à nouveau capable de marcher, et son objectif est limpide : retrouver et tuer Doma, après lui avoir infligé les pires souffrances possibles !

 

No Future…for you !

C’est la première idée d’intertitre qui m’est venue pour parler de ce seinen. No Future… for you !, ce slogan punk des Sex Pistols est une invective contre la société post flower power des années 70 où les espoirs d’une société harmonieuse ont été balayés dans la douleur. Toute une génération de hippies qui étaient persuadés qu’un nouveau monde était possible ont perdu leurs repères et leur foi en la société. Seul le disco et son esprit festif demeure dans cette nouvelle décennie, pour mieux faire passer la pilule, mais les punks sont bien décidés, musicalement au moins, à ne pas se laisser endormir. En gros, à leur époque, ils sont les premiers depuis bien longtemps à clamer que « ce monde de merde » en est bien un, qu’il faut le voir tel quel. Beaucoup de punks choisiront de vivre alors en marge de la société, d’autres aspireront à la révolte… d’où le slogan complet : No future, certes, mais « for you » dirigé vers la société bien pensante de l’époque et ceux qui la dirigent.

Rassurez-vous, il ne s’agit pas de dire que Fire Punch est un manga punk-apocalyptique, dans le genre c’est davantage MAD MAX qui peut porter ce flambeau grâce à son iconographie et son anarchisme au premier plan, mais ça n’empêche pas que Tatsuki FUJIMOTO reprend tous les éléments de la désillusion pour créer un nouveau monde, où ne subsiste aucun espoir, où les notions du bien et du mal sont absurdes, où la vie ne vaut plus rien… No future quoi.

FIRE PUNCH © 2016 by Tatsuki Fujimoto

FIRE PUNCH © 2016 by Tatsuki Fujimoto

Pour en apprécier l’originalité, il suffit de replacer Fire Punch parmi quelques œuvres post-apocalyptiques. Dans un manga (I am a Hero), à travers des films (Je suis une légende, Le jour d’après, La planète des singes) ou des séries (The Walking Dead), l’espoir est personnifié par le/les héros ou par le voyage qu’il entreprend. Cet espoir demeure parce que après avoir décimé les 3/4 de l’humanité, n’importe quelle catastrophe se doit de laisser un peu de place à quelques rayons de soleil, non ?! Et bien… Pas forcément. Si la fameuse hypothèse comme quoi « la nature trouve toujours un chemin » reste réaliste, que l’homme fasse partie de ce dernier, ça l’est beaucoup moins. Dans l’histoire de notre Terre, les Dinosaures y sont restés, alors pourquoi pas nous ?

En fait, dans les récits post-apocalyptiques, on nous présente souvent le sursaut de l’humanité face à l’adversité, dans les jours qui viennent juste après, et l’espoir renaît alors comme par magie,  même qu’on se tient la main tous ensemble et qu’on va refaire le monde et qu’il sera encore plus beau qu’avant ! \o/

Maiiiiiis bien sûr ! En plaçant son récit plusieurs générations après le début de la catastrophe, le mangaka propose une vision assez réaliste de ce qu’il peut rester de l’humanité dans un monde qui s’écroule depuis plusieurs générations. L’ère glacière est donc la catastrophe parfaite puisque ces dernières peuvent perdurer de quelques dizaines à quelques centaines MILLIONS d’années. L’action semblant se situer quelques générations après le début de cette période, il faudra ainsi attendre très trèèèès longtemps pour les lendemains qui chantent, et la chute des températures semble toujours en cours, donc le pire est à venir.

FIRE PUNCH © 2016 by Tatsuki Fujimoto

FIRE PUNCH © 2016 by Tatsuki Fujimoto

De plus, quand on y pense, les crises économiques récentes ont conduit à un populisme des plus dangereux pour la paix des peuples, donc que donnerait réellement l’arrivée d’une ère glaciaire dans notre monde actuel, une fois que ce dernier aurait compris que le miracle ne viendra pas ? Après tout, les changements climatiques du Moyen Âge, que nous avions évoqués il y a peu dans cet article, ont bien poussé des populations entières à attaquer celles qui avaient encore des terres fertiles. Certes il parait que l’humanité a bien évolué depuis mais face à un phénomène de l’ampleur d’une glaciation, notre civilisation parait bien fragile, et le chaos est une possibilité.

C’est donc un monde sans pitié et en guerre qui nous accueille – même si le côté guerre n’est pas encore détaillé dans le récit. Le territoire où se déroule Fire Punch est dominé par le royaume de Behemdorg qui constitue la seule force armée et organisée du coin, et qui fait donc ce qui lui chante, ramenant l’humanité 1000 ans en arrière : les femmes servent soit à soulager les soldats après la bataille soit, si elles sont moches, à procréer en boucle jusqu’à leur mort. Les vieux ne servent à rien et sont donc tués pour ne pas avoir besoin de les nourrir et les esclaves sont votre cadeau favori dès que vous montez en grade…

FIRE PUNCH © 2016 by Tatsuki Fujimoto

FIRE PUNCH © 2016 by Tatsuki Fujimoto

Néanmoins, dans ce récit, il y a des gens avec… des supers pouvoirs. OUÉÉ ! DES SUPERS POUVOIRS ! ON EST SAUVAAYYY ! /o/ \o\ \o/

Peeeerduuuuu ! Toujours pas.

Reprenant cet artefact du pouvoir, pourtant synonyme du super héros complexe mais cool dans notre société moderne, FUJIMOTO en fait l’objet d’une souffrance inédite. Etre brûlé vif 24h /24 et se tordre de douleur pendant huit longues années avant de pouvoir à nouveau respirer normalement, en voilà une quête initiatique sympathique dites-moi ! Sans compter que ces pouvoirs sont aussi à l’origine d’un système d’exploitation industriel des plus ignobles dans le royaume de Behemdorg. Je vous laisse découvrir cet envers du décors dans le second tome mais dites-vous que si vous avez du mal avec l’élevage des poulets en batterie, vous ne serez pas déçu.

En définitive « With great powers came great… » euh… great souffrances ! Seul quelques êtres supérieurs, plus ou moins déifiés par la population à son service, en profitent sans aucun respect pour la vie humaine.

Tatsuki FUJIMOTO présente un monde post-apocalyptique au fond du trou et une humanité qui se dirige de la pire des manière vers son extinction… dans un esprit de vérité très punk et tel qu’il pourrait bien être, honnêtement. Il annihile tout espoir de miracle pour le lecteur… Aux habitants de Behemdorg (et d’ailleurs) l’on fait croire à un super élu au pouvoir de glace responsable de la glaciation qui pourrait être vaincu, mais c’est un combat qui semble surtout justifier l’état de guerre permanent et donner un espoir pour garder le foule sous contrôle.

Le No Future est adressé à tous les humains de ce récit, car ils n’ont le choix qu’entre glaciation et esclavagisme, mais la vengeance implacable qui s’enclenche nous ramène aussi au fameux « for you » qui s’adresse à la caste sans pitié qui manipule les foules et en a fait du bétail. Ils vont tous devoir payer… et ils vont prendre cher.

FIRE PUNCH © 2016 by Tatsuki Fujimoto

FIRE PUNCH © 2016 by Tatsuki Fujimoto

L’immortalité nous glace, la vengeance nous brûle…

Désillusion, désespoir et révolte. La vengeance terrible qui s’annonce met donc en place un scénario assez solide mais, si l’on oublie deux secondes son côté extrême, le pitch est intense sans forcément être original. Agni, gentil et empathique de nature, doit combattre cette compassion pour mener sa vengeance… Les flammes et la souffrance sont là pour le lui rappeler. Une dualité intéressante mais assez classique – le combat lumière VS obscurité de la revanche dans les mangas – et sur la longueur pas sûr qu’il embarque les foules de lecteur derrière lui.

fire-punch-2-kazeMais, alors qu’Agni retrouve déjà son ennemi mortel – Doma, transformé en barbu pacifiste, la tuile – une jeune fille prend le manga en otage pour nous raconter sa vie, face caméra, façon making of du film qu’elle s’apprête à tourner, durant les 7 dernières pages du volume 1. Une cassure du story telling inattendue, qui n’est que la première d’une longue série de rebondissements que ce personnage, Togata en couverture du tome 2 ci-contre, va apporter.

Togata est une élue possédant un pouvoir de régénération très puissant qui avait décidé jusqu’ici de rester dans son coin. Ce qu’elle a fait pendant trèèèèès longtemps. Les élus qui possèdent ce pouvoir vivent en effet plus vieux, et vieillissent à peine d’ailleurs. Ils peuvent avoir une tête de jeune adulte malgré un compteur qui affiche 130 années. Togata est encore plus vieille que ça et c’est même une passionnée d’un art culturel aujourd’hui disparu : le cinéma. Regardant en boucle les classiques de notre époque qu’elle a hérité de son père, elle se contente de vivre dans sa bulle, offrant tout juste sa protection à quelques humains qui s’occupent d’elle et la libère des taches du quotidien en échange.

Seulement, voilà, Behemdorg a accidentellement détruit sa précieuse collection et Togata s’ennuie. Et un immortel ça en connait un rayon sur l’ennui, c’est même son pire ennemi. Après avoir buté le responsable Togata essaye de se faire sauter la caboche à l’explosif mais rien n’y fait, elle semble condamner à perdurer. Heureusement arrive sa rencontre avec Agni, qu’un de ses hommes croise par hasard, et voilà qui va tout changer. Un héros et une quête de vengeance : des ingrédients pour un sacré bon film, et Togata se sent l’âme d’une cinéaste. Elle est excitée comme une puce !

Togata, cette fan-girl d'Agni le héros

Togata, cette fan-girl « d’Agni le héros »

Cet engouement va rapidement dynamiter le chemin tout tracé d’Agni. En plus de sa faculté de régénération qu’elle maîtrise à la perfection, Togata est assez ancienne pour connaître parfaitement plusieurs arts martiaux, qui ont été oubliés avec le temps et que très peu de soldats connaissent, car ils s’appuient plutôt sur les armes et les pouvoirs des élus qui les dirigent. Togata est donc inarrêtable et son obsession pour son nouveau film va de pair avec je-m’en-foutisme assez jouissif : elle se tamponne complètement des risques qu’elle prend – elle les prend tous, d’ailleurs – et son absence d’humanité créé un décalage déjanté mais génial entre la réalité et le scénario du film qu’elle met en place. Summum de sa puissance, le mangaka suit même ses desiderata : lorsqu’elle trouve redondant un second combat de suite contre un élu au pouvoir de régénération – « Oh non, la poisse ! C’est nul si tout le monde a pareil !« , on tourne la page et hop, un bon dans le temps nous révèle un décor défoncé, révélateur d’un combat sans doute épique, avec un ennemi qui vient d’être vaincu.

Cette folie et cet intérêt exclusif pour son propre amusement est cependant à double tranchant, et heureusement. En ayant choisi Agni comme héros de son film, Togata pourrait devenir un Deus Ex machina venant résoudre tous les conflits et emmenant son héros direct vers la victoire, mais FUJIMOTO est plus malin que ça et va rappeler que Togata, comme les autres élus qui ont dépassé la centaine, se moque allègrement de son prochain, et n’ont d’intérêt que pour ce qui peut le sortir de l’ennui. Changer le Némésis d’Agni, le fameux Doma, car elle va le trouver beaucoup trop mou pour le rôle, ne lui poserait par exemple pas plus de problème que ça, et ce n’est qu’un élément d’une longue liste…

En plus de son scénario solide, Tatsuki FUJIMOTO – que Sui ISHIDA (Tokyo Ghoul) traite avec humour mais pertinence de déjanté ! – introduit donc un électron libre dans son récit, ainsi que quelques personnages secondaires qui vont incarner différentes opinions et chemins face à ce monde qui gèle, petit à petit : avoir la foi, perdre son humanité pour survivre, choisir de tout détruire, s’en moquer et profiter… Fire Force est un cocktail instable et explosif  mais totalement fascinant. Ce manga, c’est de la dynamite !!!

Fire-Punch tome 1Fiche descriptive

Titre : Fire Punch
Auteur : Tasuki FUJIMOTO
Date de parution du dernier tome : 23 août 2017
Éditeurs fr/jp : Kazé Manga / Shueisha
Nombre de pages : 192 n&b
Prix de vente : 7.99 €
Nombre de volumes : 2 / 6 (en cours – l’auteur en annonce 9 à terme)

Visuels : © 2016 by Tatsuki Fujimoto

Pour en savoir plus vous pouvez jeter un œil sur la preview ci-dessous ou sur l’interview découverte que nous avons réalisé il y a peu sur le site de Journal du Japon. Un minisite réalisé par l’éditeur Kazé Manga est aussi disponible, ici

 

Concours Photo 2017 : les résultaaaaats \o/

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Les voici les voilà les résultats du concours paoru 2017 ! Malgré une année calme pour le blog en terme de publication vous être venus nombreux pour participer et vous amuser. C’était cool, passons maintenant aux résultats.

Concours 2017 Gagnants

Le Bilan

Pas loin de 60 participants comme l’an dernier et 152 photos, un très bon ratio vu que cette année je limitais le nombre de photo à 5. Difficile de départager tout le monde, nous nous sommes mis à 10 jurés pour examiner vos clichés puis pour voter chacun pour nos dix participants préférés et lui attribuer ainsi de 1 à 10 points.

Cette année pour aller dans le top 20 il fallait au moins 10 points, donc soit un coup de coeur d’un juré soit 2 ou 3 jurés qui votent pour vous. Les 10 jurés ont mis 36 photographes en avant dans leurs votes donc, même si vous n’êtes pas dans le top 20, dites-vous que vous vous n’avez pas pour autant fait un bide.

De l’autre côté certains ont mis tout le monde d’accord, la gagnante de cette année a récolté des points chez tous les jurés et il y a vraiment un top 3 qui se dégage avec 20 points d’avance entre la 3e et la 4e place.

Ce qui a plu est un mélange de plusieurs facteurs : une photo réussie d’une série qu’un juré va aimer y fait beaucoup évidemment, mais nous avons parfois voté pour des séries que nous ne connaissions pas, en raison d’une qualité technique évidente (composition, gestion de la lumière, etc.), d’originalité dans la mise en scène, de l’humour aussi !

Il y a eu assez peu de photo de collection cette année, comme d’habitude, c’est toujours difficile de ne pas faire trop liste dans ce cas là, mais on peut faire des choses sympa comme celle d’Olivier qui lui a permis d’être dans le top 20 avec son mur de manga. Les photos réalisées avec un appareil photo et non un portable ont forcément des potentiels différents, mais les différences de qualité ne sont plus aussi criantes, surtout entre un mobile et un APN. En tout cas la limite à 5 photos nous a permis d’éviter des défilés de photos sans beaucoup de saveur, et ça rend l’album beaucoup plus digeste et pousse le concours vers le haut. Je garde l’idée pour l’an prochain.

Enfin de gros efforts ont été faits sur les commentaires envoyés avec ces photos : vos petits textes fait avec pédagogie, humour ou passion apportait un vrai plus.

Bref, il y aura surement des déçus mais je ne peux que vous encourager à retenter votre chance l’an prochain car il y a vraiment des profils très variés, et les 5 premiers sont rarement les mêmes : l’inspiration ne vient pas chaque année, donc il y a un assez bon turn over.

Un grand merci en tout cas à toutes et tous pour vos participations souvent très enjouées et, comme l’année dernière, merci pour vos petits mots et remerciements dans vos mails ! Allez, j’arrête de trainer, voici les résultats de cette édition 2017 !

Les résultats

1ère place : Maiwei

Coup de cœur perso pour cette photo. De 4 jurés d’ailleurs, qui l’ont mis en première place. Elle est sur une série que j’adore, To Your Eternity, mais c’est vraiment la compo et la douceur de l’ensemble qui m’ont fait craquer. Maiwei était 3e en 2016 et elle se hisse en première position pour cette photo mais aussi pour une deuxième sur le manga Minuscule qui a été le coup de cœur d’une de nos jurés et qui a aussi eu son petit succès. Sur 3 photos envoyés, 2 ont fait mouche : bravo à Maiwei, qui sera la concurrente à défier l’an prochain !!!


Maiwei remporte donc : 3 books au choix + 1 combo au choix + les 10 marque-pages + 1 set complet d’ex-libris + 3 stickers doki au choix + 1 goodies au choix.

2e place : Agnès B.

Première participation, une photo, deuxième place. Pas mal non ? Deux première place, trois seconde place, des points chez les deux tiers de jurés, ce montage de Père et Fils a fait son petit effet. La série a son propre capital sympathie qui a forcément aidé mais il faut reconnaître qu’il y a un vrai effort,  nouveau de mise en scène.

Agnes Père et Fils

Agnès remporte, selon ce qu’aura choisi Maiwei : 2 books au choix + 1 combo au choix + les 10 marque-pages + 1 set complet d’ex-libris + 2 stickers doki au choix + 1 goodies au choix.

3e place : Mélanie M.

Ce fut mega serré avec Agnès : a un point près ! Avec ses 5 photos, Mélanie a touché tous les jurés mais pas toujours pour la même photo, et avec un nombre de points moins élevé en général. Un panel de photo assez varié pour sa seconde participation : de la plus simple Sayonara Football à la nettement plus travaillé comme Prophecy ou cette mini histoire Pokémon ! Je vous laisse découvrir :

               

Mélanie remporte, selon les choix précédents : 1 book au choix + 1 combo au choix + 5 marque-pages au choix + 1 set complet d’ex-libris + 2 stickers doki au choix + 1 goodies au choix.

4e place : Nath 

Même si Nath a envoyé 3 photos c’est vraiment son cliché sur Blue Spring Ride qui nous a séduit, et qui lui vaut même une pôle position chez l’une de nos jurés. Pareil une composition qui va très bien avec la série, qui possède des couvertures magnifiques pour ne rien gâcher. Belle lumière également. Tout comme Léa c’est la seconde participation de Nath, qui nous avait fait un beau cliché de The Ancient Magus Bride l’an dernier, la hissant en 13e position sous le pseudo de Missino. Record battu, te voilà dans le top 5 Nath !

Nath Blue Spring Ride

Nath, selon les choix précédents, remporte : 1 book au choix + 1 combo au choix + 5 marque-pages au choix + 3 ex-libris au choix + 1 sticker doki au choix + 1 goodies au choix.

5e place : Léa F.

Une seule photo aura été la bonne. Ce cliché de Cesare est un modèle de composition et le fruit (c’est le cas de le dire) d’un belle recherche… Très belle gestion des couleurs. Après une photo Death Note au concours 2016 qui avait fait chou blanc, voilà une photo immersive qui mérite sa place dans le top 5. Jolie progression Léa !

Léa F. Cesare

Léa, selon les choix précédents, remporte: 1 book au choix + 5 marque-pages au choix + 3 ex-libris au choix + 1 sticker doki au choix + 1 goodies au choix.

6e place : Margaux L.

Les mémoires de Vanitas a été une série assez plébiscité dans vos photos. Logique que la plus réussie du genre figure en 6e place avec un cliché de Margaux qui joue a merveille sur le mélange des teintes bleue et jaune. Là encore c’est une seconde participation, et Margaux récidive sa 6e place de l’an dernier ! Pourra-t-elle enfin atteindre le top 5  l’an prochain ? Mystèèèèère ^^
Margaux L. Les mémoires de vanitas

Margaux L. remporte, selon les choix précédents : 1 book au choix + 4 marque-pages au choix + 2 ex-libris au choix + 1 sticker doki au choix + 1 goodies au choix.

7e place : Justine M.

Après une 6e place en 2015 et une 15e l’an dernier, Justine revient dans le top 10 pour sa 3e participation ! Deux de ses photos ont retenu l’attention de nos jurés (dont moi d’ailleurs) grâce à un montage original entre photo live et insertion d’un perso 2D. Humour et originalité, rien de tel pour séduire les jurés !

 Justine M1   Justine M2

Justine M. remporte, selon les choix précédents : 1 book au choix + 4 marque-pages au choix + 2 ex-libris au choix + 1 sticker doki au choix + 1 goodies au choix.

8e place : Shizaya / Karen

Pas toujours évident de se glisser dans le top 10 à la première participation, donc bravo à Karen ! Elle récolte des points sur plusieurs de ses photos mais c’est surtout son cliché Barakamon qui lui vaut sa place dans ce top 20 grâce à une pôle position chez un de nos jurés. En ce qui me concerne j’ai aussi glissé quelques points pour sa mise en scène sur Sky-High Survival, façon cosplay !

Karen n°1 Barakamon Karen n°4 Sky High Survival

Karen n°2 Tokyo Ghoul

Shizaya remporte, selon les choix précédents : 1 book au choix + 3 marque-pages au choix + 2 ex-libris au choix + 1 sticker doki au choix.

9e place : Célia T.

Death Note reste un classique dans vos photos, mais c’est en pariant également sur Given – bien représenté cette année – que Célia a séduit 5 jurés avec une pôle position. Ajoutez-y un vote pour son cliché original et pertinent sur Man in the Window et hop, top 10 ! Pas mal du tout pour une première participation 🙂

 Célia 1 Given  Célia 3 man in the Window Célia 2 Death Note

Célia T. remporte, selon les choix précédents :1 book au choix + 3 marque-pages au choix + 2 ex-libris au choix + 1 sticker doki au choix.

10e place : Michel D.

On complète ce top 10 avec une photo de Gangsta bien classe (et dans l’esprit de la série) ainsi que le cliché le plus populaire sur My Hero Academia, une série qui avait le vent en poupe ! Comme nombre d’autres, c’est une première participation.

Michel n°1 Gangsta

Michel n°2 Hero Academia

Michel D. remporte, selon les choix précédents : 1 book au choix + 3 marque-pages au choix + 2 ex-libris au choix + 1 sticker doki au choix.

11e place : Amandine M.

Seconde participation et net progrès cette année : la simple photo de collection de 2016 a laissé la place à un peu de mise en scène et des choses amusantes comme son cliché Chi ou sa jolie photo Au dela des apparences. Manque plus qu’un appareil photo de meilleure qualité pour mieux gérer la lumière et le top 10 sera pour 2017, y a moyen !

 Amandine Chi  Amandine Au dela des apparences 

Amandine M. remporte, selon les choix précédents : 1 book au choix + 3 marque-pages au choix + 1 ex-libris au choix + 1 sticker doki au choix.

12e place : Perrine A.

20e en 2015, 19e en 2016, et un joli bond de 7 places au classement pour miss Perrine. Des progrès indéniables dans la mise en scène et le niveau de détail lui permettent de frôler le top 10 à 2-3 points près et même d’être la dixième pôle position de cette édition 2017. Cette année ont été mis à l’honneur Ugly Princess et Marie Antoinette.

 Perrine A. Ugly Princess Perrine A. Marie-Antoinette

Perrine remporte, selon les choix précédents : 1 book au choix + 3 marque-pages au choix + 1 ex-libris au choix + 1 sticker doki au choix.

13e place : Olivier B.

Le doyen du concours ! Il en a même remporté quelques éditions et il continue de participer chaque année, tout en m’aidant d’ailleurs à son organisation (merci l’ami). Du côté de ses photos, difficile de trouver de nouvelles idées sur sa thématique phare, les mangas et la nourriture, mais les photos sont toujours nickel avec des gâteaux toujours fait maison, s’il vous plait ! La photo des princes du thé s’accompagne d’une chouette photo de collection de manga, LE MUR, témoin d’une impressionnante collection.

Olivier Concours photo 2017 Olivier Tea time Olivier Concours photo Paoru 2017 Olivier

Olivier remporte, selon les choix précédents : 1 book au choix + 3 marque-pages au choix + 1 ex-libris au choix + 1 sticker doki au choix.

14e place : Gé Rome

Un confrère chroniqueur qui participe pour la seconde fois au concours et qui gagne 3 places !  Comme l’an passé (avec Nana, photo mémorable), Gé rome mélange de la jolie photo à une ou idée amusante… Je vous laisse juge :

Ge rome Coffee Time Ge rome Nobles paysans

Ge rome Meckaz

Gé Rome remporte, selon les choix précédents : 1 book au choix + 3 marque-pages au choix + 1 ex-libris au choix + 1 sticker doki au choix.

15e place : Johanna C.

Et de 3 participation pour miss Johanna ! La gagnante de l’édition 2016 réussit son 3e top 20 en 3 ans et nous a proposé deux photos cette année : l’Attaque des titans et Conan, qui ont chacune retenu l’attention de 2 jurés. Quand on regarde les photos de plus près on voit qu’il y a eu pas mal de travail dans les compositions, mais c’est vrai que ça ne saute pas aux yeux au premier abord car les photos sont assez chargées.

Johanna Conan  Johanna L'Attaque des Titans

Johanna remporte, selon les choix précédents : 1 book au choix + 3 marque-pages au choix + 1 ex-libris au choix + 1 sticker doki au choix.

16e place : Smiley Sucette

3 jurés séduits par le duo de photo de cette nouvelle participante : un très joli noir et blanc sur l‘Enfant et le maudit et une chouette photo couleur de Minuscule, autre série populaire de ce concours.

SS Minuscule SS L'enfant et le maudit

Smiley Sucette remporte, selon les choix précédents : 1 book au choix + 3 marque-pages au choix + 1 ex-libris au choix + 1 sticker doki au choix.

17e place : Héléna L

Deuxième participation et premier top 20 pour Héléna,  grâce à une photo de Joséphine l’impératrice qui a plu a deux de nos jurés. Y en a qui sont allés piquer des bijoux à maman ou mamie ! ^^

ellhostis ''Joséphine L'impératrice''

Héléna remporte, selon les choix précédents : 1 book au choix + 3 marque-pages au choix + 1 ex-libris au choix + 1 sticker doki au choix.

18e place : Aurore

5 jurés ont donné chacun un peu de point à cette nouvelle participante. Pour ma part et celle de deux autres jurés c’est pour son cliché March Comes in Like a Lion, qui m’a fait bien rire, surtout que les chats de la série sont tordants. Sa photo sur X de CLAMP en a séduit deux autres. Une nouveauté manga et un classique, elle a bon goût Aurore !

Aurore X Aurore March Comes in Like a Lion

Aurore remporte, selon les choix précédents : 1 book au choix + 3 marque-pages au choix + 1 ex-libris au choix + 1 sticker doki au choix.

19e place : Tito

Notre concurrent qui fait feu de tout bois avec ses mangas pour sa première participation ! Si sa photo sur le barbecue de manga n’a eu aucun point, celle de la parodie de FMA était déjà plus dans le ton et a amusé deux jurés :

Tito FMA

Tito remporte, selon les choix précédents : 1 book au choix + 3 marque-pages au choix + 1 ex-libris au choix + 1 sticker doki au choix.

20e place : Laetitia C.

Deuxième participation et top 20 de justesse grâce à une photo l’Attaque des titans qui ne manque pas d’humour non plus, il faut bien l’avouer ^^

Laetitia C Attaque des titans

Laetitia C. remporte, selon les choix précédents : 1 book au choix + 3 marque-pages au choix + 1 ex-libris au choix + 1 sticker doki au choix.


Et c’est ainsi que se termine la liste des 20 gagnants de ce concours. Je les contacte la semaine prochaine par mail pour l’organisation de l’expédition des lots.

Je tiens quand même à rajouter quelques félicitations pour certains participants qui ne sont passés vraiment pas loin de ce top 20, à un point près bien souvent : Marie Laure, Kelly D, Pika Chouw, Véronique M, Cassandra C, Julie G, Laureen, Atsu Ayase, Pauline C, Isabelle A , JC D, Jordan, Julie R, Gregoire S, Adam K, Ly A. Plusieurs d’entre-eux étaient classés dans le top 20 les années précédentes, donc j’espère que vous retenterez l’an prochain, vous avez vos chances !

Merci enfin à tous les participants, malgré les photos floues, mal cadrées ou qui manquait de pratique niveau mis en scène, nous en avons eu pour tous les goûts ! Venez faire un dernier tour dans l’album photo sur notre page Facebook,  laissez-y vos commentaires.

Voilà, rendez-vous en octobre pour à nouveau parler de manga, et à l’année prochaine pour les participants, ce sera avec plaisir ! 🙂

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Concours photo 2016 : les résultats !

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Voici enfin les résultats de ce concours 2016, toujours aussi populaire depuis sa mise en place en 2012, comme en témoigne les petits mots  de remerciements dans les mails des participants : vous vous amusez chaque année pour faire les plus chouettes photos, c’est super motivant pour votre serviteur !

Gagnants Paoru 2016

Le Bilan

Résultats de cette année 2016 : pas loin de 80 participants comme l’an dernier et 205 photos, un record ! Une fois de plus le choix fut des plus ardus pour les onze jurés qui ont accepté de tout passer en revue puis de voter pour leur dix participants préférés. Certains ont mis tout le monde d’accord, la nouvelle gagnante de cette année étant dans le top 5 de 8 jurés par exemple. Pour arriver dans le top 20 il fallait séduire au moins deux jurés et ce sont au final 41 noms qui sont ressortis des votes. Ça c’est souvent joué à pas grand chose : autant les deux premiers ont chacun plus de 10 points d’avance sur leur suivant, autant ça se joue à 1,2 ou 3 points de la 3e à la 6e place par exemple.

Ce qui a plu est un mélange de photo réussi, techniquement parlant (composition, gestion de la lumière, etc.), d’originalité et d’humour (on a bien rigolé sur certaines,) de l’adéquation entre la mise en scène et le manga concerné ou alors d’un joli contre-pied, comme ce fut le cas des deux photos avec Nana par exemple, du beau WTF ! Assez peu de photo de collection cette année, mais elles ont été plutôt soignées avec des ajouts de figurines, de poster, etc. Des efforts ont été faits sur les commentaires envoyés avec ces photos : ils donnent plus facilement un contexte et une ambiance, ils racontent une histoire aussi… Ça peut aider au coup de cœur !

Ensuite… le fait de prendre vos photos avec un appareil photo et non un portable a pu jouer par moment, mais les différences de qualité s’effacent d’année en année pour l’œil du béotien d’année en année. Le fait de faire plusieurs photos en a avantagé certains en touchant un plus grand nombre de jurés, mais aussi desservi d’autres s’ils privilégiaient la quantité au dépend de la qualité. Je pense mettre un maximum à 5 photos l’an prochain, pour pousser ceux qui ont tendance à shooter à tout va à passer plus de temps sur chacun de ses clichés.

Bref, il y aura surement des déçus (des mécontents, peut-être) mais je ne peux que vous encourager à retenter votre chance l’an prochain car, comme vous allez le voir, le classement est loin d’être redondant et beaucoup de nouveaux noms ont pris la place des gagnants des éditions précédentes. La concurrence est rude, en somme.

Un grand merci en tout cas à toutes et tous pour vos participations souvent très enjouées et, je le répète mais ce fut très touchant, merci pour vos petits mots et remerciements dans vos mails ! Allez, arrêtons de vous faire languir, en route pour les résultats de cette édition 2016 !

Les résultats

1ère place : Johanna C.

Comme en 2015 c’est encore un nouveau nom tout en haut du podium ! Après une 4e place en 2014 et une 10e place l’an dernier, Johanna C. remporte l’édition 2016 grâce à deux clichés qui ont séduit les jurés. Ses photos mettent à l’honneur One Piece (Glénat) et Run Day Burst (Ki-oon), soit un manga hyper populaire (qui a inspiré plein de monde cette année) et un autre malheureusement trop méconnu. Chacun remporte autant de votes que l’autre : shooter un blockbuster ne fait donc pas tout, tant mieux ! Ces photos sont joliment travaillées, chaque élément est à la place parfaite et la gestion des ombres et lumières est splendide… Bravo !

Johana-one-piece-12  johana-rdb

Johanna C. remporte donc : 1 LN au choix, 1 manga double ou tome 1-tome 2 au choix et un autre tome 1 de manga au choix, un des book au choix, 1 sac au choix et 1 goodies au choix ! Encore bravo, on compte sur elle prochain pour défendre son titre !

2e place : Vi T.

Gagnante du concours en 2012,2013,2014, Vi avait un peu séché l’an dernier en finissant 9e, mais elle montre qu’il faut toujours compter avec elle avec une seconde place cette année. Elle nous a envoyé deux clichés mais c’est vraiment sa photo de Food Wars (Tonkam-Delcourt) qui a fait l’unanimité, classé en première position chez 3 jurés ! Il faut dire qu’elle a été shootée sur le vif, chapeau !

vi-toan-food-wars

Vi remporte, selon ce qu’aura choisi Johanna : 1 LN au choix, 1 manga double ou tome 1-tome 2 au choix ou un autre tome 1 de manga au choix, un des book au choix, 1 sac au choix et 1 goodies au choix !

3e place : Maiwei

Encore une petite nouvelle, qui frappe fort pour sa première participation ! Plébiscitée par 5 jurés ( qui l’ont tous mis dans dans leur top 5 !), Maiwei a séduit avec deux clichés. C’est sa photo d’Arte (Komikku), mignonne et colorée (comme son héroïne qui a inspiré beaucoup de participants), qui lui vaut la majorité des votes. Cela dit, son cliché Space Brothers (Pika) joliment mis en scène avec un peu de poésie, a touché deux autres jurés également. Je vous laisse les découvrir :

 maiwei-arte  maiwei-space-brothers

Maiwei, selon les choix précédents, remporte : 1 LN au choix, 1 manga double ou tome 1-tome 2 au choix ou un autre tome 1 de manga au choix, un des book au choix, 1 sac au choix ou 1 goodies au choix !

4e place : Laura C.

Une habituée du concours qui vient encore tutoyer les premières places ! Laura C. a trouvé son style l’an dernier, qui mixait couv de manga et petits personnages en papiers très expressifs, et elle nous en a proposé toute une sélection cette année. Six jurés ont voté pour ses photos, et plus précisément pour 3 d’entre elles de One Piece (Glénat) et Naruto (Kana) sur la petite dizaine proposée. Il faut dire que ces photos sont pleine d’humour et collent bien à ces protagonistes que l’on connait tous. La seule chose qui lui a peut-être fait perdre des points c’est que plusieurs clichés sont sans manga, certains jurés les ont donc vus comme un léger hors sujet au vu du thème du concours. J’ai laissé l’appréciation libre à chacun des jurés en tout cas. D’autant que je me suis bien marré en regardant les dites photos, jugez plutôt :

 laura-c-Naruto laura-c-One Piece

laura-c-One Piece

Laura C., selon les choix précédents, remporte: 1 LN au choix, 1 manga double ou tome 1-tome 2 au choix ou un autre tome 1 de manga au choix ou un des book au choix, 1 sac au choix ou 1 goodies au choix !

5e place : Anna Ys

Une fois de plus, voici une nouvelle qui arrive d’emblée dans les premières places. Cinq jurés ont voté pour sa photo du manga Père et Fils (Ki-oon). La photo est nickel sur le plan technique mais c’est surtout la composition que je trouve magnifique, et totalement en symbiose avec ce titre qui a inspiré vraiment beaucoup de monde cette année.

anna-ys Pere et Fils

Anna Ys, selon les choix précédents, remporte: 1 LN au choix, 1 manga double ou tome 1-tome 2 au choix ou un autre tome 1 de manga au choix ou un des book au choix, 1 sac au choix ou 1 goodies au choix !

6e place : Margaux L.

Six jurés ont voté pour les photos des Gouttes de Dieu (Glénat) ou de Cesare (Ki-oon). La première est efficace, avec une bonne composition, et j’ai eu un coup de cœur pour la rose ensanglantée de la seconde.  Les voici :

 margaux-l-cesare  margaux-l-gdd

Margaux L. remporte, selon les choix précédents : 1 manga double ou tome 1-tome 2 au choix ou un autre tome 1 de manga au choix ou un des book au choix, 1 sac au choix ou 1 goodies au choix !

7e place : Myss Tik’s

Encore une nouvelle au classement, qui nous apporte une touche de jeu vidéo dans ce classement, grâce à son cliché de Résident Evil, le manga de Kurokawa, qui a plu à 5 de nos jurés. La photo est super clean il faut dire, avec des accessoires de collectionneurs :

mysstik-2

Myss Tik’s remporte, selon les choix précédents : 1 manga double ou tome 1-tome 2 au choix ou un autre tome 1 de manga au choix ou un des book au choix, 1 sac au choix ou 1 goodies au choix !

8e place : Mélanie M.

Autre série populaire cette année : Assassination Classroom (Kana) ! Mais si Mélanie M. est dans le top 10 c’est aussi grâce à une photo réussie de collection, dédiée à Naruto. Une mise en scène sympa et une photo parfaitement ordonnée, c’est le combo qui a donc fait mouche auprès de 4 jurés !

 melanie-Naruto melanie-Assassination Classroom

Mélanie M. remporte, selon les choix précédents : 1 manga double ou tome 1-tome 2 au choix ou un autre tome 1 de manga au choix ou un des book au choix, 1 sac au choix ou 1 goodies au choix !

9e place : Julie R.

Je me rends compte que nous n’avons que des demoiselles dans ce classement jusqu’ici ! Coïncidence ou pas c’est avec deux shôjos géniaux que Julie R. séduit elle aussi 4 jurés et se hisse à la 9e position : Switch Girl (Akata-Delcourt) et Orange (Akata) sont dans la place et Julie a donné de sa personne pour ce concours !

julie-concours-photo-orange julie-concours-photo-switch-girl

Julie R. remporte, selon les choix précédents : 1 manga double ou tome 1-tome 2 au choix ou un autre tome 1 de manga au choix ou un des book au choix, 1 sac au choix ou 1 goodies au choix !

10e place : Agathe D.

Encore une nouvelle participante, mais pas n’importe laquelle puisque c’est à elle que j’ai donné mes 10 points de juré, sur un manga que je connais pourtant assez mal, Mon Histoire (Kana). Sa photo de manga en vrac, bien travaillée et assez drôle a aussi fait rire tout ceux qui ont une tonne de lectures en retard. En tout cas un très joli travail post-photo, bravo !

agathe-concours-manga agathe-Mon histoire

Agathe D. remporte, selon les choix précédents : 1 manga double ou tome 1-tome 2 au choix ou un autre tome 1 de manga au choix ou un des book au choix, 1 sac au choix ou 1 goodies au choix !

11e place : Laëtitia C.

Plusieurs photos de Laëtitia on tapé dans l’œil du jury : son cliché appétissant des Gouttes de dieu (Glénat), l’amusant escalier de One Piece (Glénat) et une composition de circonstance pour Re Life (Ki-oon). Voici le trio :

laetitia-gouttes-de-dieu laetitia-one-piece

laetitia-relife

Laëtitia C. remporte, selon les choix précédents : 1 manga double ou tome 1-tome 2 au choix ou un autre tome 1 de manga au choix ou un des book au choix, 1 sac au choix ou 1 goodies au choix !

12e place : Maryse Inyzant

Simple et bien pensée, cette photo de One Piece qui sent bon les vacances et le farniente a visiblement fait envie à deux jurés qui l’ont mis respectivement première et 4e de leur top.

inyzant-m One Piece

Maryse remporte, selon les choix précédents : 1 manga double ou tome 1-tome 2 au choix ou un autre tome 1 de manga au choix ou un des book au choix, 1 sac au choix ou 1 goodies au choix !

13e place : Missino

J’ai tout de suite flashé sur cette photo de The Ancient Magus Bride, qui est une série de Komikku qui donne lieu a de superbes photos cette année comme ce fut le cas dans le concours 2015. L’autre juré séduit par le travail de Missino a lui flashé sur le cliché de Welcome to the Hotel Williams Child Bird (Taifu) que je trouve là aussi pleine de charme. Pour moi c’est l’un des concurrents qui pourrait vraiment rentrer dans le top 5, il ne lui manque pas grand chose !

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Missino remporte, selon les choix précédents : 1 manga double ou tome 1-tome 2 au choix ou un autre tome 1 de manga au choix ou un des book au choix !

14e place : Olivier B.

Un habitué du concours que l’ami Olivier B. qui a tenté cette année le pari de cuisiner en s’inspirant des mangas, Chocola & Vanilla et les Petites Fraises édités par Kurokawa. Le résultat est certainement encore meilleur que la photo. Olivier l’an prochain, envoie des parts des gâteaux aux jurés et on te met premier direct ! 😉

olivier-chocola-vanilla-02

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Olivier B. remporte, selon les choix précédents : 1 manga double ou tome 1-tome 2 au choix ou un autre tome 1 de manga au choix ou un des book au choix.

15e place : Justine M.

Sixième de l’édition 2015 (c’était même mon coup de cœur de l’an dernier !), Justine se classe à nouveau dans le top 20 grâce au vote de 4 jurés avec le seul cliché monochrome du top 20 (entre sépia & NB ici), dédié à Tokyo Ghoul (Glénat). L’accord manga-café-photo est juste nickel.

Tokyo Ghoul Justine

Justine M remporte, selon les choix précédents : 1 manga double ou tome 1-tome 2 au choix ou un autre tome 1 de manga au choix ou un des book au choix.

16e place : Théa

Deux jurés ont été séduits par le cliché d’Alice (Ki-oon), et il a même été le coup de cœur de l’un d’entre eux. Il faut dire qu’on a de chouettes couleurs là-dedans !

Théa Alice

Théa remporte, selon les choix précédents : 1 manga double ou tome 1-tome 2 au choix ou un autre tome 1 de manga au choix ou un des book au choix.

17e place : Gé rome

Le 3e participant masculin de l’édition nous a envoyé un florilège de photos soit très classes, soit très drôles. C’est un peu des deux qui a été apprécié, comme en témoigne les deux photos qui ont recueilli des suffrages :

gerome-ashita-no-joe

gerome-nana-la-verite

Gé rome remporte, selon les choix précédents : 1 manga double ou tome 1-tome 2 au choix ou un autre tome 1 de manga au choix ou un des book au choix.

18e place : Zaher

En voilà un drôle de pseudo ! Comme Théa, c’est un coup de cœur d’un juré qui lui a permis d’être dans le top 20, pour cette photo de One Piece. En même temps la photo est nickel et le moment des plus touchants, non ?

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Zaher remporte, selon les choix précédents : 1 manga double ou tome 1-tome 2 au choix ou un autre tome 1 de manga au choix ou un des book au choix.

19e place : Perrine A.

La 20e de l’an dernier gagne une nouvelle place en reprenant la thématique musicale de l’an dernier, et en la dédiant cette fois-ci à Your Lie in April (Ki-oon). Quel manga musical aura les honneurs de passer sous son appareil l’an prochain ? Ah et big up Basse-Normandie au passage, si vous permettez !

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Perrine A. remporte, selon les choix précédents : 1 manga double ou tome 1-tome 2 au choix ou un autre tome 1 de manga au choix ou un des book au choix.

20e place : Marie V.

Ah ça me fait plaisir que My Hero Academia (Ki-oon) arrive à faire partie des gagnants de cette édition. Merci à Marie V. pour sa photo toute simple mais amusante, qui ne se prend pas au sérieux, comme le manga.

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Marie V. remporte, selon les choix précédents : 1 manga double ou tome 1-tome 2 au choix ou un autre tome 1 de manga au choix ou un des book au choix.

Et c’est ainsi que se termine la liste des 20 gagnants de ce concours. Je les contacte la semaine prochaine par mail pour l’organisation de l’expédition des lots.

Je tiens quand même à rajouter quelques félicitations pour certains participants qui ne sont passés vraiment pas loin de ce top 20, à un point près bien souvent : Sylvie B., Johanna G, Alyssia, Céline G., Mylena G, Exil, Marine G, Isabelle B, Mélanie K, Isabelle A, Jenny L, Sara S, Fanny, Julie G, Damien C, Virgine P, Emilie P, Boul Seb, Tomy Tito, Adelaide M et Nadège… Plusieurs d’entre-eux étaient classés dans le top 20 les années précédentes, donc j’espère que vous retenterez l’an prochain, vous avez vos chances !

Merci enfin à tous nos participants, malgré les photos floues, mal cadrées ou un peu répétitives, nous en avons eu pour tous les goûts et surtout en quantité ! Venez faire un dernier tour dans l’album photo sur notre page Facebook, et d’y laisser vos commentaires.

Rendez-vous dans quelques jours pour le retour des chroniques manga (il y avait beaucoup de bonnes choses à lire en cette rentrée) et je compte sur vous l’an prochain pour un autre concours photo, ce sera avec plaisir 🙂

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Rentrée manga 2016 : un bilan des nouveautés

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En ce premier weekend d’octobre, il est temps de faire un petit bilan sur les nouveautés manga de la rentrée : avec 15-20 tomes 1 en août et le double en septembre, c’est une cinquantaine de nouveautés qui ont inondé les librairies. J’en retiens 5 pour le moment. J’ai totalement flashé sur Golden Kamui et j’ai tenté de vous convaincre de l’essayer dans les colonnes de Journal du Japon, mais d’autres titres méritent aussi votre attention et je vous présente aujourd’hui les 4 plus convaincants : Springald chez Ki-oon, Rouge Eclipse chez Akata, Wizard’s Soul chez Doki-Doki et SK8R’S chez Kana.

En route pour ces chroniques… Bonnes lectures à toutes et tous !

springald-ki-oonSpringald de Kazuhiro FUJITA chez Ki-oon : je vais peut-être me faire taper sur les doigts en disant ça, mais je ne suis pas forcément un grand fan de FUJITA. En effet, le monsieur est connu dans l’hexagone pour ses shônens même s’ils peinent à bien se vendre : Ushio et Tora, Karakuri Circus, Moonlight Act, c’est lui. Cependant, nous sommes aujourd’hui dans un cas de figure un peu différent puisque Springald ne nous vient pas des pages du Shônen Sunday comme les autres, mais du Morning de chez Kodansha, un magazine qu’on aime tous je pense, vu qu’il a vu passer Billy Bat, Space Brothers, Vagabond, Cesare, Les Gouttes de Dieu et j’en passe…

Voici donc un seinen, one-shot de 248 pages, inspiré d’un personnage célèbre de la littérature anglaise, Spring-Heeled Jack alias Jack Talons-à-Ressort. Nous sommes à Londres dans sa célèbre époque victorienne, dans la première moitié du XIXe pour être plus précis. L’essor économique et la révolution industrielle en sont à leurs débuts et les 2 millions d’habitants de la capitale ne connaissent pas encore des nuits paisibles : éclairage public pas vraiment efficace voire absent, police municipale naissante et centre ville qui fourmille de différentes populations issues d’un exode rural forcé et synonyme de misère. Un terreau pour le crime, la boisson et des nuits qui ne sont donc pas vraiment sûres.

C’est justement un soir de novembre 1837 que le fameux Jack fait son apparition, arrachant les vêtements d’une jeune serveuse mais finissant par s’enfuir dans un rire sardonique, se gaudissant de ses victimes. La légende naît ainsi et Kazuhiro FUJITA a visiblement pris beaucoup de plaisir à nous la raconter. Son Jack est un personnage aussi farceur que terrifiant, imprévisible et fantasque, bondissant d’un toit de tuiles à l’autre, crachant des flammes bleues et rigolant de ses propres mauvais tours. C’est un méchant qu’on aime tout de suite, un monstre-qui-n’en-est-pas-vraiment-un, celui qui peut effrayer les plus petits mais dont on aimerait revêtir le costume une fois plus âgé, car il est synonyme de liberté et d’amusement sans conséquence.

Evidemment, Jack se découvre rapidement un adversaire à sa hauteur en la personne de l’inspecteur James Rockenfield, impulsif mais observateur, qui comprend rapidement qui se cache derrière le célèbre Jack. Néanmoins le véritable ennemi de notre monstre à ressort, dans l’histoire de FUJITA, pourrait bien être une troisième personne. Après trois ans sans méfait, la légende est en effet de retour mais elle ne se contente plus de dénuder les femmes : elle les tue !

Pourquoi ? Comment ? Qui ? L’enquête et les courses poursuites sont passionnantes à suivre et trimbalent avec elle des rivalités et des amours qui donnent beaucoup de sel à l’histoire. Le trait de FUJITA prend les allures d’un conte de Burton pour sa folie sans conséquence, tandis que la gouvernante évoquera des souvenirs aux fans d’Emma. Cerise sur le gâteau : les interludes entre chapitres vont ravir les plus curieux et amateurs d’histoire car Katsuo JINKA, spécialiste des légendes urbaines londoniennes dont le livre London no Kaiki Densetsu est à l’origine de Springald, a accepté d’écrire des notices explicatives pour placer le contexte historique, social et culturel de notre fameux Jack, de l’essor du Londres industriel aux débuts de Scotland Yard…

Cette Histoire dans l’histoire est passionnante et finit d’enrichir ce one-shot qui était déjà réussi, pour en faire une petite pépite. Pépite sur le fond comme dans la forme d’ailleurs, puisque les éditions Ki-oon publient l’ouvrage avec une belle couverture, dans un papier agréable à manipuler, et qu’ils ont confié la traduction à Sébastien Ludmann dont on a pu apprécier le travail sur Cesare, Kasane, Ad Astra, … Le traducteur aligne ici le langage sur l’ambiance vieillotte du titre (tant par l’époque que par son visuel) en utilisant par petites touches quelques termes ou expressions françaises désuètes. Le soucis du détail qui fait plaisir à la lecture.

J’aurais pu faire un article complet sur ce manga mais je pense – j’espère ! –  que j’en ai assez dit pour vous convaincre de vous faire un petit plaisir en vous offrant Springald, premier opus d’une nouvelle collection dark fantasy, développée avec les éditions Kodansha sous le nom de “Black Museum”, dont on attend des nouvelles le plus rapidement possible !

rouge-eclipse-1_0Rouge Éclipse #1  de Shiki KAWABATAchez Akata :  du shôjo comme j’aime car du shôjo assez surprenant, qui ne se repose pas uniquement sur sa pointe de fantastique pour ensuite dérouler une énième romance. Le fantastique en question c’est un échange de corps : celui d’Ayumi, lycéenne parfaitement ordinaire mais enchantée car le garçon qu’elle aime veut sortir avec elle, et Zenko, une impopulaire et peu avenante camarade qui se suicide un soir de lune rouge sous les yeux d’Ayumi.

Zenko ne meurt pas, mais la jolie devient donc la moche, et vice versa. Rien de nouveau ? Et bien si, car on comprend rapidement que rien ne va se dérouler comme prévu pour le lecteur. La mangaka va marcher sur les codes narratifs habituels et déjouer les attentes, en faisant de ses personnages des gens beaucoup moins naïfs et prévisibles que d’habitude. Zenko, l’ancienne impopulaire, devient la pire des pestes dans la peau d’Ayumi : comme si ce qu’elle vient de faire ne suffisait pas – ça à la limite on comprend pourquoi elle veut changer de corps et de vie – elle va chercher à détruire psychologiquement la nouvelle occupante de son ancien corps, lui faire subir ce qu’elle a vécu dans son ancienne vie. Elle veut qu’elle souffre.

Mais l’entourage fini par avoir des doutes et ne se laisse pas si facilement manipuler par la nouvelle Ayumi. Mais il s’en faut de peu : comme dans la réalité, nous basons souvent notre jugement sur les apparences et les vraisemblances les plus simples, et en découle les drames parfois longuets des shôjos habituels. Heureusement pour le lecteur dans Rouge Eclipse il y a Kaga, amoureux en secret d’Ayumi. Ce dernier comprend que celle qu’il aime a changé du jour au lendemain tandis que la fameuse Zenko lui rappelle fortement quelqu’un. Kaga étant un garçon respecté, il met les pieds dans le plat pour empêcher que les amies d’Ayumi accusent à tort la nouvelle Zenko qui, seule, a bien du mal à digérer et gérer sa nouvelle vie. La vengeance de la nouvelle Ayumi, qui a pourtant toutes les cartes en main, n’est finalement pas jouée d’avance. Elle se retourne même, par moment, contre elle…

Mais les rebondissements viennent aussi d’autres personnages, notamment du fameux petit ami que j’évoquais au tout début, et c’est un véritable bal de dupes qui se tient dans ce premier volume, enveloppé dans un chara-design qui joue justement sur ces transformations des âmes, sur ces révélations de la noirceur humaine derrière un écrin pourtant charmant. Les twists et les changements d’ambiance en deviennent d’autant plus saisissants et font souvent mouche. La série compte seulement quatre volumes et ce premier opus se lit d’une traite, donc rendez-vous en tout cas le 13 octobre pour le second tome, ou allez faire un tour sur le site d’Akata pour y lire la preview !

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Wizard’s Soul #1 & 2  de aki eda chez Doki-Doki :  lui c’est la surprise du lot. À mi-parcours du premier tome j’ai même failli lâcher la lecture, car on ne sait pas trop où l’on va et le tramage / encrage de la mangaka n’est pas du tout ma tasse de thé et donne un rendu cheap (ou alors c’est un mauvais choix de papier, j’avoue que je botte en touche là dessus). Bref, c’était donc mal engagé. Pourtant, deux jours plus tard, je refermais le tome deux en ayant envie de lire la suite de cette  série qui en compte quatre. L’héroïne et son histoire des plus déprimantes, la pauvre, m’ont séduit.

 wizards-soul-1-doki  wizard-soul-2-doki

Le récit évolue dans un monde semblable au notre mais où un jeu de cartes du nom de Wizard’s Soul est omniprésent.. Toutes les générations  y jouent et le jeu peut même faire évoluer votre valeur aux yeux des autres : un bon niveau pourra vous aider à entrer dans un lycée réputé ou à devenir riche par exemple.

Malheureusement la jeune Manaka a un rapport des plus compliqués avec ce jeu. Son père sans emploi a perdu énormément d’argent après plusieurs défaites et le petit boulot de notre lycéenne ne sera pas suffisant pour éponger les dettes. Elle se retrouve obligée de dévoiler son véritable talent à Wizard’s Soul, la replongeant dans un passé des plus tristes : sa mère aujourd’hui décédée d’une longue maladie a été obsédée par ce jeu durant des années, et possédait un deck des plus morbides. Sa fille, obligée de jouer contre sa mère à chacune de ses visites à l’hôpital, s’était persuadée au fur et à mesure des années qu’elle devait à tout prix vaincre ce jeu funeste et que, si elle y parvenait, la mort qui rodait de plus en plus près de sa mère finirait par partir… qu’elle retrouverait la santé.

Ainsi Manaka est devenue une adversaire redoutable mais elle a développé une façon de jouer des plus antipathiques, car seule la victoire comptait. Malheureusement elle n’a jamais réussi à gagner contre sa mère, aujourd’hui décédée, et c’est avec ce jeu qui la rend totalement impopulaire qu’elle va devoir remporter des compétitions, pour solder les erreurs de son père.

Wizard's Soul

Wizard’s Soul reprend donc le concept du manga – jeu de cartes qu’on a pu connaître dans Yu Gi Ô mais avec un angle seinen beaucoup plus sombre, sans pour autant mettre de coté tout l’intérêt que peut avoir la complexité d’un jeu de carte. En plus du contexte qui nous lie progressivement à l’héroïne par compassion, on suit avec intérêt les différents types de stratégies développées par Manaka et ses adversaires : il y a les les fans d’elfes, de vampires ou de divinités, les bourrins, les défensifs, les attentifs qui savent s’adapter, ceux qui tentent de jouer avec panache, etc. Le tout se mixe avec quelques soucis typiques de l’adolescence comme une histoire d’amour et quelques jalousies, et on se prend, c’est le cas de le dire, au jeu ! A essayer, en lisant la preview au moins, vous serez peut-être agréablement surpris comme votre serviteur !


sk8ters 1SK8R’S
 #1 de Hajime TOJITSUKI chez Kana :
 J’ai commencé par un coup de cœur, je finis par un autre avec ce manga qui parle de… skaters, vous l’aurez compris au titre. Je ne pratique pas le sport moi-même car j’ai un sens de l’équilibre des plus catastrophiques (un chocobo sur skate de toute façon, vous imaginez ?!) mais j’ai été complètement subjugué par ce que font les héros de ce manga.

À la base, on suit l’histoire du jeune Akio, 10 ans, qui habite dans une petite ville anonyme, quelque part au Japon. Un jour, alors qu’il rentre de l’école, il tombe sur un virtuose du skateboard au look unique : l’homme semble flotter dans les airs… Akio veut faire pareil ! Baptisé “Prof“, notre inconnu va lui apprendre les bases du skate pendant quelques jours, avant de devoir quitter le Japon. Mais maintenant qu’Akio a appris à se libérer de la pesanteur, impossible d’abandonner et il va s’entraîner sans relâche, tout en cachant sa nouvelle passion à sa mère et sa sœur, qui voient d’un mauvais œil ce sport dangereux et les personnes au look étrange qui s’y adonnent.

Le temps passe et Akio, qui pratiquait le skate en solitaire, fait la connaissance de Fukusuke, qui vient de rentrer au Japon après avoir vécu à San Francisco. Fan de skate et doté d’une sacré culture en la matière, Fukusuke devient rapidement pote avec Akio et c’est le début d’une longue amitié entre les deux garçons, qui nous emmène encore quelques années plus tard, au lycée. Akio est devenu plutôt doué et lorsque Fukusuke commence à filmer ses performances pour les poster en ligne, c’est là que commence une nouvelle aventure et de nouvelles rencontres.

Ce manga commence donc par la naissance d’une passion, qui prend dés le début racine dans les tripes et dans les rêves du petit Akio. Mais cette passion est en dehors des modes : le jeune homme ne s’amourache pas d’un jeu populaire, il ne part pas à l’aventure pour sauver le monde ou son prochain… Il fait le truc qu’il kiffe, dans son coin, et ça lui suffit. Il voit dès le départ son sport favori comme un art à part entière, avec une poésie assez cool qui contamine rapidement le lecteur. Il faut dire que Prof, immense baraque hyper classe avec ses dreadlocks en impose avec son talent, et sa joie de vivre séduirait n’importe qui. Enfin Akio n’est pas un simple fan des grands skaters : il a sa petite fierté et veut un jour rivaliser avec son mentor, lui promettant d’être un jour, lui aussi, en couverture d’un magasine spécialisé sur le sujet. Moi qui suit plus souvent attiré par les personnages secondaires j’apprécie donc pour une fois celui qui est au centre de l’histoire autant que les autres. Un bon point.

Ainsi cette rencontre avec le skate, qui tient un peu de la destinée pour Akio, est des plus séduisantes. La mangaka fait tout ce qu’il faut pour que le lecteur reste ébahi par les figures qui défilent : on comprend que chacune a été étudiée et décortiquée avec soin, du positionnement sur la planche à l’angle de caméra choisi pour donner l’amplitude optimale au mouvement… quitte à ajouter un petit effet de style en jouant avec les perspectives. Ajoutez-y des superbes lignes de force qui dynamise le tout avec brio, et voilà donc des tricks et des rides qui en jettent ! Je n’ai pas encore eu de retour de skaters sur ce premier volume mais je peux vous dire que sur un néophyte comme moi, ça a un effet bœuf.

Je pourrais continuer de vous parler de SK8R’S mais j’en garde sous le coude pour les prochains volumes : la série compte actuellement 3 tomes au Japon et le second volume sort chez nous début décembre… On en reparlera à coup sûr !

Et voilà pour ces lectures… De tous ces titres et d’autres, il en est question, en images et commentaires, sur les réseaux sociaux comme Instagram, Facebook ou Twitter pour des impressions post-lecture à chaud. Rendez-vous au prochain épisode !

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Interview Doki-Doki : 10 ans de manga, une histoire de passionné(s)

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doki-doki-2016-cover

Ah salut cher lecteur, ça faisait longtemps ! Mais c’est ma faute en même temps, j’ai écrit plein de choses ailleurs dernièrement : partager mon coup de cœur pour NO GUNS LIFE chez Kana, raconter ma découverte de SAMURA, re-re-re-rencontrer ma très chère Bailly Samantha et sa copine Miya… Voilà comment le temps passe vite !

Et donc, dans l’intervalle, j’ai quand même eu le plaisir de discuter pendant quelques heures avec Arnaud PLUMERI, le directeur éditorial de Doki-Doki, label manga bien connu de Bamboo Editions. Cela fait maintenant quelque chose comme 8 ans que je bosse de près ou de loin avec le monsieur – ça remonte à ma vie chez Webotaku, souvenirs ! – et c’est toujours sympathique de s’entretenir avec ce passionné de BD au sens large… qui est à l’image de son label, qui prend soin de ses titres et de ses lecteurs avec simplicité mais passion, en mettant l’humain au cœur de sa philosophie de travail.

Même si je ne suis pas fan de toutes les thématiques de leur catalogue, j’y ai régulièrement des vrais coups de cœur, comme Dédale dernièrement. Ainsi je ne pouvais pas passer à coté de cette anniversaire et de ces 10 années d’édition de manga sans célébrer ça avec une chouette interview.

Donc en piste… Et bonne lecture !

Doki-Doki, 10 ans en arrière

Paoru : Bonjour Arnaud Plumeri… On commence par un voyage dans le passé : tu arrives chez Bamboo en 2003. Comment est né, 3 ans plus tard, Doki-Doki ?

arnaud-plumeri_01Arnaud Plumeri (photo ci-contre) : Quand je suis arrivé chez Bamboo il n’y avait quasiment personne et je m’occupais un peu de tout. En fait je suis un passionné de BD au sens large : Franco-Belge, Comics et Manga. Mais au début il n’y avait pas grand monde pour développer de nouvelles collections, il a donc fallu attendre que Bamboo connaisse le succès avec la BD Les Profs pour que de nouvelles personnes soient embauchées.

Comme j’ai toujours eu un intérêt pour ce qui se passait en dehors de nos frontières, Comics et Manga, j’en ai alors parlé à mon patron. Nous avions bien vu que le manga se développait nettement en France, donc nous avons attendu d’avoir les reins assez solides pour développer une collection manga. En plus cela ne s’improvisait pas : je pouvais être lecteur occasionnel de manga, mais je n’avais pas pour autant toutes les connaissances nécessaires pour démarcher les éditeurs japonais.

C’est comme ça que s’est créé un binôme qui a duré jusqu’à cette année avec Sylvain Chollet, l’un des meilleurs traducteurs de manga du marché français. Il habite depuis très longtemps au Japon, il avait une vue du Japon du manga, la maîtrise parfaite de la langue pour nous présenter aux éditeurs japonais.

Moi je concentrais mon travail sur le marché français, car, comme on le sait maintenant, tout ce qui marche au Japon ne marche pas en France. Les premières années nous donc avons additionné nos connaissances… mais il nous a fallu trouver la meilleure façon de choisir les titres et de publier du manga en France, avec des petites erreurs de jeunesse, forcément. Néanmoins il y a aussi eu des satisfactions en publiant certains auteurs qui, sinon, n’auraient jamais été connus en France.

En avril 2006 nous avons donc lancé la publication de nos premiers titres : Kamunagara, Geobredeers, etc. À l’époque nous publiions deux volumes par mois. Il y avait aussi le Cortège des cent démons qui me vaut toujours des reproches de certains d’ailleurs…

Ah ? Pour quelles raisons ?

À titre personnel je trouve que c’est un superbe titre, j’adore l’ambiance, la rencontre du Japon traditionnel avec le folklore fantastique. Mais au bout de 6 tomes, nous ne vendions que 400 exemplaires par volume et, pour une nouvelle collection, ça fait très mal. Il a donc malheureusement fallu l’arrêter. On a beau expliquer que, surtout pendant les premières années, on ne peut pas publier à perte, c’est compliqué… La série est toujours en cours au Japon, et vu que 25 volumes sont sortis à ce jour, nous en serions peut-être à des chiffres de ventes négatifs, là ! (Rires)

cortege cent demons

Pourquoi ça a été toi, amateur de BD en général, de comics notamment, qui t’es retrouvé éditeur de manga ? Qu’est-ce que tu te rappelles de ce passage de lecteur à éditeur ?

En fait, j’étais un lecteur de Dragon Ball, de Gunnm, de GTO de Love Hina… J’avais des connaissances, donc, même si je n’étais pas ceinture noire de manga. Mon patron avait besoin de quelqu’un de confiance dans ses locaux, car il ne pouvait pas s’en occuper lui-même.

De plus, avant de travailler chez Bamboo, j’étais chef de produit d’une gamme de logiciels internet. Je n’étais pas éditeur, mais j’avais dirigé une gamme de quelque chose, ce qui m’a donné les bases et une idée de comment m’y prendre pour l’édition.

Après, je me souviens que les poncifs du moment étaient que n’importe quel titre pouvait avoir une forte mise en place, que l’offre n’était pas très développée et donc que l’on pouvait en vendre facilement 10 000 exemplaires… Ce qui n’était pas aussi évident quand tu étais un éditeur qui se lançait (rires). Mais c’est vrai que la concurrence n’était pas aussi développée que maintenant.

En 2006 il y avait certes un marché en croissance, mais aussi partiellement en place, organisé. Comment avez-vous trouvé la place de Doki-Doki ? Au fur et à mesure ?

Beaucoup de choses se sont faites à tâtons, je l’avoue sans rougir. Nous avons rapidement compris que les repères que nous avions chez Bamboo avec le Franco-Belge étaient complètement différents pour le manga. C’est un autre format déjà, avec une jaquette, c’est une autre façon de le lire aussi et c’est un travail avec les traducteurs plutôt qu’avec des dessinateurs ou des scénaristes… Tout ça c’était une autre façon de faire. Nous sommes partis sans a priori, en nous disant que nous allions apprendre. Nous regardions ce que faisaient les autres éditeurs français de l’époque, notamment Kana qui était dans sa période bénie de Naruto… Nous avons beaucoup observé – on commence par faire un peu comme les autres au début – puis petit à petit nous nous sommes fabriqués notre propre image.

DOKI-DOKI

Avec Sylvain, nous savions pertinemment que les éditeurs japonais n’allaient pas nous confier tout de suite leurs meilleurs titres, et tous ne nous ouvraient pas leur porte de toute façon. Donc il fallait commencer avec ce que l’on acceptait de nous confier, puis de leur montrer que nous faisions de la qualité, que Bamboo était une maison d’édition établie derrière Doki-Doki, que nous n’allions pas nous effondrer tout de suite. Petit à petit, des portes se sont ouvertes comme ça.

Pour la sélection éditoriale, Sylvain nous proposait des titres sur lesquels il avait bien accroché en tant que lecteur. Les premières années, je n’avais rien à redire du tout puis, au fur et à mesure des années, j’ai mis ma patte sur cette sélection. En fait, je commençais à être de plus en plus à l’aise dans cet univers et en plus j’avais le nez dans les chiffres de ventes, les nôtres et ceux des autres éditeurs, et je voyais qu’il fallait trouver le juste milieu entre se faire plaisir nous et faire plaisir aux lecteurs. L’idéal étant de concilier les deux !

Il se trouve qu’au bout de quatre ans nous perdions de l’argent, par des mauvais choix de titres, des erreurs de communications, des tirages trop forts par rapport au potentiel de certains titres, etc. Il a donc fallu un peu… (Réfléchit)

… pas resserrer la ceinture, mais, disons, se poser des questions.

 aya_tome 5  cafe-dream-01  Restaurant du bonheur

Par exemple nous avons publié trois séries culinaires qui n’ont pas du tout marché, donc nous nous sommes dit qu’on allait se concentrer sur autre chose. On a constaté, progressivement, que des séries d’actions comme Sun-Ken Rock nous ont porté, nous ont permis de progresser. Plusieurs séries d’action, de fantastique, de science-fiction et d’heroic fantasy se sont ajoutées au catalogue. C’est ainsi que s’est créé un noyau éditorial, avec d’autres séries un peu différentes qui peuvent graviter autour.

La part d’humain…

Je relisais quelques-unes de tes interviews pour préparer celle-ci et, lorsque l’on te parle de politique éditoriale, tu insistes toujours sur la part de l’humain dans l’aventure. J’aimerais que l’on s’arrête là dessus deux secondes…

Premièrement, au sein de votre équipe comme dans tes contacts pros, en quoi l’humain peut jouer sur ton travail, voir sur le choix des titres ?

Ce qu’il faut savoir c’est que je dirige une collection manga, mais je ne parle pas le japonais. Heureusement, je parle anglais ce qui me permet de dialoguer en direct avec certains éditeurs japonais. Mais lorsque j’ai sous les yeux une version japonaise d’un manga, mon expérience m’aide à bien l’appréhender, et je me fais faire des fiches par différentes personnes, des traducteurs en général, avec qui j’ai des liens d’amitié qui se sont créés au fil du temps.

bamboo 15ans

L’équipe de Bamboo pour ses 15 ans en 2012

Au bout de 10 ans maintenant, ils savent si ce qui peut plaire et correspondre à Doki-Doki, ce qui peut plaire à nos lecteurs. Cela aide à faire un premier défrichage et c’est important pour moi, parce que ça les implique dans le processus. Je n’ai pas envie que nos traducteurs se sentent comme des simples petites mains, je souhaite qu’ils fassent partie de l’aventure. À Japan Expo, je remarque que nos visiteurs sont ravis, car nous sommes l’un des rares stands où nos vendeurs sont aussi nos traducteurs, et ces derniers parlent la même langue que nos lecteurs ou nos lectrices. En plus, les traducteurs sont contents de sortir de chez eux pour voir le fruit de leur travail dans les mains des lecteurs.

Ce contact humain est donc primordial. Si ce métier se résumait à faire du manga pour faire de l’argent, ça ne m’intéresserait pas, car j’ai plutôt un profil de passionné. En 2002, j’ai tout plaqué, mon ancienne vie de chef de produit dans le Nord de la France, parce que je suis passionné de BD et donc de manga. Je fonctionne beaucoup à la passion… et si on peut en vivre c’est encore mieux ! (Rires)

C’est pour cela que je comprends très bien les lecteurs qui sont à fond dedans, qui vivent pour la culture japonaise, et ça me fait plaisir de les observer. Je me revois comme quand j’étais adolescent et jeune adulte…

Justement dans le rapport humain il y a ce contact au lecteur… Tous les éditeurs disent volontiers qu’ils sont proches de leurs lecteurs, mais en étant plus ou moins dans le vrai. Comment expliquerais-tu le rapport de Doki-Doki avec son lectorat ? Pour illustrer ça, as-tu des souvenirs de choses assez fortes sur ces 10 ans ?

J’ai des souvenirs forts grâce à certains lecteurs : là par exemple, sur mon bureau, j’ai deux bouteilles de rhum qui m’ont été offertes par des lecteurs qui sont très contents de notre travail, de notre communication… Nous offrons régulièrement des cadeaux à nos lecteurs, sous forme de goodies, mais eux aussi ne sont pas avares : nous recevons des cadeaux, des bonbons, des dessins… C’est quelque chose que je n’ai jamais vu dans le milieu de la BD et je pense que ça veut dire quelque chose, que cela vient du cœur.

Je reçois aussi des lettres, notamment des faire-part de mariage : « on s’est rencontré au rayon manga », « vous êtes un éditeur que nous suivons ensemble », « merci à vous »… Dans ces cas-là nous les invitons à venir nous voir sur notre stand pour qu’on se rencontre.

Stand-doki-japan-expo ©Unification France

Arnaud Delage et Sophie Caïola au stand-doki-doki, JE 2016 ©Unification France

J’essaie de leur accorder autant de temps que je peux et à eux et à nos lecteurs en général. Parfois, je réponds à certaines questions plus pointues sur les réseaux sociaux. Quand Doki-Doki parle, c’est parfois le responsable éditorial qui est derrière, car ça me fait plaisir d’avoir des retours. Quand on est dans son bureau – en plus nous ne sommes pas du côté de Paris, mais à Mâcon – il est difficile d’imaginer l’accueil de notre travail, mais là ça permet de mesurer ça, un peu, et de manière plus directe.

Je ne sais pas ce qui se passe chez les autres éditeurs, donc c’est difficile de comparer, mais je constate qu’on nous dit souvent « vous êtes proches de nous », « merci de nous répondre », « Vous êtes transparents quand vous avez un souci »… Je le prends comme un compliment.

Après… c’est difficile de te dire ce que Doki-Doki a de plus.

En fait, là où j’ai le plus de satisfactions en réalité, c’est quand je vois mon équipe de traducteur en osmose avec les lecteurs qui viennent les voir : ils prennent en photo le traducteur, il leur fait un petit dédicace… le traducteur rougit un peu, aussi. Certains lecteurs deviennent aussi nos stagiaires et même après avoir changé de cursus ils reviennent parfois pour tenter de faire un nouveau stage chez nous… parce que ça leur a plu. Certains reviennent aussi donner un coup de main sur le stand de Japan Expo. Nous faisons ça avec le sourire, nous essayons de ne pas nous prendre trop la tête.

Et puis, je me suis rendu compte aussi que nous aidons certains de nos lecteurs, qui nous disent « merci, vous m’aidez à oublier mon quotidien difficile. » Ce sont des témoignages que l’on retrouve aussi chez d’autres éditeurs, mais à titre personnel, moi qui suis passionné et un peu rêveur à la base, ça me fait plaisir de me dire que, quelque part, nous aidons aussi les gens, à notre façon…

On ne fait que du manga, on ne sauve pas des vies, mais on peut aider certains à mieux supporter leur quotidien.

2006-2016 : les hauts et les bas

Puisque nous sommes à évoquer les souvenirs, quels ont été les moments clés de l’aventure Doki-Doki, ceux qui ont forgé votre histoire sur ces 10 ans ?

C’est tellement dense, elle est difficile cette question ! (Rires)

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Boichi à Japan Expo

La première chose à laquelle je pense c’est la venue Boichi à Japan Expo et en France. Pendant des années, des lecteurs nous demandaient sans relâche « quand est-ce que vous l’invitez ? ». Nous connaissons assez bien certains lecteurs et nous en parlions régulièrement avec eux. L’un d’entre eux nous disait « si jamais vous invitez Boichi, je vous cire les pompes pendant un an ! ». Et du coup, un beau jour, j’ai pu lui répondre : « Bon ben, vous allez pouvoir nous cirer les pompes pendant un an. Nous invitons Boichi. » (Rires)

C’est vrai qu’il s’est passé pas mal de temps entre le début de la publication en 2008 chez Doki-Doki et sa venue en France en 2015…

Sun-Ken rock est parti de bas en plus, en terme de ventes. Le succès était grandissant, mais au départ le volume 1 était à 3000-4000 exemplaires, et ce chiffre grandissait à chaque nouveau volume que nous sortions. Forcément au départ, un auteur qui vend aussi peu, ce n’est pas évident de l’inviter… sauf si on a des visées promotionnelles en amont, mais en 2008 nous avions à peine deux ans d’existence, donc inviter des auteurs, nous ne l’imaginions pas encore. Aujourd’hui, après 24 volumes sortis, la série cumule plus de 330 000 exemplaires vendus.

Puisque l’on parle de Sun-Ken Rock… Qu’est-ce que ça représente pour toi cette série qui se termine, avec l’arrivée du 25e tome ce mois-ci ?

C’est particulier à différents niveaux : d’un point de vue bassement pécuniaire voir sa série best-seller se finir… Ce n’est pas forcément plaisant ! (Rires) Néanmoins, je sais que certaines personnes vont commencer la série parce qu’elles savent qu’elle est désormais finie.
Mais pour revenir au côté passionné, ça me ramène à 2008 au début de la série. Nous l’avions acquise alors qu’un seul volume était sorti au Japon : nous ne savions pas trop comment elle évoluerait, s’il elle s’arrêterait au second ou troisième tome. Nous ne savions pas si elle allait plaire, parce qu’il n’y avait pas vraiment d’équivalent à l’époque…

sun-ken-rock-final

De toute façon tout ce qui tourne autour de la thématique furyo a plutôt tendance à ne pas fonctionner en France…

Oui d’ailleurs notre titre Ping Pong Dash qui mêle le furyô et tennis de table n’a pas du tout marché, par exemple.
Mais pour en revenir à SKR, ça montre que le destin d’une maison d’édition est souvent lié à des coups de chance. D’autres éditeurs pourraient t’en parler, chacun a le sien. Pour nous, il est probable que sans Sun-Ken Rock, l’aventure Doki-Doki se serait arrêtée prématurément.

Sans SKR vous ne seriez plus là ?

full-ahead-cocoC’est toujours difficile à dire… Si l’on compare avec un autre coup de cœur personnel qu’est Full Ahead ! Coco, en 30 volumes, celui-là n’a pas fonctionné du tout – les premiers volumes ont bien marché, mais les ventes se sont très vite effritées. Je me dis que sans une série avec une meilleure dynamique commerciale derrière, les choses auraient été plus compliquées.

Doki-Doki étant la collection manga de Bamboo, j’essaie de faire en sorte que nous ayons notre capacité de subsistance propre, c’est-à-dire pouvoir vivre avec nos seuls fonds. Si tu es trop dépendant, il peut arriver un jour qu’on te dise : « bon, on a trop dépensé, on arrête. » Il ne faut pas être un poids mort… et c’est tant mieux parce que nous ne le sommes pas !

Full Ahead ! c’est un autre souvenir marquant ?

Ah oui à titre personnel je suis ravi d’avoir ça dans notre catalogue. Après sur le plan commercial…

En fait, quand tu me questionnais sur le passage de lecteur à éditeur tout à l’heure : je dirais que le plus violent pour un passionné est d’être confronté aux chiffres de ventes, et au regard clinique qu’il faut alors porter sur la série. Ton petit cœur de lecteur bat pour un titre, pour le message transmis, mais de l’autre côté tu dois aussi enfiler ton costume de gestionnaire.
Lorsqu’on me demande d’éditer en France d’autres séries de YONEHARA, l’auteur de Full Ahead ! Coco et Dämons, il faut se rendre compte que cela représente 43 volumes qui n’ont pas du tout fonctionné. Full Ahead ! Coco a fini à moins de 1000 exemplaires vendus. C’est donc assez difficile de fédérer les équipes de commerciaux en leur disant : «  c’est la nouvelle œuvre de l’auteur dont nous avons sorti 43 volumes qui n’ont pas du tout marché alors, allez-y, vendez en plein ! ». (Rires)

J’adore l’auteur, mais je suis rattrapé par la réalité commerciale.

Est-ce que ce genre d’explications est suffisant pour le public de passionné ? Cela fait maintenant assez longtemps que le marché existe, donc on pourrait se dire qu’à force le public finit par comprendre les problématiques éditoriales, mais est-ce vraiment le cas ?

Pour te répondre, j’ai un autre exemple, un moment marquant lui aussi. C’est l’affaire Broken Blade.

Broken Blade c’est une super histoire de mécha, qui bénéficiait d’une adaptation animée, dont nous avions publié 10 volumes. Les résultats de vente étaient bons, nous avions pas mal investi en communication et payé des couvertures et publicités en magazine… Tous les voyants étaient au vert.

Le onzième volume avait été traduit, mais le contrat n’arrivait toujours pas. Nous demandions, mais sans recevoir de réponse. Un jour, nous avons appris que l’éditeur, Flex Comix, avait été racheté par un consortium japonais (Movida, qui possède notamment Soft bank, NDLR). Ce consortium avait décidé d’arrêter tout ce qui touchait à l’export, dans le monde entier. Ils nous ont demandé d’arrêter Broken Blade et de pilonner nos stocks. Nous avons essayé de négocier, de différentes façons…

Ça a dû être un drôle de moment quand tu as appris la nouvelle, tu t’en souviens ?

broken-blade-doki-1Bah… disons que ce n’était pas forcément très cinématographique, puisque c’était en lisant un mail : je devais lire ça en étant bouche bée. (Rires)

Mais donc, après, il a fallu expliquer ça à nos lecteurs. Nous avons fait différents communiqués qui sont encore sur internet : au début c’était « nous essayons de régler la situation », puis c’est devenu « nous ne pouvons plus rien faire, et on nous demande de détruire nos stocks, donc nous nous exécutons ». Je me suis rendu compte que les réactions négatives étaient minimes, et elles étaient surtout à l’encontre de l’éditeur japonais.

Nos lecteurs étaient satisfaits que nous ayons été transparents, en leur ayant fourni les données du problème. Ça m’a appris que lorsque l’on a un problème, que ce soit de production, de retard, etc., il vaut mieux dire les choses clairement plutôt que d’essayer de les camoufler pour une quelconque histoire de réputation. Les lecteurs sont plus compréhensifs et matures qu’on ne le croit.

Vous êtes plusieurs à le dire en effet. Un dernier moment clé ?

Je pourrais citer, parce que ça compte toujours aujourd’hui, la rencontre avec mon bras droit Arnaud Delage, qui est notamment le traducteur de SKR. Je l’ai rencontré un ou deux ans après la création de Doki-Doki. Nous avons compris rapidement que nous avions des atomes crochus et c’est vraiment une belle amitié qui est née entre nous. Il m’aide beaucoup au quotidien. Quand je parlais de l’importance du côté humain et des gens qui font des fiches, je pense à lui en premier.

Tiens, digression express, car j’en entends parler régulièrement des fiches qui sont faites pour des éditeurs mangas. Ça ressemble à quoi, à des fiches de lectures comme on en fait à l’école ?

Oui voilà, ça ressemble un peu à ça. Il y a un résumé de l’histoire, la couverture, le nombre de volumes à disposition, l’éditeur japonais et l’avis personnel de celui qui l’a lu qui apporte une dimension plus subjective : il explique pourquoi il a aimé ou pas, si le ton colle avec le catalogue Doki-Doki, si l’histoire risque de devenir WTF ou pas etc ! À moi d’en tirer les conclusions pour donner suite à la série, ou pas.

Vous êtes arrivés en 2006 sur la fin du grand boom du manga en France, avant que les ventes du marché ne se mettent à baisser à partir de 2008-2009… Et ne repartent à la hausse que l’an dernier. Tu as justement évoqué une période difficile au bout de quatre ans. Comment vous êtes-vous adaptés ?

puella-magi-madoka-magicaUne des constantes que nous avons depuis notre création, c’est que nous publions peu par rapport aux autres éditeurs. J’ai fait un calcul récemment en comptant le nombre de sorties chez les vingt plus gros éditeurs de manga en France, et j’ai constaté que le nombre moyen de manga sortis était de sept par mois. Nous, nous sommes à quatre, en moyenne. Nous avons toujours voulu faire cela, car nous désirons nous concentrer sur nos titres. Avec notre équipe, restreinte, mais efficace, nous souhaitons bien travailler ces mangas sur leur traduction, leur commercialisation, leur promotion, etc. Nous ne sortons pas quinze titres par mois, dont dix à perte.

Quand les temps sont devenus difficiles, nous avons alors essayé de limiter les séries aux thématiques moins vendeuses, et nous nous sommes tournés plutôt vers le seinen d’action et fantastique. En même temps, en 2010, de nouveaux éditeurs japonais nous ont aussi ouvert leurs portes. Le jour où l’on nous a annoncé que nous avions la licence de Puella Magi Madoka Magica, je me suis dit que nous avions acquis une certaine crédibilité aux yeux des éditeurs japonais. Cette licence était un tel raz-de-marée là-bas, que c’était un signe : il était temps de taper à la porte d’autres éditeurs et faire des offres pour des séries plus importantes.

Récemment, l’un de nos éditeurs historiques qu’est Media Factory me disait que nous avions leurs meilleures séries : Servamp, The Rising of the Shield Hero, etc. Donc depuis nos débuts, nous avons fait du chemin.

Depuis la reprise et le retour à un marché du manga en croissance, est-ce que tu as pu constater toi aussi une embellie l’an dernier ? Et quid d’un premier « bilan » de 2016, pour Doki-Doki ou pour le marché du manga en général ?

Les chiffres montrent qu’il y a en effet une embellie du marché qui nous profite aussi. Le lancement de nouvelles locomotives chez de gros éditeurs a contribué à attirer les lecteurs en librairie, et c’est bon pour nous !
Nos nouvelles séries ont pour la plupart trouvé leur public : Black Bullet, Guren Five, The Rising of The Shield Hero, Dédale J’ai été un peu déçu par le départ mitigé des Six Destinées, un shônen plein de qualités à mes yeux. Mais globalement, nous avons connu une belle année, preuve en est la réimpression de certains volumes.

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Doki-Doki : philosophie et identité éditoriale

Doki-Doki est né au sein d’une génération d’éditeurs qui se sont lancés en même temps que vous : Ki-oon, Kurokawa, Kazé, Soleil. Certains ont beaucoup évolué… Les hauts de tableaux GFK, c’est quelque chose où tu aimerais voir Doki-Doki ou alors, finalement, tu te dis que tu es bien là où tu es, dans la catégorie « petit éditeur » ?

J’ai récemment fait toute une étude sur le sujet, pour présenter Doki-Doki à notre nouvelle équipe commerciale. Comme je le disais plus haut, nous publions moins que la moyenne des plus gros éditeurs. Plus tu montes dans ce tableau, et surtout si tu arrives aux 4e – 5e première place, moins il y a de mystères : tu dois forcément publier davantage. Il y a une certaine corrélation entre le nombre de tomes publiés et ta place dans le classement… À quelques exceptions près bien sûr, comme My Hero Academia ou One-Punch Man qui donnent un gros coup de boost à Ki-oon ou Kurokawa.

Mais pour nous aussi, c’est significatif : nous sommes 12e au classement Gfk, alors que nous étions 10e il y a quelques années, et pourtant nos ventes ont progressé par rapport à l’année précédente. Akata et Komikku sont passés devant nous au Gfk, car ils publient dix à quinze titres de plus par an. Si nous publiions davantage, je pense que nous pourrions repasser devant.

Mais j’ai tendance à dire que l’on peut interpréter ces classements de plein de façons différentes et que ce n’est pas le plus important. Ce qui m’intéresse c’est plus de savoir si Doki-Doki réalise des mangas qui plaisent et savoir si ça rapporte plus d’argent à Bamboo que ça lui en coûte. Les réponses sont oui dans les deux cas, et c’est l’essentiel.

Nous nous approchons de la fin de l’interview et je me demandais : à l’heure actuelle c’est quoi un manga Doki-Doki pour toi ?

Ah c’est une question difficile…

Je parlais précédemment d’une part de fantastique et d’imaginaire, donc il y a un peu de ça, déjà. C’est une constante comme dernièrement dans Dédale, qui est un titre qui est vraiment bien fichu, qui a reçu un accueil dithyrambique…

C’est bien ça et c’est mérité, car c’est un vraiment un chouette titre. Est-ce que les ventes suivent, elles aussi ?

La première fois que je l’ai lu je me suis dit : « Je lis beaucoup de manga, mais des comme ça je n’en croise pas souvent. » Du survival aussi positif je n’en avais jamais vu.

Dedale Cover

Mon premier réflexe a été de me dire que l’originalité n’est pas forcément ce qui paie dans le manga. Il y a des contre-exemples, mais je me souviens que lors de nos premières années, nous nous enthousiasmions souvent d’entendre « ah, il est original ce pitch ! » et derrière, nous faisions un four. Les lecteurs aiment bien être rassurés et retrouver un cadre familier. Les récits dans les mangas, c’est souvent une variation autour des mêmes thèmes. Donc pour Dédale, je me suis dit ça passe ou ça casse…. Et c’est passé, car le premier tirage, de 5000 exemplaires, a été écoulé, donc nous avons fait un second tirage à 2000, et nous venons d’en faire un troisième à 4000. Et le titre est réapparu il y a quelques semaines dans les tableaux Gfk. Donc ça veut dire qu’il vit toujours, que le bouche à oreille fonctionne bien.

Parfait alors ! Revenons sur cet ADN du manga Doki-Doki…

Oui. Nous publions aussi des titres pour un lectorat mixte. Les classifications des mangas en France diffèrent du Japon, c’est pourquoi j’oserais parler de « shônen pour filles » dans le cas de Servamp, ou de « seinen pour filles » concernant Madoka ou Vamos La. Ces termes vont probablement faire bondir les puristes, mais on ne peut vraiment pas catégoriser les mangas en France comme au Japon, le lectorat est différent.
En matière de seinen pur, j’étais étonné que nous ayons autant de lectrices qui achètent en masse des titres comme Sun-Ken Rock ou Freezing.

Ensuite, au niveau graphique, on retrouve un trait assez nerveux, moderne. Mais c’est difficile de vraiment identifier des caractéristiques. Quand je choisis un titre, je me demande plutôt s’il pourrait bien s’insérer dans notre catalogue, à côté de quel autre manga il pourrait trouver sa place : « ah tiens, celui-là, il serait pas mal à côté de The Rising of the Shield Hero », par exemple. Ça forme un tout cohérent…

Ça permet aussi de s’adapter et d’évoluer, de titre en titre…

Et puis ça n’empêche pas non plus quelques exceptions et la liberté de tenter des paris, par moment. Hawkwood par exemple serait difficile à mettre à côté d’un autre titre : un manga historique sur la Guerre de Cent Ans, ça ne ressemble pas forcément à d’autres œuvres de chez Doki-Doki.

Tout cela est une question de dosage. Comme nous publions peu de titres, notre line-up est vite rempli, donc nous essayons de trouver une alchimie : un fond d’imaginaire, un peu d’originalité, de l’action, un peu de comédie et d’humour, une touche d’érotisme, un peu de gore… Par exemple cette année nous avons sorti Evolution Six, qui est sans doute le titre le plus gore de notre catalogue. Je ne suis pas forcément un fan de récits sanglants (cependant, en tant que fan de comics, les mutants de cette histoire, ça me parle), mais c’était une bonne occasion de tester, et ce n’est pas pour autant que je vais lancer toute une collection autour de ça. C’est juste que ça me semblait intéressant de voir ce que ça donne.

evolution-six-1-2

En caractéristiques, on peut ajouter aussi des séries plutôt courtes…

Oui c’est assez vrai. Mais c’est aussi à l’image de ce qui se fait au Japon… Les séries ont tendance à se raccourcir.

C’est vrai ? Vu de la France ce n’est pas forcément perceptible…

Au Japon l’offre est beaucoup plus importante, et des séries courtes ou qui se font sabrer sur les premiers volumes, j’ai l’impression d’en voir de plus en plus. D’ailleurs, il m’est déjà arrivé de faire des offres pour des séries qui ont été sabrées au second volume, voire au premier. Sauf que l’on ne me l’avait pas dit. J’attendais la suite, mais un beau jour, on nous dit « non non l’auteur est parti sur autre chose en fait… »

Donc à moins que l’auteur ait réussi à trouver une fin qui tienne la route, je ne les ai jamais publiés. Bon, nous nous faisons rembourser dans ces cas-là… Enfin, dans le meilleur des cas. (Rires) Et si jamais nous avons payé la traduction du manga, c’est tant pis pour nous…

Les mots de la fin : bilans et perspectives

Ensuite j’aimerais savoir ce que t’ont appris tes réussites et tes échecs sur ton métier d’éditeur, durant ces dix années…

Déjà j’ai appris le métier d’éditeur… Et ce n’est pas rien ! (Rires)

J’ai aussi appris beaucoup sur moi-même. Négocier avec les Japonais c’est différent, c’est spécial. Ainsi, tout ce que nous faisons est soumis à leur approbation. Cela nous oblige à travailler le plus en amont possible, car certains tardent à répondre. Il arrive aussi que nos idées de communication ou de goodies soient refusées, pour des raisons parfois obscures. De manière générale, les Japonais sont extrêmement polis, mais il est difficile de connaître le fond de leur pensée, à moins d’avoir établi des relations de grande proximité. Et par rapport avec une maison d’édition franco-belge, ils ont une volonté de contrôle beaucoup plus forte. C’est pourquoi, par exemple, ils nous interdisent de contacter directement les auteurs !

Je gère aussi pas mal de monde, que ce soit des traducteurs, des graphistes, etc. Il faut donc avoir une certaine pédagogie, mais aussi une certaine rigueur pour que le travail soit rendu correctement et dans les temps. C’est très formateur humainement parlant.

Ce que j’apprends au quotidien, enfin, c’est que je vieillis – j’ai 41 ans –, mais je reste au contact avec les goûts des jeunes, c’est quelque chose que j’apprécie beaucoup. Ça évite de s’enfermer dans un monde de quadragénaire et ça veut dire que quand mes enfants grandiront je ne serais pas… le papa largué. (Rires)

Exact… Si on se projette vers le futur, quels sont maintenant vos moteurs et vos ambitions pour les 10 années à venir ?

Des moteurs j’en ai pas mal…

Comme je te l’ai dit, Bamboo a créé sa propre diffusion commerciale et a quitté Delsol. Nous sommes maintenant indépendants sur ce point.

bamboo-logo

Pour les lecteurs, est-ce que tu peux nous expliquer ce que c’est ?

La diffusion commerciale, c’est notre force de vente : les représentants qui vont démarcher les libraires pour proposer nos ouvrages, pour essayer de les convaincre de les commander et de les mettre en avant le mieux possible.

Delsol a fait du bon boulot, mais la diffusion gère plusieurs éditeurs et des centaines de titres, et elle appartient à Delcourt. Tous les éditeurs qui ont une diffusion commerciale indépendante ont de meilleurs résultats. Cela donne une motivation supplémentaire et nous a permis de former notre nouvelle force commerciale, en reprenant un peu toutes les questions que tu viens de me poser d’ailleurs : quelle est l’image de Doki-Doki, quels sont nos points forts et nos points faibles, d’où l’on vient, etc. Nous essayons de leur partager notre culture d’entreprise.

On peut imaginer sur le long terme que ces ambassadeurs de votre catalogue deviendront des membres de la « famille » Doki-Doki et seront plus que motivés pour promouvoir vos titres…

Le but est aussi de se rapprocher des libraires, car nous ne pouvons pas nouer ou entretenir le contact avec tous. Donc il faut que ces ambassadeurs soient aussi bien notre voix que notre oreille.

Une belle avancée en perspective, donc. Quels sont les autres moteurs ?

doki-10-ansJ’ai profité de ce bilan sur Doki-Doki pour contacter nos éditeurs japonais partenaires, pour refaire le point, mais aussi pour tenter une autre approche d’autres éditeurs qui ne travaillent pas encore avec nous. C’est un travail de longue haleine, mais les retours sont très positifs et je pense que dans les mois ou les années à venir, nous pourrons travailler avec de nouveaux éditeurs japonais.

Des portes qui s’ouvrent…

Oui, ils sont au courant que les choses changent en France, que des éditeurs naissent ou disparaissent. Ils apprécient que nous ayons passé ce cap des 10 ans, ça pose les choses… Surtout quand tu leur présentes tout le parcours qu’a été le nôtre sur cette décennie, toutes les actions que nous pouvons faire et l’énergie que nous avons pu dépenser.

Enfin, sur un plan plus personnel, mon moteur c’est aussi… ah c’est un peu bateau ce que je vais dire, mais c’est important pour moi de ne pas oublier qui l’on est et d’où l’on vient. Avec le temps, on peut oublier pourquoi on fait ce métier et ne voir que les côtés négatifs…

Tu dirais qu’éditeur de manga est un métier usant ?

Oui, c’est prenant dans tous les sens du terme : parce que c’est chronophage, parce que ça peut parfois être prise de tête – obligé d’être diplomate quand on a envie d’envoyer balader, etc. Mais ce qui remet tout en perspective c’est quand les lecteurs te disent : « Félicitations », « « vous êtes mon éditeur préféré », « j’adore cette série, grâce à elle vous me faites rêver », on se dit que l’on sert au moins à ça ! (Rires)

Le mot de la fin… qu’est-ce que tu pourrais dire à tes lecteurs ?

Spontanément, je leur dirais que, évidemment il y a des choses qui leur ont plu et d’autres non chez Doki-Doki, donc je voudrais remercier ceux qui nous suivent depuis le début, mais aussi ceux qui nous ont rejoints en cours de route – c’est très important – et j’espère qu’ils sentent que, derrière le bouquin qu’ils tiennent, il y a des gens qui se sont investis. Qu’il y a un vrai amour du manga et pas un intérêt commercial uniquement.

Le message est passé, merci Arnaud et longue vie à Doki-Doki !

Retrouvez Doki-Doki et son actualité à travers leur site, leur page Facebook ou leur compte Twitter !

Remerciements à Arnaud Pluméri et Nazir Meena pour leur temps et leur gentillesse.

 

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Altaïr : la guerre comme nulle part ailleurs !

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Le chocobo est de retour ! 

Sortant enfin la tête de l’eau après six mois intenses (réorganisation au boulot, je vous passe les détails) je reviens en douceur, au rythme d’un papier par mois jusqu’à cet été. Pour relancer la machine, rien de mieux qu’un coup de cœur : il est pour Altaïr de Kotono KATO, aux éditions Glénat.

Le tome 14 est sorti en janvier et clôt un arc majeur de la série, follement épique et diablement prenant ! En dévorant cette semaine les 5 derniers tomes pour rattraper mon retard, j’ai clairement voulu vous faire plonger dans l’un des tous meilleurs mangas sur la guerre, aux côtés d’Arslan et de Vinland Saga. Avec ses propres armes et une captivante singularité.

Bref, la barre est donc placée assez haute, à moi désormais de vous dire pourquoi… Bonne lecture !

altair T13

Altaïr ©2014 Kotono Kato

Notre peuple vaincra !

Printemps de l’an 451 selon le calendrier impérial, ou 75 selon le calendrier türk, quelque part sur le Continent roumélien…

Dans les hautes sphères de l’état militaire de Türkiye, on parle avec admiration d’un certain Mahmud, le plus jeune homme à accéder au rang de pacha (général) dans la stratocratie de Türkiye. Accompagné de son fidèle aigle royal Iskandar, notre fauconnier tente de faire régner la paix et sillonne le pays pour déjouer les conflits. Mais c’est sans compter sur les manipulations du Premier Ministre Louis de l’Empire voisin du Baltrhain, et du conflit en dormance entre ces deux nations.

Le royaume de Türkiye, terre de commerce prospère, est l’ennemi juré du Baltrhain qui lorgne sur ses richesses et qui veut, douze ans après une première tentative d’invasion ratée, mettre définitivement la main sur le seul ennemi du Continent en mesure de lui résister. Seulement la Türkiye est divisée et en infériorité militaire. Pendant les douze années de paix, le pays a pansé ses plaies puis a prospéré par le commerce, tandis que de nombreux hauts placés de l’Empire ont ourdi leur revanche par une politique guerrière et se sont armés en conséquence.

Comment, dès lors, Mahmud peut-il empêcher ce conflit qu’il refuse, lui qui a perdu sa mère massacrée dans la précédente guerre ?

 Altaïr ©2014 Kotono Kato  Altaïr ©2014 Kotono Kato  Altaïr ©2014 Kotono Kato

Le jeune homme ne semble pas de taille et, très vite, il chute. En évitant qu’une rébellion ne vire au bain de sang dans une ville frontière, il commet un impair et se voit déchu de son titre de pacha. Il doit désormais œuvrer dans l’ombre, parcourant son propre pays pour déjouer les complots de l’Empire, cité après cité. La corruption, les menaces, les manipulations politiques et la maîtrise des flux alimentaires ou économiques sont les milles et unes voies qu’emprunte le Ministre Louis, l’ennemi désigné de Mahmud. Ce génie militaire sans aucune pitié a malheureusement plusieurs coups d’avance et il fait tomber les remparts de la Türkiye tel un jeu de domino. L’ancienne grande Türkiye, morcelée depuis le dernier conflit, est trop apeurée pour se lancer officiellement dans la guerre, et la paix a endormi sa vigilance. Petit à petit la main de l’Empire s’étend donc sur le royaume türc… Mais pas sans se brûler les doigts au passage !

En effet, aux quatre coins de son pays, Mahmud brille par sa pugnacité, son imagination et sa détermination à sauver sa patrie. Il finit par s’entourer de valeureux guerriers, de talentueux informateurs, mais aussi de dirigeants de premier plan, qu’il entraîne dans une nouvelle alliance, sans cesse grandissante : la Türkiye n’a pas dit son dernier mot, et elle est bien décidée à montrer les crocs !

Altaïr ©2014 Kotono Kato

Altaïr ©2014 Kotono Kato

Il était une fois la guerre… en Méditerranée

Si l’on place en préambule que Kotono KATO a fait des études d’Histoire spécialisées sur la Turquie, on commence à comprendre la genèse d’Altaïr et l’enchevêtrement des références qui le compose. Forte de ses connaissances historiques, la mangaka a recréé une nouvelle Méditerranée où elle redessine une nouvelle carte, réorganise les alliances,  redistribue les ethnies et réinvente les guerres qui ont fait rage pendant des siècles entre l’Empire Byzantin et celui qui allait le supplanter, l’Empire Ottoman. Elle pioche aussi dans l’opposition de ce dernier avec les coalitions européennes du Saint Empire Germanique qui dureront jusqu’à l’orée du XXe siècle. Elle a donc l’embarras du choix. Géographiquement et culturellement, ce panel couvre toutes les grandes puissances du sud du Môyen-Âge tardif et de la Renaissance, de l’Espagne jusqu’à l’Arabie Saoudite… Un vaste vivier, donc.

 Carte Europe  Ottoman Empire

Néanmoins, même si le choix est large, encore faut-il associer l’ensemble correctement, pour donner un minimum d’unité à ce nouveau monde. À cette fin, la mangaka commence déjà par concentrer le tout : la mer du Centro et le Contient roumélien d’Altaïr sont bien une nouvelle version de la Méditerranée. Le royaume de Türkiye et l’Empire du Baltrhain y sont les deux seuls pays d’envergure, entourés de petites provinces et surtout de villes-état, chacun indépendant de son voisin et tout au plus partenaires dans une coalition commerciale.

altair map

Carte partielle d’Altaïr : Baltrhein à gauche, Turkïye et ses voisins à droite © 2014 Kotono Kato

Parti en voyage dans sa contrée natale, Mahmud va donc de ville en ville, restant pendant deux ou trois volumes dans chacune. Il  permet au lecteur de faire des bonds dans l’espace, voire dans le temps :  le premier exemple marquant est l’Etat Portuaire de Phoenicia au début du volume 3, qui possède des allures de Carthage ou de république grecque. C’est aussi le nom d’une ancienne civilisation établie du côté de la Syrie, qui s’est répandue un peu partout en Méditerranée de 1500 à 300 avant J.C..

Puis vient la république de Vénédik, hommage à Venise, avec ses masques mais surtout ses bateaux qui vont devenir LA flotte primordiale dans la conquête des mers, une dizaine de volumes plus tard. D’autres cités ou petits états vont suivre comme l’homonyme et fastueuse Florence, la cité imprenable et hispanisante de Campana, les mercenaires de Tauro, l’Urad et ses palais slaves de toute beauté… etc, etc ! On pourrait passer des heures à éplucher chacune de ces destinations tant les décors et les costumes y sont majestueux, bourrés de détails. Les références culturelles enrichissent l’ensemble et lui confèrent un supplément d’âme, en plus d’être expliquées dans de petits encarts bonus ou en début de chapitre, pour une introduction dans un nouveau lieu.

Arrivée à Venedik

Arrivée à Venedik © 2014 Kotono Kato

De par le jeu de toutes ces références Kotono KATO déploie son manga bien au delà du simple shônen historique. La quête initiatique de Mahmud est un voyage rafraîchissant dans des contrées que l’on croit reconnaître mais que l’on ne cesse, en réalité, de redécouvrir. Un vrai dépaysement. De plus, le résultat visuel sympathique des premiers tomes, avec ses influences orientales assez inédites pour un manga, gagne en maturité au fil des opus. On sent la mangaka monter en gamme dans ses tracés et la maîtrise de son chara-design. Rien de plus normal car Altaïr est le premier titre de Katano KATO, qu’elle a débuté en 2008 au Japon. Une fois le cap des 9e et 10e tomes franchit, on atteint alors un graphisme envoûtant et les magnifiques couvertures des derniers tomes de la série, avec ses somptueuses incrustations dorées, ne mentent en rien sur la beauté des dessins qui se cachent en dessous. Le manga ne se lit plus, il se savoure, se dévore ou se décortique selon votre appétit de lecteur, avec une réelle gourmandise.

 tome 12 altaïr  tome 13 altaïr  tome 14 altaïr

Au jeu des stratèges il faut vaincre ou périr

Enfin, impossible de finir cet article sans évoquer ce qui m’a séduit dès les premiers volumes et qui fait que je mets la série en avant dès que je le peux, ici et ailleurs : la géostratégie et les techniques militaires ne cessent de donner du piquant à Altaïr. Dans le premier Arc, Mahmud regagne petit à petit ses galons auprès du pouvoir Türc, à travers des victoires mais aussi des échecs. En effet, il est des situations qui ne peuvent pas toujours êtres sauvées, des cités si embourbées dans leurs disputes internes ou leur corruption qu’un “étranger” n’a aucune chance d’inverser les rouages du destin. Mais Mahmud brille à chaque fois, par sa capacité à lire les plans des adversaires, à en éviter les traquenards et à penser plusieurs coups en avance.

Altaïr ©2014 Kotono Kato

Altaïr ©2014 Kotono Kato

Une fois la preuve faite de sa valeur, il se voit confier une mission secrète : reformer l’ancienne Grande Turquie en prévision du combat qui s’annonce contre l’Empire, quitte à faire disparaître – et ce par tous les les moyens – les anciens sultans amis qui sont passés depuis du côté du Baltrhain. Il grandit donc de rencontres en rencontres, évolue le long de cette quête initiatique faisant preuve d’une maturité assez précoce et comprenant rapidement que certains ennemis ne peuvent pas être épargnés. La réalité de la guerre et des conflits a frappé notre héros très jeune et il sait que certains ennemis doivent mourir. Altaïr n’est donc pas un shônen naïf où tout le monde meurt quatre à cinq fois. Il y a des rebondissements et des vies sauvées in extremis, bien sûr, mais les soldats et les civils meurent… et leurs généraux aussi.

C’est la guerre quoi, la vraie, avec tous ses moments tragiques, ses sacrifices glorieux ou ses morts stupides, ses vengeances dans le sang ou ses défaites dans l’honneur…

Altaïr ©2014 Kotono Kato

Altaïr ©2014 Kotono Kato

Tout ceci donne un arc riche en émotion qui construit véritablement la série et ses bases, jusqu’au moment où l’heure du grand affrontement retentit. Je ne vous en dévoile pas les tenants ni les aboutissants, mais ce jeu de guerre pour la défense de la nouvelle alliance est un must read pour quiconque a déjà pris du plaisir à un jeu de stratégie en plateau ou sur console. Infanterie, cavalerie légère ou lourde, ingénierie surprenante, bataille en mer, technique d’encerclement ou de contre-encerclement sur terre, stratégie de fuite ou de chasse, utilisation du relief… Si vous avez la chance comme moi de lire les tome 10 à 14 d’un coup – relisez-les sinon, ça marche aussi – c’est un véritable festin où s’affrontent des dizaines de milliers d’hommes et les plus brillants des cerveaux.

Bref, que dire de plus, les superlatifs vont finir par me manquer mais je pense que vous avez compris l’envie de partager avec vous cette passionnante lecture. Au bout de 14 tomes, je ne pouvais plus me taire ou évoquer la série sur une simple petite chronique.

 Altaïr ©2014 Kotono Kato Altaïr ©2014 Kotono Kato Altaïr ©2014 Kotono Kato

Alors que le 15e volume arrive le 8 mars prochain dans nos librairies, la France aura rattrapé le Japon et son 18e volume courant 2017. Déjà qu’elle ne parvient pas vraiment à trouver son public, la série risque donc de sortir des radars car elle ne sera plus publiée qu’une fois tous les 8-10 mois. Mais Altaïr et son auteure Kotono KATO méritent amplement de connaître le succès, pour leur invitation au voyage, des graphismes somptueux et détaillés, un mix des cultures et des civilisations remarquable et une véritable expertise guerrière, tant sur le plan tactique que dramatique… Donc lisez Altaïr et partez à l’aventure, que diable !

tome 15 altaïrFiche descriptive

Titre : Altaïr
Auteur : Kotono KATO
Date de parution du dernier tome : 04 janvier 2017
Éditeurs fr/jp : Glénat Manga / Kôdansha
Nombre de pages : 192 n&b
Prix de vente : 7.60 €
Nombre de volumes : 14 / 18 (en cours)

Visuels : © 2014 Kotono Kato

Pour en savoir plus vous pouvez jeter un œil sur la preview ci-dessous et sachez également qu’un anime est prévu pour cet année : il possède déjà son site internet et son compte twitter, et les studios Mappa et Aniplex, ainsi que le réalisateur Kazuhiro Furuhashi (Le chevalier d’Eon)  sont à la manœuvre. 

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Interview éditeur : Glénat Manga, le bilan 2016

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Bonjour tout le monde ! Après un mois de mars consacré au Bilan du marché du manga 2016, disponible ici, je reviens pour vous proposer trois interviews d’éditeur avril et mai. On commence aujourd’hui avec les éditions Glénat Manga et son éditrice Satoko INABA, en poste depuis un peu plus d’un an maintenant (mais dans la maison depuis bien plus longtemps, cf l’interview Glénat Manga de fin 2012, ici). Elle a accepté de répondre à de nombreuses questions : comment va le leader du marché du manga et quel est son bilan 2016, comment se portent les classiques de la maison et les dernières nouveautés, comment fait-il face à la concurrence des nouveaux blockbusters ? On vous dit tout ça, et plus encore, ci-dessous !

Glénat Manga Paoru 2017

Bonjour Satoko INABA, et merci pour votre temps…

Commençons par le marché du manga en France. Il s’est vendu environ 13,6 millions de mangas en France en 2016, soit une progression de 10 % par rapport à 2015. Est-ce que cette progression se résume uniquement à des phénomènes comme One Punch-Man ou My Hero Academia ou est-ce qu’il y a une vraie dynamique, plus solide, selon vous ?

Le lancement de ces deux titres a effectivement créé une bonne dynamique, mais elle ne se limite pas à ça. Le succès suivi de One Piece, le regain d’attention autour de la saga Dragon Ball ou la progression fulgurante d’une série comme Tokyo Ghoul nous permettent de dire que le manga n’est définitivement plus une mode, mais un marché bien installé avec des lecteurs qui se renouvellent constamment.

Dans ce marché dynamique, comment a évolué le volume de ventes de Glénat Manga et quelles ont été vos nouveautés qui ont rencontré le plus grand succès ? 

Glénat a su rester leader du marché, malgré les nouveaux titres annoncés comme des blockbusters chez les concurrents.

Tokyo Ghoul reEn termes de nouveauté, Tokyo Ghoul:re a évidemment connu un succès exponentiel dès le lancement au mois de janvier, et rien qu’en 2016, nous comptabilisons plus de 300 000 ventes pour les deux séries de la saga (Tokyo Ghoul et Tokyo Ghoul:re). La meilleure surprise a été Les Enfants de la baleine, série assez confidentielle au Japon lors de son lancement, mais qui a séduit beaucoup de lecteurs par un visuel de couverture très attirant et surtout un contenu très original.

De son côté One Piece reste votre best-seller, même s’il perd un peu de terrain en 2016, alors qu’il semble assez bien tenir le coup au Japon. Est-ce que le public français est moins fidèle ou se lasse plus vite d’une série chez nous, d’après vous ?

La dynamique semble être la même dans les deux pays et elle est très liée au développement des arcs scénaristiques. Nous avons un décalage dans la parution qui explique les différences de timing. En 2016, nous étions donc plutôt dans le creux de la vague… Signalons également que 2016 a vu la publication d’un One Piece de moins en France que l’année précédente, ce qui engendre mécaniquement une baisse des ventes totales. Mais l’arrivée en 2017 de l’arc consacré à Sanji devrait rebooster l’intérêt pour la série !

One Piece tome 80D’ailleurs concernant One Piece, ODA avait évoqué une centaine de tomes il y a quelques années. Maintenant qu’il s’en approche, est-ce qu’il en a dit plus sur l’arrivée d’une fin pour One Piece ?

L’auteur a annoncé vers le tome 80 qu’il avait à peu près bouclé 65 % de sa série. Si l’on se projette, One Piece devrait donc compter dans les 120 tomes…

Autre manga emblématique des éditions Glénat : Bleach, qui lui est bel est bien fini au Japon. D’un côté on reproche depuis longtemps à la série d’avoir trop étiré certains arcs, et de l’autre la fin de la série est vue comme très abrupte (édit : scénaristiquement parlant). Ces remarques vous semblent-elles justifiées et que peut-on retenir de l’aventure Bleach dans la gestion d’un hit sur le long terme au final ?

Le dernier arc de Bleach ayant été annoncé depuis cinq ans, je ne pense pas qu’on puisse parler d’une fin abrupte… Mais il s’agit effectivement d’une série avec un rythme particulier, qui peut déstabiliser lorsqu’on est habitué à d’autres shônen. Mais attendez la sortie du dernier tome, la lecture de la série complète pourrait vous donner une nouvelle impression.

Si on en revient à des séries plus récentes de votre catalogue, il y a Tokyo Ghoul : Re et Ajin, Comment se portent ces deux séries déjà, en termes de ventes ? 

Ajin tome 8Effectivement, il s’agit de deux séries qui rencontrent le succès. Ajin a un rythme de parution un peu plus lent, mais le recrutement sur le tome 1 a doublé en 2016. C’est donc une série qui continue toujours à monter, avec un public très fidèle. Tokyo Ghoul quant à lui rejoint aujourd’hui le rang des séries emblématiques Glénat en passant la barre du million d’exemplaires vendus sur la série. Et ce succès n’est pas près de s’arrêter, si on se fie au développement scénaristique des derniers tomes…

C’est un shônen et un seinen qui ont en commun d’être des séries d’action fantastiques avec un ton assez mature. Est-ce comme ça que vous imaginez les futures stars de votre catalogue, tournées vers un public de grands ados et jeunes adultes ?

Les Éditions Glénat ont toujours proposé un catalogue varié, avec des titres à succès dans plusieurs catégories : Dragon Ball, One Piece, Akira, Gunnm, Les Gouttes de Dieu, Kilari, Chi, Berserk… Nous continuerons à éditer des séries de qualité, sans nous limiter à un public restreint.

Pour finir sur les blockbusters… L’an dernier, Christel Hoolans nous donnait son avis sur l’attribution des licences de OPM, My Hero Academia et Platinum End à des éditeurs disons… inattendus. Un an après la sortie de ces séries, quel regard portez-vous sur cette évolution de la concurrence, est-ce que ça vous a fait changer des choses dans la façon de travailler en interne ou dans vos relations avec les éditeurs japonais ?

Ces attributions ont peut-être laissé quelques influences sur notre façon de travailler mais n’ont finalement pas bouleversé le marché.

J’ai l’impression que ces décisions sont à l’origine d’une course aux supposés blockbusters chez tous les éditeurs. Il s’agit de faire des paris sur des concepts, des noms d’auteurs, sans que nous puissions prendre le temps de découvrir une œuvre et de réfléchir posément à la meilleure manière de la proposer en France. Certains titres pourraient réellement souffrir de cette foire d’empoigne et manquer d’un soutien efficace pour être lancé en France.

Dans un tout autre registre, l’année 2016 a été aussi celle de deux paris éditoriaux : je pense à Les Enfants de la baleine et L’Ère des cristaux, qui sont deux superbes titres. Pourtant l’un des deux a plutôt bien marché alors que l’autre pas du tout. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus et comment vous expliquez-vous cette différence ?

Enfants de la baleine 5Les Enfants de la baleine a connu un très bon accueil, surprenant quand on sait que le titre était quasiment méconnu au Japon lors de son lancement. Les lecteurs français ont tout de suite été charmés par sa belle couverture puis captivés par son univers qui rappelle Miyazaki. Nous avons également bénéficié d’un très grand soutien de la part de l’éditeur et de l’auteur, indispensables pour bien développer la communication.

L’Ère des cristaux plaît à un public de connaisseurs et d’esthètes, mais il est peut-être un peu trop expérimental pour être ajouté dans la liste des courses à côté de One Piece et Ajin… Il en est de même pour un titre comme Le Voleur d’estampes, ce sont des œuvres novatrices auxquelles il faut accorder un peu de temps pour qu’elles soient reconnues à leur juste valeur, et nous ne regrettons absolument pas d’avoir fait le choix d’éditer ces titres.

Est-ce que vous avez d’autres déceptions sur l’année 2016 d’ailleurs (et, pareil, comment les expliquez-vous ?)

Je pense à Arbos Anima, la nouvelle série de Kachou HASHIMOTO que vous avez eu l’occasion de voir à Japan Expo 2014 pour sa série Cagaster. C’est une très bonne série, mais le lancement a été noyé dans la vague des sorties de juillet, sur un Japan Expo qui mettait l’accent sur la production française. J’espère donc avoir une autre occasion de la mettre sous le feu des projecteurs…

Hinomaru Sumo quant à lui n’est pas vraiment une déception, mais il gagne encore à être connu. Tous ceux qui s’y sont intéressés sont unanimes : il faut passer outre la fausse image comique que nous avons du sumo, il s’agit d’un vrai shônen nekketsu d’arts martiaux !

 Arbos Anima  Hinomaru Sumo

Autre sujet autour de la qualité de l’impression et du papier de vos mangas : papier parfois extrêmement fin, des taches d’impression ou des inversions de chapitres ainsi qu’un débat autour du format souple. Bref, c’est un sujet qui revient régulièrement depuis que la fermeture d’Hérissay en 2014, qui vous a contraint à trouver un nouvel imprimeur. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur ces difficultés rencontrées et rassurer votre lectorat quand à la qualité de vos prochains mangas ?

Nous avons effectivement été confrontés à certains problèmes d’impression. Nous alertons à chaque fois les imprimeurs de ces problèmes et des exigences de qualité de notre lectorat, et cherchons des solutions pour éviter ce genre d’erreurs. Nos prestataires sont donc clairement conscients de ces impératifs et savent que, s’ils ne sont pas en mesure de les satisfaire, nous tâcherons de changer de fournisseur afin d’obtenir la qualité que les lecteurs attendent de nous.

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Impression de Manga à HERISSEY, l’ancien partenaire de Glénat Manga.jpg

La question de changement de papier a effectivement fait l’objet de crispations dans la mesure où le lectorat manga reste très fidèle à ses habitudes de lecture. Néanmoins, si un tel changement n’est jamais forcément accepté de tous, nous savons également que la bascule vers un papier crème, plus respectueux du rendu des travaux de nos auteurs, s’est effectuée sur une période relativement longue, à savoir presque dix ans. Il est compréhensible que les plus réticents soient ceux qui s’expriment le plus mais nous savons également que les plus satisfaits sont également ceux qui s’expriment le moins…

Quoi qu’il en soit, nous restons vigilants sur la qualité d’impression et de papier, afin que les titres que nous publions respectent – voire dépassent – les attentes de nos lectrices et lecteurs.

Dernière question sur 2016 : l’offre de manga en numérique se diversifie mais ne semble pas s’accompagner d’une hausse notable des ventes… Quel est votre ressenti sur ce qui semble pour le moment une impasse ? Est-ce qu’il faut juste se montrer patient ou est-ce le modèle économique qui n’est pas encore le bon selon vous ?

Actuellement, le numérique ne semble pas encore avoir acquis son public en France. Contrairement à d’autres pays, nous sommes peut-être plus attachés au papier, ou pas assez habitués au concept de “payer pour un contenu et non une forme”.

Tournons-nous pour finir vers 2017 : comment démarre l’année pour le marché du manga français et pour Glénat ?

Très bien ! La dynamique de 2016 semble se poursuivre pour le marché et s’intensifier pour Glénat. Les séries phares continuent à tenir les lecteurs en haleine, alors que des séries mythiques comme Dragon Ball, Gunnm ouThe Ghost in the Shell se voient insuffler une nouvelle dynamique.

Dragon Ball superQu’est-ce que vous nous préparez de bon pour cette année, quels en seront les moments phares ?

Nous continuons bien évidemment à ouvrir de nouveaux horizons avec des jeunes auteurs, qu’ils soient japonais ou français.

Mais cette année, ce sont surtout nos deux séries stars qui seront mis en avant. L’arrivée en avril de Dragon Ball Super est un événement incontournable pour tout fan de manga, et à partir de juillet, nous entrerons dans l’année anniversaire des 20 ans de One Piece où nous vous préparons de très belles surprises.

On s’approche de la fin, alors voici une question un peu plus personnelle : cela fait un an et demi que vous êtes la directrice éditoriale des éditions Glénat Manga qui sont quand même le leader du marché français… Comment se déroule cette expérience assez unique en son genre ? Est-ce que le métier ressemble à ce que vous imaginiez d’ailleurs ?

Je suis dans le milieu depuis 15 ans et à Glénat depuis huit… J’ai donc eu la chance de reprendre un catalogue que je connais déjà depuis quelque temps, soutenue par une équipe efficace et volontaire.

La principale difficulté d’un éditeur historique comme Glénat est de renouveler sans cesse son offre sur la nouveauté, tout en valorisant les grandes œuvres qui constituent le fond de catalogue. C’est donc assez stimulant de vivre sur une faille spatio-temporelle qui me fait naviguer de 1989 à 2020.

Aujourd’hui, avec le développement de créations directes et de collaborations internationales, le métier d’éditeur manga en lui-même se transforme peu à peu. Je me remets donc constamment en question, afin de m’adapter à l’avenir qui nous attend.

Qu’est-ce que l’on peut souhaiter à Glénat Manga et à sa directrice éditoriale pour 2017 ?

Le marché du manga est en pleine mutation, avec de nouveaux défis à relever au Japon, en France ou ailleurs. J’espère donc que nous pourrons continuer à faire évoluer les choses pour vous proposer des lectures toujours plus intéressantes !

On le souhaite aussi, merci Satoko INABA !

Retrouvez Glénat Manga et son actualité à travers leur site, leur page Facebook ou leur compte Twitter !

Remerciements à Satoko INABA, Benoît HUOT et Fanny BLANCHARD pour leur temps et la mise en place de cette interview.

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Interview éditeur : défis et nouveaux challenges aux éditions Ki-oon !

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Ki-oon Paoru 2017 copie

Chose promise, chose due, voici une nouvelle interview éditeur dans la place. Après l’entrevue par mail avec les éditions Glénat que je vous avais proposé ici, on passe maintenant à un travail en direct et beaucoup plus complet avec un habitué de ces colonnes : l’éditeur Ki-oon ! 

Avec Ahmed Agne, son directeur éditorial, nous sommes revenus sur une année des plus riches pour Ki-oon avec la publication de leur blockbuster My Hero Academia et tout ce que ça implique ou ce que ça va permettre en terme de choix éditoriaux. On revient aussi sur les autres lancements de l’année et l’analyse du marché. C’est toujours super intéressant, je vous laisse le constater par vous-même. Bonne lecture 🙂

Préambule : Kizuna, pour les 7 à 77 ans…

KizunaBonjour Ahmed Agne… Première question, en rapport avec l’actualité comme d’habitude : Kizuna, c’est quoi, c’est pour qui et quel est le but de cette collection ?

En fait nous commencions à nous sentir un peu à l’étroit dans les catégories shônen, shôjo et seinen. Nous avons toujours hésité avant de les utiliser d’ailleurs – nous l’avons déjà évoqué ensemble à travers les années – mais ce sont celles qui se sont imposées, que tout le monde utilise en point de vente, donc il est difficile de passer à côté.

Nous avions beaucoup de titres labellisés seinen au catalogue, car c’est l’étiquette qui leur était donnée par le magazine de publication japonais, mais ils n’étaient pas des seinens dans le sens où on l’entend sur le marché français (une violence exacerbée, une chronique sociale, etc.). Ces séries, comme Bride Stories, Père et Fils ou Cesare par exemple, s’adressaient à tous les publics.

Nous voulions donc les sortir de la catégorie seinen : notre catalogue possède de plus en plus de séries comme ça et il en aura encore plus à l’avenir. Il nous fallait donc une catégorie pour les représenter, créer une catégorie qui serait l’équivalent en manga du « 7 à 77 ans » de la BD franco-belge. Ce sont des titres que l’on peut se passer sans problème au sein d’une famille, lire entre parents et enfants. Lorsqu’on est libraire on peut le conseiller à un client qui ne connait pas trop le manga et qui voudrait faire un cadeau à son neveu ou à sa nièce. Il pourra lui aussi le lire et s’y retrouver.

Kizuna c’est donc une collection de titres universels et grand public qui vient compléter les segmentations shônen, shôjo et seinen de notre catalogue.

Collection-kizuna

Puisque l’on parle collection et seinen, comment la différencier de Latitudes ?

Latitudes c’est une collection de roman graphique, de BD d’auteur qui est, elle, est vraiment adulte. Je ne ferai pas lire du Tetsuya TOYODA à des enfants ou Unlucky Young Men à des adolescents. Kizuna est beaucoup plus universel.

Retour sur le marché du manga en 2016

Ok, c’est noté. Lançons nous maintenant dans le marché du manga en France. Il s’est vendu environ 13,6 millions de manga en France en 2016, soit une progression des ventes de 10 % par rapport à 2015. C’est la seconde année de progression, est-ce qu’elle se résume uniquement à des phénomènes comme One-Punch Man ou My Hero Academia où est-ce qu’il y a une vraie dynamique, plus solide, derrière ?

Un peu des deux. Clairement les lecteurs commençaient à se lasser des blockbusters habituels, car Naruto et One Piece sont des séries qui ont près de 20 ans maintenant. Ces séries ont une longévité exceptionnelle et c’est déjà incroyable qu’elles continuent de se vendre autant après tant d’années. Mais, malgré tout, il y a un petit effet de lassitude qui entraîne une érosion des ventes. Cet effet commence aussi à se percevoir sur Fairy Tail, qui a commencé en 2008. Même si cette série est plus récente cela fait bientôt 10 ans qu’elle est en place.

Je pense que les lecteurs, contrairement à ce que pouvaient dire certaines analyses, n’étaient pas fatigués des blockbusters en soit mais ils voulaient juste de nouvelles choses. Le sang neuf qu’ont apporté des séries comme My Hero Academia, One-Punch Man, Platinum End et d’autres a eu pour effet de faire revenir des gens en librairie. Ils en ont alors profité pour acheter d’autres choses. Nous avons pu constater dans nos lancements de l’année qu’il y a clairement un mix entre les grosses séries commerciales qui trustent le haut du top des ventes mais aussi plein de séries plus atypiques qui tirent leur épingle du jeu : Kasane, Au cœur de Fukushima, Les enfants de la baleine sont des séries bien placées dans le top des lancements. Les lecteurs sont allés en librairie pour aller acheter des nouveaux blockbusters, mais pas uniquement.

Blockbusters Manga 2016

Blockbusters Manga 2016

Comment va Ki-oon dans ce contexte ?

Comme nous faisons partie des trois chanceux du marché cette année, c’est à dire ceux qui ont sorti un nouveau blockbuster, 2016 a été une année exceptionnelle pour nous. Nous n’avons jamais écoulé autant de manga sur une année et nous n’avons jamais fait de lancement aussi fort que My Hero Academia.

Combien de mangas vendus cette année ?

Selon notre distributeur nous sommes à 1,3 millions d’exemplaires écoulés, et ce en conservant une production qui reste identique voir même légèrement plus faible, de 110 sorties en 2015 à 106 en 2016.

My Hero Academia 7_Coffret Collector CS5Pour My Hero Academia nous envisagions un lancement à la Seven Deadly Sins en terme de quantité et au final nous en avons vendu trois fois plus, à période comparable. Nous sommes les premiers enchantés par ce succès. Après c’est une série qui va s’installer sur le très long terme : c’est un manga du Shônen Jump ce qui veut dire plusieurs dizaines de volumes, ça représente un grand nombre d’années avant de voir la fin de la série.

Cela représente aussi un enjeu pour l’éditeur anime, pour celui des jeux vidéo, pour ceux du merchandising. De plus, à chaque fois que des nouveaux licenciés arriveront pour s’ajouter à la marque My Hero Acadomia, cela renforcera le manga. Ce sera un marathon mais la bonne nouvelle pour nous c’est que c’est un marathon qui a commencé comme un sprint. En dehors de One-Punch Man, qui est un cas à part, c’est le meilleur lancement depuis Fairy Tail en 2008. Donc c’est vraiment très bien.

One-Punch Man a plus l’envergure d’un « phénomène », il a démarré très fort dès le départ…

Oui et c’était mon pari aussi, que One-Punch Man démarre très fort là où My Hero Academia s’installerait plus solidement sur le long terme, et que les courbes de ventes des deux finiront par se croiser. Pour One-Punch Man les ventes des tomes suivants se situent plutôt sur un pente descendante là où nous sommes plutôt sur une pente ascendante avec My Hero Academia.

Pour l’évolution d’un tel blockbuster, il y a un frein pour franchir un certain cap c’est la diffusion sur des chaînes généralistes. Toi qui t’occupes de My Hero Academia, est-ce que tu penses que l’anime peut allez plus loin que chez ADN ou que le retour des animes sur les chaines généralistes n’est pas encore à l’ordre du jour ?

Alors je ne sais pas ce qu’il va se passer au final, mais ce que je sais c’est qu’il y a beaucoup d’intérêt en ce moment de la part de plein de chaînes pour My Hero Academia, même si je ne peux pas parler à la place de Viz. Mais ça ne devrait pas être trop problématique. Ce qui a été un frein à la diffusion rapide de la série c’est que la première saison ne faisait que 13 épisodes. L’anime a été mis en production très tôt et Bones n’a pas eu de quoi faire 26 épisodes. Mais la seconde saison démarre en ce moment et elle sera plus longue. À la fin de la seconde saison, pour une chaîne de télévision, le nombre d’épisodes sera beaucoup plus intéressant pour une diffusion. Donc je ne me fais pas de souci. Après est-ce que ce sera sur du hertzien ou pas… Moi j’espère ! (Rires)

Année excellente donc, mais pour éviter les commentaires du genre : « c’est normal qu’ils progressent Ki-oon, ils ont My Hero Academia au catalogue, c’est facile quoi ! » Est-ce que tu peux nous dire si, en dehors de votre nouvelle série phare, 2016 reste tout de même une bonne année pour Ki-oon et pourquoi ?

(Rires) Alors c’est simple : on finit l’année à +21% alors que nous étions déjà avec une augmentation de 16% avant le lancement de My Hero Academia. Le catalogue est très sain dans sa globalité, et My Hero Academia n’est pas une réussite isolée. De toute façon nous avons toujours été connus pour avoir plein de middle sellers et c’est toujours le cas : Inuyashiki se porte très bien , Pandora Hearts s’est fini en 2016 mais compte beaucoup dans les ventes du fond, Darwin’s Game et A Silent Voice fonctionnent très bien : nous avons plein de séries qui se vendent entre 25 et 40 000 exemplaires par tome.

Dans le top 20 des lancements il y a 6 séries également… Peut-être moins que d’habitude dans le top 10 mais il faut dire qu’il y a eu pas mal de phénomènes cette année.

De toute façon j’ai toujours trouvé ça dangereux de s’enfermer dans le succès d’un seul blockbuster. C’est génial d’en avoir un mais si les gens ne voient plus que ça de ton catalogue cela devient très difficile d’en sortir après. Evidemment nous sommes ravis d’avoir MHA et nous allons le travailler très fortement pendant très longtemps, mais cela ne nous empêche pas de continuer à chercher des titres, chez tous les éditeurs, et de développer d’autres axes du catalogue. C’est aussi pour ça que cette année nous profitons du succès de MHA pour lancer Kizuna, pour lancer des choses beaucoup plus téméraires comme Les fleurs du mal

Ce sont des paris que vous pouviez faire déjà avant…

Oui, mais maintenant nous pouvons en faire plus !

Les fleurs du mal

Puisque l’on parle de choix de titres, comment te décides-tu ? Est-ce que l’originalité d’un titre ou un « petit plus » qui lui est propre peut te convaincre ou est-ce que tu recherches plutôt un bon équilibre entre graphisme, scénario, personnages, etc ?

Le graphisme est de moins en moins un critère décisif. Ça a été LE critère numéro 1 pendant très très longtemps, et ça le reste encore pour pas mal de lecteurs, car nous étions sur un marché pas encore aussi mûr que le marché japonais… Ce qui est normal de toute façon. Mais le lectorat français évolue vraiment ces dernières années. Nous avons parlé de A Silent Voice et Kasane : ce sont typiquement des titres qui ne rentrent pas du tout dans les canons graphiques de ce qui fonctionne habituellement.

Tu penses que ces deux titres là, s’ils avaient été publiés il y a 5 ans, auraient pu être des fours en terme de ventes ?

Je suis persuadé que, aussi bien dans la thématique qu’en terme de graphisme, nous n’aurions pas du tout fait les même scores que ce que nous avons pu réaliser là. C’est un constat qui ne vaut pas que pour le catalogue Ki-oon d’ailleurs. Certains titres sortis chez nos confrères il y a 5-6 années, qui n’ont pas fonctionné car le public n’était pas près, s’en tirerait probablement nettement mieux aujourd’hui.

Le public est désormais plus curieux, plus aventureux et prend plus de risques, à la nuance près que les blockbusters restent les titres qui se vendent le plus. Mais, honnêtement, pour en discuter avec de nombreux éditeurs de mangas étrangers, nous avons en France une offre éditoriale enviable et des titres atypiques qui arrivent à faire des scores très très bon . Après le Japon, c’est en France que A Silent Voice fait par ses meilleurs ventes, loin devant les américains, loin devant les autres pays européens. C’est un signe.

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Risques et challenges éditoriaux

Une question que je ne t’ai jamais posée, curieusement : doutes-tu beaucoup lors du choix d’un titre ? Est-ce que tu demandes leurs avis à d’autres personnes dans ce cas-là ? Comment ça se passe ?

Alors je pense qu’un éditeur qui ne doute pas ça n’existe pas. Ensuite lorsque j’aime un titre je n’ai pas de doute par rapport au fait que je l’apprécie, j’ai juste des doutes sur le fait qu’il va trouver son public, ou pas. Mais ce n’est pas une science exacte de toute façon, on ne peut jamais savoir ça.

Je me rappelle qu’avant le lancement de My Hero Academia, je n’ai pas dormi pendant 3 mois tellement j’étais stressé mais à côté de ça mes collègues éditeurs rigolaient et me disaient : «  t’inquiètes pas, tu vas en vendre des camions entiers. »

wolfsmund-8-ki-oonMais voilà quand c’est toi qui est dedans… (Rires) Tu n’es jamais sûr de toi ! Tu crois en ton titre mais tu ne peux jamais savoir ce que ça va donner. A l’inverse sur certain titres, comme Les fleurs du mal ou Golden Kamui, tu les publies en sachant que tu te fais plaisir mais que tu ne miseras pas l’avenir commercial de ta société dessus non plus. Tu les défends et si tu as une bonne surprise tant mieux, mais si ce n’est pas le cas ça restera un plaisir en tant qu’éditeur mais sans nuire à ton entreprise.

Allez hop misons un rein sur Wolfsmund et un autre sur Golden Kamui pour finir en dialyse à la fin de l’année !

(Rires) Exactement. C’est aussi pour ça qu’un blockbuster comme MHA, qui nous donne de la visibilité sur plusieurs années, est une bénédiction pour un éditeur comme nous. Le nombre de titres comme Wolsfmund ou Les fleurs du mal que tu peux sortir dans une année est forcément limité, parce que tu as une responsabilité de chef d’entreprise par rapport à tes employés et aux gens avec qui tu travailles.

Un blockbuster te permet de prendre ce genre de pari en étend plus détendu… Pas détendu dans le sens de ne plus les défendre et de se moquer qu’ils se vendent ou pas – nous ferons toujours les efforts qu’il faut pour ces titres là – mais détendu car l’avenir de ta société ne dépend pas de la réussite ou de l’échec de cette œuvre là.

Est-ce que ça veut dire que vous allez sortir plus de titres ou autant de titres mais avec plus de risques ?

Autant de titres et parmi les titres choisis je pourrai prendre plus de risque. Pour ce qui est du nombre de titres pour l’instant nous restons autour de 110 par an. Mais prendre plus de risques c’est aussi, pour des titres plus atypiques, mettre plus de budget sur la table pour les présenter le mieux possible, leur donner plus de chances de réussir. Ce n’est pas qu’une question de sortir cinq fois plus de titres risqués c’est plutôt choisir de les sortir mieux, de s’engager davantage dessus lorsqu’ils seront publiés.

Par exemple, typiquement, en lançant la collection Kizuna, nous allons pouvoir proposer un titre comme Hanada le garnement, qui est un titre que j’adore mais qui n’est pas ultra facile à vendre, qui bénéficiera du buzz autour du lancement de la collection, alors qu’il aurait été encore plus difficile à vendre en simple seinen ou shônen. C’est aussi ça que ça permet de faire, nous pouvons faire des investissements de cet ordre là.

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Passons des titres audacieux à une thématique qui peut parfois l’être elle aussi, et qui est fortement associée à Ki-oon : le manga historique. Le hasard a fait que récemment j’ai lu beaucoup de mangas historique et c’est chez vous que j’en ai trouvé le plus… Ki-oon, spécialiste du genre ?

Ah c’est une étiquette parmi d’autres et qui me va tout à fait, oui. Mais ce n’est pas par hasard… Bon, là, je raconte un peu ma vie mais il s’avère qu’avant d’être éditeur de manga je voulais faire des études d’Histoire. J’étais passionné d’histoire et de mythologie égyptienne et je voulais devenir archéologue, jusqu’à la classe de 1ère. Puis je suis tellement tombé dans la marmite manga que j’ai changé de plan sur la fin mais, forcément, ça reste un domaine qui me passionne. Ce n’est donc pas pour rien que ça se retrouve dans mes choix éditoriaux avec Cesare, Ad Astra, le Requiem du roi des roses, etc. Ce sont des sujets qui me tiennent à cœur.

On le comprend, c’est vrai que c’est vraiment passionnant comme type d’ouvrage. Pour autant, ce n’est pas un genre facile, non ?

Ce n’est pas un genre facile effectivement, mais nous nous en sortons plutôt bien. Cesare a été un très beau succès, c’était le premier que nous avons sorti dans cette thématique. Nous avons invité les auteurs au Salon du Livre de Paris, il y a eu une exposition, beaucoup d’articles dans la presse, etc. et aujourdhui nous avons vendu autour des 20 000 exemplaires pour le premier tome. Ad Astra a très bien fonctionné aussi. Le Requiem du Roi des Roses beaucoup moins, mais je ne m’attendais pas non plus à un succès tonitruant, Wolfsmund pareil…

Reine d'EgypteCela dépend donc des titres mais je ne dirai pas que c’est un genre difficile à défendre pour autant. C’est même tout le contraire car nous pouvons facilement décloisonner et sortir du lectorat manga avec des titres comme ça, nous pouvons parler au plus grand nombre. Nous le ressentons beaucoup en ce moment par exemple, avec le lancement de Reine d’Egypte : nous avons énormément de sollicitations bien au delà de la presse avec des demandes d’école, de bibliothèques et de lecteurs qui ne connaissent pas forcément Ki-oon. Ce sont plutôt des bons indicateurs qui montrent encore une fois qu’il s’agit de thématiques universelles.

Pourtant, lorsque nous avons lancé Cesare, son éditeur japonais Kodansha peinait avec cette série car aucun éditeur en France n’en voulait. C’était la seconde ou troisième série pour laquelle nous faisions une demande chez eux et ils nous demandaient « mais pourquoi ce titre là, personne n’en veut en France, ça va être très compliqué ! ». Je leur répondait que, non, ce n’était pas si compliqué : nous étions en plein changement de Pape, en pleine série TV sur les Borgia sur Canal + et ailleurs qui faisaient des cartons d’audience, les Français sont attachés à cette période de leur histoire. Donc non, ce n’est pas compliqué. Ça peut l’être si tu te places en tant que vendeur de manga pur et dur. Mais pour un éditeur de livre qui vise un public large, c’est une super opportunité… et ça a très bien fonctionné.

Et pour parler d’un titre 2016, Golden Kamui, le résultat semble plus mitigé. Pourquoi selon-toi ?

Alors déjà c’est à nuancer car c’est un titre sorti en août et qui s’est quand même vendu à 6 000 exemplaires, ce qui est loin d’être infamant.

C’est de l’ordre du Requiem du Roi des Roses ?

Ah non pour le Requiem ça avait été beaucoup plus compliqué. Sur la première année nous en vendions autour de 2 500 exemplaires.

Ah oui en effet, Golden Kamui n’est pas si bas que ça !

Golden Kamui

Golden Kamui

Bah disons que comme c’est un titre des éditions Shueisha, dès que nous n’en vendons pas 25 000 exemplaires certains pointent ça du doigt et disent, mais c’est de bonne guerre : « aaaaah vous voyez ils se sont bien plantés là ! » (Rires) Mais en fait non, et de toute façon nous  ne nous attendions pas à vendre des dizaines de milliers car c’est un titre assez atypique, au delà de son aspect historique : chasse, pèche, nature et traditions à Hokkaido dans le Japon du début du 20e siècle, ça cumule un peu les choses bizarres quoi. (Rires) Moi j’adore, je suis complètement fan du trait de l’auteur et de son découpage, mais j’étais parfaitement conscient que ce serait compliqué. Shueisha aussi d’ailleurs, nous n’étions pas quinze à nous battre pour Golden Kamui.

Mais c’est une série à observer sur le long terme, avec le bouche à oreille, avec un développement audiovisuel au Japon aussi. De plus ça nous ouvre pas mal de portes : j’ai fait une conférence le mois dernier au musée Branly pour parler de Golden Kamui et des Aïnous. Cela permet de s’adresser à un public auquel nous n’avons pas l’habitude de parler. A voir sur le long terme, donc.

Et pour finir avec le dernier de vos titres : Reine d’Egypte. Maintenant que l’on sait que tu as failli être archéologue, on imagine que tu as du bondir sur le titre non ?

J’ai complètement bondi sur le titre et en plus, contrairement à ce que les lecteurs pourraient croire, il y avait une compétition intense. Au moment où Enterbrain l’a vendu il y avait déjà eu des succès comme Cesare et Ad Astra donc nous étions nombreux sur le coup. Il a fallu batailler et mon profil de passionné de mythologie a pu peser dans la balance et je suis très content de récupérer ce titre.

En plus je pense qu’entre la France et l’Egypte il y a vraiment un lien, et c’est un univers qui fascine beaucoup de lecteurs. En bande dessinée comme en littérature ça fonctionne toujours très bien. Les romans comme ceux de Christian Jacques basés sur la mythologie égyptienne cartonnent, je crois qu’il en est à plus de 35 millions d’exemplaires vendus dans le monde.

De quoi faire un chouette Salon du Livre alors, pour la venue de l’auteure !

Nous avons tout fait pour en tout cas, avec un stand spécial Reine d’Egypte (NDLR : voir l’album photo du SDL 2017, ici). Et le public est au rendez-vous puisque ce lancement a été un succès, le 7e meilleure lancement de l’histoire de Ki-oon.

Stand Ki-oon au SDL 2017

Stand Ki-oon au SDL 2017

Passons à une autre thématique : bah alors, toujours pas de nouveaux shôjos en vue ?

Baaaaaaaaah non, je suis un peu un vieux con là dessus. (Rires) Mais j’en lis hein, je tiens à défendre mon honneur sur le sujet, je continue d’en lire ! Mais pour l’instant je n’ai pas eu les quelques titres qui auraient pu m’intéresser.

Est-ce que tu dirais que c’est parce que tu es très sélectif ou plutôt que le shôjo est un genre qui a besoin d’évoluer ?

Je pense que c’est le genre le plus segmentant dans ses thématiques : presque tout le monde peut lire du shônen, garçons comme filles, et presque tout le monde peut lire du seinen, hommes comme femmes, mais une grande partie de la production shôjo vise vraiment son public, ce qui est sa force et sa faiblesse. Une grande partie de ces titres parlent de lycéennes amoureuses de deux garçons à la fois et qui ne savent pas choisir… Quand je lis ça je n’arrive pas à me projeter et je m’ennuie. Donc comme je n’ai pas d’éditeur qui s’occupe du shôjo et que c’est moi qui fais les choix éditoriaux je ne fais pas d’offre dessus et je n’en publie pas.

Maintenant c’est pas le genre qui est à jeter : Switch Girl je me suis bien marré à le lire, Mon histoire je trouve ça très bien, Orange je trouve ça très bien. Il y a plein de titres que je lis et que j’apprécie mais il se trouve que je suis pas l’éditeur choisi pour avoir ces licences là, car il y a en d’autres installés sur le créneau et qui sont plus crédibles que nous pour l’instant. Un jour nous aurons une éditrice spécialisée là dedans et nous aurons une collection plus développée mais pour l’instant ce n’est pas la priorité… On ne peut pas tout faire en même temps.

Prophecy CopycatPuisque l’on parle de choses plus inédites : votre coffret Tsutsui Copycat, ça a donné quoi ?

Le collector a fonctionné correctement, sans plus. La raison maintenant… Peut-être qu’il y a eu beaucoup de temps écoulé entre les deux séries, il y 4 ans entre le début de Prophecy et celui de Copycat, donc ce n’était pas facile de raccrocher les fans de la première trilogie, d’autant que le dessin de Copycat a été réalisé par un autre dessinateur, donc ça a rendu les choses un peu compliqué. Mais ce sont des choses que nous allons continuer à faire parce qu’il y a une demande et une cohérence éditoriale à le faire.

On continue avec un autre type de produit, l’association entre un manga Ki-oon et un roman chez Lumen, vous en êtes-où ?

Pour l’instant il y a déjà eu des passerelles avec le roman de King’s Game, qui a super bien fonctionné. Nous l’avons fait aussi pour Remember. Mais après Lumen est une marque de roman pour adolescents et jeunes adultes, c’est autre chose que le light novel. Donc lorsqu’il y a une cohérence éditoriale entre le manga et le roman il n’y a pas de problème à ce que nous fassions des collaborations mais faire du light novel chez Lumen ça n’aurait pas de sens. Si nous devions faire du light novel ce serait sous une autre marque.

Evolution des tendances et nouveaux défis

Pour finir ce bilan sur 2016, as-tu des déceptions ?

Plus que de la déception je ferai un constat, qui reprend ce que nous avions évoqué l’an dernier à savoir que le survival / game allait arriver à saturation, car tous les éditeurs s’y mettaient. À l’époque où nous avons un peu ouvert la voie il n’y avait que très peu d’offre, et les titres fonctionnaient très bien. Mais maintenant l’offre est devenue tellement importante que les ventes de chaque titre deviennent plus anecdotiques par rapport à ce qu’elles étaient… Alors on ne peut pas dire pour autant que le public n’aime plus ça car, en vente absolue, le nombre d’exemplaires écoulés reste très important. Mais ça se partage sur tous ces titres. Nous nous doutions que ça allait arriver à un moment ou à un autre et voilà, c’est arrivé en 2016. Il y a en eu énormément chez plein d’éditeurs qui n’en faisait pas forcément auparavant : chez Kurokawa, Kana, Groupe Delcourt, Doki-Doki, etc. Chez tout le monde en fait. Ça ne veut donc pas dire que le genre est mort, mais que la fête est un peu finie.

Une fois que toutes ces séries se seront achevées, car plusieurs ont pris des séries courtes ou moyennement longues, il n’y retourneront peut-être pas de sitôt et un équilibre se trouvera peut-être…

Oui c’est possible. C’est un mouvement que nous avions anticipé il y a un moment donc nous sommes passés à autre chose… sans que nous arrêtions d’en sortir complètement pour autant.

Tournons-nous pour finir vers 2017 : comment démarre l’année pour le marché du manga français dans son ensemble ?

Sur janvier, les chiffres peuvent paraître paradoxaux car en 2016 le lancement de One-Punch Man a entraîné un très bon mois de janvier 2016. En 2017, le mois de janvier se situe à +0,1%.

+0,1% mais sans le lancement de One-Punch Man c’est donc pas mal ! Et pour Ki-oon ?

Sur janvier nous sommes à +18,4% ça a très très bien démarré. Mais c’est pareil ça n’est pas forcément significatif : nous avons eu un tome de My Hero Academia, proposé dans deux versions normale et collector, qui a très bien fonctionné d’ailleurs. Donc ça va plutôt bien et je pense que l’année 2017 va être bonne, car il y a plein de choses assez costaudes qui vont se lancer un peu chez tout le monde.

Chez nous il y a Reine d’égypte sur lequel nous misons beaucoup, il y a Les mémoires de Vanitas, le nouveau manga de Jun MOCHIZUKI, l’auteure de Pandora Hearts que nous allons lancer en juillet à Japan Expo, Pandora étant le best-seller historique des éditions Ki-oon avec plus de 700 000 exemplaires vendus et il y a aussi une jolie surprise pour la rentrée dont nous ne pouvons pas encore parler. Chez Kana il y a Fire Force en mai qui a beaucoup de potentiel et Boruto peut donner un résultat sympa, pour les anciens il y a Dragon Ball Super, il y a Mob Psycho chez Kurokawa

les mémoires de Vanitas

Voilà il y a des choses intéressantes et même des titres pour lesquels les éditeurs se battent et qui pourraient arriver au second semestre. Donc si on ajoute les séries qui ont cartonné en 2016 et qui continuent – nous tablons en 2017 sur un nombre d’exemplaires vendus sur My Hero Academia deux fois plus important qu’en 2016 – il y a de quoi faire une très bonne année !

C’est tout ce que l’on souhaite en tout cas ! Merci Ahmed !

Pour suivre Ki-oon vous avez le choix : vous pouvez suivre leur actualité sur leur site internet, leur page Facebook ou leur Twitter ! Merci à Ahmed Agne pour son temps et sa disponibilité. Merci également à Victoire pour la mise en place de cette interview !

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[Manga] Chronique ta PAL : des nouveautés comme s’il en pleuvait !

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Le soleil a beau être en place depuis quelques semaines, c’est une pluie de nouvelles séries qui se propage jusqu’à ma pile de lecture. Déjà que j’étais en retard sur mars, les nombreuses sorties d’avril et celles à venir de mai m’ont décidé à m’y remettre, d’autant que vous me demandez de manière récurrente des petits avis pour vous lancer sur des nouveautés. Sur une inspiration de l’amie Gensensha, je me lance donc dans cet article évolutif, qui se remplira de chroniques jusqu’à la fin mai, voir au-delà, le temps que la PAL des nouveautés reprenne des proportions décentes. Toute nouvelle série qui n’a pas dépassé le tome 3, qui me tombe dans les mains d’ici là et qui sort du lot est donc destinée à ces chroniques !

PAL Manga Mai Paoru

Episode 2, le 14/05 : en cette mi-mai, il y a toujours des très bonnes choses à se mettre sous la dent. Ma PAL de nouveauté manga commence à reprendre forme humaine mais il y a encore beaucoup de bonnes choses à partager avec vous… En route pour 5 chroniques de nouveautés mangas ! Au programme : du bucolique en couleur avec un Coin de Ciel Bleu, la version manga de l’addictif Re : Zero, puis No GUNS LIFE, l’histoire de ce mec à tête de flingue entre City Hunter et Sin City. On termine avec deux beaux ouvrages issus de la collection Pika Graphic : le précieux recueil de nouvelles de Satoshi KON, Fossiles de rêves et enfin Musuem, ce thriller humide et inquiétant.

Un coin de ciel bleu

Un Coin de Ciel Bleu de TAKAMICHI – tome 1 chez nobi nobi ! : C’est la seconde fois que je vous parle de TAKAMICHI dans ces colonnes et c’est à nouveau pour en dire beaucoup de bien. Après Dédale, un manga d’aventure très enthousiasmant en deux volumes ( tout il est bien expliqué ici ), voici un changement complet d’univers et de format. Un-coin-de-ciel-bleu-1Premier tome d’une trilogie en couleur, Un coin de ciel bleu nous emmène à Aobato, un coin tranquille sur l’une des côtes du Japon (muarf, sacré moi, c’est tellement précis comme info ça, “une côte du Japon” !). Y vivent Haruka, Yuki et Misaki, trois amies inséparables, aux personnalités bien différentes. Balades en bord de mer, festivals d’été, découverte de la nature, chasse au hamster où énigme sur une paire de chaussettes, le quotidien de ces trois demoiselles ne manquent pas d’entrain et d’amusement !

En bref, voici donc un titre qui porte très bien son nom et dont la couleur apporte une réelle valeur ajoutée, grâce à un super mélange entre des tons tantôt pop, tantôt pastels. A mi-chemin entre un graphisme d’anime et le soin d’un recueil d’illustrations Un Coin de Ciel bleu est un plaisir des yeux et un moment de détente et de rigolade. Contées sous la forme de mini-récit qui font de 5 à 10 pages, les aventures des 3 jeunes filles sont toujours souriantes et bien ficelées, avec un sens de la chute voir du running gag qui vous donnera envie de partager ces petits moments loufoques avec vos amis : “lis ça tu vas voir, à un moment y a un pigeon qui fait ça, j’étais mort de rire“. Dans la lignée de la nouvelle collection de manga nobi nobi !, comme le manga de Flying Witch d’ailleurs, Un Coin de Ciel bleu est une histoire en tranches de vie légères et funs que l’on se peut passer de main en main, y compris aux néophytes du manga grâce à son sens de lecture français et à ses nombreux bonus en fin d’ouvrages sur les personnages, les faits culturels, etc. Pour partager manga & bonne humeur quoi !

Re : Zero Manga

Re : Zero, Re : life in a different world from zero de Daichi MATSUE & Tappeu NAGATSUKI (entre autres) – tomes 1 & 2 chez Ototo : Même si je me suis revenu à la japanime depuis 1 an, je reste assez sélectif et Re: Zero chez Crunchyroll fait partie des 2 – 3 séries que j’ai suivi sur plus d’une demi-saison. N’ayant pas été jusqu’au bout de l’anime pour autant, j’avais hâte de lire le manga pour revivre cette aventure au scénario ingénieux qui mélange boucles temporelles, personnages attachants et univers RPG.

Tout commence lorsque Subaru Natsuki, lycéen ordinaire, est transporté dans un autre monde, dont les codes du RPG à la FFIX nous mettent rapidement dans l’ambiance. Le seul soucis, pour Subaru, c’est que personne ne l’attend à l’arrivée et qu’il n’a pas gagné de pouvoir particulier à son arrivée dans cette nouvelle réalité. Il se fait même attaquer par des bandits et finit en mauvaise posture, mais il est sauvé par une belle et mystérieuse jeune femme, une semi-elfe, qu’il décide d’accompagner pour l’aider dans sa quête, et ainsi la remercier. Sauf qu’il échoue. Et qu’il meurt.

Tout commence lorsque Subaru Natsuki, lycéen ordinaire, est transporté dans un autre monde, dont les codes du RPG à la FFIX nous mettent rapidement dans… Oh mais attend ça me rappelle quelque chose ça !

Et oui, vous l’aurez peut-être compris, retour à la case départ pour Subaru qui se retrouve projeté au même moment et au même endroit, en pleine forme alors qu’il venait juste de se faire littéralement étriper par une sorcière aussi sadique que puissante. Ayant un minimum de suite dans les idées, Subaru part à la recherche de la demoiselle elfique pour l’aider, mais il est le seul à avoir fait ce bond dans le temps et sa seconde première journée dans ce monde ne va pas se dérouler aussi bien qu’il espérait. Il meurt à nouveau, une fois, puis une seconde, etc. Rien à faire, impossible d’éviter à ses nouvelles connaissances de et à lui-même de mourir dans de sanglantes circonstances.

À moins que…

Re : Zero - Le duel, souvent fatidique, du premier arc. © Daichi Matsuse2014 ©Tappei Nagatsuki2014 KADOKAWA CORPORATION

Re : Zero – Le duel, souvent fatidique, du premier arc. © Daichi Matsuse 2014 ©Tappei Nagatsuki 2014 KADOKAWA CORPORATION

Scénario et mise en scène sont donc les premières armes de cette série, et elles sont parfaitement valorisées dans ces deux premiers volumes. Il y a encore moins de temps mort que dans l’anime et les deux premiers tomes, qui constituent le premier arc de l’histoire, se lisent d’une traite. Les 5-6 personnages que l’on découvre dans les premiers chapitres sont bien travaillés et facilement identifiables  : l’humain qui débarque, la voleuse maligne et pleine d’énergie, l’héroïne semi-elfe, le mec balèze mais avec un bon fond, le chevalier qui brille de milles feux et la magicienne en décolleté à l’âme des plus noires. Entre ça et l’univers RPG on se sent tout de suite à la maison, et le bon scénario fait le reste. Essayez-le (un extrait ici, si vous voulez), et vous verrez, c’est addictif !

no-guns-life-illustration_manga

No Guns Life, l’illustration bien classe et sexy

NO GUNS LIFE de Tasuku KARASUMA – tomes 2 & 3 chez Kana : J’ai été intrigué dès le départ par l’histoire de cet agent de l’ombre à la tête de flingue, cet extend comme on l’appelle dans la série, qui se charge de résoudre et de régler les crimes de ceux qui ont, comme lui, été transformé en hybride. Depuis la grande guerre – qui demeure encore un mystère, pour le moment – une gigantesque No Guns Life 3multinationale règne en maître sur la ville et Jûzô, c’est le nom de notre homme, doit gérer des extends qui deviennent fous voir meurtriers, mais qui se révèlent bien souvent victimes de la société dont le pouvoir et les ramifications semblent sans limite.

Alors que les humains “normaux” rejettent pour la plupart leurs congénères modifiés, les parquant dans les bas fonds de la ville, Jûzô est une vraie lanterne dans la nuit et son sens de la justice le rend de plus en plus charismatique au fil des pages : c’est qu’il en impose avec son énorme flingue, son look de bad boy en imper et sa détermination sans faille ! Ce vrai lonesome cowboy est d’une fidélité remarquable à ses clients, surtout dans ce monde pourri jusqu’au trognon : un vrai Ryô Saeba en somme. Différence à noter entre les deux chasseurs de primes : Jûzô est assez maladroit devant la gente féminine, d’autant qu’il est entouré de femmes aussi séduisantes que complexes, à la psychologie très bien travaillée. Loin de n’être que de simple faire-valoir elles tissent des liens très intéressants avec Jûzô, l’occasion d’ajouter pas mal d’humour avec un Jûzô souvent… désarmé !

Enfin, NO GUNS LIFE est aussi un superbe seinen d’action avec des phases de bastons cybernético-martiales très bien pensées et chorégraphiées, et avec des planches très impactantes, des angles de vues dynamiques et conférant aux personnages beaucoup de classe et d’envergure… Quand le mode berserk de Jûzô s’enclenche pour la première fois dans le tome 3, c’est juste noël pour les amateurs de bonnes bastons, de flingues et d’uppercut. Bref, cherchez pas, le nouveau manga badass, c’est NO GUNS LIFE !

fossiles de reves

Fossiles de rêves de Satoshi KON – Recueil one-shot chez Pika : On connait tous Satoshi KON pour ses animes mais c’est la seconde fois que je suis embarqué par ses récits sur papier, après Opus que j’avais déjà évoqué avec vous à l’été 2013. Ici c’est au format de nouvelles que je savoure les histoires inédites de ce regretté mangaka, de son style graphique et narratif rétro et très ancré dans les années 80, très souvent comparé à Katsuhiro OTOMO d’ailleurs, non pas sans raison.

Le premier récit, Sculpture, en lecture ci-dessus, évoque une population ostracisée en raison de ses supers pouvoirs et qui va se voir traquée par les autres humains qui veulent les utiliser pour… Ah je ne vous en dis pas plus mais voilà, c’est cruel à souhait, très ironique aussi. D’ailleurs, et c’est une des façons de KON se détacher nettement d’OTOMO, par l’ironie et l’humour, Pika Graphic-Fossiles De Revesainsi que son attachement aux loosers et aux causes perdues. Le tout accouche de récits uniques, très humains. La main du mangaka aime bien inventer des destins incongrus et assez farceurs, comme lorsqu’il donne une seconde chance à une équipe de baseball d’atteindre le Koshien alors qu’elle est pleine de grandes gueules et de rebelles qui n’ont absolument rien des héros qui volent vers la gloire et la victoire. Mais ils sont aussi plein de défauts que de bonne volonté, et leur capacité à tout faire PRESQUE tout échouer les rend attachants.

Autre coup du sort dans Les Kidnappeurs quand un sympathique voleur de camion vole celui d’un kidnappeur d’enfant – avec un enfant à bord forcément ! – ou dans  Les invités, quand une famille réalise son rêve de vivre dans une maison mais qu’elle s’obstine avec talent à ne pas voir les légions de fantômes qui y passent chaque jour.

Fossiles de rêves possède aussi la folie onirique si caractéristique de KON, car elle est pleine d’événements improbables, digne d’un autre plan d’existence, mais dont le lecteur ne cherche jamais à vérifier la cohérence tant les univers successif nous embarquent dans leur folie, qu’elle soit douce et légère comme le rodéo de dingue d’une petite mémé sur ton chariot d’hôpital ou plus froide et angoissante comme la tentative désespérée de deux ados pour détruire un centre de redressement très flippant. Un recueil de plus de 400 pages en grand format, le jour où vous aurez 22 euros, ça vaut le coup de se l’offrir !

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Museum de Ryôsuke TOMOE – tome 1 chez Pika : Autre titre de la collection Pika Graphic, une collection qui signe d’ailleurs une année 2017 de haute tenue, on se rapproche du niveau de Latitudes chez Ki-oon, pour peu que le catalogue s’étoffe encore un peu. D’ailleurs Museum, disponible au format classique ou dans ce grand format Pika Graphic gagne à être découvert dans cette seconde version. C’est certes plus onéreux (16 euros au lieu de 8) mais le nombre de chapitre est plus important – 13  contre 9 – y compris un chapitre bonus qui ne manque pas d’intérêt. Enfin c’est aussi le format qui a son importance car quoi de mieux pour s’immerger dans un thriller que de plonger dans un pavé de graaaandes pages avec des gros plans des plus intenses !

Mais je fais tout dans le désordre et je ne vous ai pas encore présenté cette histoire… Sur le site des éditions Pika voici ce que l’on nous dit : Une femme dévorée par des chiens, un homme découpé en petits morceaux… Une série de meurtres, un seul indice… une signature sur chaque scène, un petit message laconique, un verdict inscrit sur un papier. Le lieutenant Sawamura, secondé par le sergent Nishino, enquête mais manque cruellement de pistes. Et pour ne rien arranger, Sawamura n’arrive plus à joindre sa femme qui a quitté le domicile conjugal avec leur fils…

Voici aussi un extrait pour parfaire votre avis :

Un thriller palpitant au sein d’une police japonaise complètement dépassée et bureaucratique, et menée par un homme dont le mariage est parti en vrille à force de s’investir plus dans son boulot que dans famille. L’ambiance est donc des plus sombres et c’est une descente aux enfers très bien menée, très bien dosée aussi, qui attend le lieutenant Sawamura : le sens de chaque meurtre est étrange, le costume et les habitudes du meurtrier tout autant, les raisons derrière chaque crime forment un sac de nœud qui se démêlera tardivement, trop tardivement peut-être. L’homme grenouille qui se planque derrière les meurtres commence à dévoiler sa personnalité détraquée dans la seconde moitié de ce premier opus – on le déteste alors, complètement – mais son ego est au même niveau que l’organisation de son plan. Néanmoins, heureusement, ce dernier a des failles et Sawamura n’est pas un idiot. Mais que va-t-il pouvoir faire en ayant toujours un coup de retard et un système policier qui est un vrai boulet à son pied…

Ce premier pavé est donc un duel passionnant entre deux hommes pas très loin du bout du rouleau, et qui ont bien l’air décider à aller jusqu’au bout pour redonner un sens à leur vie. C’est diablement prenant !

Et voilà pour cette semaine ! La PAL contient encore 14 tomes donc il y a de bonnes chances qu’un nouvel épisode arrivent d’ici début juin. Et d’ici là, troisième et dernière interview éditeur sur le bilan manga 2016, avec une interlocutrice inédite au micro !

Dans les épisodes précédents…

Manga PAL Avril

Episode 1 : En cette fin avril, commençons avec 7 titres qui m’ont tapé dans l’œil. Il y a du fantastique et épouvante avec La petite Fille aux Allumettes, du MMORPG X Light novel avec Overlord, de la fantasy avec To your éternity, des émotions dans ton cœur à toi avec March comes in like a lion, un thriller ingénieux et haletant du nom de Man in the Window, de la mélancolie historique avec le Dernier envol du Papillon et enfin, en bonus, un one-shot BD avec Perséphone. Go go gooooo !

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La Petite Fille aux Allumettes de Sanami SUZUKI – tomes 1 & 2 chez Komikku : les visuels de couverture sont tentants : une ambiance sepia / crayonnée / vintage et une jeune fille dénuée de toute expression, beauuucoup plus fantomatique que la jeune danoise du conte  original dAndersen. Après avoir lu les deux premiers tomes du manga, sorti le 30 mars dernier, je confirme qu’il ne s’agit pas que de la couverture. Ce titre emprunte bien le visuel rétro des contes mais y ajoute deux éléments qui lui confère sa personnalité : un occultisme folklorique et un sens de la moralité souvent surprenant et assez savoureux, dans son côté arroseur arrosé. Pour éclairer vos lanternes, les deux premiers volumes sont des recueils de nouvelles où le personnage central est une vendeuse d’allumettes chimériques, du nom de Rin, qui vient donner vie à vos pensées  : “ce beau gosse m’énerve, j’ai envie qu’il schlingue comme la mort“, “elles mentent ! Je veux jeter un œil dans leur cœur !“, “je veux gagner sans faire le moindre effort“, “que quelqu’un parle à ma place et lui dise ses quatre vérités !“.

Autant de pulsions et de désir refoulés qui ne deviennent jamais réalité d’habitude, sauf si vous possédez la fameuse boite aux allumettes magiques et que vous vous laissez-aller à en craquer une. Chaque fois que le sort est jeté, la frustration disparaît : vous avez l’impression que le monde est devenu comme il devrait être, que vos problèmes ont disparu. Mais tel est pris qui croyait prendre et Sanami SUZUKI prend un malin plaisir à surprendre ses personnages par des conclusions très bien mises en scène : certaines sont surprenantes, d’autres sont des climax attendus, mais toutes sont un vrai plaisir à découvrir, à l’image des conclusions démoniaques (mais ici en plus soft) de certaines nouvelles d’Alfred Hitchcock ou d’Edgar Allan Poe.

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Néanmoins toutes les histoires ne sont pas pour autant lugubres et la dernière force de ces premiers chapitres est de proposer une alternance à la noirceur avec des récits pleins de tendresse et de poésie. Par exemple, en une quinzaine de page, le 10e chapitre conte une romance totalement improbable entre un rocher et une campanule : un joli moment qui surprend et touche par sa simplicité et sa justesse.

Si le recueil de nouvelles fantastiques n’est pas une première dans le monde du manga, il reste assez rare, et La Petite Fille aux Allumettes fait honneur au genre avec une identité graphique et scénaristique très séduisante. A 7.90€ le tome, 5 volumes déjà sortis au Japon et un rythme de deux itérations par an, voilà une série envoûtante que l’on pourra suivre tranquillement et sans se ruiner : à essayer !

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Overlord de Rugane MARUYAMA & Hugin MIYAMA (entre autres) – tomes 1 & 2 chez Ototo : En attendant le 3e tome de l’excellent Re: Monster, je ne boude pas mon plaisir à la lecture de Overlord, une adaptation de light novel qui nous place au sein d’un MMORPG où un joueur se retrouve coincé. Ce dernier y incarne un puissant guerrier du jeu mais cet univers vidéo-ludique doit un beau jour fermer ses portes… des deux cotés. Momongo, c’est son nom, nécromancien et maître de la guilde Ainz Ooal Gown a l’étrange surprise de se retrouver coincé dans le jeu, sans panneau de commande, et doit commencer à y vivre. Bien qu’il ait conservé ses pouvoirs, l’homme est cependant méfiant et patient : il a conscience de l’opportunité qui vient de lui être offerte, celle de devenir le plus puissant guerrier d’un monde tout ce qu’il y a de plus réel !

Après avoir pris ses marques dans le volume 1 et établi sa stratégie, il décide de sortir de sa forteresse dans ce second tomeet commence à mettre en place son plan : voilà quelqu’un d’intelligent et de méthodique, ça change un peu des têtes brûlées habituelles. Je ne sais pas si vous vous êtes demandés un jour ce que vous feriez si vous aviez une telle opportunité mais j’avoue que je m’y prendrai de la même façon, et c’est donc assez jouissif de voir où tout ceci va nous mener ! Tel un vrai joueur d’échec, Momongo a bien compris qu’il n’est pas forcément le seul dans son cas et qu’il peut exister des ennemis dont il doit se méfier, même s’il a à sa disposition des vassaux puissants et talentueux, totalement dévoués à sa cause. Sous les traits d’un chevalier de bas niveau, il se lance donc à la recherche d’éventuels compagnons et de monstres à affronter.

L’avantage avec les pouvoirs qui sont les siens, c’est qu’il n’est nul besoin de passer des heures à faire du level up et les assaillants qui le sous-estime s’en morde largement les doigts. Ajoutez-y quelques touches d’humour pour parachever le tout et on obtient donc une lecture tout à fait distrayante – qui plus est du côté des forces obscures, ça aussi ça change. On conseille donc Overlord à tous les amateurs du genre : profitez de la sortie du tome 3 le 19 mai prochain pour vous faire ce petit plaisir !

Pour les curieux, jetez un coup d’œil à la preview, ici, et sachez qu’il existe aussi un anime sorti en 2015 et disponible en streaming chez ADN (quelqu’un l’a vu ? Je suis preneur d’un avis !). Enfin le light novel himself sort en mai chez Ofelbe.

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To Your Eternity de Yoshitoki OIMA – tome 1 chez Pika : voilà une lecture que j’attendais et qui ne m’a pas déçu. OIMA, la mangaka de A Silent Voice est, surprise, une passionnée de fantasy et elle se lance donc dans son genre de prédilection, tout en insufflant dans son histoire de nouvelles questions sur la nature humaine. Le résultat est un tome 1 très enthousiasmant. To Your Eternity, c’est l’histoire d’un TO your eternity tome 1être immortel qui arrive sur Terre et qui prend successivement les formes de vie qu’il rencontre. Il croise d’abord un loup puis un jeune garçon vivant seul au milieu d’un paysage enneigé, abandonné après le départ de son clan. Ainsi commence un voyage fait d’expériences et de rencontres, de croyances, de morts et de vies dans un monde sans pitié…

En plus de sa profondeur philosophique envoûtante, sur la nature de la race humaine, le rapport à la dualité vie/mort et le lien à l’autre, To Your Eternity est avant tout un excellent manga, avec des décors sublimes, une faune et une flore impressionnante qui laisse le regard du lecteur se perdre dans l’immensité glacée ou qui se sent insignifiant face aux forces de la nature. Evidemment, OIMA oblige, les protagonistes sont intrigants dès la première page, qu’il soit remplis de doute, de peurs mais aussi d’innocence ou d’espoir, avec des combats intérieurs qui se lisent admirablement sur les visages. Une sensibilité propre à cette mangaka que l’on ait ravi de retrouver.

Enfin, à la lecture du premier tome, on trouve également des phases d’action, vives, entraînantes, et des moments plus propices à l’humour et à la fraîcheur avec March. Cette jeune enfant subit un destin assez cruel mais sa candeur et son énergie en font une véritable boule de lumière qui fait beaucoup de bien.

En résumé, on a vraiment hâte de lire la suite, qui arrive en juin, et de continuer le voyage de ce titre de haut niveau. C’est déjà un must have.

March comes in like a lion

March Comes in Like a lion de Chica UMINO – tome 1 à 3 chez Kana : depuis quelques semaines je tente de mettre en avant le titre, sur les réseaux sociaux, en parlant de l’anime, en confiant l’écriture un article complet aux rédacs de Journal du Japon ou en lançant un concours qui vient juste de s’achever. Il ne restait donc plus qu’à le plébisciter ici et, de toute façon, j’en parlerai sans doute encore lors de prochains volumes. Pourquoi ? Parce que cette série est un petit animal de lecture dont j’ai envie de prendre soinMarch_Comes_in_Like_a_Lion, car ce seinen et surtout ses personnages sont extrêmement fragiles et donc résolument attachants.

Pour ceux qui ne connaissent pas ou peu, résumé : Rei, 17 ans, est un joueur professionnel de Shogi (jeu d’échec version japonaise dont je vous ai déjà parlé ici). Mais Rei est aussi un adolescent meurtri par la mort de ses parents et de sa petite sœur. Alors qu’il vit une vie de solitaire, il fait la rencontre de trois sœurs qui vont lui redonner le goût à la vie. A leur contact il va petit à petit ouvrir les yeux sur lui-même et sur les personnes qu’il rencontre sur son chemin. Il s’ouvre au monde mais découvre aussi la difficulté du chemin qu’il a choisi de suivre.

Les trois premiers opus de la série ont donc posé toutes ses bases : le héros meurtri, les trois sœurs, leur salon et leurs chats, la famille d’adoption (un des gros – gros ! – nœud du problème) et le monde du shogi. Pour ce dernier, UMINO est aidée d’un joueur professionnel, mais n’en fait pas pour autant manga trop technique ou obnubilé par le sport qu’il évoque. De toute façon on connait tous 2,3 bases d’échec (la Tour qui va tout droit, le Fou en diagonale ou l’étrange Cavalier, etc.) donc on comprend les enjeux comme les grandes lignes de la partie : une attaque agressive ou sournoise, une défense imprenable, un coup mal placé sont autant de révélateurs des états psychologiques des joueurs et sont faciles à suivre.

Si le shogi est un peu plus en avant dans le tome 3 ce sont les personnages et leur quotidien qui ont su me séduire dans les deux volumes précédents. Il y aussi le contraste des ambiances dans lesquelles excelle la mangaka, entre la vie solitaire du héros et ce havre de paix que constitue la petite maison des trois sœurs. En plus de ces familles de gens blessés, de nouvelles relations se développent hors de ce cocon. Parfois amicales, parfois rivales… Parfois les deux aussi, ou même qui reste à définir. Elles enrichissent la palette sensorielle de la série, chacun ayant une personnalité unique et des sensations à fleur de peau, grâce à un chara-design qui fait des merveilles.

Vous l’aurez compris voici donc un manga à la fois subtil et intense, à la fois touchant et drôle… A la fois beau et triste, qui se déguste pendant de bons moments. Chaque tome vous prendra d’ailleurs pas mal de temps, je n’avais pas pris autant de temps à lire un opus depuis Bakuman je crois. Bref, j’espère qu’il fera le bonheur des éditions Kana, car il est réclamé à corps et à cris depuis plusieurs années en France, mais aucun éditeur n’avait jusqu’ici franchis le pas.

Ah j’oubliais si vous êtes plus anime que manga, foncez voir celui de la série diffusé par Wakanim, il est somptueux.

Man-in-the-Miror_AnnonceKioon

Man in the Window de Masatoki (scénario) & Anajiro (dessin) – tome 1 chez Ki-oon : La couverture du premier tome est intrigante et le manga l’est tout autant. Shuhei, 17 ans, reçoit un mot de la fille qu’il aime en secret, l’incitant à se rendre dans une petite ruelle et à frapper à un carreau. Le jeune homme, après quelques hésitations, s’exécute. Il tombe alors nez à nez avec lui-même, mais le lui-même de dans 3 ans, qui est le réel auteur de ce mot. Le portrait n’est guère flatteur : chambre sordide – une vraie poubelle – et un jeune homme mal rasé, blasé et sombre. Comment Shuhei, qui ambitionne de devenir médecin en rentrant dans la célèbre Université de Todai a bien pu Man in the Windowtourner si mal en seulement trois ans ? En tout cas, une porte s’est ouverte pour éviter le pire, y compris pour son moi futur : tout ce que le jeune Shuhei change se répercute sur la vie du Shuhei adulte ! Exit donc les futurs parallèles, bonjour les cause-conséquences de ouf : Tricher aux examens, gagner au loto, connaître le destin des gens avant eux… un avenir des plus attirants pour l’adolescent et une occasion unique d’effacer son passé pour le Shuhei raté !

Mais changer le destin ne semble pas si facile et toutes les vagues qu’ils provoquent ne parviennent pas vraiment à modifier durablement le sens du courant. Jouer avec les rouages de la causalité pourrait bien avoir un prix insoupçonné. Un récit diablement bien ficelé,  haletant même, se met en place car les deux Shuhei commencent à prendre de plus en plus de risques, persuadé de savoir où chaque action les mènera. Mais la moindre action peut avoir des conséquences désastreuses : amour, amitié, argent, réussite, famille, tout peut se mettre à changer très rapidement.

Le tome 1 joue en tout cas très bien avec une ambiance de plus en plus tendue car les informations de Shuhei adultes sont souvent partielles et on ne dispose jamais du tableau d’ensemble : à l’image du jeune Shuhei on navigue à vue dans cette manipulation du temps et les surprises donnent beaucoup de piment au récit, dans un engrenage qui semble diabolique, une vraie boite de Pandore. Cette histoire est annoncée en 3 tomes et ne devrait donc pas étirer son scénario en se reposant mollement sur une bonne idée de départ, et c’est un chouette thriller qui devrait bien plaire aux amateurs du genre.

Pour vous faire une idée : le trailer est là et les premières pages ici !

Le dernier envol du papillonLe dernier envol du Papillon de Kan TAKAHAMA, one-shot chez Glénat Manga :A Maruyama, le quartier des plaisirs de Nagasaki, où les langues étrangères de mêlent aux échos lointains du shamisen, le passé d’une courtisane sans égale et d’un homme affligé d’une lourde maladie tissent dans les marges un récit d’amour et de mort.” Là c’est l’inverse, la couverture ne me faisait ni chaud ni froid, et je craignais une énième histoire de geisha. C’est donc une assez agréable surprise en ouvrant ce seinen grand format : joli chara-design, belle gestion des ombres et des volumes, un papier noir du début à la fin qui donne une ambiance sophistiquée et particulière à l’histoire : on a l’impression qu’il y fait presque toujours nuit, que tout y est plus ou moins caché, et cela renforce aussi le sentiment de tristesse qui se dégage de l’histoire elle-même.

L’histoire tourne donc autour d’une geisha, Kicho, de la maison close où elle exerce, de ce médecin hollandais qui partage son savoir mais en pince aussi pour elle et enfin de cet homme malade qui décline peu à peu. Le récit est assez envoûtant mais l’immersion se fait au fur et à mesure des pages, sans que l’on s’en rende vraiment compte.

Le récit est teinté de quelques détails du quotidien de cette époque, comme les échanges compliqués du Japon avec l’étranger à l’heure où il sort de isolement ou encore les avancées en médecine de l’époque. La vie de Kicho ne cherche donc pas à s’appuyer sur les clichés faciles des geishas, préférant plutôt mettre en avant une histoire assez personnelle bien installée dans son contexte, sonnant assez juste. C’est le destin d’une femme qui replonge de son plein gré dans une existence à deux facettes : secrète, sujet à l’envie et témoignant d’un certain “artisanat” mais en réalité souvent humiliante et dangereuse. En bref, un beau livre, une belle histoire, et une belle mélancolie sont les trois choses que l’on retient à la lecture du Dernier envol du Papillon. A essayer !

PerséphonePerséphone de Loïc Locatelli & Kournwsky, one-shot chez Delcourt : ce n’est pas la première fois que je reçois un bd autre que du manga, mais bien souvent je ne m’y retrouve pas à la lecture, pour des raisons narratives, graphiques ou autres. Perséphone est donc l’exception qui confirme la règle car, malgré un graphisme qui ne m’a pas enthousiasmé lors des premières pages (un chara-design aux allures de poupée en bois, notamment) j’ai fini par apprécier la colorisation et le crayon très présent en arrière plan qui confère une ambiance tantôt désuète, tantôt mystique… Ce qui colle au scénario qui m’a, lui, plu assez vite et qui reprend donc le mythe grecque de Perséphone (nul besoin de la connaître cela dit, je l’avais oublié et je ne l’ai relu qu’après la BD, pour voir).

Les six premières pages présentent le contexte : un double monde avec ce qu’il faut de drame et de mystère pour nous accrocher. Il y a Eleusis, monde de la surface assez prospère et Les Enfers, le monde sous-terrain. Les deux ont vécu ensemble avant de se déchirer dans une gigantesque guerre où un roi, devenu despote, est allé commettre l’irréparable en s’appropriant des pouvoirs interdits. Il a été vaincu et le passage entre les deux mondes fut fermé.

Le récit commence finalement 13 ans plus tard avec une jeune fille, Perséphone donc, qui est la fille adoptive de la légendaire Déméter, grande figure de l’ancienne guerre (et Hadès aussi sera de la partie, mythologie oblige). Perséphone a du mal à assumer ce qu’on attend d’elle en tant que “fille de”, censée avoir de grands pouvoirs par descendance, mais sa mère refuse de révéler le secret de son adoption. Jusqu’au jour où un banal voyage scolaire précipite tout, et voilà Perséphone rendue au monde des enfers, en route vers son passé, puis vers son destin. Des personnages sympathiques et expressifs, un univers bien retravaillé et une histoire remarquablement menée en si peu de pages : Perséphone est un chouette moment de lecture. Si vous ajoutez l’édition de Delcourt qui est plutôt réussie c’est donc une bonne idée de cadeau BD à faire (ou à se faire), surtout si vous avez envie de changer des lectures habituelles !

Voilà pour cette première vague de chroniques, et il y en aura probablement deux autres à suivre courant mai. A venir également deux interviews éditeurs, parties en validation chez les interviewé(e)s. L’une d’entre elles est un classique, l’autres est inédite, je vous laisse deviner et je vous dit à la prochaine…

Bonnes lectures à toutes et tous, partagez vos découvertes en commentaire ou sur les réseaux sociaux 😉

PS : si vous cherchez d’autres chroniques mangas, j’en profite pour vous glisser un petit lien de deux amies qui font ça aussi très bien, via Twitter, sous le #chroniqueTaPAL

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Interview éditeur – Pika Edition : stabilisation &évolutions

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En ce début juin, il était temps d’achever les interviews bilan 2016, et c’est avec Pika que l’on referme le bal. Entre le rachat de nobi nobi !, la relance de Pika Graphic et toujours autant de publications au catalogue des éditions Pika, il y avait forcément de quoi parler. Pour discuter stratégie éditoriale et une vue d’ensemble c’est une nouvelle invitée qui a répondu aux questions du chocobo : Virginie DAUDIN CLAVAUD. Qui est-elle et qu’est-ce qu’elle peut nous dire de beau sur Pika en 2016 et 2017 ? Pour le savoir en route pour l’interview !

Bonne lecture 😉

Pika 2016-2017

2016, une année de réflexion

Virginie Daudin-Clavaud

Virginie Daudin-Clavaud – Photo ActuaLitté, CC BY 2.0

Bonjour Virginie DAUDIN CLAVAUD, et merci pour votre temps… Pour vous présenter rapidement aux lecteurs : vous êtes, si je ne me trompe pas Directrice Générale Déléguée de Pika Edition depuis quasiment une décennie. Mais concrètement à quoi correspond ce poste, quel est votre travail au jour le jour ?

Alors dans le titre du poste le mot délégué est dû aux statuts de la société Pika donc on peut le résumer à une fonction de Directrice Générale. Mon rôle au quotidien est donc de diriger cette petite maison est de manager une équipe de 17 personnes, puis d’élaborer la stratégie éditoriale de la maison avec mes directeurs éditoriaux que sont Medhi Benrabah, Pierre Alain Dufour et Olivier Pacciani, et de m’assurer qu’elle est mise en oeuvre.

Venons-en à notre sujet du jour : le bilan pour le marché du manga en 2016 en France. L’année a été assez chargée pour Pika Edition : changement de directeur éditorial (fin 2015), incorporation de nobi nobi ! en avril, le renouveau de la collection Pika Graphic… Globalement quel bilan titrez-vous de cette année 2016 pour les éditions Pika ?

Pour Pika, 2016 est une année de stabilisation et de lancements de projets que nous allons développer en 2017. Nous avons stabilisé notre position sur le marché par rapport à l’année 2015, car il faut bien se souvenir que, entre 2014 et 2015, nous avions beaucoup progressé en terme d’activité et de chiffre d’affaires, grâce notamment au développement de l’Attaque des Titans. Sur les deux ans, de 2014 à 2016, c’est donc une progression dont on peut tout à fait se satisfaire. Bien évidemment l’Attaque des Titans, arrivant à un nombre de volume plus avancé, voient ses ventes se stabiliser en 2016.

En 2016 nous nous sommes donc posés, nous avons réfléchi à ce que nous pouvions faire, à comment innover. Vous parliez par exemple de Pika Graphic, on peut y ajouter Pika Roman, qui est une activité complémentaire sur laquelle nous nous sommes lancés en parallèle et sur laquelle nous voulions aussi aller. Avec nobi nobi ! cela fait donc trois labels que nous souhaitons faire monter en puissance en 2017 après en avoir semé les graines l’année dernière.

Si je prend l’exemple de Pika Graphic : je ne sais pas si vous vous souvenez du Salon du Livre 2014, nous avions réalisé une entrée en matière un peu atypique en couleur avec Au Gré du Vent de Golo Zhao, un auteur chinois qui représente la vocation de Pika Graphic, tournée vers l’Asie. En 2017, le label prend maintenant toute son ampleur avec l’arrivée de mangakas japonais comme Satoshi KON et Minetaro MOCHIZUKI.

 Pika Graphic-Fossiles De Reves  Dragon Head

Est-ce que cette collection Pika Graphic sera majoritairement japonaise d’ailleurs ?

Oui il y aura une prédominance du Japon, c’est évident car c’est notre cœur de métier et qu’il y a de nombreux auteurs que nous aimerions faire connaître au public, mais nous restons ouverts sur les pays asiatiques avec des titres de Chine mais aussi de Corée, comme c’est le cas avec Priest par exemple, qui est un titre coréen.

La Corée justement : le nombre de manhwa paru en France est extrêmement faible en 2016, une dizaine environ contre une trentaine de bandes dessinées chinoises. Pourquoi si peu et quel potentiel pour le manhwa en France selon-vous ?

Personnellement je pense qu’il y a vraiment un énorme potentiel. Je suis allée en Corée et j’ai rencontré des auteurs avec un talent incroyable. Ils ont vraiment des choses à raconter. De plus, ils ont une culture très importante de la bande-dessinée : ils sont imprégnés du manga et de la bande dessinée française et sont très ouverts à la bande dessinée européenne.

Ce qui est très difficile maintenant c’est de franchir le pas entre ce qu’ils proposent – leur volonté de créer – et ce que l’on peut faire en France. Vous n’êtes pas sans savoir qu’en Corée la bande dessinée n’est plus vendue au format papier, le format webcomic a pris le dessus. Ce n’est plus le même média, le même format, et c’est là que cela devient plus compliqué pour nous car le webcomic n’a pas pris en France et n’a pas du tout la même ampleur qu’en Corée. Donc nous allons prendre le temps pour essayer de développer un rapport de création avec eux, car il y a vraiment des talents extraordinaires et ils ont tout à fait leur place en France. Il faut juste prendre le temps pour mettre ça en place.

Priest

Puisque l’on parle de numérique, nous fêtions en mars les deux ans de votre offre simulpub sur l’Attaque des Titans… Dans le numérique, l’offre s’est élargie pour ce qui est du manga mais le constat global est que les ventes ne suivent pas forcément. Chez Pika, est-ce le même constat ?

Si nous remontons au début du numérique chez nous c’est encore plus loin, cela remonte à 2012… Merci de me rappeler à quel point le temps passe vite ! (Rires)

Mais sinon, oui, nous faisons le même constat, le marché n’a pas vraiment décollé d’une manière générale et sur le manga les ventes ne décollent pas du tout. Nous continuons de développer notre offre malgré tout, parce que s’il n’y pas d’offre, il ne peut pas y avoir de marché, mais sans résultat pour le moment.

pika-simulpub

Pour donner un ordre d’idée de l’état du marché, avez-vous des chiffres ?

Pas vraiment et il y en assez peu de disponibles d’ailleurs. Mais les ventes des livres en numérique représenteraient 6% des ventes globales, dues essentiellement à la littérature dite de genre. Sur le cas du manga manga on se situe de l’ordre de 1% seulement.

A quoi peut-on l’imputer ?

Sur le manga et la bande dessinée je dirai qu’il y a d’abord un problème de relais : il y a très peu de plate-formes spécialisées dans ce domaine. Nos livres sont accessibles chez des grands généralistes, noyés dans une offre énorme. Aujourd’hui nos revendeurs principaux sont Amazon, Google et Apple et rien ne permet chez eux au manga d’émerger et d’aller chercher le lecteur, contrairement à d’autres pays où cela a été mis en place. Par exemple au Japon, le numérique est en train de décoller mais c’est parce qu’il y a un grand nombre de plate-formes manga qui ont été mis en place voir même des plate-formes spécialisées dans un segment du manga, avec une dédiée au shôjo par exemple. Donc voilà, déjà, nous n’avons pas ce relais là.

C’est peut-être aussi parce qu’il n’y a pas de marché… mais là on tombe dans un cercle vicieux.

Pas de marché, donc pas d’offre, donc pas de marché…

Voilà.

Ensuite je pense qu’il y a aussi une résistance très franco-française qui fait que le papier reste le support le plus apprécié de nos lecteurs. Cela dit je trouve qu’il y a une évolution, pas dans les achats mais dans les avis des lecteurs, qui constatent l’intérêt d’avoir du numérique et une bibliothèque virtuelle plus grande que la bibliothèque physique. Mais nous sommes encore loin de pouvoir emprunter des mangas en numérique dans un CDI ou une bibliothèque, ce n’est pas encore du tout accessible.

Enfin, il y a aussi une barrière de prix. Je pense que psychologiquement cela reste encore perçu comme quelque chose d’assez élevé… Et nous avons toujours le sujet de la concurrence avec l’accès gratuit aux versions piratées.

Mais à mon avis, un jour ou l’autre, ce secteur finira par prendre un peu plus de poids. Ne serait-ce que parce que l’accès aux tablettes se démocratise, dès le plus jeune âge…

Et se généralise petit à petit, également, dans les établissements scolaires.

Exactement.

Après Pika Graphic et le numérique, parlons de nobi nobi !, qui a rejoint votre catalogue il y a presqu’un an maintenant. Quel était le but de ce rapprochement ?

Nobi nobi ! était une jeune et petite maison d’édition arrivée à un moment de sa vie où, pour grandir, elle avait besoin de s’appuyer sur une structure un peu plus importante pour l’aider à se développer. À ce moment-là ,moi, je cherchais également à développer le segment jeunesse de mon catalogue. J’ai trouvé que l’offre de nobi nobi ! était complémentaire à celle de Pika et j’ai été séduite par la qualité de leur catalogue et par la capacité de Pierre-Alain et Olivier à aller détecter les séries pour un jeune public.

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Pierre-Alain Dufour et Olivier Pacciani, fondateurs de nobi nobi !

C’est comme ça que l’association et le rachat se sont faits, dans l’envie aussi de développer une collection plus familiale, destinée à la jeunesse mais pas uniquement, ceci tout en continuant de développer la partie album du catalogue pour défendre et mettre en avant des grands noms des auteurs jeunesse en France. Tout cela nous permet ainsi d’aller chercher un public que l’on ne touchait pas beaucoup, plus large, jeune et familial.

Même sans nobi nobi !, il y a plus de 200 sorties Pika en 2016, ce qui en fait l’un des plus gros pourvoyeurs de manga l’an passé. Pourquoi une offre aussi importante ?

En fait nous ne réfléchissons pas forcément en terme de nombre de sorties sur l’année. Nous avons d’abord un historique, un bagage qui fait que nous avons un catalogue de séries à poursuivre, ce qui nous donne un nombre de nouveautés minimum chaque année, en fonction du nombre de tomes parus pour ces séries. De plus, en nombre de lancement par an, nous ne sommes pas forcément beaucoup plus élevés que nos concurrents : nous lançons entre une et deux séries par mois.

Après c’est vrai que nous avons toujours été généralistes et que nous sommes présents sur tous les segments du marché du manga en France, qui est le reflet du marché japonais de toute façon. Je ne sais pas exactement combien de nouveautés sortent chaque année au Japon mais c’est certainement colossal vu que le marché japonais est environ 50 fois plus important que le notre. Notre métier c’est d’être, le plus possible, le promoteur des séries de qualité qui sortent au Japon… Et il y en a beaucoup ! (Rires)

Avec 15 à 20 sorties chaque mois, comment défendre et donner de la visibilité à tout le monde dans un marché qui est bien rempli ? Comment gérer tout ça ?

J’ai d’abord une super équipe ! (Rires)

Oui je réalise que 17 personnes c’est assez important d’ailleurs, c’est un mix de personnes venant de chez Pika et de chez Hachette ?

Dix-sept personnes c’est vraiment le fonctionnement d’une maison d’édition et ils sont à 100% chez Pika. Seuls les supports administratifs viennent de chez Hachette, c’est à dire la comptabilité, les ressources humaines et la logistique.

Hachette Livre

Pika, une des étoiles de la galaxie Hachette Livre

Ces dix-sept personnes vont donc de la fabrication à l’édition, sans oublier ma super équipe marketing et communication !

Que l’on salue, évidemment ! Et donc, pour revenir à la question initiale, comment gérer un tel volume de sorties ?

Alors c’est vrai que le lancement est un moment très important dans la vie d’une série, et nous y attachons beaucoup d’importance, mais nous avons aussi à cœur de soutenir les séries sur la longueur. Je ne dis pas que l’on va jusqu’au volume 30, mais en général nous les soutenons au moins sur les 5 premiers volumes et sur certaines c’est une promotion non-stop, sur toute la vie de la série.

Mais c’est vrai, et je peux le dire en toute transparence, c’est une question que nous nous posons de manière permanente : comment donner de la visibilité à des œuvres dans un marché dont le nombre de nouveautés reste croissant ? Chez le libraire, la concurrence est donc d’autant plus rude au moment de la sortie… Cela fait partie de notre métier d’éditeur, de composer avec cette difficulté.

Le bilan par série

Calendrier Fairy TailPassons maintenant au bilan 2016 par série : quelles sont celles qui ont agréablement surpris ou qui ont tout simplement remplis leurs objectifs ?

Clairement, 2016 a été une année Fairy Tail, qui a fêté ses 10 ans au Japon et que nous avons aussi célébré en France avec la venue de Hiro MASHIMA. Les sorties qui ont bien marché sont donc d’abord les spin-off de Fairy Tail, notamment Fairy Tail Zero qui s’est vendu au même niveau qu’un volume de la série originale… Ce qui se justifie totalement de toute façon puisque c’est un peu un volume 0 de la série et qu’il a été scénarisé par Hiro MASHIMA. Donc voilà nous sommes assez contents de cette année Fairy Tail, que ce soit pour les spin-off ou la série principale.

Pour la série principale, des chiffres de vente évoquent une baisse de 5-10% du volume…

Oui cela reste une érosion naturelle pour une série qui possède un tel nombre de tomes mais il faut aussi regarder le recrutement de nouveaux lecteurs et sur ce plan là tout s’est bien passé en 2016.

L’autre bonne nouvelle, même si c’était attendu car il s’agit d’un anniversaire, ce sont les scores de Dreamland. Nous savions que ça allait bien se passer mais nous ne doutions pas que ce serait à ce niveau-là. Il y a deux volumes sortis en 2016, les volumes 15 & 16, et leurs ventes étaient au-dessus des 20 000 exemplaires, supérieurs à ceux attendus. L’effet anniversaire a également eu un effet amplificateur global sur la série car nous avons recruté deux fois plus que les années précédentes, alors que la série marchait bien déjà.

C’est vraiment une bonne nouvelle pour ces deux séries qui se sont d’ailleurs croisées avec une belle rencontre entre les deux auteurs sur la scène de Japan Expo. C’était un très beau moment et ça symbolise quelque chose à nos yeux.

dolly-kill-kill-5-pika

Quid des autres titres ?

Nous sommes plutôt satisfaits sur nos autres sorties shônen. Ce ne sont pas des gros scores comme ceux de nos concurrents mais cela reste correct : il y a Akatatsuki mais aussi Love and lies sorti en fin d’année qui prend de l’ampleur et bénéficie d’un bon bouche à oreille.

Les déceptions sont plus sur la partie seinen, notamment la partie survival avec les lancements de Green World Z et Dolly Kill Kill.

Ah c’est un chouette titre pourtant Dolly Kill Kill, en trois ou quatre tomes, il y a eu de jolies choses qui se mettent en place…

Tout à fait. Nous étions convaincu que la série avait de quoi faire un carton, avec des scènes d’actions hyper dynamiques… Mais malheureusement non, en tout cas pour le moment !

Green World Z se serait vendu aux alentours de 10 000 exemplaires écoulés sur le tome 1, les ventes de Dolly Kill Kill sont de quel ordre ?

Sur Dolly Kill Kill on est aujourd’hui à 6 000 exemplaires du tome 1 mais il est sorti en octobre alors que Green Worldz est sorti en juin de l’année dernière.

Avec ces deux déceptions 2016 sur ce créneau, vous avez prévu de réduire la voilure en 2017-2018 pour le survival ?

Disons que, effectivement, ça nous amène à réfléchir sur l’acquisition d’un nouveau titre sur ce segment-là, et à regarder les candidats de très près.

2017 : année compliquée mais pleine d’enthousiasme !

Pour finir, passons à 2017. Comment démarre l’année en terme de ventes pour Pika ?

Le début de l’année nous surprend un peu. En janvier il y a eu vrai coup de frein sur le marché du livre. Sur le manga c’est moins visible car le marché était sur une très belle dynamique des ventes mais il stagne désormais depuis décembre. Les raisons sont pour le moment que les lecteurs sont moins présents en librairie. Donc on attend et on espère que le marché va reprendre.

En ce qui nous concerne nous suivons pas mal le marché et nous constatons des mois de janvier et février plus mornes. Après nous avons de toute façon un programme 2017 qui est plutôt devant nous, donc nous restons optimistes ! (Rires)

Qu’est-ce qu’il y a au programme justement ?

Sur nos séries en cours, nous avons un mois d’avril qui met l’accent sur l’Attaque des Titans. Nous avons déjà sortis l’Attaque des Titans Lost Girls et nous allons faire une opération en magasin sur l’Attaque des Titans à l’occasion de l’arrivée de la seconde saison.

titans-lostgirls_banniereannonce

En terme de nouveautés nous avons trois gros lancements cette année : le nouveau Yoshitoki OIMA, jeune auteure talentueuse qui s’est fait connaître en France grâce à A Silent Voice. Son nouveau titre se nomme To Your Eternity. Nous l’avons d’abord lancé en simulpub et il est arrivé dans les rayons le 19 avril. C’est un de nos gros coups de cœur. (NDLR : coup de coeur du chocobo aussi, regardez ici !)

Brigades immunitaires tome 1Nous avons ensuite un shônen prévu le 31 mai : Les Brigades Immunitaires d’Akane SHIMIZU, également une jeune femme au dessin et au scénario et qui a été primé au Japon…

Savez-vous quel prix ? Car il y en a tellement !

Plébiscitée au Japon, elle s’est notamment hissée à la septième place du top 50 des mangas pour garçons de l’édition 2016 de Kono Manga ga Sugoi! (classement établi par des professionnels du manga et des libraires) et à la seconde place du top 15 des mangas recommandés pour l’année 2016 par deux-mille libraires dévoilé par le site Honyaclub.

Ok, et ça parle de quoi ?

Dans cette histoire, on suit un duo : lui est un globule blanc et elle un globule rouge et ils ont fort à faire – et ils ne sont pas seuls – pour détruire les bactéries et les virus ! Ça vous rappelle sans doute quelque chose…

Il était une fois la vie bien sûr !

Voilà, c’est Il était une fois la vie en shônen. C’est très enlevé, c’est très bien documenté en plus. Se divertir et apprendre en même temps, c’est l’idéal.

Il y a enfin un dernier titre en octobre mais il est encore un peu tôt pour vous en parler.

Un-coin-de-ciel-bleu-1Enfin, comme évoqué précédemment, il y a cette montée en puissance dans le secteur de la jeunesse avec nobi nobi !. Nous aurons cinq nouveautés cette année, des séries tous publics. La première est Flying Witch, un titre qui pouvant être lu par des petits comme des grands. C’est de toute façon notre volonté de faire de nobi nobi ! un label qui garantit que, dans ces mangas, il n’y aura pas de violence, pas de sexe ou d’ambiguïté… C’est divertissant, plutôt positif, ce sont des titres soft-shônen et soft-shôjo si l’on peut dire (NDLR : le chocobo vous conseille vivement Un coin de ciel bleu aussi, ci-contre, et vous en parle ici). Cela nous permet aussi, par cette ligne, de séduire Disney qui a apprécié le catalogue nobi nobi ! C’est ainsi que l’un des autres lancements de l’année est le manga du film La Belle et la Bête.

Et enfin on continuera de développer Pika Graphic, qui s’adresse donc aux adultes et jeunes adultes, avec une dizaine de nouveautés dans l’année.

Dernière question : qu’est-ce que l’on peut souhaiter à Pika pour 2017 ?

De pouvoir continuer à proposer des nouveautés à des publics différents, des titres très variés et montrer que le manga n’est pas cantonné à un style et qu’il y a de tout pour tous les goûts ! C’est ce qui nous tient le plus à coeur en tant qu’éditeur : montrer cette diversité et soutenir les nombreux talents.

C’est parfait comme mot de la fin. Merci Virgine !

Merci à vous !

Vous pouvez retrouver Pika Edition sur leur site internet, ou les suivre sur Twitter et Facebook.

Remerciements à Virginie DAUDIN CLAVAUD pour son temps et sa bonne humeur, ainsi qu’à Clarisse LANGLET pour la mise en place de cette interview.

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Manga : une histoire de l’Europe vue du Japon

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Europe Histoire et manga

Voilà un papier qui me trotte dans la tête depuis le mois de mars (en lien avec le sujet des mangas historiques, dans cette interview). J’ai toujours adoré lire des BD sur l’Histoire, et je trouve que c’est 1000 fois plus facile de s’y plonger que via les livres scolaires (et c’est un prof qui vous dit ça, vil félon que je suis). Ce n’est pas toujours – pas souvent même – 100% fidèle à la réalité historique, mais l’immersion est d’autant plus facile lorsque c’est romancé… et rien n’empêche ensuite de se renseigner soi-même : un coup de wikipédia fait déjà beaucoup et, pour les plus curieux, un livre écrit par une bonne plume ou un simple Que sais-je sur telle ou telle période fait le reste. Les vidéastes You Tube qui parlent d’histoire font eux aussi du bon boulot. Je vous propose deux trois petites choses  qui mélangent tout ça en fin d’article, d’ailleurs.

Et donc les mangas dans tout ça ? Il se trouve que l’histoire de l’Europe passionne visiblement le Japon et que, par le truchement des éditeurs français, une grande majorité des titres l’évoquant nous arrivent. Néanmoins, plutôt que de vous faire une énième liste de mangas historiques j’avais envie de vous les replacer dans leur contexte, de leur donner une chronologie et d’imaginer à quoi ressemble la vision qu’ont les Japonais de notre histoire. La liste des titres n’est pas exhaustive – j’ai mis ce que j’ai lu, tout simplement – donc n’hésitez pas à la rallonger avec vos propres lectures en commentaire !

Allez, en route… et bonne lecture 😉

L’histoire européenne tient en une quinzaine de mangas. SI.

Et donc pour commencer, difficile de parle d’Histoire sans une frise. Je l’ai basée plutôt sur le début des mangas cités, mais les emplacements sont fait à la louche pour que cela reste lisible.

Frise Manga & Europe

On pourrait aussi rajouter Eureka! des éditions Komikku, mais son sujet se fond vraiment dans l’histoire d’Ad Astra ou encore Thermae Romae mais j’ai du mal à le classer comme un manga parlant d’histoire européenne, un peu comme Les Deux Van Gogh qui n’est pas dans la liste non plus. Mais bref, avec ça en tête, on voit assez facilement quelques périodes ressortir : celles de l’Empire Romain (3 titres), des vikings (1), de la fin du Moyen-âge (4) et de la Renaissance (2), de la Révolution Française (5 si on ajoute Marie Antoinette – La jeunesse d’une reine de Fuyumi SORYO) et de l’époque industriello-victorienne (3 mais je n’ai mis que les plus connus). Je m’arrête là d’ailleurs, juste avant le 20e siècle, que je garde pour un autre jour. Enfin, si je mets les Misérables dans la liste on peut aussi ajouter la collection Classique chez Soleil Manga qui aborde par moment certains faits ou période de notre histoire. Éventuellement 7 Shakespeares aussi, un manga actuellement en pause qui aborde à sa façon la vie du dramaturge anglais.

Si j’en reviens à la liste de la frise et qu’on l’observe géographiquement parlant, on voyage un peu partout mais c’est encore en France que l’on s’arrête le plus souvent (sur 7 titres) puis en Italie (5), en Angleterre (4) et enfin 3 autres mangas se déroulent, de la Suisse à la République Tchèque, sur l’immense Saint Empire Romain-Germanique.

Avec cette quinzaine de manga on obtient donc quelque chose comme 2000 ans d’histoire couverte de manière assez irrégulière, avec des périodes creuses et d’autres beaucoup plus détaillées. Et donc, maintenant, amusons-nous à découvrir l’Histoire de l’Europe tel que les lecteurs japonais de manga la connaissent désormais…

Au commencement il y avait… Ben les Romains pardi !

Au début, il n’y a rien. Mais alors rien, pas de préhistoire chez nous, non madame. Au mieux un dinosaure du nom de Gon est venu se balader dans nos contrées et puis c’est tout et c’est marre. Cherchez pas hein, c’est limite vexant.

on en a gros

Pareil.

Bon ok, je boude mais faut pas pousser non plus, car j’avoue que mes connaissances en Histoire des trois premiers millénaires avant JC, à part l’invention de l’écriture, ce n’est pas non plus velu velu quoi. Quoi qu’il en soit, après ce rien, on note quelques traces d’activités mais autour de l’Europe, avec les Égyptiens et leurs Reines notamment (cf Reigne d’Égypte, entre autres, dont on a pas mal parlé en ce début 2017). Mais je vois plus ces titres comme un prolongement de l’intérêt du Japon pour l’Orient et ses alentours ces dernières années (Magi, Bride Stories, Altaïr, les nuits d’Aksehir).

as-astra-1-ki-oonD’ailleurs, c’est par le bassin méditerranéen que débute l’Histoire de l’Europe dans les mangas, avec Ad Astra. Nous voilà projeté en Sicile lors de la seconde guerre punique. Les guerres puniques, car il  y en a 3, c’est en gros LE premier truc qui a fait la renommé de l’Empire Romain, qui n’était pas encore un Empire à l’époque d’ailleurs, mais une République. Parce que en France on parle plutôt la conquête de la Gaule, Vercingétorix toussa… L’Empire officiel en quelque sorte, mais il faut savoir que avant Alesia il s’est quand même passé deux trois trucs. Rome ne s’est pas fait en un jour comme dit l’adage.

Si je vous la fait courte les guerres puniques ce sont les Romains VS Carthage de -264 à -146 avant J.C., lorsque les deux Empires se sont retrouvés plus ou moins face à face en Sicile. Carthage était l’Empire maritime méditerranéen, mais ils vont perdre la mer à l’avantage des Romains pendant le premier conflit, qui dure une vingtaine d’année. Cette première guerre coûte une blinde aux deux parties, donc les romains taxent copieusement les perdants (ruinés pourtant, eux aussi). Vingt-trois ans plus tard, les Carthaginois finissent par en avoir marre et donc ils remettent ça, avec à leur tête Hannibal Barca le héros de Ad Astra. Je ne vous en dit pas plus (chroniques ici, et re-là si vous voulez en savoir plus) mais selon toute logique Ad Astra devrait se finir en -200 avant JC environ.

Si on exclut l’adaptation de la bible en manga, on a donc un petit gap de 250-300 ans avant le début de Pline. Et oui, pas de Gaule de César et d’Alesia alors que la BD franco-belge a tapé dans ce filon plus d’une fois. Comme nous le verrons de toute façon dans cet article, les “peuplades du nord” ce n’est pas vraiment la tasse de thé des Japonais, en dehors du fameux Vinland Saga et éventuellement des guerriers de Hasgard de Saint Seiya… enfin là c’est du folklore pas de l’Histoire, faut pas non plus pousser Saori dans les orties.

Mais bref, Pline donc, débute en 60 après JC et nous présente la vie de ce naturaliste très curieux. Sur le plan historique ce manga sera aussi l’occasion de croiser à plusieurs reprises l’Empereur Néron, aka IMPERATOR NERO CLAVDIVS CAESAR AVGVSTVS GERMANICVS (ouai, Néron c’est mieux, je suis d’accord). Un mec sympa le Néron : despote à ses heures perdues, qui a zigouillé sa maman Agrippine (mais non pas à cause de son prénom, bande de moqueurs), a tué au pif pas mal de chrétiens et était un bon petit parano. Ah et dans son nom à rallonge, c’est lui qui a rajouté IMPERATOR, donc un mec modeste quoi.

kaamelott-film-cinema-trilogie-alexandre

Avec Néron ouai, un peu.

Et là, d’un coup, les Vikings

Alors là, dans la famille des failles temporelles, c’est la meilleure. On passe du premier siècle de notre ère à l’Angleterre de l’An mille. Comment te dire ami nippon… Nous n’avons pas hiberné pendant un millénaire : les barbares du nord (les germains et les slaves, en gros) sont poussés par des conditions météorologiques assez dures (hivers froids et longs, étés pluvieux) à s’installer plus au sud et à achever la chute de l’Empire Romain dont il restera l’Empire Byzantin. Ce dernier est mis à mal par les Ottomans qui attaquent par l’Italie puis, parce qu’ils sont court-circuités par les Bulgares mais qu’ils sont têtus, par l’Afrique du nord et l’Espagne.

Bohort vs les invasions barbares, même pas peur !

C’est donc l’établissement des Royaumes Barbares jusqu’à l’arrivée de Charlemagne qui rétablit un Empire. Il créé l’Andorre pour garder les Ottomans à distance, pousse à l’est les peuples germains de l’Europe centrale, et vire les Lombards de l’Italie, ce qui lui permet, parce qu’il est malin le gars, de donner officiellement des territoires à l’Église (les Etats pontificaux) et ainsi d’être nommé Empereur avec la Couronne, le côté divin et tout et tout. Le beau geste et le bel Empire mais comme souvent, chez les Francs et autres peuplades du même genre, lorsqu’arrive le temps de la succession, on divise les terres entre les héritiers. Charlemagne découpe donc son royaume entre ses 3 petits-fils ce qui affaiblit le tout, notamment avec l’arrivée des… Vikings, durant le 9e siècle. Et c’est plus ou moins là qu’on reprend notre fil historique abandonné 1000 ans auparavant avec Vinland Saga, sur la fin de cet Âge Viking qui s’est étalé sur environ 300 ans (793-1066 officiellement).

vinland_sagaGrâce aux très nombreuses recherches de Makoto YUKIMURA, qui a voulu construire une saga implanté avec crédibilité dans la grande Histoire, on apprend donc que les Vikings est un peuple qui vient du nord, du grand Royaume du Danemark essentiellement, mais qu’ils ne sont pas tous des colonisateurs dans l’âme, et le mangaka n’évoque d’ailleurs pas le Duché de Normandie et la sédentarisation des Normands. Il se concentre sur les Vikings installés dans leur terre d’origine, où la vie est froide, souvent stérile, dure et sans pitié, puis il évoque les richesses que représentent les territoires de l’Angleterre, d’abord avec ses richesses au sens strict, les trésors à piller donc, puis avec ses terres fertiles et leur climat plus tempéré.

La première partie du manga évoque une guerre fait d’incessants coups d’éclat contre les Anglo-Saxons, au niveau de Londres notamment, villle qui ne cessera d’être prise et reprise par les deux camps. Au départ de Vinland Saga, le redémarrage du conflit après une période d’accalmie va produire un funeste enchaînement : l’impôt Danois va pousser le roi Anglais à se rebeller (les impôts, le nerf de la guerre décidément) et il massacre des Danois dont Gunnhild, la sœur du Roi danois Sven 1er (ouuuuuh, la boulette). Ce dernier déclare la guerre à l’Angleterre et part donc à la recherche de ces guerriers d’élite dont Thors, le père du héros de Vinland Saga, qui menait sa vie tranquille en Islande mais qui s’était illustré des années auparavant dans la guerre entre Norvégiens et Danois. Il est donc rattrapé par son passé et tout s’enchaîne pour le pire.

Commence un cycle de guerres, de taxations et/ou d’esclavage pour les vaincus qui entraînent un désir de vengeance à l’échelle des peuples. C’est de ce cercle vicieux et sanglant que le héros de YUKIMURA va vouloir s’extraire, en recherchant le fameux Vinland, la Terre promise. Je ne vous en dit pas plus là non plus, sur les faits historiques sous-jacents à cette quête,  pour ne pas gâcher le plaisir.

Toujours est-il que petit à petit, une somme de facteurs va achever l’Âge Viking : une embellie climatique, une sédentarisation des Viking et une acculturation au contact des chrétiens. Enfin il ne faut pas oublier le développement d’une meilleure organisation de la défense dans les contrées qui se sont mangés des raids vikings pendant 300 ans : la multiplication des châteaux forts par exemple, ainsi que la naissance d’États forts et organisés ont permis de mieux résister. Il parait même que certains pays comme la France, la Grande-Bretagne, la Russie ou l’Irlande sont ainsi nés dans cette adversité. Les épreuves c’est bien connu, soudent les peuples. Et comme toujours, quand un règne s’étend un autre commence : arrivée du Saint-Empire Romain Germanique et début du premier Reich.

Les Germains : L’Empire qu’on attaque.

En fait, le fameux Saint Empire bidul truc, ça n’intéresse pas en soit les mangakas. Sa mise en place et tout, c’est comme l’Empire de Charlemagne dont il est la suite logique : y a pas. Un manga. Dessus.

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Et ouai, la condition germanique souffre m’dames messieurs !

Pour un Empire qui va durer 1000 ans environ c’est un peu dommage mais bon, vous devez commencez à comprendre que les Germains ce n’est pas vraiment la tasse de thé des Japonais. Ils seraient même antipathiques, car ils vont jouer le rôle des méchants dans les trois mangas où ils apparaissent.

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Le premier exemple est assez parlant puisqu’il s’agit de Wolfsmund, qui évoque en histoire de fond la création de la Suisse par l’association de 3 cantons : Uri, Schwytz (qui donnera son nom à la Suisse) et Unterwald. Ils se rebellent contre le tyran germanique au début du XIVe siècle, de 1291 à 1315. Mais la famille des Habsbourg ne l’entend pas de cette oreille et y voit une bonne occasion de renforcer sa présence sur cette province frontière entre Germanie et Italie. La forteresse du col du Saint-Gothard est donc dirigée par un homme sans pitié et terrifiant a qui on a donné carte blanche et qui semble impossible à vaincre…

Bon je ne détaille pas davantage Wolfsmund, dont je vous ai déjà souvent parlé parce que ce manga en 8 tomes est excellent, mais on peut reproduire un peu le schéma du germain cruel et sans pitié à l’autre bout de l’Europe avec Divci Valka qui débute 100 ans après la fin de Wolfsmund et qui se déroule en Bohème, région  d’Europe centrale et actuellement l’une des composantes de la République tchèque. Bon la différence est que Divci Valka démarre sur un désaccord religieux…

Un théologien du nom de Jan Hus finit sur le bûcher en 1415 pour avoir proclamé haut et fort la corruption de l’église et les malversations du pape de Pise, Jean XXIII, alors en pleine guerre de pouvoir religieux, aka le  Grand Schisme d’Occident. Donc le Jan Hus, il est gentil hein, mais c’est pas le moment.

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Mais voilà, c’est bien connu, en brûlant un homme aimé on en fait un martyr. Les partisans de Hus, les hussites, finissent donc par s’opposer aux catholiques et, en 1419, Jan Zelivsky, grand prêtre hussite, mène une attaque en plein Prague avec quelques fidèles et ils tuent des conseillers catholiques en les balançant par les fenêtres. Simple et efficace, ça. Une défenestration à un méchoui partout. Mais Martin V, le nouveau Pape censé unifier la chrétienté, et ce cher Roi Sigismond le prennent assez mal (aucun humour les gars) et ils partent donc en guerre contre les hussites, qui vont faire plus que leur donner du fil à retordre. Voilà pour le contexte de ce manga, pour le moment en 4 volumes, et à nouveau je ne vous en dis pas plus sur les tenants et aboutissants de ce conflit qui a, mine de rien, forgé l’identité Tchèque, même si le pays n’existe officiellement que depuis 1918. Ce manga a aussi mis en avant l’utilisation d’une arme encore nouvelle à cette époque, mais qui va peu à peu faire ses preuves : le pist’ala ou flûte en slave, qui deviendra le bien connu pistolet quelques siècles plus tard.

Et pendant ce temps, la Guerre de Cent Ans

hawkwood-1-dokiPour quitter le Saint Empire, faisons un petit retour en arrière en 1337, du côté de l’Angleterre avec Hawkwood. Enfin pas en Angleterre à proprement parler puisque Hawkwood évoque plutôt la conquête par les Anglais de notre Hexagone, de la Normandie dans un premier temps. Heureusement pour toi cher lecteur, ce manga ne traite pas vraiment des raisons de la guerre de Cent Ans, parce que derrière la raison officielle qui est une histoire de Dynastie des Capétiens interrompus les raisons profondes sont très complexes, aussi bien culturelles, démographiques, économiques, sociologiques et j’en passe. Pour avoir une petite idée du contexte, je ne peux que vous recommander de lire les Rois maudits.

Si je me contente donc du casus belli : Édouard  III dis que c’est lui le vrai Roi du côté des Anglais parce qu’il est le descendant le plus direct, alors que Philippe VI dis que, non, en fait, c’est lui d’abord parce qu’il est descendant d’une lignée exclusivement masculine. Comme toujours entre les Rois, l’engueulade dégénère et c’est le début d’un immense bourbier franco-anglais qui s’étale sur deux mangas : Hawkwood donc, puis Le requiem du Roi des Roses. Dans Hawkwood on ne peut que constater le génie de Edouard III et la fougue de son fils Edouard de Woodstock, plus connu sous le nom du Prince Noir, classe comme nom pour rester dans la postérité. Comme le titre l’indique on s’intéresse aussi à la compagnie de mercenaires dirigée par le fameux Hawkwood, qui vendra ses services tantôt aux Français, tantôt aux Anglais. Historiquement parlant, le manga Hawkwood souligne très bien la fin de la “noble” mais lourde et donc peu mobile Chevalerie  / Cavalerie comme unique force militaire, car elle se fait copieusement décimer par les compagnies d’archers Anglais et plus particulièrement ceux du Pays de Galles.

C’est un peu le seul moment de cet article où je peux placer cette vidéo chère à mon cœur, donc voilà, deal with it.

L’Angleterre va donc conquérir tout un tiers ouest de la France, cf le Traité de Brétigny qui signe la fin de la première partie de la guerre en 1364. Mais administrer un large territoire français depuis Londres c’est compliqué et ça coûte cher. Avec Richard II à la tête du pays, qui doit commencer à régner à l’âge de 10 ans (le Prince Noir meurt un an avant son père, pas de bol !) difficile de gérer les affaires internes et celles de l’autre côté de la Manche. De toute façon Richard est plutôt un esthète (il parait que c’est lui qui a inventé le mouchoir, truc de warrior le mouchoir !) et il cherche à mettre fin aux querelles là bas, donc la France reprend doucement mais sûrement du terrain. Je vous passe donc les victoires et défaites des deux camps, une succession de roi fous, de despotes ou de bons rois mais qui meurent trop vite et/ou voit leur travail anéanti par leur descendant… et on fait un nouveau bond en avant d’un Richard à un autre, Richard III, né en 1452.

York et Lancaster : Civil War

Le-Requiem-du-Roi-des-Roses-1-ki-oonNous sommes donc à la toute fin de la Guerre de Cent Ans, signée en 1453, et l’Angleterre a perdu tout ce qu’elle avait gagné et même ce qu’elle avait avant, à savoir l’Aquitaine. Tout ça pour ça, je ne vous le fait pas dire. Mais tout ça aussi parce que ça se querelle sec en Angleterre entre les York et les Lancaster (avec des roses sur leur blason, une blanche et une rouge, d’où le nom de Guerre des 2 Roses).

Précisons d’emblée que Le Requiem du Roi des Roses dont nous allons parler réinterprète la pièce de William Shakespeare, Richard III, donc il y a forcément des choix scénaristiques et des interprétations personnelles sur les motivations et personnalités des protagonistes clés mais c’est ce qui fait tout le sel, aussi, de ce manga. En plus ces choix ont tout de même des bonnes bases : Henry VI, Roi sur le trône au départ, est très pieux dans la pièce de Shakespeare et en plus très lunatique dans le manga, à l’image des crises réelles du souverain qui ont débuté avec la perte des dernières territoires anglais en France en août 1453 (folie non évoqué dans les pièces de Sir William car briser ce tabou lui aurait valu pas mal d’ennuis vu que la Reine de son époque est une descendante Lancaster). Sans être complètement un légume, le Roi devient du jour au lendemain insensible à tout ce qui l’entoure, plus aucune émotion ne traverse son visage, même la naissance de son fils Edouard.

Il ne s’en réveille qu’au bout de plusieurs mois, en disant n’avoir aucun souvenir de cette période, mais refera d’autres crises dans les années qui vont suivre, le laissant souvent éteint pendant pendant de longues périodes, avec quelques phases hallucinatoires qui font pencher le diagnostic médical vers une certaine forme de schizophrénie, à moins que ce soit une démence génétiquement récupéré de grand papi maternel Charles VI de France. Consanguinité, quand tu nous tiens !

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Je me doutais que consanguinité ce serait difficile…

De son côté le Duc de York s’est souvent fait mettre de côté de manière plus ou moins classe et injustifié (perte des titres, exil en Irlande, toussa) alors qu’il fut un bon administrateur du Royaume lors des phases de folies du Roi. Mais c’est sans compter Marguerite d’Anjou, femme de Henri VI pas vraiment des plus commodes, assez vénère que les York aient tué son amant William Somerset et désireuse que les Lancaster et son fils Edouard restent la lignée qui prévaut. Donc this Games of  Throne dure une trentaine d’années et tient plus de la chaise musicale que de la saga vraiment noble, tant le nombre de retournement de veste est important. Et tout ça pour quoi ? Pour que les Tudor raflent la mise en 1485 et installent leur dynastie (d’origine galloise d’ailleurs, big up) sur le trône pendant plus d’un siècle. Ironie j’écris ton nom !

Cette guerre n’en est encore qu’à mi-chemin dans le manga d’Aya KANNO mais elle laisse l’Angleterre à genoux tandis que le reste de l’Europe, elle, s’apprête à rentrer dans une époque qui a inspiré de nombreux mangakas : les Temps modernes !

Renaissance, réformes et révolutions : une période faste !

Cesare-tome-1-de-Fuyumi-SoryôAutant les Japonais lecteurs de mangas ont des trous parfois copieux dans l’Histoire européenne de César à Christophe Colomb, autant les 300 ans qui vont suivre ont le droit aux honneurs des mangakas avec pas moins de 8 titres qui traitent en majorité soit de la Renaissance Italienne, soit de la Révolution Française. C’est Cesare de Fuyumi SORYO qui lance le bal avec, justement, l’expédition de Christophe Colomb pour la découverte de l’Amérique (enfin, après les Viking finalement, mais bon). Il ne s’agit pas du tout du sujet central puisque c’est le destin de la famille Borgia qui est évoquée sur un peu plus de 10 tomes (11 à l’heure actuelle). Le fameux Cesare Borgia va croiser le chemin de quelques personnages illustres comme Léonard de Vinci, Machiavel qui s’inspirera de lui pour Le Prince, la famille de Médicis et son lien étroit avec Florence. Du point de vue historique Cesare met en lumière les guerres de pouvoir et les conflits armés qui ont lieu en Italie entre les cités influentes, l’Église et la France qui garde un œil là dessus.

Des luttes qui durent en fait depuis des centaines d’années, depuis la créations des Etats Pontificaux (cf Charlemagne, comme évoqué plus haut) et qui font souvenant intervenir des Etats extérieurs comme la France ou l’Espagne pour emporter la victoire. C’est assez intéressant de voir qu’après avoir été un Empire Romain et même en étant à la tête d’un Empire religieux, l’Italie en tant qu’Etat unifié devra attendre 1861. Et encore, ce sera sans Rome et Venise au départ et ils perdront Nice et la Savoie pour récupérer l’Italie du Nord alors sous coupe Autrichienne. Mais je m’égare là… J’en étais où ?
Ah oui, et donc, même si elle n’est pas unifiée, l’Italie est quand même le berceau de la fameuse Renaissance, et ça c’est classe.

renaissance

La dite Renaissance est, notamment, une période faste pour les arts et c’est ce qui est mis à l’honneur dans Arte, qui compte la vie d’une jeune aristocrate, Arte, qui rêve de devenir artiste peintre et aspire à entrer en apprentissage dans un des nombreux ateliers de la ville de Florence. Assez peu de lien historique dans la série qui utilise cette époque pour s’en attribuer l’ambiance, les décors et aussi sa misogynie, pour faire du destin d’Arte un combat personnel et prenant. Ça n’empêche pas à la série, grâce à des protagonistes réussis et, justement, les décors et les costumes, d’être une réussite.

couvent-des-damnes-1-glenatEntre la Renaissance et la Révolution, un titre s’est glissé il y a peu, et revient une troisième fois nous parler du Saint Empire Romain Germanique, à nouveau pour en faire un ennemi des plus cruels et le terreau d’une vengeance. Je vous parle là du Couvent des Damnés de Minoru TAKEYOSHI. Tout commence en 1549 dans le sud-ouest de l’Allemagne actuelle quand l’équivalent d’une Sage-Femme est accusée de Sorcellerie et qu’elle est brûlée vive après strangulation et autres tortures. Sa fille adoptive, la téméraire Ella, est confiée au Couvent du Partage des eaux.

Débute alors une vengeance qui sera longue et douloureuse, aussi bien sur un plan physique que psychologique dont on n’a pour l’instant lu que 3 tomes. Mais cela n’empêche pas que ce seinen porte avec lui un fond historique majeur, celui de la Réforme aussi connu sous le nom de Réforme protestante, et un fond culturel tout aussi important, celui de la Chasse aux sorcières qui a vécu son apogée au XVIe et XVIIe siècle. L’apparition du protestantisme et de toute une flopée de mouvement religieux à cette époque, comme l’Eglise Anglicane mis en place par les Tudor, est exprimée dans ce manga à travers la quête du Salut de l’âme et la peur la damnation qui justifie un peu tout, le pire comme le… encore plus pire.

En fait, depuis le XIVe siècle il y a eu la grande peste qui a changé pas mal de chose y compris dans les esprits. Les fidèles vivent dans la crainte de la damnation éternelle et tout est alors bon pour éviter trop d’années de Purgatoire pour payer tes péchés, avant de rejoindre l’Eden. À la fin du XVe, le commerce des indulgences est un moyen de plus en plus en vogue pour réduire le nombre des années passées par une âme au purgatoire après sa mort. Ces indulgences sont la rémission totale ou partielle devant Dieu de la peine temporelle encourue, en raison d’un péché pardonné. Au départ l’indulgence était obtenue en contrepartie d’un acte de piété (pèlerinage, prière, mortification) puis les dons à l’Église ont pris le dessus au cours du temps, créant un commerce lucratif qui va jeter l’opprobre sur le pouvoir religieux que l’on dit corrompu et mercantile.

À côté de ça, il ne faut pas oublier que la Bible est proclamée en latin lors des messes, et donc accessible aux fidèles qu’à travers les commentaires des clercs, ce qui engendre perte de sens, interprétations douteuses, etc. Difficile d’avoir la foi dans ces conditions. De tout ça découlera, très progressivement, l’apparition de cette Réforme mais aussi une surenchère des idéologies partout en Europe et des obsessions aussi loufoques que populaires dans certaines contrées. Parmi celles-ci il y a l’idée d’un complot anti-chrétien par des assemblées et sectes de sorcières et sorciers, qui remplace pour un temps les Juifs ou encore les lépreux comme  bouc-émissaires. En période de doute, vive les extrêmes et le théories fumeuses… ça ne vous rappelle rien ? ^^;

innocent tome 1Si le Couvent des Damnés évoque donc cette période obscure de l’Histoire, il est le seul à évoquer ce passage XVIe – XVIIe car les prochains mangas prennent racine dans l’époque pré-révolutionnaire, dans les décennies 1760-1770. Innocent, La Rose de Versailles, Le 3e Gedeon ou Joséphine Impératrice mettent en place la destinée de leur héros avant que la France puis l’Europe n’explose face à la Révolution Française. Comme nous avons tous mangé cette Révolution à toutes les sauces, je n’ai pas forcément envie de vous en refaire le déroulé mais on voit bien que les mangakas aiment y mêler grandeur et décadence ainsi que le combat d’une noblesse, souvent à deux visages, contre un peuple assez violent car au bout du rouleau.

Même si le 3e Gédéon est un peu à part dans le sens où il situe l’action aussi bien du côté peuple (voir plus même) que du côté noble, les 3 autres placent leur intrigue au sein du pouvoir en place, remettant souvent en question le manichéisme des méchants nobles contre le pauvre peuple. Le faste et magnificence de la noblesse les fascine (nous aussi remarquez, on ne manque pas de films et séries sur cette grandeur révolue) et donc, forcément, tout ceci ne donne pas forcément envie aux mangakas de jeter Versailles aux flammes ou d’en classer les habitants du côté obscur de la force.

C’est d’ailleurs toute cet élan romantico-dramatique que l’on retrouve dans les mangas évoquant le 19e siècle comme Emma et Les Misérables, même si elles se mêlent là aussi à des faits historiques ou des réalités sociétales comme la misère du peuple dans ce siècle de conflit assez généralisé. On retrouve aussi des personnages célèbres en fond, comme la Reine Victoria et Napoléon Bonaparte, la guerre de Crimée ou l’évolution de la Médecine dans l’excellent Ghost and Lady. Mais je préfère garder cette époque pour un autre article, car celui-ci est déjà suffisamment volumineux et parce que mon ignorance sur le 19e siècle découle aussi d’un intérêt assez limité pour les débuts de l’ère industrielle. Peut-être plus tard qui sait ?

   Ghost and lady

 

Le manga, ce véhicule culturel qu’il est bien pour la conduire…

Comme vous venez de le voir, en lisant des mangas, on en vient à en apprendre beaucoup, pour peu que l’on pousse un peu les recherches. Si tout n’est pas traité, il y a désormais beaucoup à découvrir.

En présentant des personnages clés de l’Histoire, en inventant des destinées dans une temporalité bien choisie ou enfin en utilisant des Empires comme l’ennemi cruel à abattre, les mangakas puisent dans notre passé avec joie. Ils en tirent un certain exotisme si on regarde ça avec l’œil lointain du lecteur japonais, de la même façon que certains d’entre-nous pourront se passionner pour l’histoire du Japon à travers des mangas, des films ou des romans. Donc si comme moi vous n’avez pas forcément briller pendant vos cours d’histoire, changez la donne et laissez-vous allez à un peu de curiosité en faisant ce que vous savez faire de mieux : lire des mangas !

 

 

Compléments d’info…

Cet article n’aurait pas pu se faire sans de nombreuses sources forcément, à base de fiche wikipédia, de vidéo bien faites et de quelques bouquins que voici :

Histoire de l’Europe, une série de vidéo qui donnent les grandes lignes, c’est une très bonne base même s’il y a quelques approximations.

Histoire rapido du 1er Reich, fait avec humour ne plus

L’histoire du monde, mais vue du point de vue du Climat.

Ensuite  je vous conseille de partir de ce point là pour Wikipédia et de picorer dans ce qui vous intéresse. Enfin, au-delà de quelques séries télés comme Viking, les Tudor, The Crown, etc, je vous conseille aussi deux bouquins en anglais, parce que c’est les deux seuls que j’ai et que forcément je me la pète grave avec mais aussi (et surtout), parce qu’il m’ont tapé dans l’œil lors de mes récurrentes balades dans les libraires là bas :

Remember, Remember de Judy Parkinson qui est super facile à lire et trace, à chaque fois en moins d’une page, les événements et personnages clés de l’histoire de l’Angleterre, des Romains à la fin du XXe siècle.

The War of the Roses de Trevor Royle : plus dense déjà mais passionnant, qui parle de l’Angleterre et surtout des rois anglais pendant toute la période clé Guerre de Cent Ans – Guerre des Roses jusqu’à l’arrivée des Tudor. Rien que pour l’épopée de Jeanne d’Arc racontée avec le pragmatisme Anglais, ça vaut le coup.

 Remember  War of the roses 

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